Camille Toffoli croit que les serveuses de diners, les chanteuses country, les sad girls et les championnes de rodéo ont quelque chose de fondamental à nous apprendre sur les rapports de genre et les privilèges de classe. Filles corsaires construit une pensée qui a les deux pieds dans la vie, qui jette son dévolu sur les figures oubliées et les angles morts d’un certain féminisme universitaire.
Pourquoi le célibat volontaire, l’autonomie sexuelle et la non-maternité sont-ils toujours frappés de suspicion ? L’amitié peut-elle réellement lutter contre l’hétéronormativité ? Comment penser une politique de la solitude ? L’autrice investigue ces questions, et bien d’autres, à travers une série de portraits où les anecdotes côtoient les réflexions philosophiques. Une éthique féministe inconfortable qui se déploie quelque part entre les journées de travail en librairie, les soirées karaokés et les brunchs deux oeufs-bacon.
En lisant Camille Toffoli, j'ai l'impression de lire les histoires de nos ami.es. Il y a cette qualité particulière de la littérature qui nous donne l'impression de pouvoir écrire aussi, sur soi, sur les nôtres. Cet essai possède cette qualité spéciale de rendre le monde accueillant pour les gens que j'aime et pour moi aussi.
Ben oui, je suis encore dans mon kick de lire en français et en voilà un autre qui ne semble pas être dispo en anglais (Well, I'm still on my reading in French kick and here's another one that doesn't seem to be available in English).
It was a quick little collection of essays that were previously published in magazines in which the author talks about various feminist topics such the importance of taking it personal and of fully embracing it, malaise as an appropriate reaction to the current state of things, the notion of exceptional but not revolutionary, and even cyclo-feminism. It covers a lot of ground in not very many pages and in a way that's mostly pretty accessible (at least if you're fluent in French).
In the intro to the book the author talked about how having deadlines forced her to deal with sharing ideas that were not final and about which she was still actively thinking and that was a little too relatable for my liking.
"Je sais bien que nos questionnements existentiels ne sont pas exceptionnels. Que nos hésitations sont aussi le revers de nos privilèges, à commencer par nos diplômes universitaires qui nous aident à envisager le futur à l'extérieur des balises traditionnelles. Nous sommes loin d'être les premières femmes à rechercher leur fameux "lieu à soi"."
Les textes au ton plus personnel m'ont particulièrement touché, et allumé. Camille Toffoli est douée pour écrire, il n'y a aucun doute là-dessus, et elle a un sens de la nuance qui fait du bien.
« Je ne compte plus les rencontres au terme desquelles, étourdies par l'alcool, mais soulagées d'être parvenues à désamorcer ensemble le ridicule de telle ou telle situation, nous sommes rentrées nous blottir contre nos partenaires respectifs ou retournées avec plus de sérénité à nos comptes Tinder. Au point où je me suis parfois demandé si les amitiés féminines ne servent pas indirectement la survie du couple hétérosexuel comme système social, en jouant un rôle d'exutoire qui nous aide à mieux endurer le reste du temps des situations désagréables ou carrément désavantageuses. »
« Il viendrait à peu de gens l'idée d'exiger d'une amie qu'elle nous consacre systématiquement une part déterminée de son temps libre, qu'elle accepte de partager avec nous un compte de banque ainsi qu'une partie de son réseau social. On ne verra jamais de cérémonie officielle où des amis se promettraient fidélité devant la loi, ni de fête annuelle où les amies s'achèteraient massivement des bouquets de fleurs et des boîtes de chocolats cheap. On ne performe pas l'amitié comme on cherche à performer l'amour. Sans doute parce que les relations amicales sont rarement classées en tête des critères qui définissent une vie soi-disant réussie. »
J’avais peur, après voir lu l’avant-propos, que le livre soit un peu trop intellectuel. Pas du tout. L’autrice, con-fondatrice de la librairie l’Euguélionne, parle féminisme à travers quelques récits de son quotidien et de ses expériences personnelles. Plutôt que de parler d’injustice et de sexisme ad nauseam, elle s’interroge plutôt sur différents mythes comme celui de la “p’tite madame”, essait de comprendre pourquoi les femmes ont davantage d’accidents de vélo (elle-même est cycliste) ou ce qui fait que les femmes ont trouvé leur place dans le monde du rodéo (une petite enclave en fait). Il s'agit toujours d'incursions dans différents milieux et classes sociales, qu’elle trouve toujours le moyen de valoriser, en faisant ressortir les difficultés mais aussi les forces des femmes de ces milieux. C'est presque du féminisme joyeux, pour une fois. ;)
C'était vraiment un petit livre bonbon qui se lisait étonnamment rapidement, vu le sujet. Même si les aspects du féminisme abordés étaient souvent très pointus, c'est ce qui en faisait son charme. J'ai adoré découvrir des facettes que je n'avais encore même considérées.
