Au centre, Manon. Autour, une ronde de personnages, qui projettent sur elle leurs peurs, leurs insécurités et leurs fantasmes. Ils croient la connaître mieux que personne. Ce sont ses parents, ses frères, son amie au lycée, l'homme qu'elle aime. Et ce sont eux qui vont raconter cette année où tout bascule parce que Manon, seize ans, entame une relation avec un éditeur de bande-dessinée de trente ans son aîné. Elle a du talent. Il va la publier. Ils s'aiment. La femme de l'éditeur aussi l'aime. Les lignes se brouillent, tout se mélange : l'histoire qu'ils vivent et l'écriture de la bande-dessinée, l'admiration, l'amour. Et le passé ressurgit soudain dans le présent. Rapidement, la mère de Manon refuse ce prétendu amour, cherche à protéger sa fille par tous les moyens, s'expose à la colère adolescente de celle-ci. Deux visions du monde s'affrontent. Deux visions de l'amour. Deux visions de ce que signifie être adulte. Et entre elles, d'autres voix, qui chacune renferme un morceau de la vérité. Et au centre, Manon.
Comme Laura Kasischke, Manon Fargetton croise des points de vue contradictoires, voire divergents, pour mieux saisir la réalité. Un roman choral saisissant et novateur. D'une éblouissante sensibilité qui épouse au plus juste la psychologie des protagonistes, Tout ce que dit Manon est vrai réinvente l'autofiction.
Née en 1987, Manon Fargetton a grandi à Saint-Malo. Régisseur lumière, elle est passionnée par le théâtre et les littératures de l’imaginaire. Elle a été publiée dès 2005 puis a écrit chez Mango Aussi libres qu’un rêve et la trilogie June. Elle vit à Paris.
mélange de soulagement et de frisson à la lecture de ce roman, soulagement d'abord de lire des parents, une mère surtout, qui se battent pour protéger leur enfant d'un agresseur, qui se démènent, qui tentent tout, et tout ça ne suffit hélas pas parce qu'entre eux et le bien-être de leur enfant il y a la culture du viol et l'impunité et l'ascendant moral du prédateur et mille autres choses qui font que, hélas, souvent, on part perdant, mais tout ça permet beaucoup. ça empêche le pire du pire. et derrière, lorsque de la distance a pu être introduite, lorsque le temps a fait son travail, ça permet à l'enfant de savoir qu'elle a toujours été aimée, qu'on ne l'a jamais lâchée, qu'on a tout tenté pour elle, et ça, en tant que victime, c'est putain d'immense. alors ça n'empêche pas hein, la future Manon va probablement passer par toutes les couleurs des reproches envers ses parents dans les années de sa reconstruction, et je vais vous dire elle a le droit, ce sera une grande ado ou une jeune adulte, c'est important de passer par là, et il y aura tellement de colère en elle, tellement de colère qu'elle ne pourra diriger nulle part ailleurs que sur ses parents. ce ne sera pas juste pour eux mais ce ne sera pas sa faute. toujours, ce sera la faute du prédateur. et lorsqu'elle aura épuisé ses cris, elle saura. elle saura qu'ils l'ont aimée et aidée. et ça, ça la guérira. entre plein d'autres amours, d'autres soutiens, bien sûr. bon je projette de fou sur Manon mdr mais voilà quoi. j'ai été bouleversée de lire ça. ça m'a fait un bien immense. ça m'a dit que c'était possible. que ça ne m'est certes pas arrivé, que ça ne nous est certes pas arrivé, qu'on n'a pas tous des parents qui ont pu ou voulu faire ça, mais putain ça existe. je crois que ça m'a aussi un peu soignée.
frisson enfin des échos de choses dont je ne me souvenais pas, ou pas comme ça, ou ne voulais pas me souvenir. on m'a parlé comme ça, plusieurs fois. j'ai reçu des mails de Gérald - des Géralds plus jeunes très différents qui n'ont rien à voir et ce n'était pas la même histoire. mais j'en ai reçu et à 16, 17 ans j'ai aimé les recevoir, je croyais aimer les recevoir, je crois que j'ai aimé les recevoir ? et ça n'a pas empêché qu'ils m'ont abîmée, violentée, détruite. lire ce livre m'a permis d'être plus douce et désolée avec l'adolescente que j'ai été. je l'aime encore plus, je suis tellement triste de ce qu'elle a traversé. je n'aurais pas la force de relire les messages que j'ai reçus à 16 et 17 ans, mais en lisant ceux de Manon, c'est un peu comme si je m'étais réparée à travers eux. j'ai eu l'occasion de poser mon regard d'adulte sur des blessures du passé, qui ressemblaient aux miennes sans l'être. sans ça je crois que je n'y serais pas arrivée.
