Nine et Gaspard vivent dans la maison de leur mère, l’Amazone. Nouchka, leur pie, veille sur le trio. La nuit du réveillon, un incendie ravage le paradis de l’enfance. Le lendemain, le frère et la sœur se réveillent seuls chez leur oncle, l’inquiétant Lord. Ils reçoivent tous les mois une lettre de l’Amazone qui leur dit préparer dans le Sud la nouvelle demeure qui les réunira bientôt. Quel pacte d’amour et de rêve vont-ils nouer pour conjurer l’absence ? Récit magique et cruel, féérie moderne, roman d’initiation et d’aventure, ode à la liberté, à l’adolescence, à la tendresse, aux amitiés qui sauvent, Mise à feu envoûte par son émotion, sa puissance d’évocation poétique et musicale.
At it's strongest regarding childhood/leaving childhood, the brother and sister relationship, and how it weaves in fairy tale elements. I felt like there was some stuff missing in the way it dealt with the child abuse. And I felt very weird about how Nine was 15 with a boyfriend in college and two friends who are like 21+ (especially since she was the main one suffering from abuse/pedophilia) but these aspects were incorporated as normal.
"La peur a un vocabulaire physique qu'elle ne partage qu'avec l'amour. Et c'est peut-être pour cette raison que c'est toujours l'amour qui nous en sauve."
Une histoire bien construite, où même avec la révélation finale, certains éléments restent flous, présents à l'orée de la conscience mais innommable, reflétant parfaitement ce que les enfants savent d'instinct mais ne peuvent pas verbaliser. De l'enfance protégée par le merveilleux de l'imaginaire, à l'âge adulte où la réalité s'impose sans pour autant perdre l'émerveillement de moments hors du temps.
Vraiment une œuvre déroutante, déconcertante, qui mérite d’être lue parce qu’elle est profondément singuliere et qu’on en a marre de lire toujours les mêmes histoires sous la plume des mecs et que la critique crie au génie ^^. Personnellement j’ai pas tout tout compris… je suis pas 100% convaincue… j’ai même trouvé que c’était parfois un peu pénible à lire (surtout le début). MAIS ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un récit aussi original, un style aussi personnel. Je trouve qu’il y a aussi un amour vrai qui se dégage des thèmes abordés, quelque chose d’extrêmement sincère : on y parle des relations dans la fratrie, du fantôme de l’inceste, d’amour et de sexe, de deuil, d’autisme (je crois ?), de violence, de résilience… Bref, c’est un drôle de récit, qui mérite lecture et relecture :D
Gaspard et Nine, respectivement 8 et 6 ans fêtent le réveillon de l’an 2000 avec leur mère et quelques amis. Celle-ci répond au doux surnom de l’Amazone. Quelle mère ne voudrait pas être surnommée ainsi, amazone comme guerrière, comme liberté, comme indépendance. Et puis, le feu s’invite à la fête. Un feu qui ravage tout, crée panique et confusion. Les deux enfants iront vivre chez leur oncle, dit Le Lord, le temps que l’Amazone reconstruise la maison. Des lettres leur seront adressées par l’intermédiaire de Nouchka, une pie, dont les enfants comprennent le langage. L’exil loin de l’Amazone dure huit ans, huit années durant lesquelles les enfants grandissent en gardant ce lien, en fil rouge, des lettres envoyées par leur mère. Un lien qui ne se brise pas, une présence absente, mais une présence forte, une présence attentive, presque tangible.
La vie quotidienne n’est pas simple. Le Lord est un homme compliqué : ses colères sont terribles, son comportement parfois tendancieux, ses intentions troubles. Les enfants le fuient tant qu’ils peuvent en restant collés l’un à l’autre. « Mise à feu », raconte cette relation frère-sœur, puissante, vibrante, par les mots de Nine la narratrice. Ensemble, ils s’inventent des mondes, se protègent, se soutiennent, gardent vivant le souvenir de l’Amazone. Si le roman a souvent des allures de conte, des touches de magie dues surtout à l’éblouissement des enfants, à cette réalité qu’ils s’inventent, à cet espoir de retrouver l’Amazone auquel ils s’accrochent, le lecteur, lui, a mille et une interrogations. Un pressentiment le taraude, la conviction qu’il a été caché quelque chose de fondamental à ces enfants, une chose nécessaire à leur épanouissement. Peu à peu, les mots de Nine contrastent avec les attitudes de Gaspard, leurs émotions les distinguent, leurs corps disent d’autres vérités.
