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Le berceau des dominations - Anthropologie de l'inceste
Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l’inceste, en théorie interdit et condamné, est couramment pratiqué dans l’intimité des foyers français. À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe. Cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés devenus grands, et auprès de leur famille, sont restitués dans une trilogie dont Le berceau des dominations forme le premier livre. S’appuyant principalement sur une série d’entretiens réalisés en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille, l’auteur donne dans ce premier opus la parole aux incesteurs. Simples maillons d’une généalogie familiale où l’inceste leur préexiste, on comprend que les incesteurs incestent par facilité, par mimétisme, par opportunisme, ou encore par identification. Sans complaisance, mais sans mettre l’incesteur en position d’étrangeté, l’auteur guide le lecteur pas à pas dans un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres.
416 pages, Mass Market Paperback
Published April 8, 2021
79 people are currently reading
943 people want to read
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Community Reviews
Displaying 1 - 30 of 59 reviews
July 2, 2025
the horrors of the world will never fail to nauseate me.
June 17, 2021
Probablement un des livres les plus importants que j'ai pu lire. La lecture peut être dure par moment, le ton de l'auteure aide à oublier un peu de l'horreur de ce que l'on est en train de lire. ça n'empêche que par moment je me suis retrouvée à relire des passages plusieurs fois tellement ce qui est dit est puissant, je me suis aussi retrouvée à poser le livre et m'arrêter dix minutes avant de reprendre tellement ce qui est dit est dur ou me pousse à la réflexion.
Je ne peux que recommander ce livre fantastique, je souhaite vivement qu'il soit lu, qu'il soit discuté, qu'il serve à nous faire accepter l'horreur tristement banale de l'inceste et à ouvrir la porte de la parole aux victimes.
Je ne peux que recommander ce livre fantastique, je souhaite vivement qu'il soit lu, qu'il soit discuté, qu'il serve à nous faire accepter l'horreur tristement banale de l'inceste et à ouvrir la porte de la parole aux victimes.
June 8, 2021
4 étoiles mais je ne pense pas que je le recommenderais à des personnes ayant subit l'inceste (comme moi). Quelques descriptions et surtout beaucoup de témoignages d'incesteurs. Impossible de ne pas dissocier à sa lecture quelques fois!
Du coup si vous voulez le lire, mon conseil c'est de vous autoriser à passer dès que vous en sentez le besoin. (Entre autre le chapitre "dans le monde de l'incesteur"... atroce a lire! Je n'ose pas imaginé ce que l'autrice a vécu durant les entretiens, a la rédaction...) Mon sentiment est que cet ouvrage est principalement destiné à des personnes qui ne se sentent pas directement concerné.e.s par l'inceste.
J'ai trouvé ce livre très interessant mais pour aborder les questions d'inceste, je pense que je suis de ces personnes qui préfèrent lire des autobio d'anciens enfants victimes car de 1) j'ai trop de mal a entendre le discours d'incesteurs, 2) meme s'il y a des correspondances avec mon histoire, ma vie et celle de l'autrice de l'autobio (ex : S. Cheauvau, V. Linhart, E. Ensler...) sont différentes donc je peux plus facilement mettre une distance émotionelle, tout en me permettant de ressentir certaines douleurs que je ne m'autorise pas a vivre pour moi (le transfert tout ça tout ça). Ici, dans Dussy, les témoignages sont trop nombreux, les analyses très justes/trop justes, l'identification trop prégnante que pour finir la lecture en étant serein.e.
Finalement, j'aurais aussi aimé que la chercheuse parle de la question "pedophilie/pédocriminalité". Le mot pédophilie dans le sens de maladie mentale revient souvent et même si certain.e.s diraient que cette question se situe dans le champs de la psychologie, je crois que les sociologues et anthropologues pourraient aussi explorer cette direction.
(Et histoire d'être prévenu.e : il y a quelques racourcis psychophobes aussi dans cet ouvrage.)
Du coup si vous voulez le lire, mon conseil c'est de vous autoriser à passer dès que vous en sentez le besoin. (Entre autre le chapitre "dans le monde de l'incesteur"... atroce a lire! Je n'ose pas imaginé ce que l'autrice a vécu durant les entretiens, a la rédaction...) Mon sentiment est que cet ouvrage est principalement destiné à des personnes qui ne se sentent pas directement concerné.e.s par l'inceste.
J'ai trouvé ce livre très interessant mais pour aborder les questions d'inceste, je pense que je suis de ces personnes qui préfèrent lire des autobio d'anciens enfants victimes car de 1) j'ai trop de mal a entendre le discours d'incesteurs, 2) meme s'il y a des correspondances avec mon histoire, ma vie et celle de l'autrice de l'autobio (ex : S. Cheauvau, V. Linhart, E. Ensler...) sont différentes donc je peux plus facilement mettre une distance émotionelle, tout en me permettant de ressentir certaines douleurs que je ne m'autorise pas a vivre pour moi (le transfert tout ça tout ça). Ici, dans Dussy, les témoignages sont trop nombreux, les analyses très justes/trop justes, l'identification trop prégnante que pour finir la lecture en étant serein.e.
Finalement, j'aurais aussi aimé que la chercheuse parle de la question "pedophilie/pédocriminalité". Le mot pédophilie dans le sens de maladie mentale revient souvent et même si certain.e.s diraient que cette question se situe dans le champs de la psychologie, je crois que les sociologues et anthropologues pourraient aussi explorer cette direction.
(Et histoire d'être prévenu.e : il y a quelques racourcis psychophobes aussi dans cet ouvrage.)
April 13, 2023
Je mets 5 étoiles mais pas pcq c'est un bon roman avec une intrigue palpitante. Vous savez ce que vous avez entre les mains. Un travail en sciences sociales qui s'appuie sur des entretiens avec des hommes emprisonnés pour violences sexuelles sur mineur.es. Donc on remonte ses bretelles on prend une grande inspiration et on se plonge dans ce bouquin.
Dorothée Dussy, ou DD comme retranscrit dans les entretiens, a un humour ravageur et une façon bien à elle de nous demander quelle est la température de l'eau dans laquelle on nage, en tant que poisson.