26% - J'hésite à poursuivre. C'est bien écrit, avec une construction intéressante, mais le "personnage" (?) de l'éditeur est répugnant; il me donne juste envie de vomir. J'ai déjà suffisamment envie de cramer des vieux mecs blancs chaque jour sans me foutre la tension à 47 avec mes lectures.
En commençant « Tout ce que dit Manon est vrai », je m’attendais au récit d’une fieffée menteuse, manipulatrice, un peu intrigante, cherchant à embobiner son monde à grand renfort de mensonges et de demi-vérités. Il s’avère que Manon est simplement une jeune fille de son âge, en pleine adolescence, des émotions qui la terrassent comme des tsunamis, des hauts qui touchent les étoiles, des bas qui avoisinent les bas-fonds. Manon est douée. Très douée. Elle travaille sur un storyboard de BD en croquant les dessins et en écrivant les textes. À cette occasion, elle est approchée par Gérald, directeur de collection et éditeur. Marié à Viviane, cela ne l’empêche pas d’être extrêmement clair sur ce qu’il ressent. Manon, flattée, entre dans ce jeu, happée par les messages de Gérald, suspendue à sa BD. Autour d’elle gravitent plusieurs personnages : sa mère Pascale, son père Antoine, ses frères Louen et Tristan, quelques amis, puis Luc.
L’originalité de ce roman réside incontestablement dans sa construction. « Tout ce que dit Manon est vrai » rassemble une succession de voix qui « diront tous je ». Or, à travers ces voix, c’est bien Manon qui parle… à travers ces voix, chacun exprime son ressenti, ce qu’il a bien voulut témoigner de la situation vécue, mais c’est bien Manon qui retranscrit les paroles. Cette forme de construction est la première que je lis dans un roman et force est de constater qu’elle suscite de formidables émotions. Mais, Manon Fargetton, auteur du roman, n’en reste pas là. Elle insère au gré du récit un dialogue entre la Manon d’alors, et celle d’aujourd’hui.« Pour te comprendre Manon, pour te dire en entier, je dois lâcher les masques et prendre la parole. Moi. Celle que tu es devenue. Celle qui était déjà là, en germe, quand tu te débattais avec la fin de ton adolescence. »
Comme toute adolescente de 16 ans qui veut susciter de l’intérêt, elle se croit amoureuse. Amoureuse de son éditeur, de trente ans son aîné. Entre admiration, tendresse, et curiosité, toutes les émotions se mélangent. Ajoutez à cette situation une relation conflictuelle avec sa mère, et vous obtenez un contexte explosif où les déséquilibres familiaux font pousser les envies d’un ailleurs.
C’est alors que Pascale, mère de Manon découvre avec effarement les messages qu’ils s’envoient, les mensonges de Manon pour voir Gérald en cachette, et tisse, progressivement les origines de leur histoire et le mode de fonctionnement du monsieur. La confiance entre la mère et la fille est rompue : « Tu m’as tellement menti. Tu as passé ton enfance à me raconter des salades plus grosses que toi, des histoires abracadabrantes dans lesquelles tu spiralais sans fin. » Pascale refuse de fermer les yeux. Elle est bien décidée à empêcher cette relation à tout prix, même si cela présage de grosses altercations avec sa fille. L’histoire ne s’arrête pas là. Au cœur de ce raz de marée émotionnel, Gérald est le confident privilégié du passé de Manon. C’est vers lui qu’elle se tourne pour évoquer un traumatisme. S’ajoutent alors au récit des extraits de procès-verbaux. Les dépositions de différents protagonistes se succèdent et avec elles, des révélations.
Au-delà de ce trio pathologique formé par Manon, Viviane et Gérald, au-delà des nausées, de la révulsion, et de la colère suscitées par les attitudes, paroles et écrits de Gérald où l’amalgame entre projet professionnel et « amour naissant » se confondent, il y a deux choses qui m’ont littéralement bouleversée dans le traitement du roman.
D’une part, une place singulière est faite à Pascale, la mère. Acharnée et tenace, elle sait, au plus profond d’elle-même qu’elle doit s’opposer et accomplir son devoir de mère. « Et il a un fonctionnement tordu. Il l’idéalise, lui dit qu’elle le sauve, qu’elle est son miracle. Et puis d’un coup, il vrille, lui reproche de ne pas l’aimer assez, de le rendre triste, de réveiller ses angoisses, et elle doit en faire des caisses pour le rassurer. Ils répètent cette phrase encore et encore, “plus jamais seuls”. C’est exactement le fonctionnement des sectes. » Cela la rend impopulaire, haïe, responsable de saccager délibérément le plus bel amour idéalisé qui soit. Ce portrait de mère, sublime, poignant et intègre dont Manon dira plus tard « Et je mesure notre chance Manon, d’être née de cette femme qui ne se dérobe pas. » a littéralement brisé mon cœur de mère tant cet ultime témoignage, cette vérité après bien des combats, rend hommage à sa lutte acharnée, lorsque presque seule contre tous, elle livrait bataille.
