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Maneras de estar vivo. La crisis ecológica global y las políticas de lo salvaje

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Hace mucho tiempo surgió una especie que decidió separarse de los otros diez millones de especies que habitaban la Tierra: aunque todas eran necesariamente sus parientes, optó por llamarlas «la naturaleza», y así empezó a verlas como cosas, meros recursos a su disposición.

Este relato es nuestra herencia, y su inimaginable violencia ha dado lugar a la actual y devastadora crisis ecológica. El presente libro pretende dar un golpe de timón frente a esta situación: armar (en el doble sentido de la palabra) una filosofía de los seres vivos que sea tanto una política como una praxis.

Para ello Morizot se aleja de toda creación convencional de pensamiento, pues su filosofía surge de la práctica sobre el terreno y de la experiencia del rastreo. Morizot no es un naturalista al uso. Ni siquiera un biólogo. Es un filósofo que reflexiona sobre lo vivo como ningún otro que hayas leído, un perseguidor que puede pasar largas jornadas rastreando a una manada de lobos o noches enteras esperando a que un oso aparezca en la pantalla de una cámara térmica.

Entre el thriller etológico y la filosofía salvaje, con las botas perdidas de barro, oliendo a sudor y a bosque, Morizot trata de ofrecer respuesta a las preguntas que hoy de verdad nos importan: ¿cómo reconectar con los seres vivos mediante una ecosofía sencilla, resiliente y alegre? ¿Cómo oponer al tecnocapitalismo una reactivación de nuestras propias fuerzas vitales anestesiadas? ¿Cómo sustituir la pulsión de control y domesticación por un ethos del encuentro y la acogida? ¿Cómo comportarse de un modo adecuado con todo aquello que vive y, sin embargo, difiere de nosotros? ¿Cómo construir colectivamente un planteamiento político que aúne la imprescindible convivencia con los otros seres vivos y la lucha sin cuartel contra aquellos que destruyen el tejido de la vida?

«Baptiste Morizot, auténtico filósofo de campo, es sin duda la referencia intelectual del actual pensamiento ecológico. No sólo inventa un nuevo cosmopolitismo, sino que dibuja una nueva y esperanzadora diplomacia de lo salvaje». Nicolas Truong, Le Monde

«Baptiste Morizot lidera una batalla cultural para repensar la convivencia entre el ser humano y el animal, uno de los grandes temas del siglo XXI». Mathieu Vidar, France Inter

«Maneras de estar vivo es un ensayo extraordinario. En él, el filósofo Baptiste Morizot, figura emergente del pensamiento ecológico, da un vuelco a los marcos habituales de interpretación de la crisis de la biodiversidad y nos invita a repensar radicalmente nuestra relación con los seres vivos no humanos que nos rodean». Mathieu Dejean, Les Inrockuptibles

«Maneras de estar vivo nos propone un nuevo humanismo descentrado que se desarrolla mediante una forma rica y original de investigación en la frontera de la literatura, la etología y la filosofía». Alexandre Gefen, Le Nouveau Magazine Littéraire

400 pages, Paperback

First published February 5, 2020

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Baptiste Morizot

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Displaying 1 - 30 of 49 reviews
Profile Image for Jake Goretzki.
752 reviews155 followers
January 20, 2021
Highly original - if often demanding - blend of ec0-philosophy and memoir (he goes tracking wolves in the mountains), arguing for a fundamental rethinking of how we (humans) relate to nature (ways of being alive) in the cause of stopping environmental disaster.

The argument is that we - the post-industrial West - are hostage to the cultural idea of nature as a thing apart that is there to feed us and supply us, when the enlightened reality is that we share so very much in common with other mammals, and need nature to be enduring to feed us and allow us to survive. Morizot argues for an evolution, among other things, of language, to dispense with the notion of nature as barbaric, stupid and wild and for a pursuit of a kind of diplomacy that protects and nurtures relationships between living things - that being the ultimate prize

Along the way,with terrifically good storytelling and metaphor, he illustrates the sophistication of wolves in their communication and social relationships, of how we're ultimately descended from sponges that need saline (remember that whenever you use salt on food - it's why you still need it) and the sometimes inadvertent care for diplomacy seen among shepherds and beekeepers.

What's most refreshing is that this is not a pessimistic, sentimental or anti-human argument - it's bloody clever and asks for an (easier) cultural change over the obvious 'stop the world' sacrifices a lot of ecologists seem to be seeking.

It's a dense, clever book - replete with abstraction - but worth a look. The postscript by the great French SF writer Alain Damasio is also a good recapping and heartening endorsement. An interesting, thought-provoking, smart and superbly French book.
Profile Image for Dori-anne.
104 reviews
June 20, 2021
Very interesting book. Even if I have already made a lot of research and opened my mind about a lot of things concerning the environement, this book was a new door, a new vision of the matter that was mind blowing and very intemligently led by the author. A lot of references, very well well documented and an argumentation based on philosophical conserns, but still very accessible. +++the first part is based on a nature-writing style, which enable the reader to dive into a reflexion that goes further than simple observations.
Profile Image for Camila Ausente.
158 reviews10 followers
April 6, 2022
MARAVILLA.

Cómo construir nuevas relaciones con el lenguaje, los ritos que respondan a una visión más amplia de otras formas de vida. Qué entendemos por esa tramposísima palabra “naturaleza”. Las ambigüedades. Cómo co existir y regresarnos mundo.
Tiene una manera de escribir que parece todo tan sencillo y evidente y sin embargo sí plantea ideas muy potentes.
Me hizo pensar un montón. Pero sobre todo lo disfruté. Libro favorito en lo que va del año.
Profile Image for Maghily.
379 reviews1 follower
November 12, 2022
Ces livres qui te font repenser ta manière d'être au monde... ❤️❤️❤️
Et quand la langue est fine et poétique, c'est encore mieux.

Il faut maintenant que je le digère.

