Auteur notamment du Thé au harem d’Archi Ahmed (1983), Mehdi Charef, qui a publié trois autres romans et réalisé onze films, retrouve l’écriture après treize ans d’interruption. Rue des Pâquerettes revient sur son arrivée en France en 1962, à 10 ans, dans le bidonville de Nanterre : il y raconte sa difficulté à comprendre son père, qui les a arrachés, lui, sa mère et sa sœur, à leurs montagnes pour les faire venir en France ; l’humiliation, la boue et le froid du bidonville ; mais aussi l’enthousiasme de son instituteur, l’amitié des camarades, la douceur d’Halima ; et sa grand-mère, persuadée que la vie d’un enfant qui pose autant de questions ne pourra être que trop pleine.
Dans ce qui est le premier tome d’une trilogie sur son arrivée en France dans les années 1960 à la fin de la guerre d’Algérie et son installation avec sa famille dans un bidonville de Nanterre, Mehdi Charef raconte le quotidien d’un enfant qui essaye de s’adapter à cette nouvelle vie en France. Son père qui travaille sur des chantiers, son arrivée à l’école, alors qu’il a 10 ans, en classe de rattrapage avec d’autres enfants, le froid de Nanterre, le déracinement, le manque de ces femmes qui l’ont vu grandir à Maghnia, en Algérie. Et surtout l’avenir qu’on lui propose : un avenir sans perspective, sur les chantiers ou dans les usines, loin de la promesse de richesse faite à tous ces Algériens qui sont venus en France.
Joli petit livre sur le thème de l'immigration dans les années 60. On plonge dans le quotidien de ces exilés débarquant dans la banlieue parisienne, glauque, froide... On ressent bien l'atmosphère de cette époque. Mais c'est sans pathos et il y a de l'espoir dans ce récit grâce à l'enfant de la 2ème génération qui décrit avec finesse cette nouvelle existence qu'on lui impose.
Lorsque j’étais en CE1 un jeune tunisien est arrivé dans la classe, il avait 13 ans. Il apprenait à lire en même temps que nous. En lisant ce livre j’ai repensé à ce garçon, si fier de faire la lecture à haute voix même s’il butait sur des mots. Quitter son pays pour venir s’entasser dans un bidonville en région parisienne, rêver d’avenir meilleur, aujourd’hui ce ne sont plus les algériens mais d’autres réfugiés que nous accueillions si mal. Ils fuient leur pays, la misère, la guerre, l’intolérance, que trouvent t’ils dans leurs « camps » de fortune à Paris, Calais, Lesbos ou ailleurs?