Sommes-nous condamnés à vivre dans des cocons et à déserter la réalité ?
Apologie de la vie domestique, fuite dans des mondes imaginaires, explosion du marché du bien-être, bulles de filtres et pensée magique : chaque jour, nous déployons un véritable arsenal de protections physiques et psychiques pour mettre à distance un monde qui nous oppresse. Bienvenue dans la civilisation du cocon ! Une nouvelle société de l’entre-soi, sous perfusion de confort, en passe de nous transformer, petit à petit, en êtres hypersensibles et ne supportant plus le moindre frottement avec la réalité.
Comment sommes-nous passés d’un idéal de la vie « intense » à celui d’un quotidien « subi » que nous préférons fuir, à l’abri derrière nos forteresses de coussins ? Et surtout, ces cocons, aussi séduisants qu’aliénants, sont-ils en train de remplacer un safe-space commun qui semble aujourd’hui nous échapper : notre planète et celles et ceux qui l’habitent avec nous ?
Ce livre invite à prendre conscience de ce repli généralisé et à éclater ces bulles de confort où l’on commence à suffoquer.
La première chose qui m'a frappé quand j'ai commencé à feuilleter cet ouvrage, c'est le très grand nombre de notes : trois-cent-quarante-et-un pour être exact. Cela fait en moyenne deux et demi par page. En soi, cela ne me dérange absolument pas mais si on regarde le texte de près, on voit qu'il est rempli de chiffres, d'italiques, de guillemets, de citations courtes ou longues, et aussi de quelques encadrés. On tombe un peu dans le name-dropping et cela nuit à la fluidité de lecture. J'ai quand même pu tout lire très rapidement. Rapidement et plutôt facilement, enfin la plupart du temps. Car lorsque l'auteur cite des passages ou des propos plus philosophiques, ça devient malheureusement plus confus. Ce qu'il y a de pertinent dans ce travail de journaliste c'est d'esquisser un portrait très large de cette grande nébuleuse du repli sur soi. Vincent Cocquebert le fait de manière plus impressionniste que structurée : par petites touches il nous parle d'objets, de loisirs, de mouvances politiques ou encore de films qui marquent une époque plus qu'une génération. Cette danse avec les tendances a eu beau me donner un peu le tournis, elle n'est pas exhaustive pour autant. J'ai été un peu surpris que la mancave ne soit pas citée. Un peu déçu aussi de ne lire aucun mot sur les caissons d'isolation sensorielle. Il faut dire que les exemples sont innombrables, en cela on peut parler de fait psychosocial total.
C'est le premier livre que je lis sur le sujet et moi qui aime aller du général au particulier, je dois dire que cette approche multidisciplinaire me convient tout à fait. Il y a tout de même un domaine qui est mis en avant : la politique, notamment ce que les américains appellent identity politics. Quand on est universaliste et qu'on prône l'ouverture à autrui, il faut bien sûr critiquer cette tendance au repli identitaire. J'ai juste été un peu surpris qu'il en soit autant question car pour moi le cocon est plus lié à l'intime qu'au militantisme. Mais après tout, les valeurs elles aussi peuvent être qualifiées de "refuge"...
Je m'attendais à ce que ce court essai traite surtout de fuite et finalement il parle beaucoup de lutte. Mais c'est vrai que tout est politique, même le repli sur soi. On peut peut-être essayer de dépasser ce dualisme comme ceci : on se bat pour ne plus avoir à se battre. Le combat est normal, vouloir qu'il cesse l'est tout autant. À condition de ne pas confondre paix civile, paix intérieure et paix de son intérieur.
Le titre et la quatrième de couverture étaient très prometteurs mais j’ai été déçue par le contenu de ce livre. Si l’auteur met le doigt sur un véritable phénomène, celui du repli individuel et de notre recherche perpétuelle de confort personnel, il s’éparpille dans une multitude d’exemples, mettant tout sur le même plan sans analyse approfondie (la richesse documentaire est cependant à souligner). Je n’ai d’ailleurs pas compris l’intérêt du premier chapitre, si ce n’est de porter du jugement sur des attitudes et des comportements émergents. L’auteur semble valoriser le temps où chacun prenait des risques, n’avait pas peur de la confrontation, du monde extérieur et où l’alcool coulait à flot. Un point de vue facile à adopter quand on est un homme vivant dans un monde adapté en tout point à soi et ses semblables. Ou alors c’est moi qui n’ai pas saisi le ton de ce livre ? Pour ma part, je crois qu’il est tout à fait légitime, dans le monde actuel, que nous soyons amenés à nous créer des cocons confortables. L’enjeu réside à trouver l’équilibre entre nos nécessaires cocons ressourçants et notre ouverture au monde, à l’altérité et à l’incertitude. Je n’ai pas trouvé la réponse que je cherchais dans ce livre.
Bonne lecture, facile et rapide et j'ai quand même appris des choses mais juste ce livre met tous les safe space dans le même panier, de la cancel culture, aux confinements, au sentiment d'insecurité, des reunions de non-mixités aux maisons hyper-connectées jusqu'aux supremacistes blancs qui vont dans les pays nordiques pour former des communautés exclusivement blanches. Il n'y a pas de réel questionnement ou solutions qui tiens la route, c'est comme si on prenait pleins de problèmes qui ont l'air liés mais il n'y a aucune réelle preuve de corrélation entre tous ça et pendant tout le livre je m'attendais à un théorisation de tout ce lâché d'informations, a des solutions, mais même pas. J'ai quand même appris des choses, mais ça va vraiment dans tous les sens et y'a des propos un peu limites mais qui reste ambiguës ce qui m'a déconcertée. Le livre consacre une grande partie au sentiment d'insécurité (mot qui me dégage car instrumentalisé), en mélangeant l'insécurité réellement imaginée et l'insécurité par rapport au réchauffement climatique, au covid, etc. Donc déjà ça me dérange parce qu'encore une fois-là, même panier alors que non pas du tout (ça m'enerve), encore juste des faits, des sondages, et très peu d'analyse en profondeur en fin de compte. Donc ce livre m'a frustré.