Mon article post digestion : https://www.maghily.be/2022/11/manier...
Profile Image for Antoine Bordas.
83 reviews1 follower
February 21, 2023
Les animaux ne sont pas plus bestiaux que nous, pas plus qu'ils ne sont plus libres. Ils n'incarnent pas une sauvagerie débridée et féroce (c'est un mythe de domesticateur), pas plus qu'une innocence plus pure (c'est son envers réactif). Ils ne sont pas supérieurs à l'humain en authenticité ou inférieurs en élévation : ils incarnent avant tout d'autres manières d'être vivant.
C'est le "autre" qui est essentiel. Il dit toute une logique tranquille de la différence sur fond d'ascendance commune. C'est d'une révolution grammaticale discrète qu'il s'agit. Celle qui voit l'adjonction d'un petit mot fleurir dans toutes ces phrases quotidiennes : "Thu-main et les animaux", "la différence avec l'animal", "ce qu'un animal ne possède pas" Le petit mot, c'est "autre".
"Les différences entre l'humain et les autres ani-maux" ; "ce que cet autre animal ne possède pas"; "ce que l'humain a de commun avec les autres animaux".
Imaginez toutes les phrases possibles et ajoutez-y autre. Un tout petit adjectif, si élégant dans son travail de reconfiguration cartographique du monde: il redessine à lui seul à la fois une logique de diffrene i une commune appartenance. Il retrace des ponts et des frontières ouvertes entre les êtres rencontrés dans le périence. Personne n'aura rien perdu.


Oue se passe-t-il si l'on tente de penser l'évolution comme accumulation sédimentaire d'ascendances ani-nales, parfois végérales, bactériennes aussi, dans chaque popsvivant ? Ce que j'entends par "sédimentation" des ascendances (ou ancestralités) animales n'est pas identique à la sédimentation géologique, où chaque couche or d'autant plus inaccessible qu'elle s est déposée il y a longtemps. Le vivant se sédimente temporellement comme la roche, mais la différence entre lui et elle, c'est que dans le vivant les couches d'ancestralités sont toutes simultanément disponibles à la surface, et se composent ensemble malgré leur ancienneté différente : dans l'acte d'écrire ces lignes, le pouce opposable offert par les primates il y a trois millions d'années s'allie à l'œil-puits, que j'hérite d'un ancêtre du Cambrien (cinq cent quarante millions d'années), et les deux s'allient à l'écriture, technique apparue il y a quelque six mille ans.


À la lumière de ce genre d'idée, une conclusion s'im-pose: nous sommes bien des animaux, mais tout va bien, ce n'est pas grave, ne vous en faites pas. Pas de dignité perdue ni de vecteur d'ascension dérobé dans cette formule. Pas de restitution non plus à une pri-malité plus pure. La question n'est alors plus de savoir si l'humain est un animal comme les autres, mais de quelle manière. De quelle autre manière. Quel type d'animalité est l'humanité?


Le pistage, au sens large d'une sensibilité enquêtrice envers le vivant, est une expérience très nette d'accès aux significations et aux communications des autres formes de vie.
Le pisteur, c'est en fait n'importe quel praticien du monde vivant intéressé aux signes, et cela inclut pêlemêle des promeneurs décentrés d'eux-mêmes, des forestiers qui s'interrogent sur le comportement des arbres, des paysans et des agroécologues qui enquêtent sur les dialogues entre les racines, les campagnols et les rapaces (il y a un lien), des naturalistes qui questionnent chaque forme vivante, des cueilleurs autochtones enquêtant sur les repaires et habitudes des tubercules, des chasseurs amazoniens Runa Puma adeptes d'une pensée sylvestre... Plus largement, est pisteur tout humain qui active en lui un style d'attention enrichi au vivant hors de lui : qui l'estime digne d'enquête, et riche de significations. Qui postule qu'il y a des choses à tra-duire, et qui essaie d'apprendre. Dans ce style d'atten-tion, l'on est tout le temps en train d'engranger des signes, tout le temps en train de faire des liens, en train de noter des éclats d'étrange, et d'imaginer des histoires pour les rendre compréhensibles, pour déduire ensuite les effets visibles de ces histoires invisibles, à chercher désormais sur le terrain. La richesse ensorcelante du paysage vivant, son cosmos étourdissant de significations, sa manière de vous immerger comme une vague de sens (dans ses deux dimensions tissées) emerge alors, comme un cachalot des profondeurs de la mer monotone.


On accède par là à un sens élargi, non amputé, de ce qu'est la sensibilité : le dispositif de captage du réel qui instrumente un humain, c'est le tissage de toutes les puissances des sens et de la pensée, dans le creuset du corps branché au dehors, et pas les unes au détriment des autres, les unes annihilant les autres, la raison nous coupant de la vérité des sens, ou les sens illusionnant la raison. Qu'on puisse jouir des deux sensibilités soustraites l'une à l'autre séparément, c'est un fait, lorsqu'on lit l'équation de la force de gravitation plutôt que de regarder le ciel qui tourne, ou lorsqu'on jouit des étoiles comme des diamants piqués dans un velours noir, indépendamment de leur nature astrophysique.
Mais que l'on soit voué à osciller entre l'une et l'autre exclusivement, c'est une aberration bien moderne. I! existe partout des pratiques de la pensée et des sens qui mobilisent spontanément les deux, et ce sont en elles que réside la clé pour ouvrir des passages vers les territoires vivants qui nous fondent.


Spinoza ouvre ainsi la voie à une autre relation à soi, dont on montrera qu'elle inaugure une sortie de Terreur immémoriale de cette tradition de la morale occidentale, qui consiste à penser l'éthique comme une domestication rationnelle de soi par soi. Il s'agit de réinterpréter librement l'Éthique (pas à la lettre, mais dans l'esprit) comme un manuel pour cohabiter pacifiquement avec les animaux sauvages en soi (ce sont nos affects, tristes et si joyeux).

