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256 pages, Hardcover
First published December 1, 2021

Quand on a passé cinquante ans on a vécu des choses tristes, assez pour que l'on sache les reconnaître.mannyrayner: That is nice, and it sounds quite a lot like the book, but it is not the first chapter.
Je n'ai pas voulu m'arrêter à ces souvenirs-là. J'ai préféré me mettre en quête de souvenirs heureux. Mais on ne peut pas toujours être en quête de souvenirs heureux. On a beau chercher, il y a toujours des moments difficiles qui reviennent.
C'est ainsi que j'ai connu le petit prince.
Il est arrivé un jour où j'étais très malheureux. J'étais seul au milieu du désert du Sahara, à côté de mon avion qui était tombé en panne.
Je n'aurais jamais cru qu'un avion pût tomber en panne. J'étais un pilote sérieux et expérimenté. Mais il y a des choses qui arrivent et contre lesquelles on ne peut rien. Mon moteur s'était brisé en vol. Je ne savais pas comment le réparer.
J'étais donc très malheureux. J'étais seul au milieu du désert. J'étais loin de tous les hommes. J'étais perdu.
C'est alors que j'ai vu le petit prince. Il était assis sur une dune, à côté de moi. Il avait l'air triste et pensif.
"Bonjour", lui ai-je dit.
Il ne m'a pas répondu. Il avait l'air triste et pensif.
"Tu es triste?", lui ai-je demandé.
Il ne m'a pas répondu. Il avait l'air triste et pensif.
Je me suis alors assis à côté de lui. Je n'ai pas dit un mot. J'ai attendu.
Au bout d'un moment, il a parlé.
"Je suis perdu", a-t-il dit.
"Moi aussi, je suis perdu", lui ai-je répondu.
"Tu es un grand garçon", a-t-il dit. "Tu dois savoir comment on fait pour retrouver son chemin."
"Je ne sais pas", lui ai-je dit. "Je suis perdu moi aussi."
"Ah!", a-t-il dit.
Et nous sommes restés tous les deux, assis côte à côte, sans rien dire. Nous étions tristes et perdus.
Ce que j'ai le plus aimé dans mon métier d'aviateur, c'est de voyager. J'ai connu beaucoup de gens merveilleux. Mais cela fait cinquante ans que j'ai abandonné l'aviation. Je suis à la retraite depuis si longtemps que j'ai oublié le goût de l'adrénaline. Je suis devenu un vieil homme qui cultive des roses.
Tous les jours, j'arrache une mauvaise herbe. Je ne suis pas pressé. Je ne suis plus pressé de rien. J'ai assez d'eau et de soleil. Je suis heureux. Mais un jour, il y a un an, j'ai vu un météore. C'était un soir d'été, un peu avant la nuit. J'étais assis dans mon jardin. J'ai vu une étoile filante. Je me suis dit : « Ça, c'est un météore ! Un météore qui vient de loin, de très loin ! ». Je me suis levé. J'ai regardé autour de moi. J'ai vu un petit garçon qui me regardait.
Il était tout seul. Il était très loin de tous les hommes. Il était venu de très loin.
« Bonjour, ai-je dit.
— Bonjour, a-t-il répondu.
— Tu es tombé du ciel ?
— Oui, a-t-il dit.
— Comment as-tu fait pour arriver jusqu'ici ?
— J'ai marché, a-t-il dit.
— Tu as marché depuis le ciel ?
— Oui, a-t-il dit.
— Mais alors, tu dois être très fatigué.
— Oui, a-t-il dit.
— Tu veux que je te montre mon jardin ?
— Oui, a-t-il dit.
— Alors, viens. Mais ne touche pas aux roses. Elles sont très fragiles.
— Je ne toucherai pas aux roses, a-t-il dit.
— Alors, viens. »
Et c'est comme ça que j'ai rencontré le petit prince.
A spark from past, reminding us how to look at the world through the Little Prince's eyes