Comment, dans un paysage politique en ruines, reconstituer la vérité des faits ? La réponse d'Eyal Weizman tient en une " l'architecture forensique ". Approche novatrice au carrefour de plusieurs disciplines, cette sorte d'architecture se soucie moins de construire des bâtiments que d'analyser des traces que porte le bâti afin de rétablir des vérités menacées. Impacts de balles, trous de missiles, ombres projetées sur les murs de corps annihilés par le souffle d'une explosion : l'architecture forensique consiste à faire parler ces indices.Si elle mobilise à cette fin des techniques en partie héritées de la médecine légale et de la police scientifique, c'est en les retournant contre la violence d'État, ses dénis et ses "fake news". Il s'agit donc d'une " contre-forensique " qui tente de se réapproprier les moyens de la preuve dans un contexte d'inégalité structurelle d'accès aux moyens de la manifestation de la vérité.Au fil des pages, cet ouvrage illustré offre un panorama saisissant des champs d'application de cette démarche, depuis le cas des frappes de drone au Pakistan, en Afghanistan et à Gaza, jusqu'à celui de la prison secrète de Saidnaya en Syrie, en passant par le camp de Staro Sajmište, dans la région de Belgrade.
Eyal Weizman is an architect, professor of spatial and visual cultures and director of the Centre for Research Architecture at Goldsmiths, University of London. Since 2014 he is a global professor at Princeton University. In 2010 he set up the research agency Forensic Architecture (FA). The work of FA is documented in the exhibition and book FORENSIS (Sternberg, 2014). In 2007 he set up, with Sandi Hilal and Alessandro Petti, the architectural collective DAAR in Beit Sahour/Palestine. This work is documented in the book Architecture after Revolution (Sternberg, 2014). In 2013 he designed a permanent folly in Gwangju, South Korea which was documented in the book The Roundabout Revolution (Sternberg, 2015). His other books include The Conflict Shoreline (Steidl and Cabinet, 2015), Mengele’s Skull (Sternberg, 2012), The Least of all Possible Evils (Verso, 2011), Hollow Land (Verso, 2007), A Civilian Occupation (Verso, 2003). Weizman is on the editorial board of Third Text, Humanity, Cabinet and Political Concepts and is on the board of directors of the Centre for Investigative Journalism (CIJ) and on the advisory boards of the ICA in London and B’Tselem in Jerusalem, amongst others. He studied architecture at the Architectural Association in London and completed his PhD at the London Consortium/Birkbeck College.