C'est là que l'intuition de Spinoza concernant la nature humaine prend toute son ampleur. Nous sommes intrinsèquement faits de désit. Le désir n'est pas un manque, c'est une puissance - la puissance par laquelle nous persévérons dans l'existence : "Le désir est l'essence de l'homme [...]17." Conséquemment, mater les passions et désirs, c'est affaiblir la seule force vitale avec laquelle on est susceptible d'avancer dans la vie.
Ce que Spinoza a vu, c'est que nous ne sommes que du désir : c'est l'intensification de la vitalité joyeuse et. sage de ce désir, au détriment de la tristesse mor-
bide, qui fait la verts, er devient de la te la sagose Cette vivification des désirs joyeux exige un autre rap Port aux passions en soi, un rapport que j’appellerais
"diplomatique'".


Au Néolithique, nous avons inventé une forme de vie nouvelle : pendant deux millions d'années auparavant, nous vivions comme les loups de chercher et traquer.
Avec la domestication, vivre n'a plus consisté à cher. cher, mais à garder, à l'instar des chiens de protection qui sont nourris pour garder les brebis. Garder ce qu'on s'était approprié.
Le combat de cette nuit entre les chiens et les loups a cette puissance philosophique, parce qu'il met en scène deux visages de l'humain, le conflit des formes de vie par excellence, celui des chasseurs collecteurs contre les domesticateurs, qui s'est rejoué partout dans l'histoire des peuples humains : au Néolithique contre les derniers peuples nomades, sur la Frontière de l'Ouest entre Indiens Blackfeet et ranchers capitalistes, entre Massaïs et Hadzas en Afrique subsaharienne. Les chiens gardent et les loups cherchent à prendre : deux formes de vie qu'on a traversées, qu'on réactive quotidien-nement, passant de l'une à l'autre. Deux formes de vie qui existent déjà dans le vivant, avec les oiseaux cacheurs de graines et les chasseurs en vol, les fourmis qui explorent et celles qui protègent le champignon qu'elles ont domestiqué. Cette ambiguité, on l'a reçue en partage - entre chien et loup. Et la brebis est aussi là, quelque part, dans notre ménagerie intérieure: nous avons aussi eu des prédateurs. Rien de ce qui est vivant ne m'est étranger.
Chacun porte en lui l'entière vivante condition.


La logique des "points de vue" que j'explore ici per. met ainsi de comprendre la dimension positionnelle et relationnelle du diplomate: il n'est pas un officiel. mais une position dans le champ, un moment d'indi. viduation, un endroit où l'on se retrouve après avoir été bousculé. Cette idée permet de résister à l'idée de professionnaliser la diplomatie des interdépendances, de l'institutionnaliser de manière trop rigide, dans un ministère des Affaires écologiques, de la personnaliser dans un individu ou un expert». Cela produirait des confiscations problématiques, parce que cette diplomatie n'est pas un métier, une mission contractuelle (d'ail-leurs elle n'a pas de mandant officiel), c'est une position mobile, fluente, dans un champ de forces multispéci-fique qui est dynamique. C'est une position qui vous tombe dessus, ou qui vous échoit, que vous soyez un groupe, un individu, un métier, une corporation. Cela peut arriver à n'importe qui. Le seul indicateur fiable est la boussole intérieure de barbouillement moral de se sentir un peu trattre à tous car au service de la rela-tion). Bien sûr, on n'est traftres qu'envers ceux qui ne voient pas leurs interdépendances.


Il écrit par exemple : "En principe, on donne valeur à ce dont on se soucie. Changer l'objet du souci, d'est opérer un renversement des valeurs et c'est changer la direction de l'attention".» C'est pour cela que la philo sophie est pour Hadot "une transformation de la per. ception du monde", "un effort pour nous réapprendre à voir le monde40"
Hadot révèle ici l'ordre des phénomènes : ce n'est pas parce qu'on démontre rationnellement ou déduit logiquement que les vivants ont de la valeur que l'on s'en soucie, c'est parce qu'on s'en soucie qu'on leur confère de la valeur. Le souci est premier, il est la force qui fait bouger les lignes architectoniques de l'attention poli-tique, entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
Le souci a cette ambiguité fondatrice : il est en même temps préoccupation et sollicitude. Il est un signal qui nous révèle que quelque chose compte. Comment faire entrer dans ce souci les vivants invisibilisés ? Comment faire entrer dans le champ de l'attention politique les empathies contradictoires pour ces formes de vie divergentes mais tissées dans un milieu ?


Cette politique du vivant associce a une autre conception du soi peut sembles, à l'oreille d'un moderne, ale a l'encontre du projet politique fondateur de la moder. nité, qui repose sur l'idée d'un collectif humain qui sau. to-extrait du milieu naturel (pensé comme contraintes), pour se donner à soi-même sa loi sans subir les injonctions de la "Nature", après avoir triomphé d'elle. Ilne faut pourtant pas voir dans les interdépendances le spectre d'une normativité extérieure au politique, par laquelle les écosystèmes imposeraient leurs lois aux collectifs démocratiques, Car ce que nous force à penser la crise écologique, ce n'est pas le retour d'une Nature qui dicte leurs lois aux humains, comme dans le mythe moderne dont la démocratie moderne revendique de s'être émancipée. Il s'agit de tout autre chose : c'est l'appel des interdépendances qui indiquent ses limites à la gamme des possibles que le collectif démocratique humain peut explorer. Les limites écologiques ne sont pas des contraintes extérieures au politique humain, mais les lignes de vie intérieures qui dessinent notre condition humaine de lissé : tissé aux autres formes de vie qui composent le milieu, dans un ubuntu des vivants. Si le collectif humain n'est qu’un noeud de relations au milieu qu'il habite, les limites dans l'usage de ce milieu ne sont plus des contraintes externes imposées par une Nature dont il faudrait s'émanciper, mais les lignes mêmes de notre visage. De notre visage réel, non fantasmé : celui d'un vivant insufflé de vie par la communauté biotique qui le porte à bout de bras.

