Elle est née à l’Orée du bois, une cité réduite à néant par les bulldozers des médias et de la finance. Hantée par les ruines de son Eden foiré, elle a rejoint la commune solidaire à Belleville, où l’on s’organise et lutte en marge du système répressif. Elle, c’est Fi. Quarante piges à tenter de trouver de la beauté dans ce monde fatal : Fi est un chaos de fils et d’aiguilles, de coutures impossibles. Car Fi est couturière. Et Fi est en colère.
Quand son frère Mehdi s’est immolé le jour de l’inauguration d’Eurodisney – le 12 mars 1992 – elle s’est juré de comprendre son geste. Elle a entendu les rumeurs sur l’ancien parc devenu véritable camp de concentration, les horreurs qu’on raconte sur les enfants emprisonnés. Elle ne rêve que de tout brûler. Mais on fait comment quand on est coincée dans un quartier assiégé par une police républicaine hors de contrôle et que reviennent se venger les spectres d’un événement sanglant ?
Aidée par le mystérieux François Villon, ami d’enfance de Mehdi et clé des secrets du parc, Fi se lance dans l’impossible – la trouille au ventre, prête à remuer les tréfonds de cet enfer : monter une croisade d’enfants pour partir raser Eurodisney. Pour débusquer le rongeur dans sa forteresse noire, maître invisible d’une doc-trine totalitaire. Dans le merveilleux d’une robe magique, les émotions pour tissus, Fi va libérer l’imagination.
Sabrina Calvo est une écrivaine, dessinatrice et conceptrice de jeux vidéo, née à Marseille en 1974. Reconnue pour son sens innée du merveilleux, explorant une science-fiction queer et sensuelle emprunte de fantastique, elle vit entre Paris et Zanzibar.
En 2018 Toxoplasma a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire et le prix Rosny-Aîné.
Sous la colline et Toxoplasma étaient des lectures vraiment dingues, Sabrina Calvo a une manière de mélanger les univers et thématiques dans un grand n’importe quoi qui reste cohérent et fou à la fois. J’avais fort hâte de lire son petit dernier qui a été repoussé plusieurs fois dans cette année chaotique. Mais voilà Melmoth furieux ! Enfin ! Avec une couverture pas du tout à mon goût mais on s’en fout !
Fi a rejoint la commune de Belleville qui résiste encore derrière ses barricades. Au milieu de cette société patchwork faite de solidarité, d’entraide et de gens tout bizarres, elle met ses compétences de couturières au service de la communauté, pour apporter sa petite pierre à cet édifice révolutionnaire. Mais Fi a aussi un but secret, un but personnel, elle veut cramer Eurodisney, le parc est à la fois camp de prisonniers, camp de travail, et centre d’un pouvoir oppressif. Mais surtout, c’est là que son frère Mehdi s’est immolé le jour de l’inauguration du Parc. Pourquoi ? Entre la rage et la quête de réponses, avec l’aide d’enfants et d’un fou mystérieux, ça va barder pour Mickey.
Je m’attendais à rentrer dans un gros bordel organisé en ouvrant Melmoth furieux, et c’est très beaucoup le cas. Au début on découvre un cadre (la commune) qui va rappeler celle de Montréal dans Toxoplasma, on retrouve un peu le même fonctionnement de société auto-gérée un peu foutoir. Mais là on pousse le curseur plus loin parce qu’on se rend compte que que la plupart des habitants sont plutôt en mode camping-squat, on vit comme ça vient, on bouffe ce qui passe, on s’habille avec ce qui traine. D’ailleurs les fringues vont avoir une grosse importance dans le bouquin, Fi est couturière et elle crée des fringues à partir des chutes de tout et n’importe quoi, on se rend vite compte de la folie vestimentaire qui habite Belleville. A chaque fois que l’autrice décrit la tenue de quelqu’un, et ça arrive souvent, j’essayais de m’imaginer le truc et c’était assez perché, mode de rapiéçage, comme si tu vas dans une friperie et tu fais les mélanges les plus improbables et glorieux de tout ce qui traine. Et bien sûr, ce n’est pas que visuel, la couture va prendre un sens dans l’histoire, dans les thèmes, et englober un peu tout le reste.
L’histoire à proprement parler, dégommer la gueule à Mickey, reste pas mal en arrière-plan pendant une grosse partie du bouquin et c’est ce qui m’a un peu déçu à cette lecture. Là où on était speed, très éparpillé, mais avec un rythme soutenu et une grosse cohérence dans les deux bouquins précédents, j’ai trouvé qu’on s’éloignait souvent un peu trop de la narration à mon goût. C’est personnel, ça dépendra du lecteur, mais Melmoth furieux passe souvent dans un registre à la fois très descriptif et poétique, pour nous faire vivre au milieu de cette commune par des petites scènes du quotidien ou le cheminement mental de Fi. Y’a des tas de références nostalgiques à un univers très marqué « années 90 », y’a des envolées poétiques, des tirades révoltées et imagées que ne renierait pas un Damasio en costume de punk. Tout ça fait qu’on arrive moins à cerner les personnages, on s’attarde moins sur leurs relations, sur leurs moteurs. J’avais l’impression de mélanger un peu tous les personnages secondaires, à part quelques-uns.
