Qu’est ce que le consumérisme ? Comment s’habitue-t-on à surconsommer, au point d’en oublier comment faire sans, comment on faisait avant, comment on fera après ? Pour répondre à ces questions, Jeanne Guien se tourne vers des objets du quotidien : gobelets, vitrines, mouchoirs, déodorants, smartphones. Cinq objets auxquels nos gestes et nos sens ont été éduqués, cinq objets banals mais opaques, utilitaires mais surchargés de valeurs, sublimés mais bientôt jetés. En retraçant leur histoire, ce livre entend montrer comment naît le goût pour tout ce qui est neuf, rapide, personnalisé et payant. Car les industries qui fabriquent notre monde ne se contentent pas de créer des objets, elles créent aussi des comportements. Ainsi le consumérisme n’est-il pas tant le vice moral de sociétés « gâtées » qu’une affaire de production et de conception. Comprendre comment nos gestes sont déterminés par des produits apparemment anodins, c’est questionner la possibilité de les libérer.
Jeanne Guien, ancienne élève de l’École normale supérieure, est docteure en philosophie et agrégée. En 2019, elle a soutenu une thèse à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne consacrée à la notion d’obsolescence, étudiant l’histoire des débats autour de la durée de vie des moyens de production et des biens de consommation. Membre du CETCOPRA et du LISRA, co-organisatrice du séminaire Deuxième vie des objets (Mines, EHESS), elle conduit également des expériences de recherche-action concernant les biffins (récupérateurs de rue en Ile-de-France), le freeganisme (récupération alimentaire), la collecte municipale des déchets et l’antipub. Elle anime également une émission radio et un blog sur Mediapart afin de médiatiser certains enjeux sociaux et politiques liés au déchet : condition de travail des éboueurs et des biffins, politiques d’ « économie circulaire », injustices environnementales en France, répartition inégale de l’étiquette « écologiste » dans les luttes et les mouvements sociaux.
Interroger le tissu social, industriel, économique, idéologique et matériel de la société de consommation par le biais de quelques banals objets du quotidien, ça parraissait ambitieux, même un peu cocasse. Puis, j'ai lu. Et franchement, c'est brillant de bout en bout.
Chaque recontextualisation apporte sa traversée d'émotions (rage/curiosité/étonnement/effroi/dégoût...) et une nourriture politique et intellectuelle d'une rare densité.
Outre le sujet passionnant, la netteté de la forme et la finesse de la démonstration de Guien me laisse complétement admiratif. La conclusion même ? Fulgurante fin de boucle.
j’ai énormément appris avec ce livre et j’encourage tout le monde à le lire parce que c’est une façon de se ré-approprier de choses qu’on juge désormais incontrôlables, c’est une façon différente de voir le monde dans lequel on vit.
une écriture personnelle, mais pédagogique et claire sur un sujet compliqué. J’oserais même dire qu’il y a une certaine vulgarisation tellement j’ai trouvé l’écriture claire et compréhensible. (aussi j’ajoute que j’ai absolument adoré les références qu’elle a utilisées : G. Anders, Paul Veyne… il manquait juste Byung-Chul Han)
je recommande vivement ce livre aux écolos parce que le greenwashing est partout et parfois de bonnes idées peuvent devenir de très mauvaises pratiques. Le chapitre sur les smartphone est aussi intéressant pour ceux qui s’intéressent à l’obsolescence et aux différents types d’obsolescence.
Pour moi c’est 4.5⭐️ C’est très instructif, accessible et mis en image donc vraiment sympa ! Ça manque cependant d’alternatives, d’une sorte d’ouverture type « comment s’en passer maintenant ? »