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Profile Image for Bert.
555 reviews61 followers
December 7, 2025
In een cursiefje dat Maud Vanhauwaert voor een Belgische krant schrijft, schreef ze onlangs hoe die krant dat cursiefje een column wilde noemen. Omdat cursiefjes niet meer van deze tijd zijn. Alsof je alle novelles meteen ook als een roman zou moeten bestempelen. Een roman schrijf je niet zoals je een novelle schrijft, en een novelle leest toch anders dan een roman. Morizots teksten zijn te lang voor een wetenschappelijk artikel en te kort voor een filosofisch boek. Als hij schrijft komt hij nooit tot de juiste lengte. Steevast moet hij er de bijl inzetten. In dit boek doet hij dat niet en publiceert hij de teksten zoals ze zijn, in hun volledige omvang. Afgerond en volledig uitgewerkt. Het zijn filosofische novelles. En ze zijn van deze tijd, heel erg van deze tijd. Morizot vraagt om deze novelles na elkaar te lezen, en zelf de verbanden te leggen. Een beetje als spoorzoeken.
234 reviews7 followers
May 5, 2020
Baptiste Morizot est un penseur de notre temps. Son crédo : la nature, sauvage si possible. Passionné d'éthologie, il confronte sa philosophie à une expérience de terrain en observant et en pistant certains animaux dès que l'occasion se présente. Dans ce livre, la part belle est faite au loup dont il essaie, en toute humilité, de comprendre les mystères. Un essai exigent mais une grande réussite !
Profile Image for Meor.
152 reviews25 followers
October 5, 2020
Si nombre d'idées et de réflexions sur le rapport de ses semblables (i.e.sociétés occidentales, urbaines etc) au vivant sont énoncées avec pertinence, et valent clairement cette lecture, beaucoup de digressions et d'approximations voire d'imagination HS appauvrissent l'ensemble à mon goût. On passera sur quelques contresens étranges et on appréciera la passion du vivant et des loups transmise ici par l'auteur.
This entire review has been hidden because of spoilers.
Profile Image for andré ✧*。.
33 reviews4 followers
March 25, 2024
Solo somos seres vivos en la medida en la que nos deslizamos en la vida de los otros en una situación de vulnerabilidad mutua.


Esta compilación de textos se construye a partir de una idea clave. A saber, que la crisis ecológica actual es una crisis de nuestras relaciones con los seres vivos. ¿Cómo establecer un diálogo con los seres vivos cuando sus presencias cargadas de signos y significados son un mero ruido blanco que nos estorba o nos agrada? ¿Cómo negociar con ellos los usos del territorio cuando los hemos reducido a una suerte de decorado, de cantera de recursos materiales y simbólicos?

Morizot señala cómo -en occidente- la trama de la vida perdió su consistencia ontológica propia con la aparición del concepto «Naturaleza». No nos relacionamos con los seres vivos, nos relacionamos con la naturaleza. Y cuando nos relacionamos con un concepto desprovisto de vida, de agencia, entonces, desaparecen las consideraciones: “Lo que el naturalismo (...) creó al inventar la «Naturaleza» no es poca cosa: son las primeras relaciones con el mundo que prescinden de consideraciones” (p. 359). Y sin ellas, desaparecen los límites.

A esa trama de los seres vivos sería un error denominarla Naturaleza (…) a la que hay que proteger, amar o explotar (y no es que haya que prescindir del término; es, más bien, que hacen falta mil palabras reflexivas para liberar, inventar y desviar)” (p. 340).


Esta crisis, teoriza Morizot, se nutre de un empobrecimiento de la sensibilidad, de las formas de atención y de las cualidades de disponibilidad hacia los seres vivos: “una reducción de la gama de afectos, de objetos, de conceptos y de prácticas que nos vinculan a ellos” (p.19).

“No obstante, hay que trazar un camino y actuar —nos dice Morizot—, y la idea es movernos al servicio de la relación entre todos (...): no trabajar en favor de un bando contra el otro, sino al servicio de la relación, por el bien de la relación, porque lo innegable es que hay que convivir ” (p. 282). En esta dirección, Morizot nos propone: “la diplomacia interespecies de las interdependencias” como estrategía y lugar de actuación, el intercesor como rol de referencia, "las empatías múltiples y contradictorias" como brújulas políticas, el rastreo como método relacional y epistemológico, las comunidades de importancia como lugar para la colectivización del deseo, las concepciones de "familiares ajenos" o "ancestralidades disponibles" como nuestros vínculos genéticos y evolutivos con los seres vivos (en vez preguntar quiénes somos, preguntemonos mejor de quién estamos hechos).

“Más que apelar al amor por la Naturaleza o asustar con el Apocalipsis, me parece que una vía más ajustada a los desafíos de nuestra época es multiplicar los planteamientos, las prácticas, los discursos, las obras, los mecanismos, las experiencias que son capaces de hacernos sentir y vivir desde el punto de vista de las interdependencias, Hacernos sentir y vivir como ser vivo entre los seres vivos, insertos en la trama igual que ellos, compartiendo ascendencias y maneras de estar vivo, un destino común y una vulnerabilidad mutua”. (p. 348)


Gracias Baptiste :)
477 reviews36 followers
May 13, 2023
Je l'ai senti dès la préface. Il y a un avant et un après de ce livre. Une autre version de ce que mon système âme-corps-esprit a vécu en lisant "faut il manger les animaux". Un trait d'union entre mythologie et évolution et poésie et science. Le coup de sabre entre nature et culture est venu toucher le tendre de mon corps calleux. Il vient réagencer mon système nerveux et secouer doucement la toile d'araignée dans la pluie. Larmes salées d'océan en lisant cette poésie scientifique. Coeur ouvert en deux sur les genoux il ne me reste qu'un tas de papier pour sentir que vraiment je comprends tellement rien. L'eyeliner de mon chien. L'arbre qui pousse dans la fissure de mon mur. La moucheronne qui s'obstine à se suicider dans ma narine. Mystères et splendeurs de la vie minuscule et immense. Nouvelles cosmogonies. Invitations au respect et à la curiosité. Humilité et patience. Il y a tout ça dans ce bouquin. Lisez-le. Ça change.
Profile Image for Gwenaelle Vandendriessche.
233 reviews3 followers
May 17, 2025
J'ai beaucoup apprécié la lecture de Manières d'être vivant où l'auteur questionne nos relations aux vivants en partant de ses expériences personnelles avec les loups et le monde pastoral. Cette lecture permet de réfléchir à notre vision de ce monde qui se reflète dans notre langage (et je vais faire davantage attention au mien). Pour un livre qui parle de Spinoza, Locke, Kant et Nietzsche, j'ai trouvé ses explications particulièrement compréhensibles (je n'ai jamais bien compris les cours de philosophie à l'école et à l'université).
Profile Image for Romance P..
27 reviews10 followers
March 7, 2021
Il y a environ un an, une enseignante-chercheuse en géographie (dont je tairai le nom) avait réagi à mon envie de travailler à partir des écrits de Morizot avec ces mots : "Morizot, y en a marre, je vous le dit franchement, il est sur-médiatisé et il faut arrêter de l'invoquer sans arrêt comme ça."