DD a un regard extérieur-intérieur qui questionne et invite à l'introspection, bizarrement, vu le sujet. Moi ça me parle énormément.
Bon, donc ce livre est désagréable à souhait, on le savait dès la couverture mais ça se confirme. Et toute la démonstration de DD ça consiste à montrer qu'on trouve plus désagréable de lire ce bouquin que de rester bien coit.e dans la culture de l'inceste dans laquelle on baigne, tout baigne.
Les constats qu'elle fait sont aberrants. Les chiffres qu'elle produit sont monstrueux. Mais on connaît toustes des victimes si on ne l'est pas soi-même. Et on ferme bien notre gueule. Pcq c'est insupportable ? Pas sûr. Les schémas avec les flèches dans tous les sens m'ont juste glacée jusqu'aux os.
Les enfants victimes portent tant sur leurs épaules. Y compris le poids de notre propre chagrin quand on pense à elleux. Soutenons-les.
Force et courage.
Dorothée Dussy, ou DD comme retranscrit dans les entretiens, a un humour ravageur et une façon bien à elle de nous demander quelle est la température de l'eau dans laquelle on nage, en tant que poisson.
DD a un regard extérieur-intérieur qui questionne et invite à l'introspection, bizarrement, vu le sujet. Moi ça me parle énormément.
Bon, donc ce livre est désagréable à souhait, on le savait dès la couverture mais ça se confirme. Et toute la démonstration de DD ça consiste à montrer qu'on trouve plus désagréable de lire ce bouquin que de rester bien coit.e dans la culture de l'inceste dans laquelle on baigne, tout baigne.
Les constats qu'elle fait sont aberrants. Les chiffres qu'elle produit sont monstrueux. Mais on connaît toustes des victimes si on ne l'est pas soi-même. Et on ferme bien notre gueule. Pcq c'est insupportable ? Pas sûr. Les schémas avec les flèches dans tous les sens m'ont juste glacée jusqu'aux os.
Les enfants victimes portent tant sur leurs épaules. Y compris le poids de notre propre chagrin quand on pense à elleux. Soutenons-les.
Force et courage.
March 16, 2024
excellent ouvrage. que dire de plus si ce n'est que lire les verbatims de violeurs incesteurs est extrêmement difficile mais que ça paraît un peu nécessaire pour comprendre. merci Dorothée Dussy pour ce travail magistral. bravo. en plus c'est parfois très drôle et elle lâche des punchlines excellentes, ça permet de lâcher un sourire entre deux larmes et une mâchoire qui se desserre un peu, ça fait du bien pendant les 280 pages.
June 7, 2021
Nécessaire.
August 30, 2025
« et puis elle est morte de ce mal »
un tiers des cas d’inceste concernent des frères et sœurs : plus fréquents que ceux commis par les parents, pourtant c’est l’un des inceste les plus silencieux.
quand il s’agit de relations incestueuses fraternelles, l’interprétation sociale tend à les minimiser : on parle souvent de « jeux sexuels consentis » entre enfants,
le fameux « touche pipi » qui sert souvent à désigner des contacts sexuels entre enfants comme s’il s’agissait de simples « jeux »
on tend à les banaliser et à les minimiser : on présente ces gestes comme anodins, équivalents à des jeux d’exploration corporelle normale entre enfants.
cette expression retire toute gravité à l’acte, elle permet de « mettre sous le tapis » : on dit que ce n’était « qu’un jeu », et on passe à autre chose.
! c’est une expression souvent utilisé par les parents dans les familles incestueuses pour maintenir le silence.
« dénigrer la parole des incestés dès qu'ils émettent un point de vue ou qu'ils relatent un événement reste néanmoins la pratique de maintien au silence la plus courante dans les familles.
ce qui est dit ne doit jamais valoir la peine d'être entendu, de sorte qu'à force on ne l'écoute plus du tout.
[..] toutes les formes de dévalorisation et de discrédit des incestés sont autorisées pour faire rempart à la parole. »
« de fait, si lesdits "jeux sexuels" entre frères et sœurs ne débutent jamais à l'instigation du plus jeune, c'est précisément car ils ne sont pas des jeux mais des abus sexuels. »
« la révélation publique des viols [..] n'altère pas les relations avec le violeur, ne les modifie pas et, finalement, ne change pas grand-chose. soit dit en passant, c'est important de le noter, s'il en était autrement, compte tenu du nombre d'incestes et de viols, et donc d'incesteurs et de violeurs, plus grand monde ne parlerait à plus grand monde, et le monde en serait bouleversé. »
« devenus adultes, sur les deux dizaines environ de frères ou sœurs incestés dont j'ai recueilli l'histoire dans l'enquête très peu sont parents, et une seule femme était à la fois mère et « en ménage » durable avec un compagnon.
l'inceste dans la fratrie anéantit pour les incestés quelque chose de la possibilité d'une vie conjugale.
chacun des frères ou sœurs incestés avec qui j'ai travaillé pensait que l'absence de son désir de parentalité, ou que la non-réalisation de son désir d'enfant, relevait d'une explication psychologique individuelle et singuliere. »
« les enfants sont généralement forts et courageux, en tout cas avant d'être broyés par la famille et la machine sociale qui leur apprend à avaler des lames de rasoir. »
comme toujours dorothée dussy fait un travail remarquable.
c’est l’essai anthropologique le plus complet qu’il m’ait été donné de lire
(avoir pu lire que pour la majorité des victimes il a fallu plus de trente ans pour avoir le courage d’en parler ne fait qu’appuyer le poids du silence et du vice de l’inceste)
(btw le délai pour porter plainte en cas d’inceste est de 30 ans après la majorité, donc jusqu’à l’âge de 48 ans.)
un tiers des cas d’inceste concernent des frères et sœurs : plus fréquents que ceux commis par les parents, pourtant c’est l’un des inceste les plus silencieux.
quand il s’agit de relations incestueuses fraternelles, l’interprétation sociale tend à les minimiser : on parle souvent de « jeux sexuels consentis » entre enfants,
le fameux « touche pipi » qui sert souvent à désigner des contacts sexuels entre enfants comme s’il s’agissait de simples « jeux »
on tend à les banaliser et à les minimiser : on présente ces gestes comme anodins, équivalents à des jeux d’exploration corporelle normale entre enfants.
cette expression retire toute gravité à l’acte, elle permet de « mettre sous le tapis » : on dit que ce n’était « qu’un jeu », et on passe à autre chose.