Et c’est là qu’intervient tout le talent de la lectrice de « Mise à feu », Clara Ysé, également auteur du roman. Clara Ysé est habitée par son texte et je pense très honnêtement que je n’aurais pas eu les mêmes émotions, craintes, angoisses, tendresse et fantasmagorie sans la musicalité de son phrasé dans une lecture papier. Diction parfaite même lors des passages en langues étrangères (anglais et italien), intonations adaptées au moment, elle crée à elle seule, par le seul prisme de sa voix, toute l’atmosphère du livre. Si sa voix est celle de Nine, elle parvient à tisser un vrai lien avec l’auditeur, qui, seul dans son coin, s’interroge. Les enfants ne s’en sortent pas si mal, mais qui est réellement cet oncle soupe au lait, pourquoi la mère ne revient-elle pas (nous savons bien nous, adultes, que des travaux n’empêchent pas une mère de venir voir ses enfants), pourquoi ces travaux sont-ils si longs (huit ans !! C’est interminable) Quelque chose n’est pas clair dans cette histoire, quelque chose se trame, et la voix douce, mélodieuse de Clara Ysé entretient ce malaise, le nourrit, le fait grossir, pendant que les enfants eux, vivent, au jour le jour, dans leur cocon de magie à deux qui ne s’entrouvre que pour la pie et les lettres de l’Amazone. (Lettres lues avec tellement de douceur qu’elles vous collent des frissons) Peu à peu, les années passant, le monde réel pénètre dans le cocon. De nouvelles amitiés, de nouvelles réalités fracturent l’enfance. La tension monte. Le choix des intermèdes musicaux n’y est pas pour rien. Gaspard inquiète. La voix de la narratrice incendie, enflamme les mots, embrase les émotions, ravivent la mémoire … jusqu’à cette fin. Les mots, telles des flammes, clôturent « Mise à feu ».
Quelle magnifique découverte audio ! Vierge de tout résumé, j’ai été littéralement sous le charme de cette voix, à la fois voix paisible et vive, chaleureuse et glaciale. Il faut dire que Clara Ysé est également chanteuse et que les ondulations de sa voix sont en peu son métier. Moi qui suis très attachée à l’objet livre, j’ai été totalement happée par cette écoute. J’aime ces auteurs qui lisent leur propre texte : ils y mettent tout leur cœur et toutes leurs émotions. Une écoute troublante, sensuelle et tragique.
Il y a certains livres que nous lisons qui nous emmènent en dehors de notre zone de confort. On lit mais nous ne comprenons pas où l'auteur désire nous emmener, hors des sentiers balisés, on marche sur des cailloux, à travers des ronces, on se griffent, on se tord la cheville, mais on ne peut pas dire que l'expérience soit désagréable car le cadre est agréable. Puis à la fin de cette traversée non prévue, il y a la lumière, la compréhension de pourquoi nous avons fait ce chemin parfois en équilibre, parfois à la rupture, et on regarde devant soi, ce que le monde nous propose et on pleure. Voilà en quelques mots ce que m'a fait ressentir Clara Ysé en lisant son premier roman.
Quand j'ai commencé à lire Mise à feu, et surtout après avoir lu le synopsis, j'ai repensé à En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut, qui est un roman extraordinaire, où on découvre une mère à travers les yeux de son fils. Heureusement, Clara Ysé, ne nous propose pas la même histoire, mais il y a tout de même un fil conducteur commun : le passage de l'enfance à l'âge adulte vu par un enfant qui aime sa mère.
Mais voilà, pendant toute la durée de ma lecture, je me suis posée la question : rêve ou réalité?