365 jours et plusieurs lectures plus tard, je repense à cette enseignante avec une certaine dose de pitié : celle qui survient lorsque l'on fait face à une mentalité obstinée, qui se refuse à l'ouverture et la curiosité intellectuelle par pur principe (et, très certainement, par jalousie).

Baptiste Morizot compte parmi ces auteurs/penseurs qui capturent avec une finesse inouïe les subtilités du vivant comme trame individuelle et collective. Ses écrits sont justes, touchants, poétiques. Sa pratique de la philosophie est une pratique incarnée, fluide, attachée : à l'opposée, donc, de la philosophie telle qu'on la perpétue dans les sphères institutionnelles et universitaires, soit une philosophie hors-sol, absconse.

L'approche philosophique de Baptiste Morizot est fondée sur l'idée de diplomatie entre espèces et de ré-enchantement des sensibilités modernes. Loin d'en rester à un niveau de rhétorique incantatoire, Morizot sait appuyer là où ça fait du bien : c'est-à-dire au niveau de nos élans vibratoires, vibratiles, qui nous ramènent au meilleur de nous-mêmes, c'est-à-dire en tant que vivants pris dans une vaste toile bariolée. Morizot ravive nos affects exploratoires (l'expression est de lui), notre fascination tendre et avide envers la vie animale, notre soif de connaître, de mieux composer, de mieux vivre.

Dans son ouvrage "Manières d'être vivant : Enquêtes sur la vie à travers nous", nous suivons Morizot dans ses aventures lupines, entre montagnes, neige, forêts et troupeaux de brebis. Puis, à partir de ces expériences de terrain, riches, étonnantes, Morizot nous convie à une montée en généralité, pour repenser nos rapports au vivant, hors des coordonnées de la modernité politique classique. Sa pensée est régénérante, vivifiante. Surtout, la grille de lecture qu'il propose est absolument détonnante dans le champ des sciences sociales tel qu'il est aujourd'hui déployé, notamment dans la recherche. C'est en tout cas celle qui me semble être la plus équilibrée, et qui se pose comme clé de voûte d'une méthodologie située à mi-chemin entre la philosophie de terrain, l'éthologie et la géographie.

À titre personnel, le chapitre intitulé "Cohabiter avec ses fauves", sorte d'approche philosophique de nos tensions psychologiques, m'a émue jusqu'aux larmes, tant son propos sonnait juste (surtout pour des personnes qui, comme moi, sont en proie à un fort niveau d'anxiété et de doutes).

Je recommande donc à 200% cette lecture, ainsi que les autres ouvrages de Morizot plus généralement.

Seul petit bémol pour cette lecture : l'usage un peu trop extensif du verbe "tisser", que l'on retrouve presque à chaque page ! ... (même si c'est incontestablement un beau verbe)
Profile Image for Soledade.
58 reviews
December 26, 2024
il y'a plein de loups en moi et je suis dans une relation pleine d'égards avec eux.... c'était très intéressant, c'est chouette de lier des donnés de terrain mises en narration à des travaux ethnographiques, des réflexions philosophiques et ça fait une belle introduction pour s'intéresser au rapport aux vivants !
81 reviews
September 2, 2021
Une belle et éloquente réflexion sur notre relation au vivant, en passant par la traque du loup en montagne, une recherche à la caméra nocturne et un retour fascinant sur le phénomène de l'évolution. Un livre qui a métamorphosé ma relation au monde vivant et qui m'a donné les outils pour l'enrichir.
53 reviews1 follower
January 22, 2022
Au vue des (excellentes) notes, j'ai vraiment du passer à côté de ce livre. Mon ressenti est que c'est un livre "à la sylvain tesson" qui vous explique comment la nature c'est magnifique et que les humains c'est des méchants, avec un peu moins de description de paysage et un peu plus de blabla pseudo-philosophique. j'ai vraiment eu une réaction très négative face à ce livre, qui en plus est assez difficile à lire. Mais ce n'est que mon avis.
Profile Image for StephenWoolf.
731 reviews22 followers
July 11, 2020
Il serait resté deux étoiles jusqu'à l'essai sur Spinoza et sa théorie des passions.
Il y a des idées intéressantes (la navigation à l'aveugle : surtout se tenir éloigné du phare, des côtes et ne pas s'approcher de ces repères, synonymes de danger ; son éthique de l'égard du à notre environnement plutôt que le dualisme sacralisation/exploitation de la nature, qui est propre à la culture occidentale).
Mais le style, sans être lourd, était touffu (plutôt que dense). Et à part en poésie, la répétition m'agace.
J'ai apprécié aussi l'essai sur CANOVIS, ce terrain de recherche qui donne lieu à une circulation de mises en empathie contradictoires (avec les loups, les brebis, les chiens, les bergers...).
Profile Image for Ludo.
51 reviews4 followers
November 23, 2023
(Notes personnelles et avis au fil de la lecture !)
Ça commence mal avec les oiseaux (référence au Masque et la plume de mi-août écouté dimanche, avec des livres qui parlent d’oiseaux).
Très naturaliste (trop pour moi).
P.38, il tient Sartre et Camus pour partie alliés de la crise écologique par leur vision de l’humanisme qui met l’humain au centre et les considère comme seuls sujets. Je me sens visés par cette attaque.
Le « vivant », terme que je n’aime pas. Mon sujet, c’est les humains. Parce qu’il y a déjà beaucoup à faire. La protection du « vivant » n’est pas un objectif en soi pour moi mais une condition et un effet collatéral (le bien vivre des humains sans que ça ne soit au détriment de la faune/flore, pas l’inverse… et ça marche bien souvent de paire compte tenu des liens évidents de tout avec tout dans les écosystèmes).
D’ailleurs, pourquoi le « non-vivant » ne mériterait pas aussi le respect (une montagne, des fonds marins, un paysage, etc.). Ils sont aussi le « cadre » de vie et d’épanouissement des humains (et plus généralement du « vivant »).
Belle écriture !
Pas un livre de philosophe. Un livre de naturaliste avec des réminiscences très ponctuelles de philosophe.
Il a beau s’en défendre, il a quand même une lecture anthropomorphique du loup, au fil des pages. Je n’aime pas ces lectures du « vivant » parce qu’elles omettent tout ce qu’on n’arrive pas à imaginer. C’est pareil pour moi avec la vie extra-terrestre (toujours une vision anthropomorphique avec des engins volants par exemple, qui n’a aucun sens, voire même la nécessité d’eau pour le développement de la vie).
On essaie souvent de « traduire » le langage mais aussi les comportements (même de la flore)… pourquoi y aurait-il toujours une traduction ?