! c’est une expression souvent utilisé par les parents dans les familles incestueuses pour maintenir le silence.
« dénigrer la parole des incestés dès qu'ils émettent un point de vue ou qu'ils relatent un événement reste néanmoins la pratique de maintien au silence la plus courante dans les familles.
ce qui est dit ne doit jamais valoir la peine d'être entendu, de sorte qu'à force on ne l'écoute plus du tout.
[..] toutes les formes de dévalorisation et de discrédit des incestés sont autorisées pour faire rempart à la parole. »
« de fait, si lesdits "jeux sexuels" entre frères et sœurs ne débutent jamais à l'instigation du plus jeune, c'est précisément car ils ne sont pas des jeux mais des abus sexuels. »
« la révélation publique des viols [..] n'altère pas les relations avec le violeur, ne les modifie pas et, finalement, ne change pas grand-chose. soit dit en passant, c'est important de le noter, s'il en était autrement, compte tenu du nombre d'incestes et de viols, et donc d'incesteurs et de violeurs, plus grand monde ne parlerait à plus grand monde, et le monde en serait bouleversé. »
« devenus adultes, sur les deux dizaines environ de frères ou sœurs incestés dont j'ai recueilli l'histoire dans l'enquête très peu sont parents, et une seule femme était à la fois mère et « en ménage » durable avec un compagnon.
l'inceste dans la fratrie anéantit pour les incestés quelque chose de la possibilité d'une vie conjugale.
chacun des frères ou sœurs incestés avec qui j'ai travaillé pensait que l'absence de son désir de parentalité, ou que la non-réalisation de son désir d'enfant, relevait d'une explication psychologique individuelle et singuliere. »
« les enfants sont généralement forts et courageux, en tout cas avant d'être broyés par la famille et la machine sociale qui leur apprend à avaler des lames de rasoir. »
comme toujours dorothée dussy fait un travail remarquable.
c’est l’essai anthropologique le plus complet qu’il m’ait été donné de lire
(avoir pu lire que pour la majorité des victimes il a fallu plus de trente ans pour avoir le courage d’en parler ne fait qu’appuyer le poids du silence et du vice de l’inceste)
(btw le délai pour porter plainte en cas d’inceste est de 30 ans après la majorité, donc jusqu’à l’âge de 48 ans.)
February 10, 2025
Life-changing, d’utilité publique, travail colossal et sincère qui résonne et ose dire les choses comme aucune enquête sociologique ne le fait. Un des livres les plus importants de l’époque.
January 10, 2025
Ce livre est une claque à titre individuel, mais les problématiques qu'il soulève devraient être un bouleversement pour toute la société.
Toutes personnes liées professionnellement à la politique, la justice, la psychologie, l'éducation et la sociologie devraient le lire dans son programme d'études.
J'ai regretté de ne pas l'avoir lu en prenant des notes, tant cela peut susciter de réflexions diverses. Je rêverais d'apprendre qu'un professeur de fac consacre un semestre à cet ouvrage.
Ce n'est pas un livre qui s'adresse uniquement aux victimes d'inceste. D'ailleurs, elles n'y trouveront pas de "solutions" pour vivre mieux, et risquent même de souffrir à sa lecture.
C'est un livre qui s'adresse au contraire, en particulier, à tous les autres, dont je fais partie. Ceux qui ne l'ont pas vécu, ou plutôt pas directement, puisque Dorothée Dussy nous révèle que nous sommes TOUS et TOUTES concerné-e-s.
Malheureusement, "Le Berceau des dominations" restera probablement peu lu, car outre le fait qu'il s'agit d'un essai d'anthropologie qui n'attire pas le grand public par essence, il touche aussi à un des sujets les plus difficiles qui soit. La preuve en est qu'il m'a fallu quatre années pour le terminer...
L'écriture est pourtant assez facile à lire, mais les sujets abordés eux, peuvent être TRÈS difficiles à recevoir. J'ai parfois été prise d'émotions, la gorge serrée. Mais j'ai surtout eu le besoin de faire des pauses, et même comme cela, j'avais des images qui persistaient dans l'esprit. Et de la rage qui me faisait (et me fait) encore bouillonner longtemps après la lecture d'une seule page.
Ce livre m'a changée. Il a changé mon rapport à la société, et ma façon de parler de l'intime en prenant conscience d'à quel point il est politique.
Depuis que j'ai appris l'existence du travail de Dorothée Dussy, j'ai entrepris un long et lent travail pour apprendre à parler d'inceste. À supporter et même à encourager toute conversation. Ce livre m'a fait mal par moments, mais au bout du compte, il me donne la force à présent de parler sans laisser la gêne et le malaise prendre le dessus. Je milite aujourd'hui pour que l'on puisse parler de l'existence de l'inceste ouvertement, grâce à ce livre. Car comme l'explique si bien l'autrice : l'inceste n'est en réalité pas interdit, c'est le fait d'en parler qui l'est !
On pourrait débattre des heures de chaque page, et en cela ce livre est passionnant.
Mais il a aussi quelques défauts. Éditorialement, il est vraiment dommage que le livre n'ait pas été mieux relu. Certains passages auraient mérité une clarification dans le raisonnement. La correction n'est pas réussie et au-delà des fautes, il manque des mots par endroit. Ça ne rend pas honneur à ce travail titanesque de plusieurs années d'enquête. J'espère qu'il sera un jour correctement réédité.
Sur le fond, il y a des raccourcis dans la pensée de l'anthropologue que l'on aimerait qu'elle développe. Des affirmations qui semblent très personnelles, des opinions qui sont présentées comme des faits. Je sais que l'autrice assume totalement sa subjectivité dans sa démarche anthropologique et je suis en accord avec la plupart de ses arguments, mais il y a parfois des petits angles morts. Cela ne réduit pas cependant l'intérêt du propos principal.