D’autre part, Manon Fargetton fait se rencontrer Manon adolescente et Manon grandie. Cette rencontre, unique, divine où celle d’après discute avec celle d’avant frôle le sublime. Alors, ce que dit Manon est vrai. Alors, lorsque Manon évoque ses relations avec sa mère, ses punitions planifiées, ses plans machiavéliques sonnent vrai « Vous étiez fusionnelles. Mais pour devenir toi-même, il te faut t’affirmer. Il te faut rompre, trancher. Il te faut Gérald. Tu as choisi tout ce que tu exècres — la manipulation, la dissimulation — et tout ce qui la séduit — la dimension intellectuelle, la création, les livres, l’enseignement, la rébellion contre l’ordre établi — réunis en un seul homme. Un cheval de Trois. (…) Pour la punir de t’aimer si bien, tu joues une autre carte. Le camouflet ultime : te confier à ton père plutôt qu’à elle. »
« Tout ce que dit Manon est vrai » a été un véritable choc littéraire. La qualité indéniable de l’écriture, le schéma narratif, l’originalité de la construction, la façon d’aborder l’emprise sous des prismes différents et à travers une multitude de voix, font de ce roman un phare dans la nuit, à faire lire aux mères et à leurs filles. Afin que cesse toute forme d’emprise possible à cause de l’âge, du manque d’expérience, de l’absence de lucidité, du manque de communication entre parents et enfants, l’auteur livre un texte essentiel, aborde des thématiques cruciales (à travers certains points que je ne peux révéler) pour laisser le lecteur abasourdi par une fin consternante. Manon Fargetton rentre dans MA cour des grandes. Peu sont si justes, peu sont si originales, peu sont aussi douées. Ce récit est un véritable travail d’artiste, dans tous les sens du terme.
Un très beau récit sur l’emprise et la prédation d’un éditeur envers une enfant de seize ans. J’ai même trouvé le regard de l’auteure trop bienveillant envers l’agresseur ; le portrait de l’éditeur du début du roman dégage une impression de sincérité, alors que je n’arrive absolument pas à concevoir que ses comportements n’aient pas été au moins en partie calculés. Manon n’est manifestement ni sa première ni sa dernière victime, et son mode opératoire devait être bien rodé.
Mais finalement, c’est aussi une qualité de ce récit bien construit : ce portrait de l’éditeur évolue tout au long de l’histoire, suivant par là le regard porté par l’adolescente sur la relation ; d’abord un homme qui l’aime et la comprend, puis qui se révèle ensuite, petit à petit, et de manière de plus en plus évidente, comme un manipulateur pervers et grossier, doublé d’un agresseur. Les quantités de mails baveux et manipulateurs me rendaient malade.
C’est aussi une belle histoire de reconstruction après des viols, et aussi un portrait nuancé et complexe du statut de victime, de la manière dont on pose notre propre narration sur une agression.
Mais ce qui m’a beaucoup émue, c’est vraiment le portrait de la mère. Comme Manon Fargetton l’écrit, trop d’histoires d’incestes et de viols comportent des parents passifs voire facilitateurs. De voir une mère qui tient bon et réussit à protéger sa fille autant qu’il est possible, sans non plus avoir été parfaite, est une espèce de soulagement. Ça permet de donner un chemin, une vision de ce qu’est un véritable comportement protecteur. J’ai trouvé que c’était là l’une des notes lumineuses de ce roman.
« Nous allons prendre la mesure de notre gouffre peu à peu, année après année, amour après amour. Mais toi, moi, et toutes celles que nous avons été entre temps, à aucun moment nous ne nous sentirons salies. Et nous n’aurons jamais honte. »
Mes mots n'exprimeront pas mieux que la voix des proches de Manon l'intensité et la douleur de ce récit. J'ai été révoltée tout au long de cette lecture : par Gérald, par Vivianne (comment la femme de ce quinquagénaire peut-elle cautionner le détournement d'une mineure ?), par Luc et son père Rodolphe.
Mais j'ai été admirative aussi : admirative de Manon, qui a su libérer sa parole et qui a su construire son avenir sans se sentir salie par son statut de victime ; admirative de Pascale, sa mère, qui a sans cesse érigé des murs devant Gérald, puis devant Luc, pour protéger sa fille, et qui n'a jamais jamais lâché le morceau, même quand le monde entier semblait se liguer contre elle, même si ses actes détruisaient à petit feu sa relation avec l'enfant qu'elle cherchait désespérément à protéger. C'était incroyable.
