« Sur les bouts de la langue est un essai narratif dans lequel j’explore les enjeux féministes de la traduction à partir de ma propre expérience. J’y mêle réflexion théorique et récit personnel pour interroger les conceptions dominantes de la traduction et démontrer que l’engagement en traduction, loin d’être un biais supplémentaire, permet de travailler mieux. J’y traite de la traduction comme processus collectif qui révèle les angles morts du genre dans la langue et qui permet d’agir concrètement sur celle-ci et sur le monde qui l’entoure. J’y raconte enfin mes premières traductions, les conditions dans lesquelles elles ont été faites et ce qu’ lles m’ont fait à l’intérieur. »
un merveilleux livre sur les traces de la démarche de traduction de Noémie Grunenwald. j'admire beaucoup son travail d'éditrice et de traductrice, notamment pour tous les textes auxquels elle m'a donné accès et qui ont tellement compté dans ma vie de lesbienne, de feministe et de meuf trans. c'était donc très plaisant d'avoir accès à un peu plus, à ce qui l'a fait vibrer elle aussi, à d'où vient son besoin de traduire et à toutes les questions qu'elle se pose en le faisant.
"Ça m'a mise en colère lorsque j'ai comprise que je me débattait chaque jour avec des pensées qui avaient déjà été retournées dans tous les sens plusieurs fois en anglais" p31
Noémie Grunenwald est la traductrice en français de Dorothy Allison, Silvia Federici, Julia Serano, Sara Ahmed, bell hooks... Elle est entrée en traduction « par effraction », c'est-à-dire sans formation en traductologie, mais en voulant comprendre des textes inaccessibles en français.
« Sur les bouts de la langue – Traduire en féministe/s » est un essai narratif sur son expérience du métier et les choix de traduction qu'elle a opérés, mais également une belle réflexion générale sur la langue en tant qu'alliée. Écrire en féministe/s, ce n'est pas juste ajouter un point médian par-ci, par-là, c'est un ensemble de choix politiques.
La traduction est un métier de l'ombre, majoritairement féminin (« En 2020, 74% des membres de l'Association des Traducteurs [sic] Littéraires de France étaient des femmes ») alors que les institutions littéraires sont, je ne vous apprends rien, gouvernées par les hommes. La traduction est pourtant essentielle dans un effort de transmission des savoirs. À quand la mention des noms des traductrices sur les couvertures ?
Noémie Grunenwald tisse des liens entre les écrits féministes et rend hommage au collectif, d'où le pluriel de « féministe/s » dans le titre. Je recommande ce livre à toutes les personnes qui traduisent, écrivent, lisent de manière politique car il leur donnera de la force dans laquelle puiser pour lutter contre les impensés, pour les impensées de la langue. À découvrir absolument en librairie dès le 8 octobre.
Lettre d'amour aux femmes, aux féminismes, à la littérature, aux mots, aux langues et linguistiques, c'était si poétique, intime, beau, instructif... j'ai adoré. Cela va devenir une ressource précieuse pour m'aider à traduire mes propres poèmes d'une langue à l'autre. Merci Noémie 💙
plus qu’un ouvrage théorique, ce livre est un très beau témoignage d’une traductrice, avant tout lectrices de femme qu’elle admire et auxquelles elle donne une voie pour le public francophone. Elle s’inscrit dans une démarche collective d’activisme et de mémoire feministe et lgbti, et explique la relation qu’elle entretien à la fois avec son geste et avec les mots des autrices qu’elle traduit.
A la fois journal terriblement émouvant d'une traductrice autodidacte, fort de tous ces petits moments de vie qui côtoient des réflexions plus théoriques, allant jusqu'à être insérés en tranche tout au long du livre. A la fois réflexion sur l'acte de la traduction (d'essais féministes en particulier mais le discours se généralise volontiers), le degré d'adaptation de tous textes traduits, les liens qui se tissent, avec le texte et son autrice certes, mais également entre traductrices, éditrices, organisatrices de festivals, travailleuses du livre à toutes les échelles…
Noémie Grunenwald donne à voir de la traduction autant une approche macroscopique, à travers le travail quotidien de recherche, de remise en contexte, l'appropriation de la pensée complexe d'une chercheuse/autrice, qu'une approche microscopique, au stade du mot. Les mots qui sont ses outils, autour desquels gravite l'inesquivable question du mot "juste".