Je suis bien sûr déçue qu'elle n'ait pas poursuivi son travail, puisqu'elle annonçait (fut un temps) qu'il s'agissait d'une première partie d'un travail plus grand, et qu'elle a finalement arrêté ce projet. Mais je ne peux que comprendre face à la difficulté de la tâche. Les chercheurs sont des humains comme les autres, avec leur vie personnelle, et ce travail devait beaucoup entacher le quotidien.
Au bout du compte, je souhaite dire bravo et merci à Dorothée Dussy.
Et courage aux gens qui hésitent à se lancer dans cette lecture, vous pouvez le faire (plus rapidement que moi) et vous ne le regretterez pas !
Toutes personnes liées professionnellement à la politique, la justice, la psychologie, l'éducation et la sociologie devraient le lire dans son programme d'études.
J'ai regretté de ne pas l'avoir lu en prenant des notes, tant cela peut susciter de réflexions diverses. Je rêverais d'apprendre qu'un professeur de fac consacre un semestre à cet ouvrage.
Ce n'est pas un livre qui s'adresse uniquement aux victimes d'inceste. D'ailleurs, elles n'y trouveront pas de "solutions" pour vivre mieux, et risquent même de souffrir à sa lecture.
C'est un livre qui s'adresse au contraire, en particulier, à tous les autres, dont je fais partie. Ceux qui ne l'ont pas vécu, ou plutôt pas directement, puisque Dorothée Dussy nous révèle que nous sommes TOUS et TOUTES concerné-e-s.
Malheureusement, "Le Berceau des dominations" restera probablement peu lu, car outre le fait qu'il s'agit d'un essai d'anthropologie qui n'attire pas le grand public par essence, il touche aussi à un des sujets les plus difficiles qui soit. La preuve en est qu'il m'a fallu quatre années pour le terminer...
L'écriture est pourtant assez facile à lire, mais les sujets abordés eux, peuvent être TRÈS difficiles à recevoir. J'ai parfois été prise d'émotions, la gorge serrée. Mais j'ai surtout eu le besoin de faire des pauses, et même comme cela, j'avais des images qui persistaient dans l'esprit. Et de la rage qui me faisait (et me fait) encore bouillonner longtemps après la lecture d'une seule page.
Ce livre m'a changée. Il a changé mon rapport à la société, et ma façon de parler de l'intime en prenant conscience d'à quel point il est politique.
Depuis que j'ai appris l'existence du travail de Dorothée Dussy, j'ai entrepris un long et lent travail pour apprendre à parler d'inceste. À supporter et même à encourager toute conversation. Ce livre m'a fait mal par moments, mais au bout du compte, il me donne la force à présent de parler sans laisser la gêne et le malaise prendre le dessus. Je milite aujourd'hui pour que l'on puisse parler de l'existence de l'inceste ouvertement, grâce à ce livre. Car comme l'explique si bien l'autrice : l'inceste n'est en réalité pas interdit, c'est le fait d'en parler qui l'est !
On pourrait débattre des heures de chaque page, et en cela ce livre est passionnant.
Mais il a aussi quelques défauts. Éditorialement, il est vraiment dommage que le livre n'ait pas été mieux relu. Certains passages auraient mérité une clarification dans le raisonnement. La correction n'est pas réussie et au-delà des fautes, il manque des mots par endroit. Ça ne rend pas honneur à ce travail titanesque de plusieurs années d'enquête. J'espère qu'il sera un jour correctement réédité.
Sur le fond, il y a des raccourcis dans la pensée de l'anthropologue que l'on aimerait qu'elle développe. Des affirmations qui semblent très personnelles, des opinions qui sont présentées comme des faits. Je sais que l'autrice assume totalement sa subjectivité dans sa démarche anthropologique et je suis en accord avec la plupart de ses arguments, mais il y a parfois des petits angles morts. Cela ne réduit pas cependant l'intérêt du propos principal.
Je suis bien sûr déçue qu'elle n'ait pas poursuivi son travail, puisqu'elle annonçait (fut un temps) qu'il s'agissait d'une première partie d'un travail plus grand, et qu'elle a finalement arrêté ce projet. Mais je ne peux que comprendre face à la difficulté de la tâche. Les chercheurs sont des humains comme les autres, avec leur vie personnelle, et ce travail devait beaucoup entacher le quotidien.
Au bout du compte, je souhaite dire bravo et merci à Dorothée Dussy.
Et courage aux gens qui hésitent à se lancer dans cette lecture, vous pouvez le faire (plus rapidement que moi) et vous ne le regretterez pas !
December 20, 2021
« À la faveur du réel et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, on verra que l’inceste est structurant de l’ordre social. Il apparaît aussi comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe. (...) Par contamination du silence sur la pratique, exposition des comportements érotisés des uns ou des guerres de protection des autres contre l’érotisation, fréquentation des incestés et des incesteurs, on va voir que tout le monde participe, dès l’enfance, de l’ordre social qui admet l’inceste mais l’interdit en théorie. Hommes, femmes, les enfants qu’ils ont été et les enfants qu’ils auront, trinquent depuis très jeunes de l’horreur de voir leur sœur ou leurs petits copains d’école incestés – sans nécessairement qu’ils sachent que ceux-ci sont incestés. (...) Pour ne pas avoir d’ennuis, chacun apprend à composer avec ce qu’on lui donne à vivre et à voir. Chacun est imprégné, au berceau, des rapports de domination constitutifs des relations familiales. On verra comment l’inceste, en tant qu’exercice érotisé de la domination, est un élément clé de la reconduction des rapports de domination et d’exploitation. »
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June 30, 2025je dois absolument me mettre à lire des trucs intelligents et je commencerai par ça
April 3, 2023
Édifiant et terrifiant, mais terriblement nécessaire.
August 12, 2025
J’ai pas tout compris pcq parfois j’arrivais pas à savoir si elle était ironique ou si elle était dans l’analyse premier degré, du coup mon cerveau était quasi tout le temps en surchauffe pour essayer de comprendre au mieux ce qu’elle voulait dire 😭
Par contre il y a des infos qu’on devrait toustes avoir en tête, sur comment le silence est imposé, comment il permet de reconduire l’inceste sur plusieurs générations, etc etc.