Le style littéraire du livre démontrait clairement que l'autrice évolue dans le milieu universitaire, j'avais l'impression de lire plein de mini thèses de maîtrise ou de doctorat. Mais j'ai bien aimé ce style à la fois très formel dans le ton, et informel dans les récits.
On voit que l'autrice adopte une vision assez radicale du féminisme, qui est assez loin de la mienne, mais au moins, elle semble en être consciente.
Seul point négatif, pour moi, c'était que le fil des idées était parfois un peu décousu et ça prenait un certain temps comprendre le sujet du récit. Et, bien sûr, c'était très peu intersectionnel, mais en même temps, elle nous a bien avertis qu'elle écrivait du haut de ses privilèges, donc je le pardonne.
Gros point positif : la longueur très courte de chacun des récits, qui permettait une lecture fluide et rapide, sans essoufflement de lire trop de "théorie".
J’ai lu d’une traite cette œuvre qui se situe à mi-chemin entre la réflexion personnelle et l’essai, et j’ai bien aimé! En fin de lecture, j’ai le sentiment de m’être fait prendre par la main et d’avoir embarqué dans cette agréable ballade réflexive sur la société. J’en ressors avec des suggestions lectures, des réflexions plus approfondies sur le féminisme, et l’envie d’approfondir d’avantage certaines avenues.
Bémol : J’ai à certains moments trouvé le ton un peu trop universitaire gauchiste qui est du bon côté de la force. Ce livre n’est pas révolutionnaire, mais peut certainement amener de l’eau au moulin.
Vraiment une belle découverte. L’autrice apporte une vision optimiste qui sort de l’approche académique restrictive du féminisme auquel on est souvent exposé. Les textes font réfléchir sur nos propre biais quant à la définition même du féminisme, mais toujours avec bienveillance.
J’ai honnêtement adoré. Je trouve souvent difficile les lectures féministes (c’est souvent confrontant), mais celle-ci s’est lue toute seule! L’autrice aborde certains angles morts du féminisme de façon extrêmement accessible. C’est définitivement un must pour vos bibliothèques.
En plus, on retrouve tout pleins de références d’autres ouvrages pertinents à lire pour poursuivre la réflexion.
L’autrice aborde des sujets variés d’une manière unique. J’ai beaucoup aimé le fait que chaque petit chapitre débute par une histoire qu’elle a vécue pour finalement expliquer sa réflexion qui en découle. De plus, l’autrice m’a particulièrement interpellé par le fait qu’elle est consciente de son point de vue situé et elle se questionne elle-même, qui vient à nous apporter une réflexion personnelle, sur nos relations avec l’amitié, la communauté queer, le féminisme, le couple et autre. C’est un livre qui éveille en moi plusieurs envie de partage et de dialogue positifs sur les enjeux évoqués.
Je recommencerai ce livre à tout le monde ; aux initié.es des théories féministes et aux plus virulentes, à celles qui sont curieuses et à ceux qui veulent en savoir plus sur les réflexions actuelles. J’ai eu l’impression d’être en compagnie d’une amie féministe lucide, critique et autocritique qui est venue enrichir de beaucoup mes propres réflexions féministes et queer. J’aurais voulu que livre soit deux fois plus long !
Essai féministe intéressant et nuancé, qui m’a amenée à réfléchir sur ma propre place dans le mouvement et sur la façon de vivre mon féminisme au quotidien, même si j’ai un mode de vie plus « conformiste ».
Je ne pense pas être le public cible de ce livre. Ça m'a permis de connaître la rhétorique du féminisme universitaire, où en sont les réflexions contemporaines dans ce champ d'étude, quel regard pose ces féministes sur leurs contemporain⋅es, etc. Cependant lorsque tu viens d'un milieu ouvrier, que tu es à l'intersection de plusieurs marginalisations, que tu passes ta vie en lutte, les réflexions de ce livre font partie de ton quotidien. Il n'y a rien de révolutionnaire à lire que, oui, "les serveuses de diners, les chanteuses country (...) ont quelque chose de fondamental à nous apprendre sur les rapports de genre et les privilèges de classe." Un peu hermétique comme lecture, de la théorie qui théorise sur la vie des autres, en déconstruisant un féminisme appris sur les bancs d'écoles et dans les livres. Nécessaire pour certain⋅es cependant!