Tiers du livre, pour l’instant, je n’y « lis » pas grand chose de plus que ce qui y est écrit…
« Les espèces exploratrices sont rarement sociables » (p. 116) 😉

Critique d’une forme d’animisme intéressante (tiens, il faut qu’on retombe sur les humains pour que ça m’intéresse). Une forme qu’enquête vs l’innée d’une communication/sensibilité naturelle au vivant. (Analogie avec de « bons » mediums qui n’en sont pas).

Partie 2 plus intéressante même si je reste sceptique sur l’analyse de notre besoin en sel comme reste de notre passé préhistorique. Mais globalement la lecture de l’évolution (yc future) est encore très anthropomorphique, même si là encore il s’en défend !
Découverte intéressante de Gould et Conway Morris.
Marrant de constater qu’on retombe dans ce chapitre sur des thèmes que m’inspirait la première partie avec l’évolution (et donc la vie extraterrestre), la « communication » des arbres, etc.
Vision de la résilience des écosystèmes que je partage (jusqu’à l’éclosion de nouvelles formes de vie pas moins intéressantes que l’humanité).
Deuxième partie non naturaliste mais toujours pas réellement philosophique (ce qui n’est pas une critique).

Quel fil conducteur ? Pourquoi ces parties sans lien évident sont juxtaposées dans ce livre ?

La philosophie débarque complètement dans la 3e partie. Beaucoup plus compliqué et long à lire. Peut-être est ce ici que je dois « lire » quelque chose. Pour l’instant (p. 196), rien.
Trop intelligent pour moi. Je lis, je comprends, j’oublie, je relis, j’oublie. Je n’arrive pas (encore ?) à m’approprier le texte et son message hormis des bribes…
En une seule phrase (p. 197), il invoque Spinoza, les stoïciens et Descartes. C’est la philosophie que je ne comprends pas, qui invoque en permanence la pensée de grands philosophes sans que je ne sache ce que l’auteur pense lui-même, sans que je ne sois projeté dans le concept à penser par moi-même…
La mesopolitique de Ferhat Taylan… interessant a creuser !
« La raison doit donc être un désir » p.204. Très intéressant et je n’y avais jamais pensé comme ça !
Décidément… quels liens entre les parties ? Hormis quelques excuses animales (loup, domestication, etc.), je ne vois pas de lien entre cette partie et les précédentes !

4e partie avec retour aux loups. Continuité avec la partie 1 avec des résurgences, notamment sur l’empathie (p. 234).
Pourquoi y a-t-il des notions qui m’ont été inspirées des pages précédentes sans qu’il n’y ait de lien évident et direct ? Ça n’en fait toujours pas un fil conducteur mais ça m’interroge sur la contingence ou le lien invisible entre les textes…
Principe de la navigation négative intéressant (avec ses limites : seulement quand on est complètement perdu… doit rester ponctuel !)
2eme moitié de la partie comme tentative d’expliquer le fil introuvable. Évocation de la notion de diplomatie pour expliquer les liens. J’essaie d’y trouver quelque chose sur la diplomatie au sens large, aux relations humaines. En vain pour l’instant.
Affirmation de l’importance de la relation, de l’interdépendance et de l’intercesseur intéressante.
Et elle fait écho à « l’handicapé de la relation sociale » que je dis être (ou avoir été) - et non asocial -, et qui pourtant joue largement ce rôle d’intercesseur (pas si handicapé donc).
Fin de la partie plus politique et plus que jamais une tentative de lien entre l’ensemble des textes… moyennement convaincante.

Épilogue intéressant mais que je ne partage que partiellement. Même s’il s’en défend (avec l’exemple des antispecistes), il essentialise le monde moderne comme aveugle et figé dans un refus de reconnaître les interactions et l’importance du « vivant »…
10 reviews
January 10, 2025
La question de l’empathie envers les animaux est un sujet qui m’a toujours intrigué. Je me suis souvent posé la question de quelle place devrait-on prendre envers ces êtres vivants qu’ils soient domestiques ou non et est-il raisonnable d’exprimer de l’empathie et même de l’amour comme on en exprimerait pour nos proches. N’ayant jamais eu d’animaux de compagnie, je n’ai pu voir cette relation avec les animaux que d’un œil lointain. Avant de lire ce livre, mon sentiment était que nous nous trompions sur nos relations avec eux. Je pensais que nous cherchions à humaniser les moindres de leurs faits et gestes afin de les rendre plus sympathique et de développer notre empathie. J’étais et je suis encore mal à l’aise avec cette idée-là. C’est pourquoi j’ai apprécié ce livre. Il rend justice à la beauté, la complexité et l’intelligence du vivant sans tomber dans l’écueil de les humaniser et de comparer leur intelligence et leur fonctionnement au notre.