Faut que je me fasse une petite fiche résumé pcq c’est vraiment nécessaire pour nous au quotidien je pense d’avoir ces infos dans un coin de notre tête
Et ce que je retiens surtout à chaud c’est la nécessité de donner aux enfants dès le plus jeune âge la possibilité de nommer, de comprendre, de parler et surtout d’être compris quand ils parlent !
Pcq les enfants parlent, mais si on leur donne pas les mots pour décrire ce qu’ils vivent, alors on comprendra pas ce qu’ils dénoncent
Et une fois qu’ils ont parlé sans qu’aucune action n’ait suivie, c’est fini, ils ne parleront plus, pcq ils auront intégré que ce qu’ils vivent est autorisé, et qu’il faut faire avec
En gros même si c’est un sujet douloureux et qui met mal à l’aise, il faut parler de l’inceste autour de soi, de ce qu’est un viol, de ce qu’est une agression
Par contre il y a des infos qu’on devrait toustes avoir en tête, sur comment le silence est imposé, comment il permet de reconduire l’inceste sur plusieurs générations, etc etc.
Faut que je me fasse une petite fiche résumé pcq c’est vraiment nécessaire pour nous au quotidien je pense d’avoir ces infos dans un coin de notre tête
Et ce que je retiens surtout à chaud c’est la nécessité de donner aux enfants dès le plus jeune âge la possibilité de nommer, de comprendre, de parler et surtout d’être compris quand ils parlent !
Pcq les enfants parlent, mais si on leur donne pas les mots pour décrire ce qu’ils vivent, alors on comprendra pas ce qu’ils dénoncent
Et une fois qu’ils ont parlé sans qu’aucune action n’ait suivie, c’est fini, ils ne parleront plus, pcq ils auront intégré que ce qu’ils vivent est autorisé, et qu’il faut faire avec
En gros même si c’est un sujet douloureux et qui met mal à l’aise, il faut parler de l’inceste autour de soi, de ce qu’est un viol, de ce qu’est une agression
August 23, 2023
Je crois que c'était le livre le plus difficile à lire de ma vie, j'ai mis énormément de temps mais il est TELLEMENT important. C'est une vraie révolution, ça aborde tellement de choses dont on ne parle jamais concernant l'inceste et ça a totalement déconstruit ma manière de le voir et penser.
D'utilité publique à mes yeux que tout le monde lise ce livre et plus particulièrement les professionnels du social et de la petite enfance, de l'éducation, le corps judiciaire et les différents psys
D'utilité publique à mes yeux que tout le monde lise ce livre et plus particulièrement les professionnels du social et de la petite enfance, de l'éducation, le corps judiciaire et les différents psys
February 20, 2025
Un ouvrage clair, éclairant, percutant et saisissant que je n'ai pas pu lâcher.
J'ai la sensation que les perspectives apportées par cet essai s'écartent des sentiers battus et c'est ô combien nécessaire pour replacer l'inceste dans notre vision de la société et de l'humanité.
À mettre entre toutes les mains, en particulier celles des incestés, bien plus nombreux / nombreuses qu'on se l'imagine.
J'ai la sensation que les perspectives apportées par cet essai s'écartent des sentiers battus et c'est ô combien nécessaire pour replacer l'inceste dans notre vision de la société et de l'humanité.
À mettre entre toutes les mains, en particulier celles des incestés, bien plus nombreux / nombreuses qu'on se l'imagine.
September 18, 2025
très bien écrit, à mettre dans les mains de toustes
January 5, 2025
C’est super trash. Mais c’est nécessaire. Comme l’autrice le dit, il faut regarder l’inceste dans les yeux pour espérer le combattre, elle dit aussi qu’il est probable qu’en lisant ses lignes, on ait envie de vomir. C’est le cas, le temps de me mettre dans le bain, j’avais des nausées en lisant les témoignages des incesteurs. Car oui, elle interview pendant tout le bouquin des hommes qui ont commis toutes sortes d’incestes. C’est horrifiant mais c’est intéressant. Cependant, j’ai trouvé que la lecture des témoignages pour à chaque fois justifier le moindre argument pour expliquer un nouveau point de vue sur l’inceste était finalement un peu fatiguant, et j’aurais peut être apprécié que les idées soient mises dans un ordre plus clair. Le dernier chapitre sur comment la loi traite l’inceste est le dernier coup de grâce, les espoirs pour repenser une société qui protègerait les enfants sont vraiment minces. Mais c’est déjà bien de le comprendre.
Read
November 21, 2021C'est le live indispensable dès lors qu'on veut comprendre l'inceste, et les violences sexuelles intra familiales. C'est l'éclairage sociologique, qui regarde la réalité et pas la théorie. C'est l'impensé de Claude Levy Strauss et de son tabou de l'inceste. Ce n'est pas l'inceste qui est tabou dans notre société, c'est d'en parler. Elle est allée à la rencontre d'hommes en prison pour violences sexuelles sur des mineurs de leur famille. Elle a mené comme toute bonne sociologue des entretiens, croisé des chiffres, des études et elle nous explique tout ça, comment se construit cette mécanique. Le livre se lit dès bien, écrit simplement, en langage courant, avec humour parfois. L'inceste reste une réalité difficile, et quand je le lisais, je me suis rendue compte à un moment que je n'allais pas bien. On ne regarde plus le monde avec les même yeux ensuite. Dans une classe de CM2, sur 30 élèves il y en a 3 qui sont victimes. Après vous comptez : dans la classe de mon dernier, on en connaissait une, son papa était en prison pour ça, qui sont les deux autres? Et dans votre classe de CM2 à vous, vous les avez identifiés? Et dans la soirée de copains, parmi les12 gamins, il y en un... C'est une boucle infernale. Il est aussi possible d'écouter Dorothée Dussy dans la série Ou peut-être une nuit, ou dans les deux épisodes des Couilles du la table
"Qu'on se le dise, la pratique de l'inceste - dans sa forme ultramajoritaire, c'est à dire l'usage d'un petit de la famille comme objet sexuel - est une spécificité humaine."
