Travesties-Kamikaze est un livre-constat qui se refuse à envisager des solutions de rechange venant de l'extérieur. Josée Yvon ne veut pas écrire le rapport d'enquête classique qui propose une batterie de réformes de manière à apaiser la bonne conscience de la société.
Travesties-Kamikaze, le titre le dit bien, est le récit d'un défi quotidien lancé à la mort. Le défi de ces travesties volontaires mettant chaque jour leur vie en jeu : « Travesties pour vivre, être pour se travestir, travesties du ciel et de la mort ».
Josée Yvon (née à Montréal en 1950 - morte le 12 juin 1994) est une poètesse, dramaturge et scénariste québécoise. Elle naît à Montréal dans un quartier populaire sur la rue Ontario, où elle vivra jusqu'à sa mort.
Après des cours classiques au Collège Sainte-Marie, elle étudie la littérature et le théâtre à l'UQAM. En 1971, elle obtient un baccalauréat en études théâtrales, et commence une maîtrise sur Bertolt Brecht au Schauspielhaus de Düsseldorf (Allemagne), mais ne la termine pas. Elle travaille alors comme metteur en scène, avec le Théâtre sans fil et le Grand cirque ordinaire, scénariste occasionnelle pour Radio-Québec, serveuse, traductrice et enseigne la littérature au cégep de Rosemont, au collège de Bois-de-Boulogne et au Collège Édouard-Montpetit. Elle participe à de nombreuses rencontres et lit ses textes au Solstice de la poésie (1976), à la Nuit de la Saint-Jean (1978) et à la Nuit de la poésie de 1980. Elle est également critique littéraire et collabore notamment à Mainmise, Hobo-Québec, La Barre du jour, Cul-Q, Sorcières (Paris), Beatitude (Californie), Sisters (Los Angeles), Le Point d'Ironie (Allemagne), Stars Screwers (France), etc.
Filles-commandos bandées, son premier livre, parait en 1976. Il l'affirme comme une auteure majeure du courant de poésie québécoise des années 1980, marqué par la beat generation, qui se développe autour des Herbes rouges. Elle y rencontrera Denis Vanier, qui sera son compagnon durant dix-huit ans et avec qui elle collaborera à plusieurs reprises.
Son travail revendique l'influence de la littérature américaine lesbienne et révolutionnaire. La description de la marginalité y a une place majeure : homosexuels, toxicomanes, prostitués, transsexuels, ou travestis en sont des personnages récurrents. Elle dénonce également souvent l'oppression sociale à travers des images violentes comme le meurtre, les médicaments ou le viol. Atteinte du sida, elle décède en juin 1994, quasiment aveugle, en laissant Manon la nuit, un manuscrit inachevé portant sur la cécité.
Ce texte violent, en colère, radical parvient, de façon admirable, à amplifier la voix de ceux vivant dans les marges. Les thèmes abordés sont encore d'actualité (queerness, marginalité, répression policière, travail du sexe, etc.) (bien que le language raciste témoigne de l’âge du texte). La forme elle-même illustre les textes (fluidité entre les genres littéraires, transgression des normes, langage cru, etc.).
L’ensemble est plutôt difficile à suivre, mais la lecture de l’oeuvre demeure une expérience viscérale.
J'ai bien aimé le style d'écriture, un mélange entre roman et poésie. Je pense que je vais devoir le relire pour bien comprendre toutes les histoires qui s'entremêlent, mais c'est un récit qui frappe, qui va droit au but.