Récit aux thématiques lourdes et choquantes voire difficiles à lire. Pour un public averti. Pas d’esprit léger ni de monde de Bisounours à l’horizon mais une prise de conscience sur une part sombre du monde dans lequel on vit. Écriture intéressante même si parfois complexe (narrateur = plusieurs voix de personnages ET toujours en je mais ce je n’est JAMAIS Manon, personnage principal…!!). A lire pour en apprendre plus ou pour un sommeil mouvementé xD
Au cours de l'été 2004, Manon rencontre un éditeur, Gérald Duprat-Moreau, au salon du livre de Vannes. Elle lui fait part de son projet de BD. Il propose de l'accompagner dans cette réalisation. Manon a 17 ans, Gérald 56. Très vite, Manon s'attache et se confie à lui, bien au-delà de son projet d'écriture. Ils se voient, s'échangent des quantités vertigineuses de mails. C'est une relation troublante, dérangeante, qui s'instaure entre ces deux-là, sous la complicité de Viviane, l'épouse de Gérald. Très vite, celui que l'on aurait pu imaginer comme une sorte de pygmalion montre un visage de manipulateur inquiétant...
Les multiples angles narratifs choisis par Manon Fargetton dessinent le prisme et les mécanismes d'une emprise qui fait froid dans le dos. Les faits et dialogues, datant de 2004, sont transcrits de façon brute, et entrecoupés des procès-verbaux de la police, ayant entendu les proches de Manon en 2006. L'histoire de Manon Fargetton est bouleversante. Elle invente avec ce récit une façon nouvelle de se raconter. Le titre de son autobiographie, la mise à distance par le recours à la troisième personne, les regards croisés des différents protagonistes mettent en lumière sa position de victime. La façon dont elle recompose la construction de sa relation avec ce Gérald dévoile un mécanisme de prédation effrayant, qui par ricochet, éclaire un traumatisme sur lequel il lui faudra poser des mots. En lisant ce récit, j'ai été sincèrement touchée et émue, évidemment par les faits et le vécu de Manon, mais également par l'amour de ses deux parents, Pascale et Antoine, et ce qu'ils déploient pour tenter de protéger leur fille, parfois malgré elle. Ce livre est un vrai coup de coeur, j'en recommande vivement la lecture et vais me pencher sur les autres romans de l'auteure dont je salue le talent et l'écriture.
Roman choral original dans sa forme: tour à tour, les proches de Manon, jeune fille de 17 ans, prennent la parole au « je » et s’adressent à un « tu » commun, cette pétillante et créative rouquine, sans que jamais elle ne s’exprime elle-même. S’y ajoutent des échanges de courriels et des rapports de police et d’expertises psychologiques. C’est vraiment intéressant de naviguer entre chacun de ces discours et surtout de découvrir les réalités parfois contraires que chaque protagoniste perçoit. C’est une double histoire d’abus. Petite Manon subit les attouchements du fils d’un ami de sa mère, Luc, et ce n’est qu’à l’adolescence qu’elle se confie à Gérald, 40 ans de plus qu’elle, éditeur, qui exerce sur elle un fort ascendant. On comprend vite qu’il la manipule, profitant de sa soif d’amour et de reconnaissance, outrepassant ses fonctions d’éditeur. L’homme est immature et déséquilibré, et profondément amoureux…mais peut-on parler d’amour? Le roman polyphonique donne la parole aux parents de Manon, à sa mère qui n’est pas dupe du manège du quinquagénaire et qui doit le faire comprendre à sa fille, aux parents de Luc, à Gérard bien sûr, mais aussi à sa femme, Viviane, qui cautionne les agissements de son mari tout en éprouvant une réelle tendresse pour Manon.
Une lecture qui prend aux tripes, tripes qu'on aimerait rendre dès les premières pages. C'est tout le paradoxe de ce roman, de nous donner envie de vomir tout en nous rendant incapable de s'arrêter de lire. Sa force, c'est de nous convaincre rapidement que cela en vaut le coup, que surmonter notre dégoût est nécessaire, pour permettre à l'histoire de Manon de se raconter. Évidemment, on reste écoeuré·e tout le long, mais il y a bien plus que ça : en empathie avec la mère de Manon, on éprouve pour cette ado une tendresse presque maternelle, on aimerait la protéger nous aussi ; grâce aux multiples regards de ses proches, on développe aussi beaucoup d'admiration pour elle. Surtout, impossible de ne pas se reconnaître en elle, au moins un peu. Si j'ai autant eu la nausée, c'est probablement aussi parce que dans les lignes de l'histoire de Manon je retrouvais un peu de la mienne. De cette maturité adolescente que j'étais persuadée d'avoir également ; de cette fragilité bien repérée par des hommes prédateurs, dont la mièvrerie parvenait à me convaincre de leur sincérité. Ce roman est un texte absolument indispensable pour comprendre les enjeux d'une relation abusive entre un·e adulte et un·e enfant, parce qu'il dit tout, ne contourne rien, est profondément vrai.