"Qu'on se le dise, la pratique de l'inceste - dans sa forme ultramajoritaire, c'est à dire l'usage d'un petit de la famille comme objet sexuel - est une spécificité humaine."
July 31, 2023
J’ai lu ce livre dans le cadre d’une réflexion plus larges sur les violence sexistes et sexuelles (VSS) et après l’écoute de plusieurs podcasts. Bien sûr, j’avais écouté avec passions les interventions de Dorothée Dussy dans les Couilles sur la table (Victoire Tuaillon), la série documentaire « Ou peut-être une nuit » de Charlotte Pudlowski, et plusieurs épisodes d’Un podcast à soi, de Charlotte Bienaimé. Ceux sur l’inceste, évidemment, mais c’est sa dernière série sur le thème de la violence faite aux enfants combiné à la lecture l’article de la Déferlante sur l’inceste entre mineurs qui m’ont décidée. J’ai l’habitude de me documenter sur des sujets durs et cette lecture prend aussi place dans une réflexion plus globale féministe et j’ai l’habitude de me confronter à des sujets rudes. Mais j’ai redouté cette lecture plus que les autres pendant longtemps.
Avec ce sujet vont de gros triggerwarning : viol, inceste, VSS pour cette raison, je mets l’intégralité du reste sous les balises spoiler.
Avec ce sujet vont de gros triggerwarning : viol, inceste, VSS pour cette raison, je mets l’intégralité du reste sous les balises spoiler.
February 6, 2022
Un livre d'une grande richesse, qui aborde sans concession le sujet de l'inceste. Moi qui n'en savait rien, je sors de cette lecture avec une vision plus affutée, et plus sensible à la réalité de ce phénomène de société. Le travail de documentation de l'auteure est colossale. Interroger les incesteurs étaient la meilleure manière de comprendre toutes les mécaniques du phénomène. J'ai aimé la proximité que l'auteure instaure avec le lecteur, avec un style très abordable et accrocheur. J'ai dévoré le livre, et je pense que je me replongerai dedans plus d'une fois.
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June 11, 2022
Un document, une enquête qui démontrent que l'inceste est banal dans les familles. C'est plus souvent des hommes qui pratiquent l'inceste sur des enfants. Celui qui est incesté devient bien souvent incesteur. Les personnes de cette enquête ont toutes été condamnées suite à une dénonciation. Ils passent tous pour des personnes tout à fait normales, fiables. L'entourage ne les condamne vraiment pas.
La justice française dont les lois ont été faites par des hommes ne reconnait pas le terme d'inceste. Mais il me semble que cela est en train de changer, suite à un reportage à regarder sur LCP.
La justice française dont les lois ont été faites par des hommes ne reconnait pas le terme d'inceste. Mais il me semble que cela est en train de changer, suite à un reportage à regarder sur LCP.
September 8, 2021
Terrible. Nécessaire.
July 11, 2022
Un des livres les plus importants que j’ai pu lire cette année. Un sujet qui revient doucement sur le devant de la scène, même s’il reste malheureusement un tabou. J’aurais envie que tout le monde puisse le lire, en parler dès que je rencontre quelqu’un, pouvoir tout détruire sur mon passage quand je repense à tous les dessous de linceste
Compléter la lecture par le podcast « ou peut etre une nuit », et l’aigle noir de Barbara
Compléter la lecture par le podcast « ou peut etre une nuit », et l’aigle noir de Barbara
September 23, 2022
Un livre nécessaire
May 3, 2025
Magistral, à lire absolument.
February 15, 2025
5⭐️
Je ne suis pas concernée personnellement ou dans mon entourage par le sujet mais ça ne m'a pas empêchée d'être extrêmement émue, enragée, scotchée par tout ce que j'ai pu découvrir sur ce sujet si important, si destructeur pour les victimes mais si tabou et invisible dans notre société, grâce à ce livre et au travail de recherche de l'autrice.
Les mécanismes de la domination, du silence et l'échec révoltant de la justice sont décrits très justement dans le livre. Beaucoup de témoignages d'agresseurs sont retranscrits (ce qui peut déranger des victimes, je recommanderais plutôt le livre à des personnes comme moi non concernée directement par me sujet mais souhaitant y être sensibilisée qu'à des victimes directement concernées par le sujet).
Les termes employés sont parfois crus mais ce sont des faits réels qui se sont produits et qu'il est hautement nécessaire de verbaliser.
Jai trouvé la préface bluffante de justesse, ça m'a coupé le souffle tellement c'était fort et juste. Écrite par Charlotte Pudlowski dont je suis très intéressée de lire le travail. C'était une introduction parfaite au livre.
On ne ressort pas de ce livre indemne... il va me rester en mémoire un bon moment...
J'ai noté énormément de points ou de citations qui m'ont marquées.
D'abord dans la préface :
"Parler avait été mon mode de conjuration de la honte : ce qui était dit ne pouvait me ronger, donc tout devait être dit. Une situation ridicule, une peur exubérante, un désir inquiétant. Je ne garde pas de secrets. J'ai trop peur qu'ils me rouillent."
"Peut-être que l'on redira ce qui a été dit par le passé : que c'est moralisateur de vouloir condamner l'inceste et qu'on a besoin de liberté. On dira qu'on méprise les enfants à ne pas les laisser disposer de leurs corps et à ne pas leur accorder leur libre arbitre. On dira qu'il a d'autres priorités. On n'aura plus de place dans les cases documentaires ni sur les manchettes des journaux. On oubliera."
"Souvenez-vous que l'épaisseur du silence vous fait croire à une solitude mensongère. Souvenez-vous que les silences se soulèvent, que vous avez le droit de parler. Que la parole se vit à plusieurs. Souvenez-vous qu'écouter et dire est possible. C'est le plus bel attelage de la résistance."
Puis ensuite dans le livre :
"Ce ne sont pas des déviants, ils n'agressent que leurs propres enfants et sont très bien insérés dans la société."
Les agresseurs justifient moralement leur acte en interprétant les événements à leur avantage : c'est lui qui est venu sur mes genoux, c'est qu'il en avait envie...
"Il cherche du plaisir sexuel et, en homme autonome, va le chercher là où il peut le trouver, là où c'est facile, pas cher, et sans nécessité d'opérations de séduction dont le résultat n'est en outre jamais assuré. L'incesteur se sert."