Une mère qui abandonne ses enfants pour restaurer une maison pour leur futur confort, et qui ne communique que par courrier ? Rêve ou réalité ? L'histoire se passe après 2000, les téléphones portables, ça existe !!!
Un oncle, le Lord (qui résonne dans ma tête comme l'Ogre dont la prononciation n'est pas très éloignée), qui les héberge en attendant leurs retrouvailles avec leur mère, personnage plus sombre que jamais, coléreux, limite incestueux, formidable marâtre masculinisé ? Rêve ou réalité ?
Des enfants qui parlent la langue des oiseaux et discutent avec leur pie qu'ils ont apprivoisé, nounou à plein temps, qui les ramène dans le droit chemin, lorsque leur jeunesse leur fait dévié des règles sociétales et qui fait le voyage pour donner des nouvelles à leur mère absente ? Rêve ou réalité ?
Cette chambre au dernier étage qu'ils partagent, tout en haut de l'immense appartement dans lequel, frère et sœur se sécurisent, se réfugient pendant que le Lord organise ses repas avec ses amis ? Rêve ou réalité ?
Tout se mélange, se croise, nous embarque dans un songe avec ses peurs, ses monstres, mais aussi ses espoirs, ses personnes qui sont sur le bord du chemin et que l'on embarque avec soi et dont l'amitié sera inconditionnelle, ses lumières. Tout ceci imbriqué dans la vrai vie.
Ce roman ne prendra tout son sens qu'à la toute fin du roman, le rêve de l'enfant laisse place à la réalité de l'adulte, et enfin, nous aussi nous voyons. Nous voyons l'horrible vérité, nous redécouvrons ces jeunes adultes et ce qu'ils ont traversé et nous les voyons d'une nouvelle manière, nous devenons sensibles, émotifs, mais nous voyons l'espoir aussi de ce qui, maintenant, va pouvoir leur arriver.
Clara Ysé, redonne la vue à ses lecteurs, après les avoir emmenés sur des chemins sombres, je n'ai aucun regret d'être aller jusqu'au bout de ce roman, pour finalement apprécier ce texte plus que ce que ne laisser présager sa lecture en cours. Il méritait même une relecture pour avoir une autre vision, ce qui est pour moi une rareté.
Un roman initiatique très original. Une narratrice de six ans, Nine. Son frère, Gaspard, et elle sont au coeur de l'histoire qui recèle beaucoup de suspense, de poésie, et qui est même parfois onirique avec des personnages aux noms étranges : la mère est l'Amazone, l'oncle Lord. Une pie avec laquelle les deux enfants échangent (jusqu'à l'adolescence de Nine, lorsqu'elle n'en sera plus capable car elle perdra avec l'enfance cette faculté qu'ont les petits de vivre sans a priori, d'accepter la magie avec simplicité (ce sont eux qui voient les fantômes et parlent aux fées...), de déceler et prononcer les vérités cachées - ou que les adultes préfèrent ne pas voir et encore moins proférer... Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Elle est aussi, dans de nombreux contes et chansons traditionnelles, détenue par un oiseau, qui seul sait et peut délivrer avertissements et révélations, le plus souvent pour signaler une injustice, redresser des torts, ou jouer un rôle protecteur de conseil et de consolation... Ce n'est certainement pas un hasard, et encore moins à l'époque actuelle, d'autant qu'il s'agit ici d'une pie, réputée - entre autres - pour sa très grande intelligence et son adaptabilité, et qu'elle s'appelle Nouchka ("la Grâce")... D'ailleurs tout est signe et symbole dans ce récit qui nous plonge dans un univers unique. À découvrir !
Presque 5 ! Un premier roman très réussi ! Clara Ysé nous propose un roman dans lequel Nine, la narratrice, nous raconte comment la maison, dans laquelle elle vit avec son frère aîné(Gaspard), sa mère (appelée l’Amazone) et leur pie adoptive, a pris feu le soir du réveillon de l’an 2000. À la suite de cet incident son frère et elle doivent vivre chez leur oncle à Paris pendant que leur mère rénove leur maison à l’autre bout de la France. Cet oncle violent et alcoolique, qui leur adresse à peine la parole.