Le livre débute par le récit d’un groupe de pisteurs, dont l’auteur fait partie, dans le Vercors, chaîne montagneuse à côté de Grenoble. Ils suivent les traces de loups afin d’en apprendre plus sur eux.
Ils décryptent leur comportement et essayent de le traduire tout en sachant très bien que ce sont des « intraduisibles ». Intraduisibles car pouvant avoir une infinité d’explication et de justification. J’ai été très marqué par le passage du récit se consacrant sur le cri du loup. Je parlais plus tôt de l’intelligence différente mais riche des animaux qui est mis en valeur. Le hurlement du loup en est un parfait exemple. Dans un unique hurlement, des dizaines de phrases sont communiquées. Le chant du loup parle et est interprété différemment par celui qui le reçoit. Il dit simultanément : « Je suis là, venez, ne venez pas, trouvez-moi, fuyez, répondez-moi, je suis votre frère, l’amante, un étranger, je suis la mort, j’ai peur, je suis perdu, où êtes-vous ? ». Ce qui est intéressant avec la traduction des comportements c’est qu’elle implique une interprétation limitée. A la manière de l’urbanisme, l’évolution crée des strates chez les êtres vivants. Suites aux différentes évolutions, des particularités physiques ou comportementales font surface afin de répondre à un besoin à une période de l’espèce. Cette particularité continue à évoluer avec l’espèce. Cela implique que nos interprétations du monde vivant doivent prendre en compte cette notion de palimpseste, apportant une dimension plus complexe à leurs comportements.

Un autre point très intéressant traité dans ce livre est la question de notre vision de la gestion des désirs. Dans la pensée occidentale, héritée notamment de Descartes, les désirs sont comme un flot chaotique matérialisé par une bête en rage. La raison, en opposition à nos désirs, est la capacité à les contrôler à la manière d’un cocher qui dirige ses chevaux enragés. On a donc intégré l’animal comme un être dénué de raison, totalement esclave de ses désirs primaires, un état dont nous devrions nous éloigner par tous les moyens pour nous élever. Spinoza est en désaccord avec cette vision dualiste et préfère voir l’idée qu’il n’y a que des désirs. Il n’y a pas de désirs à esquiver car tout ce que nous faisons est motivé par ces derniers, la recherche de vérité, la bienveillance, le mensonge, etc… Finalement, on se rend compte que la différence entre ses désirs réside dans l’importance qu’on leur donne. L’auteur cite un mythe cherokee qui explique notre inconscient en le matérialisant par deux loups, un noir qui est orgueilleux, peureux et nerveux et un loup blanc, fier, bienveillant et généreux. La morale de cette fable est que nous avons le choix de nourrir soit le loup noir soit le blanc, c’est ce choix qui détermine la valeur de nos actions. Ce mythe vient casser l’image de l’inconscient similaire à un animal en rage. L’auteur introduit alors la nécessité d’une diplomatie, avec nous et les êtres vivants. Il définit le rôle du diplomate inter-espèce comme un traducteur, n’appartenant à aucun camp, au service de la relation.

Ce dernier point est surement le plus essentiel si l’on met se livre en perspective avec notre rôle d’urbaniste. L’auteur nous explique en introduction que nous faisons face à une crise de la sensibilité. L’urbaniste doit prendre le rôle du diplomate entre les usagers des sols qu’il aménage. Cela implique d’intégrer toutes les ramifications du vivant, du plus petit organisme au sympathique labrador. Nous l’avons vu lorsque nous avons rencontré l’écologue lors de la journée pédagogique sur la biodiversité, notre rôle n’est pas d’être des spécialistes du monde du vivant, mais de développer notre sensibilité afin de les réintégrer dans nos milieux de vie. L’objectif n’est pas de nous enlever des terres, créer des obstacles mais de composer avec tous les besoins des acteurs et trouver une forme de symbiose (phénomène déjà présent à l’état naturel qui compose nos vies et qui profite à tous, l’exemple de notre microbiote intestinal). Ne plus considérer le vivant comme une ressource que l’on peut extraire sans considération paraît inévitable. Il faut voir cette intégration comme un changement de trajectoire heureux, en finir avec l’image de la frugalité synonyme de privation.
Profile Image for Louise.
434 reviews47 followers
July 17, 2025
"Nous sommes des animaux", plutôt une affirmation anodine mais que je me répète souvent, lorsque je trouve que nous faisons preuve de condescendance, sur notre piédestal d'animaux (beurk) le plus intelligent de cette planète. Et souvent cette affirmation peut aiguiller un bon nombre de réflexions tant on l'oublie souvent pour expliquer nos comportements, mais aussi pour redescendre d'un cran dans la mégalomanie générale.


Manières d'être vivant parle de ça, et c'est pour cette première raison que j'ai eu envie de le lire. Mais au final, il a déployé tellement plus que cette première assertion un peu banale, tellement de matières à penser pour enchanter le monde et ma présence au monde. J'en ressors avec des pages et des pages de citations consignées, et un regard rafraichi sur l'existence et ses modalités.


Comment la compréhension du vivant, incluant ma propre animalité, transforme-t-elle mon rapport au monde ? Quels sont les fils d'interdépendance, d'empathie, les parallélismes que je peux tirer de ces différentes façon d'être vivant ? Comment notre déconnexion du tissu du vivant, notre perte de gratitude, notre lecture biaisée de la théorie de l'évolution nous a conduit à un rapport mortifère envers le vivant (je n'utilise pas nature puisque nous en faisons partie).