Le roman a de vraies scènes puissantes, une ambiance de dingue, une situation forte dans un Paris alternatif ZADifié. Mais ça erre un peu au milieu des pages, on met du temps à rentrer à nouveau dans l’intrigue et une fois qu’on est repartis, ça termine dans un feu d’artifice un peu confus et pas très satisfaisant. Clairement il faudra apprécier le voyage et l’ambiance, plus que la destination. Là où Toxoplasma utilisait un cadre très politique pour nous raconter une histoire, j’ai eu l’impression que Melmoth furieux utilise une histoire pour nous raconter son cadre très politique. C’est subtil. J’ai refermé le bouquin avec pas mal de gros souvenirs, mais avec une petite déception sur l’ensemble, il m’a paru moins cohérent, moins entier, moins porteur de sens. Pour moi. A moins que ce soit moi, que je m’y sois moins retrouvé dans les thèmes, que quelque-chose se soit perdu entre le bouquin et mon cerveau. Ça m’a pas parlé tant que ça. Question de moment, question d’attente, question de thèmes. Difficile à dire sur ce genre d’exercice.
Something is rotten in the state of ... (checks notes) ... Eurodisney.
Another unclassifiable work by an unclassifiable author.
Full of PUNK energy! The main character is a seamstress living in a squat in Belleville (Paris) who sews magical dresses made of pure imagination and leads a crusade or children, and an imaginary friend, the poet François Villon, against the dungeons of Eurodisney to avenge her brother who was imprisoned and ruined by the Black Rat and immolated himself at the opening of the park in 1992.*
As usual, a lot of Sabrina Calvo's real life bleeds through. She was living in Belleville and working as an apprentice seamstress while writing this. Maybe in a squat, I don't know. She's lived such a life before. To see some of her "Playful poetics of fashion" visit https://www.limerence.is But hurry! She moves from website to website and will never be captured.
* I intentionally mis-described a bit in order to avoid spoilers. Also I had a bit of trouble with this one because it is in a very up-to-the-minute version of spoken French.
On va pas se mentir, ça ressemble quand même beaucoup à Toxoplasma. Après la Commune de Montréal, la Commune de Paris 2.0, dans un futur proche entremêlé de fantastique. Comme d'habitude avec Sabrina Calvo, il faut accepter de se laisser balloter dans tous les sens sans tout comprendre. Ça résonne toujours aussi fort par contre, peut-être parce que la colère du personnage principal transparaît beaucoup plus fortement, peut-être parce que dans le contexte actuel, ça tape terriblement juste.
Je découvre l'oeuvre de Sabrina Calvo avec son dernier roman publié tout récemment. Dès les premières pages, j'ai été surpris par le style : inventif et étonnant, presque déroutant. Il m'a fallu un peu de temps pour m'y habituer, mais j'ai fini par être emporté par le récit.
Le style comme les thèmes du récit m'ont rapidement fait penser au dernier roman d'Alain Damasio, Les Furtifs. Ce n'est pas étonnant : ils sont tous deux publiés par la même maison d'édition, La Volte, et ils appartiennent tous deux au collectif Zanzibar. Ils partagent assurément le même imaginaire révolutionnaire, la même critique de la société capitaliste néolibérale, et la même volonté d'imaginer des alternatives et de les illustrer par la fiction.
Cette volonté traverse tout le roman, c'est un hommage vibrant à la Commune de 1871 dont on sent la puissance dans l'imaginaire collectif de celles et ceux qui en partagent les valeurs. Au-delà, le roman célèbre les luttes, les résistances.
Disney apparait alors comme le symbole d'un capitalisme triomphant et de la société de consommation de masse. Les "souris noires" et leur arsenal militaire évoquent cette Police instrument de contrôle et de répression du capitalisme. Dans le roman de Sabrina Calvo, l'illusion a été dissipée, les multinationales ne font même plus semblant : le pouvoir n'est plus à l'Elysée ou au Palais Bourbon, mais à Marne-la-Vallée où règne Melmoth, manager anonyme en costume-cravate, avatar du capitalisme déshumanisé. Face à cette domination implacable, des poches de résistance tentent de survivre aux forces de l'ordre et aux bulldozers qui reprennent du terrain centimètre par centimètre. Comme la Commune de Belleville, cadre du roman.