« Ainsi, la solitude n’exclut pas les solidarités amicales; elle les encourage, et ces dernières la rendent possible et habitable. C’est une posture à la fois précaire et résistante, qui aide à penser le monde, et donne à de nombreuses femmes l’impulsion nécessaire pour écrire. » Et autres perles dans ce petit livre touffu.
Un court recueil de réflexions philosophiques et féministes. Voici les textes qui m'ont particulièrement fait réfléchir : - De l’autre côté de la fenêtre - Des contingents de pleureuses - Courir après - Les amitiés radicales - Les solitudes choisies
Un recueille de texte à la fois riche et profond sur des sujets féministes, personnelles, queer, sur les amitiés, l'amour, les classes sociales et le militantisme. J’avais l’impression de prendre un verre de vin avec l’autrice, elle nous raconte une histoire personnelle de manière captivante avant de nous parler de ses réflexions et de poussé la conversation plus en profondeur. J’ai trouvé cela à la fois conviviable et intime, comme si on se promenait avec elle dans sa tête, mais à la fois très accessible et très facile de s’identifié à ses idées et réflexions. J’ai aimé que ses textes ne soient que des pistes de réflexions et non pas toujours achevées afin de nous laisser de la place pour nos réflexions à nous sans nous imposé les réponses.
Elle est très consciente de sa place et de son environnement, de ses privilèges et de ses injustices et n’hésite pas à parler aussi des situations la concernant moins personnellement en se référant à des personnes concernées. Elle est très consciente de se qui l’entoure aussi et en parle avec réaliste et tact. (J’ai beaucoup aimé le passage sur le village qui comme je le dis souvent est pas un endroit queer friendly mais pour les hommes blancs gays seulement et elle a très bien reflété cela.)
C’était une très belle introduction au féministe, le concept était simple à comprendre et les métaphores et explications rendant la lecture fluide et facile. C’était bien écrit sans se perdre dans de grande structure de phrase compliquer. Dans la majorité du livre, c’était abordé de manière positive et donnait envie d’ouvrir le dialogue à ce sujet.
Dans Filles corsaires, Camille Toffoli nous offre un récit féministe comme j’en ai rarement lu. À travers une série d’essais intimes et percutants, elle aborde des thèmes variés, tout en gardant un point de vue résolument inclusif.
Ce qui rend ce livre si marquant, c’est la place qu’elle donne aux voix souvent marginalisées, intégrants les femmes queers et racisées dans sa réflexion. Mais aussi sa plume à la fois incisive et sensible, mêlant réflexion et émotion.
C’est une ode à la solidarité, à la révolte et aux actes quotidiens de résistance. Ce livre célèbre la pluralité des expériences féminines tout en restant accessible et vibrant, offrant une lecture qui résonnera longtemps !
Camille Toffoli a rendu le féminisme plus accessible le temps d’un roman. On réalise que les féminisme est partout et doux, le choix de ses mots est judicieux. Divisé en courtes histoires où elle s’est questionnée sur le féminisme et l’intersectionnalité qui vient (pas toujours) avec, elle a su bien expliquer son point de vue.
J’ai particulièrement aimé l’histoire “avec les yeux du queer”, où on questionne la place des femmes dans le Village.
À lire, mais pas trop vite afin de bien savourer chaque petite histoire.
Un peu de mal à accrocher avec les premiers textes, dont les sujets m'intéressaient moyennement je crois. Mais j'ai dévoré la plupart des autres. C'est simple mais très bien écrit, politique et accessible en même temps, en un mot : percutant. Je partage la vision féministe de l'autrice jusque dans beaucoup de détails, c'était donc aussi plaisant qu'empouvoirant de lire mes valeurs et idées mises en mots avec tant de justesse.
Trop radical pour moi. J’ai trouvé la posture de victimisation qui contre-attaque ceux qui l’ont austracisé contre-productive. J’ai aussi trouvé curieux que la préface et la postface autoévaluent le propos de ce livre comme du féminisme nuancé et portant vers le dialogue. Le vocabulaire utilisé est assez catégorique et non nuancé. J’ai toutefois apprécié le chapitre sur le cycloféminisme et celui sur l’amitié.
OMG! Quels écrits précieux et de qualité. Sujets variés traités d’une perspective féministe toute en clarté, emprunt de respect et d’une éthique réflective. À relire plusieurs fois!! Je suis tombée sous le charme de ses réflexions, questionnements. Tout en douceur et tellement brillant! Milles merci à l’auteure !
C’est peut-être parce que j’ai milité avec l’autrice plus jeune en 2012 mais j’ai eu l’impression de dialoguer tout au long des courts textes avec une amie brillante, posée, éloquente - ça résume bien l’écriture de Camille et les propos qu’on retrouve ici. J’ai tout aimé, je recommande chaleureusement!