Ce roman, je veux le lire depuis sa sortie. Mais, sans vraiment savoir pourquoi, je l'ai laissé traîné longtemps dans ma PAL, incapable de le prendre et de me plonger dedans. J'attendais le moment propice, le moment où je serais capable de me lancer dans une lecture de ce genre, car je savais que ce serait difficile.
Manon est une adolescente qui tombe amoureuse de son éditeur, qui a pourtant 40 ans de plus qu'elle. Très rapidement, cette relation prend toute la place dans la vie de la jeune fille et commence à sérieusement inquiéter sa mère, qui va tout faire pour y mettre un terme.
Je lis rarement des autofictions. Pourtant, j'étais extrêmement intriguée par celle-là, non seulement car Manon Fargetton est une autrice dont je veux découvrir le plus d'ouvrages possible, mais également car le sujet m'intéressait beaucoup. Comme je l'ai dis plus haut, ça n'a pas été une lecture facile. Il s'agit ici d'un roman choral, qui présente les points de vie de tout l'entourage de Manon sans jamais lui donner la parole à elle. Si j'ai d'abord trouvé ça surprenant, j'ai finalement adoré cette narration qui permet une immersion d'autant plus importante. Les sujets abordés sont compliqués, difficiles, mais sont traités avec une justesse toute particulière dûe à la plume de l'autrice.
Ce fut une lecture à la fois intéressante et touchante, que je vous recommande si le sujet vous intéresse et que vous vous sentez capable de lire à propos de ce genre de thèmes !
4,5 tellement bien, super bien écrit comme d’hab, archi immersif la fin est un peu courte à mon sens mais l’effet et quand même logique j’adore manon fargetton pour l’instant 🫶🏻
Dans la même veine que Le consentement, Tout ce que dit Manon est vrai est prenant, est révoltant, est angoissant, mais c'est aussi un récit sur désemprise et la reconstruction et, contrairement au livre de Vanessa Springora, avec des parents qui ont joué leur rôle de parents (la mère est juste ❤️)
Je referme avec grande émotion ce roman de Manon Fargetton, un témoignage à saveur autobiographique. D'entrée de jeu, disons-le, Tout ce que dit Manon est vrai m'a dérangée, choquée, révoltée et parfois même dégoûtée...
Manon a 16 ans et est passionnée de bande dessinée. Artiste talentueuse, elle travaille sur un storyboard lorsqu'elle fait la rencontre de Gérald, un éditeur de 40 ans son aîné. Au fil d'échanges de courriels, de SMS et de rencontres, Manon tombe amoureuse de Gérald qui, sous les allures d'un homme fougueux et romantique, se révèle plutôt être un homme extrêmement manipulateur et contrôlant.
Autour de Manon gravitent sa mère, son père, ses frères, ses amis présents et passés et à l'avant-plan Gérald et sa femme Viviane... Viviane, curieusement, accepte voire encourage la relation amoureuse de Gérald et Manon. À tour de rôle, chacun des personnages du roman raconte sa vision des événements, ses interprétations et sa relation avec l'adolescente. Jamais le point de vue personnel de Manon n'est présenté directement si ce n'est que via de courtes lettres que la "Manon du présent" adresse à la "Manon du passé". Le récit est aussi entrecoupé de rapports médicaux et judiciaires qui mettent en lumière les drames nombreux auxquels Manon est confronté...
Plusieurs passages du roman m'ont mise extrêmement mal à l'aise. J'ai même eu envie à certains moments d'interrompre ma lecture tant il m'était difficile de lire l'emprise insidieuse qu'exerçait Gérald sur Manon. Mais il me fallait persister, car ce roman qui aborde de front plusieurs thématiques importantes telles que les relations toxiques, l'emprise psychologique, la manipulation, la dissimulation, les agressions sexuelles, les traumatismes psychologiques, le besoin d'amour et de reconnaissance de même que l'autorité et les devoirs des parents, est tout particulièrement nécessaire en cette ère du mouvement #MeToo et de dénonciations des violences sexuelles.
L'écriture de Manon Fargetton est juste, puissante et fluide et sa construction de la narration, exceptionnelle. Tout ce que dit Manon est vrai est un livre courageux que je ne suis pas prête d'oublier, une autofiction intelligente et révoltante à lire absolument!