Les incestueurs qui utilisent le terme "faire l'amour" pour parler de leur crime. La gerbe.
"Comme dit le proverbe, là où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir et André, ainsi que le font couramment d'autres incestueurs pour se mettre à l'aise, postule qu'il n'est pas le premier partenaire sexuel de l'enfant qui souhaite toucher."
"Vous auriez dit une jeune fille de 17-18 ans.
Et puis, elle me dit "On fait l'éducation sexuelle à l'école" Je me suis dit, l'éducation sexuelle est très bonne en CE1." Sans voix...
"Ce vieux beau-père autoritaire à la voix tonitruante qui parle des deux traînées qui l'ont dénoncé alors qu'il n'y a mis "que les doigts"." Pareil, la gerbe.
"Force est de constater que la légitimité de l'incesteur (induit par l'interdit de l'inceste), est plus puissante que l'amour qu'on porte à ses nièces et même à son enfant et qui supposerait qu'on le protège des abus sexuels." Sur la complicité de la famille et le silence.
"Dans la majorité des situations, la pratique de la sexualité avec les enfants de la famille ne relève pas d'un projet autre que se procurer du plaisir sexuel à peu de frais."
Pourquoi la famille préfère penser que la victime ment :
"Une famille préfère compter parmi elle un menteur compulsif et instable qu'un incesteur."
La majorité du cercle proche de l'incesteur lui reste fidèle ensuite, a toujours une bonne opinion de lui. Ignoble.
Et souvent rejettent les victimes à la place...
L'échelle de gravité des atteintes sexuelles est basée sur le plaisir procuré aux hommes. Si pénétration c'est plus grave. La gerbe.
Les animaux maltraitent ou tuent leurs enfants, dans des rapports de domination.
Cela n'est pas souhaitable pour l'équilibre social humain, donc pourquoi pas des abus sexuels ? L'agresseur a son plaisir égoïste et son outil de domination...
Je ne suis pas concernée personnellement ou dans mon entourage par le sujet mais ça ne m'a pas empêchée d'être extrêmement émue, enragée, scotchée par tout ce que j'ai pu découvrir sur ce sujet si important, si destructeur pour les victimes mais si tabou et invisible dans notre société, grâce à ce livre et au travail de recherche de l'autrice.
Les mécanismes de la domination, du silence et l'échec révoltant de la justice sont décrits très justement dans le livre. Beaucoup de témoignages d'agresseurs sont retranscrits (ce qui peut déranger des victimes, je recommanderais plutôt le livre à des personnes comme moi non concernée directement par me sujet mais souhaitant y être sensibilisée qu'à des victimes directement concernées par le sujet).
Les termes employés sont parfois crus mais ce sont des faits réels qui se sont produits et qu'il est hautement nécessaire de verbaliser.
Jai trouvé la préface bluffante de justesse, ça m'a coupé le souffle tellement c'était fort et juste. Écrite par Charlotte Pudlowski dont je suis très intéressée de lire le travail. C'était une introduction parfaite au livre.
On ne ressort pas de ce livre indemne... il va me rester en mémoire un bon moment...
J'ai noté énormément de points ou de citations qui m'ont marquées.
D'abord dans la préface :
"Parler avait été mon mode de conjuration de la honte : ce qui était dit ne pouvait me ronger, donc tout devait être dit. Une situation ridicule, une peur exubérante, un désir inquiétant. Je ne garde pas de secrets. J'ai trop peur qu'ils me rouillent."
"Peut-être que l'on redira ce qui a été dit par le passé : que c'est moralisateur de vouloir condamner l'inceste et qu'on a besoin de liberté. On dira qu'on méprise les enfants à ne pas les laisser disposer de leurs corps et à ne pas leur accorder leur libre arbitre. On dira qu'il a d'autres priorités. On n'aura plus de place dans les cases documentaires ni sur les manchettes des journaux. On oubliera."
"Souvenez-vous que l'épaisseur du silence vous fait croire à une solitude mensongère. Souvenez-vous que les silences se soulèvent, que vous avez le droit de parler. Que la parole se vit à plusieurs. Souvenez-vous qu'écouter et dire est possible. C'est le plus bel attelage de la résistance."
Puis ensuite dans le livre :
"Ce ne sont pas des déviants, ils n'agressent que leurs propres enfants et sont très bien insérés dans la société."
Les agresseurs justifient moralement leur acte en interprétant les événements à leur avantage : c'est lui qui est venu sur mes genoux, c'est qu'il en avait envie...
"Il cherche du plaisir sexuel et, en homme autonome, va le chercher là où il peut le trouver, là où c'est facile, pas cher, et sans nécessité d'opérations de séduction dont le résultat n'est en outre jamais assuré. L'incesteur se sert."
Les incestueurs qui utilisent le terme "faire l'amour" pour parler de leur crime. La gerbe.
"Comme dit le proverbe, là où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir et André, ainsi que le font couramment d'autres incestueurs pour se mettre à l'aise, postule qu'il n'est pas le premier partenaire sexuel de l'enfant qui souhaite toucher."
"Vous auriez dit une jeune fille de 17-18 ans.
Et puis, elle me dit "On fait l'éducation sexuelle à l'école" Je me suis dit, l'éducation sexuelle est très bonne en CE1." Sans voix...
"Ce vieux beau-père autoritaire à la voix tonitruante qui parle des deux traînées qui l'ont dénoncé alors qu'il n'y a mis "que les doigts"." Pareil, la gerbe.
"Force est de constater que la légitimité de l'incesteur (induit par l'interdit de l'inceste), est plus puissante que l'amour qu'on porte à ses nièces et même à son enfant et qui supposerait qu'on le protège des abus sexuels." Sur la complicité de la famille et le silence.
"Dans la majorité des situations, la pratique de la sexualité avec les enfants de la famille ne relève pas d'un projet autre que se procurer du plaisir sexuel à peu de frais."
Pourquoi la famille préfère penser que la victime ment :
"Une famille préfère compter parmi elle un menteur compulsif et instable qu'un incesteur."