Alors on suit avec un plaisir qui grandit et une curiosité sans cesse entretenue l'autrice à travers la jungle de l'androlecte, du patriarcat qui s'immisce dans notre langage, à travers les cascades de l'humilité qui nous force à nous laisser traverser par ce texte tout comme la traduction appelle une sorte de lâcher-prise...
Une lecture belle et inspirante, qui nous fait voir sous un autre angle tout un pan de la production et de la propagation des savoirs.
Noémie Grunenwald, traductrice de l'anglais au français, y aborde la question de la traduction comme outil politique pour lutter contre l’exclusion des femmes dans la langue.
Elle examine, dans ce qui constitue son premier essai publié en tant qu'autrice, de nombreuses questions : que signifie “traduire en féministe/s”, dans quelle mesure les textes sont interprétés par la traduction au regard d’une société patriarcale, et pourquoi la traduction est toujours à situer dans un contexte et une culture donnée. Elle explique pourquoi le travail de traduction n'est jamais neutre et donne à voir l'importance significative de dé-masculiniser la langue.
C’est un essai passionnant et éclairant. Mais c’est aussi un récit intime émouvant qui déborde d’honnêteté et de sincérité, dans lequel l'autrice raconte son parcours de traductrice, ses doutes, les remises en question et les difficultés rencontrées au cours de celui-ci.
Un essai intéressant sur le pouvoir de la traduction, des femmes et du langage. Ce roman m’a réconcilié avec mon métier de traductrice, car il parle du fait que la traduction n’est jamais définitive et jamais idéale. Ce n’est qu’expérience et à tâtons qu’on trouve les mots justes. En mêlant expérience personnelle, recherche sur la démasculinisation du français et idées sur la traduction et la traductologie, Noémie Grunenwald nous propose un essai très intéressant sur la féminité de la profession. Pendant ma formation, alors que la majorité de ma promo et du corps enseignant étaient des femmes, j’étais choqué de l’utilisation intempestive du terme « traducteur » dans ce monde si féminin. Je trouve que Noémie ici fait de son essai une incarnation parfaite de toute pensée traductrice. Lorsqu’on traduit de l’anglais au français, nous nous rendons vite compte que la langue de Molière est beaucoup plus genrée que celle de Shakespeare. J’ai vraiment aimé que Grunenwald tourne autour de la question du langue genrée ou non, surtout dans la sphère militante et LGBTQIA. J’ai appris énormément sur le féminisme dans la traduction, et les différentes traductions des essentiels féministes étasuniens. L’un des aspects que j’ai le plus apprécié, et que l’autrice/traductrice aborde dans ce court essai : le fait qu’en tant que traductrice nous sommes des étudiantes perpétuelles. J’ai beaucoup appris en lisant ce livre. Déjà sur l’androlecte, ce langage des « hommes », et autres capacités des minorités à parler plusieurs langages et être traducteurices de la vie. Cet essai m’a réconforté dans mon métier, mon genre de femme et mon choix d’être féministe. Moi aussi je parle et traduit en féministe/s et j’en suis fière. 3 étoiles
je vais pas mettre de note parce que je pense que c’est un très bon texte, bien écrit, super intéressant et pertinent, mais qu’en même temps j’ai eu du mal à en voir le bout. je pense que j’étais pas du tout dans l’état d’esprit adéquat pour recevoir ce témoignage/essai. j’aurais préféré découvrir ce livre autrement, à un autre moment, en prenant davantage le temps.
par contre j’ai vraiment hâte de préparer avec ma classe la rencontre prévue autour du bouquin, notamment car plein de questions soulevées par noémie grunenwald me parlent!
note à moi-même : il faut vraiment que je lise bell hooks (mais quel titre choisir ?)
Un livre recommandé il y a peu pour le mémoire : très intéressant de lire une traductrice autodidacte et féministe. Un peu libérale sur certains points mais soulève de très bons sujets sur être traductrice et être femme sans tomber dans l'essentialisme.
Texte hybride, entre l'essai, les réflexions théoriques (sur la langue, sur le pouvoir d'agir de la traduction et l'engagement féministe, etc.) et le récit personnel. Vers la fin, un chapitre très touchant, pouvant devenir le début d'un roman que je voudrais lire.