Un récit qui prend aux tripes. Une histoire douce amère. Toutes les phrases qui me viennent au lendemain de ma lecture sont terriblement clichées, pour un roman/récit d'autofiction qui ne l'est absolument pas. L'écriture de Manon Fargetton m'a bouleversée par sa justesse. Elle écrit sans tabou les mécanismes de l'emprise et des violences sexuelles sans jamais tomber dans un voyeurisme malsain (comme c'est parfois le cas dans certains récits de violences sexuelles, notamment écrits par des hommes). Nous n'avons jamais accès aux pensées de la Manon qui vit cette histoire et pourtant on comprend beaucoup de choses sur elle via les regards de ses proches et grâce à son propre regard quelques années plus tard. Attention ce n'est pas du tout un livre facile à lire, dans le sens où le début est vraiment révoltant, au point de m'avoir parfois donné la nausée devant les manipulations évidentes de l'éditeur et ses actes gerbants. Néanmoins, continuer en vaut la peine, car "Tout ce que dit Manon est vrai" offre un point de vue encore inédit (à mon sens) sur le traitement de ce genre d'affaires. Déjà, pour une fois, les parents sont présents et essayent vraiment de protéger leur enfant. On suit leurs tentatives quasi désespérées pour intervenir, mais sans vouloir braquer Manon. Un jeu d'équilibriste insensé qu'ils ne vont pourtant jamais lâcher. On a aussi accès (sans trop en dire) au point de vue de plusieurs agresseurs. Si ces pans de l'histoire sont souvent révoltants, ils sont toutefois nécessaires pour mieux comprends les mécanismes de l'histoire, tant au niveau de l'emprise que de l'éventuelle réparation. Enfin, le traitement judiciaire de l'affaire est relativement optimiste tout en restant réaliste, un compromis qui fait du bien comparé à la triste réalité que vivent encore aujourd'hui les victimes. En bref, lisez-le et encouragez les gens à le lire. J'aurais aimé avoir accès à un récit comme celui-ci beaucoup plus tôt et il me paraît d'utilité publique. Merci Manon !
Un aspect de ce livre qui n’est pas divulgué dans le quatrième de couverture: le viol et les agressions sexuels à l’enfance sont des éléments importants de l’histoire. (Selon moi, ce n’est pas un spoiler)
Ce roman est si bien écrit, il m’a complètement ému. Honnêtement, c’est le genre de livre qui change des vies. Il est inspiré par le vécu de l’auteure, ce qui est assez clair vu la sensibilité et la précision avec laquelle elle touche ces sujets.
Fargetton se projette dans la tête de l’entourage à Manon pour raconter une période de sa vie, à travers la fiction. La construction de chaque personnage est profonde et complexe, même celle des personnages perturbants pour dire le moindre… Pascale, la mère de Manon, est la seule qui n’a JAMAIS choisie de détourner les yeux. On suit le point de vue de plusieurs personnages (tous autant bien construit), mais c’est celui de la mère qui ressort. C’est sa détermination à protéger sa fille, sa compréhension des subtilités qui semblaient échapper aux autres, ses observations plus qu’intelligentes et son combat, qui ressort. À quelques moments, Manon à 33 ans s’adresse à Manon plus jeune. Ces extraits resteront dans ma mémoire pour toujours, pour toutes les bonnes raisons. Je n’ai jamais lu une représentation de ces sujets aussi sincères; aussi vulnérables. Une fois que l’histoire est démêlée le titre prends un nouveau sens, et la fin est plus que bouleversante.
De Manon, à Manon: «Alors tu t’appuies sur le refus de ta mère. Tu la vois comme un mur, une solidité folle qui n’a jamais vacillé, jamais n’a varié. Qui ne s’est pas emporté non plus. Elle est restée debout, elle n’a pas renoncé. Tu te loves de son courage pour trouver le tien.» À Manon Fargetton, merci milles fois d’avoir écrit ce livre!
Un grand TW/CW pour certains passages qui parlent de viols et d'agression sexuelle, notamment perpétrés sur des enfants.
C'est un livre qui m'a beaucoup touché, le style de narration totalement extérieur donne un sentiment d'impuissance qui sonne juste dans ce cadre. On voit les scènes se dérouler sans pouvoir rentrer dans la tête de Manon, et, si c'est parfois frustrant, cela permet aussi de repérer tout une ribambelle de signes d'alerte.
Quand on a seize ans, on pense tout savoir mieux que tout le monde. C'est universel, je suis passée par là, tout le monde est passé par là. On pense que nos parents ne comprennent rien, qu'ils veulent uniquement nous infantiliser et nous garder au berceau le plus longtemps possible. On pense que tout intérêt qu'un adulte extérieur nous porte est un signe suprême de validation.
Puis on grandit, et on réalise. On observe le passé avec horreur et, surtout, on voit d'autres jeunes personnes commettre les mêmes erreurs, tomber dans les mêmes pièges. Et on est confronté à cette même impuissance qui animait nos proches, nos parents, nos amis. Et on culpabilise, de n'avoir rien fait, de ne rien faire et de ne rien pouvoir faire pour empêcher ça.