La majorité du cercle proche de l'incesteur lui reste fidèle ensuite, a toujours une bonne opinion de lui. Ignoble.
Et souvent rejettent les victimes à la place...
L'échelle de gravité des atteintes sexuelles est basée sur le plaisir procuré aux hommes. Si pénétration c'est plus grave. La gerbe.
Les animaux maltraitent ou tuent leurs enfants, dans des rapports de domination.
Cela n'est pas souhaitable pour l'équilibre social humain, donc pourquoi pas des abus sexuels ? L'agresseur a son plaisir égoïste et son outil de domination...
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July 11, 2022
Un livre puissant et terrible dans lequel se côtoient témoignages d'incesteurs incarcérés et analyses fines et personnelles de Dorothée Dussy. Le livre se fait à la fois théorie de la systématicité de l'inceste, du mécanisme d'emprise et d'institution du silence sur lequel il se fonde et réinvention nécessaire de la langue pour mieux dire l'indicible. Dussy tente de nous faire entendre l'inacceptable en nous rappelant les chiffres, depuis longtemps connus, de l'inceste. Elle nous donne des clefs pour comprendre ce phénomène et sa récurrence : la répétition intrafamiliale, le silence, la volonté d'écrasement, l'"aubaine", constat glaçant de viols commis car la fillette était le seul individu féminin à disposition. Elle nous permet aussi d'entrevoir les raisons du silence qui entoure l'inceste : les familles préfèrent souvent ne rien voir que d'admettre que leur père, leur frère, leur fils est un incesteur, elles préfèrent un.e menteur.euse qu'un incesteur. Dussy revient aussi sur les propos de celleux qui ont voulu théoriser des "incestes heureux", des "jeux sexuels" entre frère et soeur. Pour elle, il n'est aucun inceste consenti.
Lecture difficile mais importante pour mieux saisir ce phénomène de société.
Lecture difficile mais importante pour mieux saisir ce phénomène de société.
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July 19, 2024
Un livre nécessaire pour comprendre, repérer, questionner, faire émerger la parole.
Un travail de terrain - des entrevues avec des incesteurs (créateurs de l'inceste) - analysé avec une combinaison impressionnante de rigueur scientifique et en même temps sans abandonner tout jugement moral. En anthropologue, Dorothée Dussy rapporte les propos des incesteurs parfois contre ceux des experts, les contraste aussi souvent avec les discours des incesté.es (par exemple, la question du consentement).
On le sait: les théories critiques (féministes, de race...) servent surtout à donner des "lunettes". Et avec ce livre, pour moi surtout qui ne m'étais pas penché dessus, on acquiert des lunettes efficaces pour voir le système de l'inceste.
Entre autres faux mythes:
- Les incesteurs sont, dans la majorité des cas, des personnes (hommes plus souvent que femmes, mais femmes aussi) tout à fait normal, des "bonnes gens"
- Les incesteurs ne sont pas spécialement brutalisés en prison (la moitié des gens en prison le sont pour agressions sexuelles)
- La justice est calée sur la perspective masculine
- Plus qu'un interdit de l'inceste, il y a un interdit de dire l'inceste
Un travail de terrain - des entrevues avec des incesteurs (créateurs de l'inceste) - analysé avec une combinaison impressionnante de rigueur scientifique et en même temps sans abandonner tout jugement moral. En anthropologue, Dorothée Dussy rapporte les propos des incesteurs parfois contre ceux des experts, les contraste aussi souvent avec les discours des incesté.es (par exemple, la question du consentement).
On le sait: les théories critiques (féministes, de race...) servent surtout à donner des "lunettes". Et avec ce livre, pour moi surtout qui ne m'étais pas penché dessus, on acquiert des lunettes efficaces pour voir le système de l'inceste.
Entre autres faux mythes:
- Les incesteurs sont, dans la majorité des cas, des personnes (hommes plus souvent que femmes, mais femmes aussi) tout à fait normal, des "bonnes gens"
- Les incesteurs ne sont pas spécialement brutalisés en prison (la moitié des gens en prison le sont pour agressions sexuelles)
- La justice est calée sur la perspective masculine
- Plus qu'un interdit de l'inceste, il y a un interdit de dire l'inceste
Read
October 9, 2023Un livre indispensable, savant mélange d'entretiens avec des incesteurs, connaissances théoriques sur l'inceste, évolution de sa place dans la société.... autant de réflexions nous faisant comprendre que l'on accepte l'inceste mais que l'on refuse d'en parler. Une constante : les chiffres n'augmentent ni ne baissent quelles que soient les périodes, les cultures. Ils restent les mêmes, comme si la place des enfants avait finalement si peu d'importance, hier, aujourd'hui et demain. De belles campagnes de publicité, quelques sursauts citoyens, des films....
Et dans le confort des portes closes, rien ne s'arrête. La parole des enfants est étouffée, les peines dérisoires.
C'est ça la réalité.
le droit n’est pas neutre, et les délais de prescription des dépôts de plainte, l’administration de la preuve, ainsi que le quantum des peines infligées, sont indexés à une conception masculiniste de la sexualité, de la personne et de la famille.
Merci Madame Dussy
Et dans le confort des portes closes, rien ne s'arrête. La parole des enfants est étouffée, les peines dérisoires.
C'est ça la réalité.
le droit n’est pas neutre, et les délais de prescription des dépôts de plainte, l’administration de la preuve, ainsi que le quantum des peines infligées, sont indexés à une conception masculiniste de la sexualité, de la personne et de la famille.
Merci Madame Dussy
August 20, 2023
La lecture est difficile, à la fois pour le contenu choquant et parfois cru, et parallement pour certaines analyses proposées. Mais l'écriture de l'autrice permet de s'accrocher, avec un style assez oral pour un document de recherche, de nombreux extraits d'entretiens, une ironie affichée. C'est un document important puisqu'il vise à décrypter les rouages du silence et du tabou autour de l'inceste. J'aurais aimé qu'il y ait plus d'extraits d'entretiens avec les incestés par rapport à ceux, très fréquents, des incesteurs, mais c'est aussi un choix intéressant. Ne convient pas aux personnes trop sensibles pour certains passages très explicites.
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