Sabrina Calvo propose un roman déroutant mais fort. Il faut peut-être un peu de temps pour entrer réellement dedans, mais je pense que cela en vaut la peine. C'est de la science-fiction comme je l'aime : intelligente, inventive et engagée.
"Tout bâille autour de moi. Des oiseaux, des soleils. Je prends là maintenant tout de suite. Ancrée dans la pratique. Dans cette étrange énergie relâchée quand l'éclair a fendu mon cœur. Même si je n'arrive pas encore à bien comprendre la source de cette joie lente et qui se précise chaque matin, j'avance. Toute ma vie passée à me dire que je suis moi, Une, seule et indivisible et impossible à faire dévier. En vérité, face à Villon, je vois bien que je ne suis pas centrée. Que je me livre à mes pulsions rapides, aux émotions qui me prennent tout entière - mon propre seuil de tolérance à l'ennui, si bas. Mon cœur qui va si vite. Mes sentiments - me sentir valorisée par quelqu'un dont je voudrais saisir la vie - la prendre pour moi, moi qui ne peux pas me satisfaire de cette existence."
Melmoth furieux est un roman qui m’a soufflé par la plume furieuse et poétique de son autrice. C’est une vague furieuse qui porte le rêve en arme face à la barbarie totalitaire, l’espoir et le beau en bouclier. C’est chaotique, perturbant, parfois un peu trop alambiqué ou déstabilisant pour moi dans la narration, mais c’est indéniablement un roman qui a de la personnalité et qui porte en soi des engagements puissants. Oh, et puis une bibliothécaire armée d’une batte de baseball, ça me parle bien!
Plutôt 3,5. Quel livre étrange. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris… je suis même sûre de n’avoir rien compris mais une fois les premières pages passées et la langue intégrée (?) on se laisse prendre par la poésie du propos. Villon, métaphore de l’enfance? La couture métaphore de la vie cousue ensemble ? Et la Commune… si bellement décrite. Bien beau livre même s’il est hermétique, pour moi en tout cas!
Je n'ai pas aimé ce livre. Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire ou à m'attacher aux personnages. Je n'aime pas non plus l'écriture, mélange bordélique de langage soutenu et de mots inusités qui demandent un dictionnaire à portée de main, d'anglicismes à répétition et de langage vulgaire. C'est peut-être "punk" comme écriture mais le récit en devient incompréhensible. C'est très particulier et ce n'est pas pour moi.
Je pense que, malheureusement, je commence déjà à me lasser de lire des communes anar. dans un monde post-apocalyptique qui affronte des monopoles/entreprises/etc.
Ici, c'est un cauchemar de Disney, des thèmes autour de la couture, du rêve, du vêtement, de l'exploitation (la couture s'y porte s'y bien... la réalité matérielle des couturières n'est pas perdue ici) et de l'abus. Proche de son Toxoplasma mais en plus fantaisiste que science-fictionnel.
Il y a beaucoup de chose qu'on peut tirer de la lecture, j'étais juste pas dans le mood pour.
J’avoue j’ai pas tout compris de ce livre, je m’embrouillais dans la temporalité et les différents types d’écriture. Il y a pleins de choses qui résonnent et qui sont poétiques et politiques, mais je crois que c’est un peu trop absurde pour moi
J’ai trouvé ce roman dans un bus par hasard. C’est un style d’écriture très “new wave” , “punk” ou bien “woke”. L’autrice utilise beaucoup de pronoms non-binaire. Le roman est très poétique, mais en même temps très vulgaire. Beaucoup d’anglicismes.
Il y a plein de belles idées et d'espoir dans ce livre qui imagine la Colline de Belleville comme une nouvelle Commune où on lutte, on coud, on bidouille et on vadrouille, jusqu'à l'explosion finale. Cependant j'ai eu beaucoup de mal à suivre une intrigue un peu brouillonne, et beaucoup de mal à me faire à cette langue qui me paraissait presque artificielle.
Je n'avais lu de Sabrina Calvo, m'ai l'avais déjà entendu parler en festival, et j'en avais entendu du bien. Ce roman m'avait d'ailleurs été chaudement recommandé par une amie (et néanmoins collègue, ou alors c'est l'inverse), et j'entamais donc ma lecture en confiance.
Et en effet, les premières pages m'ont plutôt convaincu. Écriture féroce, personnages attachants et cadre narratif stylé : le quartier de Belleville (Paris), devenu une "commune autonome" au sein d'une France post-apo, où le reste du territoire est dirigé par un état autoritaire.
Au milieu de tout ça, notre héroïne : Fi, une couturière que la vie n'a pas ménagée et qui a un grand rêve : brûler Eurodisney, devenu le centre névralgique du nouvel état policier.