Mais la faute n'est jamais sur les jeunes de seize ans. Elle est toujours sur les adultes, sur ceux qui détournent le regard et, surtout, sur ceux qui profitent, qui abusent de ces seize ans.
À toutes celles, à tous ceux qui ont eu seize ans de cette façon, perdu.e.s trop tôt dans un monde d'adultes : cette lecture difficile est pour nous.
Je ne pensais pas dévorer ce livre (de 400 pages tout de même) en deux jours. Je ne pensais pas non plus un jour réussir a livre écrit au « Tu » et l’apprécier 😅.
« Tout ce que dit Manon est vrai » est une très belle réussite : on y découvre l’histoire de Manon, 16 ans, qui tombe sous l’emprise d’un homme de 3 fois son âge, à travers le regard de toutes les personnes qui gravitent autour d’elle (le dit abject personnage, sa femme -!!-, sa mère, son père etc) et même Manon adulte. Sans oublier les échanges d’e-mails et les sms entre elle et lui.
J’ai trouvé la voix de l’éditeur un peu trop complaisante : il est presque décrit comme naïf, j’ai du mal à y croire. Mais ses sms et e-mails ne trompent pas et sont répugnants à lire : c’est terriblement dur de voir sa manipulation de cette jeune fille, sans rien pouvoir faire. En revanche, la voix de la mère est brillante. Elle garde le cap envers et contre tout (on se demande d’ailleurs comment elle arrive à ne pas douter !) pour protéger sa fille. C’est encourageant de lire ce genre de personnages.
Un beau roman qui parle d’emprise, de violences sexuelles et surtout de reconstruction. Chapeau à l’autrice pour son récit (et son parcours puisqu’on devine que le roman est de l’auto-fiction)
Je l'annonce de suite: pour moi c'est un flop ! Vous l'aurez compri, on va ici parler de relation plus que toxique, entre un homme de pouvoir de 56 ans, et d'une adolescente en manque d'amour de 16 ans. Ajoutez à ça la femme du mec qui les aime autant l'un que l'autre et vous pourrez lire un livre glauque au possible. Je n'ai pas du tout accroché à la façon dont c'est écrit. Chaque chapitre représente un point de vu mais on ne sait pas toujours à qui il appartient. Et surtout, Manon ne prend jamais la parole (sauf pour se parler à elle même). C'est très déconcertant. Le sujet est grave, glaçant, dégueulasse. Et pourtant, face à la passivité de l'entourage de la jeune femme, on se demande parfois si finalement c'est si derangeant (ça l'est. Vraiment.). Et c'est peut être ça le but finalement, bousculer le lecteur, le pousser dans ses retranchements, le faire se questionner sur les différents points de vue d'une même histoire. Mais pour moi c'est un non. Peut être trop catégorique, peut être que je manque de recul, mais 40 ans d'écarts associé à une relation d'abus de pouvoir, de manipulation, et de passivité de l'entourage, je ne peux pas le cautionner.
Pitié ce livre était tellement bien, tellement poignant, tellement juste ; j’ai envie de l’oublier pour le relire comme une première fois.
C’est un livre vraiment dur à lire, les personnages sont si bien écrit que l’on est tantôt dégoûté, tantôt on a envie de pleurer. Jusqu’au bout j’ai été complètement happé par les mots de l’autrice qui sont terriblement bien écrit.
Ce livre m’a fait penser à Ma sombre Vanessa et comme ce dernier, je n’ai alors pu que l’aimer et m’investir émotionnellement dans ma lecture.
Le personnage de l’éditeur est monstrueux et détestable, les mails qu’il envoie à Manon m’ont mit tellement mal à l’aise et la façon dont il retourne la situation pour démontrer que c’est elle la fautive, c’était vraiment terrible à lire. Je ne m’attendais pas du tout à la partie avec Luc mais je suis heureuse qu’on l’ait cru.
La mère de Manon est la mère que toute victime mérite d’avoir. Elle la soutient jusqu’au bout et même lorsque sa fille n’est pas d’accord et ne veut pas voir les choses en face.
Je recommande milles fois ce livre (même s’il faut faire attention aux nombreux tw🩷).