Cette histoire est prenante, envoûtante, je l’ai lu d’une traite. Je ne l’ai lâchée qu’après l’avoir finie … elle m’a beaucoup touchée. Au cours de cette lecture on ressent une ambiance particulière, on passe par différentes émotions car d’un instant malsain on passe ensuite à un beau moment d’amour fraternel. On s’interroge beaucoup aussi sur ce qui est vraiment réel et ce qui ne l’est pas … Je reste quand même sur ma faim sur certains points qui n’ont pas été creusés, qui restent en suspens. C’est peut-être volontaire de sa part mais ça n’aurait pas été de trop s’ils avaient été développés. On aurait pu par exemple mieux comprendre cet oncle, ce personnage si troublant et déstabilisant à travers un élément en particulier qui n’est que mentionné sans être expliqué.
J’espère voir revenir cette auteure très prometteuse avec un autre roman … !
D'une écriture dont la force évocatrice décuple l’intensité de chaque émotion, Clara Ysé nous offre ici un roman aux allures de conte moderne, oscillant entre la douceur et la poésie des rêves d’enfance, et la brutalité d’une vie où l’insouciance laisse place à brutalité de la réalité. Cruel à certains égards, mais aussi magnifique de poésie, un roman à lire et relire pour s’imprégner de sa puissance et ressentir la délicatesse d’une plume qui se savoure jusqu’à la dernière ligne, et dévoile avec grâce les contours d’une vérité dérobée.
Première lecture de la rentrée littéraire et pas des moindres. Entre nostalgie et attente, ce livre nous plonge dans un univers rempli de souvenirs où l'on ne sait parfois plus très bien si ce qui se passe est réel ou non. Les moments de malaise intentionnels fonctionnent très bien. Le rythme donné au roman résonne comme une mélodie et l'on a aucun mal à s'imaginer avec Nine et Gaspard à bord de la camionnette, cheveux au vent.
Mise à feu mêle poésie, angoisses, amour fraternel, drame. Un roman où le langage est protecteur, où l'écriture panse. On y trouve beaucoup d'espoir malgré un climat familial terrifiant et beaucoup de bienveillance et de douceur dans la relation fraternelle que la narratrice entretien avec son frère.
Tellement spirituel et imagé. C’est un livre qui transmet des sensations, des odeurs, des images. Je ne suis jamais déçue par les écrits de clara ysé, que ce soit des livres ou des chansons, l’ayant vue en concert dans le sud et connaissant un peu son histoire, il est impossible de ne pas y voir certains parallèles (volontaire ou non ?)
"Gaspard et moi savons depuis que nous sommes petits que les contraires coexistent' plus ils sont puissants, plus c'est perceptible. quand la joie est forte, on sent toujours en filigrane, la douleur et le danger l'habiter. plus la colère est visible et plus on entend, en dessous, la fragilité." p.102
L’écriture de C. Ysé est dotée d’une musicalité rare et enivrante. J’ai malheureusement décrypté la résolution bien trop rapidement, ce qui entache pas mal mon ressenti. Une lecture qualitative mais qui n’a pas évoqué grand-chose en moi.
Ce roman nous plonge dès ses premières pages dans une atmosphère très particulière. À se demander s'il s'agit d'un long rêve ou de la réalité. Je n'arrive pas à dire si je l'ai aimé ou non mais il m'a certainement transportée hors de ma zone de confort et c'est un exercice super intéressant.
Bouleversant récit poétique sur l'absence, la cruauté, la magie de la mémoire et de l'oubli. Lu d'une traite dans un train direction le sud, très émue de toutes les images, de l'histoire avec la pie, de la folie qui n'est jamais trop loin...
"La peur a un vocabulaire physique qu'elle ne partage qu'avec l'amour. Et c'est peut-être pour cette raison que c'est toujours l'amour qui nous en sauve."
Pouvons-nous avoir, connaître l'âme soeur ? l'autre qu'on lit et nous lit comme à livre ouvert. L'autre que l'on suit aveuglément parce que ses pas se moulent dans les nôtres et inversement. Et alors, pouvons-nous survivre l'un sans l'autre ?