Elle a bien sûr ses raisons (outre le plaisir de déboulonner un centre du fascisme that is), mais je n'en dirais pas plus ici.
Tout cela est fort plaisant, agréable à lire jusqu'à ce que le roman bascule dans... autre chose...
Autant le début m'a plutôt convaincu, avec sa Belleville autogérée et farcie de gauchistes plus ou moins conséquents (et par tant plus ou moins agréables) et les péripéties de Fi dans son projet de croisade contre Eurodisney, autant la deuxième partie part dans une forme de délire psychédélico-magico-onirique qui sort un peu de nulle part au regard des pages précédentes, et je suis clairement pas rentré dedans.
Ce qui m'a au fond le plus gêné, c'est le côté absolument pas expliqué de ce revirement total et de cette irruption du fantastique dans le réel. Il y a plusieurs possibilités à votre disposition à ce moment là : accepter le récit tel quel et premier degré ou, comme je l'ai fait, se dire que Fi est sous substance, et que toute la fin du roman se déroule dans sa tête.
Quoiqu'il en soit, sans avoir passé un horrible moment de lecture, j'en ressors peu emballé et dubitatif quant à la forme de ce roman. La Volte est connue pour ses auteurs avant-gardistes (et gauchistes) et le style radical qui va avec, mais c'est particulier et je dirais que globalement, ça se mérite.
Force est de constater que je ne suis pas méritant...
Je comprends tout à fait qu’on puisse vouloir présenter les personnages par leurs actions et interactions plutôt que par des descriptions.. mais là en l’occurrence, je n’ai pas l’impression de connaître qui que ce soit parmi les personnages.. sauf peut-être Medhi, mais il n’est pas là. La seule chose que je sais de Fi c’est qu’elle est définie par la mort de son frère, et qu’elle alterne entre des moments de colère et des moments où elle veut vivre dans son coin avec sa machine à coudre. Son histoire avec Villon n’est basée sur rien d’autre qu’une vague impression et probablement un truc magique et un lien avec son frère. Elle passe la moitié de son temps à nous dire qu’elle ne le comprend pas. Du coup comment/pourquoi elle l’aime ? Je ne sais rien sur les enfants. Pas même leur âge. Est-ce qu’ils ont 8 ans ou 15 ? ça n’est pas la même chose et en l’absence de cette information je ne sais pas comment lire leurs réactions. On nous « dit » beaucoup de choses (les sentiments de proximité avec Lou) qu’on ne nous montre pas, ou qui sont pré-existant au début du bouquin, et du coup je n’ai pas réussi à m’investir émotionnellement dans les haut et les bas de relations que je n’ai pas vu se construire..
Bref, je finis ce livre sans savoir vraiment ce que j’ai lu ou quel était le message (Disney est un méchant pélican qui capture les amis imaginaires des enfants ?). Certains personnages apparaissent et disparaissent sans qu’on comprenne leur rôle (Charnier). L’irruption de la magie aux deux-tiers du bouquin vient brouiller les pistes (et en même temps c’est la seule chose qui est expliqué clairement).
En parallèle, je n’ai pas accroché au langage : trop d’argot, trop de choses que je ne comprenais pas (peut-être en partie en lien avec mon indifférence/méconnaissance de la mode, qui est quand même assez centrale dans le bouquin, du coup je ne visualisais rien de toutes les descriptions de choix vestimentaires des persos et ça faisait juste beaucoup de tas de mots qui ne m’apportaient rien), trop de passages brusquement violents..
J’adore ce livre Le style littéraire, la folie d’écriture et l’inventivité de Sabrina Calvo donne le vertige C’est complètement fou, ça t’emporte par les tripes Petit bémol, j’ai trouvé un léger ventre mou peu avant la fin mais sinon lisez C’est ni de la sf, ni de fantasy à proprement parler, c’est unique dans ce que j’ai lu On descend avec le lapin blanc au fond du gouffre Et évidemment, c’est extrêmement politique (on parle quand même d’une nouvelle colonne anti dictature Disney), ça se lit dans l’histoire mais aussi dans son usage du langage Sabrina t’es trop une bosse
C'est difficile d'être préparée au torrent langagier qui surgit de ce livre. Références, argot, anglais, syntaxe, tout est bousculé et dézingué pour tisser la langue de la nouvelle Commune. J'ai les yeux grands ouverts et les mains prêtes à coudre, peu importe mes compétences. En bref, ça dépote.
Bon livre assez différent de ce qu'on à l'habitude de lire. Renouveau de la commune de Paris dans le quartier de Belleville. En lutte contre un système tentaculaire et autoritaire avec à la tête Disneyland. Lutte des classes,franc parlé et poésie