Ce roman est tellement dérangeant, mais dans le bon sens du terme😯 dès le départ, les mots et action de l'éditeur sont forts et réveillent une sensation d'inconfort, une sensation qui augmente à mesure qu'on avance dans la lecture😖
Les différents points de vue sont vraiment bien menés, si bien que l'autrice ne dit jamais clairement qui est le narrateur, et pourtant on s'y retrouve toujours🧩 certains pourraient trouver que ça fait trop, moi j'ai trouvé ça intéressant, surtout quand c'était combiné avec les mélanges de temporalité (qui sont clairement indiqués)📌
Certains personnages me sortaient par les yeux dès le début, surtout Gérald... Malgré tous les mots de Manon au fil de roman, il m'a été impossible de comprendre cette relation😳 et je crois que c'était le but ! Pour d'autres, comme les parents, je les ai doucement acceptés, surtout grâce aux chapitres avec leurs points de vue, qui amènent vraiment de la profondeur à chaque personnage👥
C'est une histoire difficile à lire, mais qui dénonce énormément de choses, qui traite de sujets encore tabous, notamment dans le monde de l'édition📖 je trouve ça très courageux d'écrire un livre comme celui-ci👏🏻
C’est un roman de fiction autobiographique, un témoignage poignant prenant la forme d’un roman choral sur un sujet difficile. Ce roman parle d’une relation entre une jeune fille de 16 ans et un éditeur de 56 ans, en donnant tous les points de vues de l’entourage de Manon 16 ans. L’autrice, pour écrire ce roman, qui a été en quelque sorte libérateur, a dû se replonger dans son passé, dans ses souvenirs et dans les divers moyens de communications qu’ils utilisaient pour se parler. J’ai dévoré ce roman en moins d’une journée, le lecteur est, lors de la lecture, comme sous l’emprise de ce qui nous est raconté, exactement comme l’était Manon à 16 ans et nous ne pouvons pas rester de simples spectateurs. Nous devenons également acteurs car ce roman nous fait réfléchir : qu’aurions-nous fait dans cette situation ? Ce roman est magnifique, je le conseille vivement. Une rencontre et une lecture que je ne risque pas d’oublier de sitôt.
Je profite d’avoir enfin du temps devant moi pour parler de ce roman que j’ai terminé ce matin.
C’est le premier roman de Manon Fargetton que je lis. Et quelle claque, je crois que c’est celui que je te tiendrais de mon année 2022. Il va me hanter celui la !
Ce n’est pas un roman à mettre entre toute les mains c’est certain !
Mais le personnage de Gérald un mec de 4 ans dans le corps d’un homme de 56 ans ! No way Jose ! Tu ne m’aimes pas ! Tu doutes de notre amour ? Seriously ? Vouloir l’ascendant c’est sentir le pouvoir et ça marche mais quand est il quand on se détache ?
Manon forte et detruite a la fois. Manon je vais continuer à penser à toi
C’est un roman de 400 pages et pourtant je l’ai dévoré aussi vite que j’ai pu… a vomir Gérald, a demander à Manon de cesser tout cela mais voir aussi la libération de sa parole et un jour tu iras bien. Tu iras mieux. Et ta mère quelle force de caractère pour résister malgré tout, même à l’aube de ses 18 ans. !
C’est le genre de livre qui nous retourne le cerveau et qui laisse une trace dans notre mémoire. Après avoir lu " le consentement " de Vanessa springora, ce livre a malgré tout réussit à me choquer… Marion fargetton a une plume incroyable. Si vous avez envie de comprendre la psychologie perverse dans la tête d’un pedophile ( manipulation, chantage émotionnel,…) et comment les victimes pensent être aimé je vous le recommande vraiment. C’est important de donner la parole aux victimes pour que les choses évoluent. Je pense ne rien lire pendant au moins plusieurs jours tellement ce livre m’a touché pour tout vous dire …
Un roman éprouvant car le personnage de l'éditeur est répugnant, la relation avec Manon mais aussi avec sa femme totalement malsaine et les réactions autour bien trop peu importantes. On comprend sans problème comment l'emprise se met en place et fonctionne, ce qu'y recherche l'adolescente et on est effaré de voir jusqu'où cela va. L'alternance des points de vue est très bien faite, tous les personnages disent "je", sauf Manon dont seule l'adulte s'exprime. C'est aussi un très beau portrait de mère, qui cherche à tout faire pour protéger sa fille de celui qui la manipule.
Wahou.. je n’ai pas les mots pour décrire cette histoire (avec bcp TROP de faits réels) d’ailleurs je ne pense pas qu’il y en ait de justes.
Je dirais simplement qu’elle se fait se poser beaucoup de questions, qu’elle est souvent dérangeante mais enrichissante aussi. Que chacun devrait prendre le temps de la découvrir et de penser à regarder autour de soi
Merci Manon pour ce récit inimaginable et innommable 🧡
Quelle claque, bordel. Et quel talent. J'étais très sceptique au début : j'avais le sentiment que la narration, très neutre, favorisait la voix de l'éditeur. Et puis il y a eu un tournant. Il m'aura fallu 24h seulement pour le lire. Et il fait 416 pages. C'est ce genre de livres qui t'accroche et ne te lâche plus, même une fois refermé.