Baptiste Morizot est un philosophe ancré au réel, qui pratique le pistage (ici des loups) et interroge le rapport de l'homme avec les autres vivants à partir de ses observations situées. Pour moi, ça fait toute l'originalité et la richesse de cette lecture : on alterne récits de pistage de loups (passionnants), réflexions "cahiers de bord" d'un homme qui poétise sa recherche, les rencontres, les mystères qu'elles déploient, mais aussi assise philosophique solide qui rend la lecture dense et pas seulement poétique. C'est très souvent d'une poésie lumineuse, parfois exigent dans les références et l'approche philosophique, mais qu'est ce que ça en vaut le coup.


J'ai beaucoup aimé sa critique des fondements de la modernité occidentale, notamment notre rapport dual Nature/Culture qui nous empêche de nous penser en interdépendance avec tout le tissu vivant. Et j'ai d'autant plus apprécié qu'il ne s'égare pas dans une nouvelle mystique, une vision romantique de la vie "sauvage", une essentialisation des autres sociétés animales. Il montre admirablement comment la pensée de l'interdépendance au sein du vivant n'est pas un nouvel ésotérisme ou une forme de sensiblerie, mais se fonde sur la lecture et l'analyse des dynamiques de tissages écologiques (au sens d'interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu).


Bien sur c'est de la philo, bien sur ça peut sembler parfois un peu aride et peu suivi d'effets, mais c'est la première brique d'un projet de société. Il y a du boulot...
Profile Image for Agnes Fontana.
336 reviews18 followers
June 5, 2023
Un ouvrage dense et fascinant, dont l'originalité réside dans le fait qu'il comprend de longues parties dédiées à l'observation des loups, mais celles-ci donnent chair et illustration à ce propos général sur la crise de notre relation au vivant. La crise écologique actuelle est une crise de l'attention au vivant, avec lequel nous négligeons notre interdépendance (la pensée moderne est celle de l'émancipation), une crise de la sensibilité à laquelle il faut remédier par une politique de l'attention ; nous sommes reliés aux animaux par l'évolution, nous partageons avec eux des traits archaïques dont nous faisons encore usage et il faut respecter en eux leur potentiel d'évolution future ; à l'occasion de la crise écologique, nous devons aussi revoir notre relation à nos désirs que, comme les animaux, nous avons voulu dominer et soumettre alors qu'il faut créer avec eux une nouvelle écologie, nourrir ce qui est vertueux et se détourner du reste, plutôt que l'éliminer ; enfin, nous devons devenir diplomates de la relation, c'est à dire endosser les intérêts de la relation pour elle-même et des interdépendances, plutôt que de nous arc-bouter sur la défense stérile des intérêts de notre camps ; et rechercher des égards ajustés (qui ne veulent pas dire absence totale d'utilisation) avec les autres composantes du vivant qui nous entoure. C'est clair tout en étant exigeant, illustré, original sans être irrationnel, et tout en s'ancrant bien dans le ciel des principes, riche de belles ramifications pratiques.
Profile Image for Basel .
350 reviews5 followers
November 17, 2020
Even though many human societies consider themselves as the most important and most advanced of all species, a squirrel, for instance, would consider them insane for tearing down trees. As much as we humans see ourselves as masters of the Earth, if we anhiliated ourselves with a nuclear holocaust, the Earth will be fine after and will most likely flourish not us. So our manner of "living" might not be the most ultimate one... In the French philosopher Baptiste Morizot's book "Manners of Being Alive", the human notion of living, especially the "Western " one is put into perspective with several other ways of living. This "other" can be another radically different culture, or even another none human animal. The main idea here is by taking into consideration these other manners of living, to act with them diplomatically as Morizot would say, we won't just understand better the world around us and better handle the different ecological and environmental crises, but also we would end up redefining how we understand ourselves. There are others on this Earth, and from these others, we can learn a lot.

This is an enjoyable book that covers several grounds such as philosophy, ethnology, biology, archeology, anthropology, and linguistics. Yet it remains very accessible to everyone. I really enjoyed reading it and gave me a lot of food for thought.
Profile Image for Simon Parent.
244 reviews3 followers
June 23, 2025
Un bijou. J'ai souvent référencé ce livre à des amis suite à sa lecture, sa prose poétique soutenue par son dévoilement d'un monde vivant trop souvent ignoré. Les multiples connexions entre humains et autres vivants deviennent évidentes, les frontières se dessinent et se mélangent, jusque dans la mitochondrie de nos cellules, notre ADN emprunté et recollé dans une danse symbiotique avec tout ce qui vis, depuis les premières cellules. Nous sommes un livre ouvert racontant le temps long de l'évolution, notre pouce apparaissant dans des primates il y a 70 millions d'années, nos yeux venant de sortes de vers il y a 540 millions d'années, nos poumons évoluant à partir des branchies d'un poissob il y a 365 millions d'années... chaque caractéristiques partagées avec tant d'autres vivants nous rappelant dans notre chair notre lien de sang, notre ancestralité commune.

C'est un livre qui pousse à devenir embassadeur du vivant, un négociant, se servant de la science, de l'observation, pour mieux comprendre les enjeux, et trouver des compromis. Notre existence vient avec des impacts, mais nous pouvons souvent les choisir, et c'est à nous de trouver le chemin entre des univers trop souvent présentés comme étant irréconciliables.
Profile Image for Saru.
194 reviews4 followers
August 15, 2025
Como bien indica Alain Damasio en el posfacio, la crisis ecológica actual es una crisis de relaciones con los seres vivos, no solo con los humanos, sino con cualquier animal que puebla el planeta. Una crisis de empatía y de sensibilidad que nos ha derivado en un antropocentrismo brutal que está esquilmando el planeta y agotando todos sus recursos, paradójicamente, el antropocentrismo lleva al ser humano a su propia ruina. Lo que básicamente expone Morizot es que tenemos que reconsiderar nuestra relación con los animales y el medio ambiente desde una perspectiva más amigable, poniendo el foco en las abejas (polinizadoras, básicas en la reproducción de las plantas) y en los lobos. El libro está dividido en varios ensayos, independientes pero que comparten la misma base. Gracias a ellos me he replanteado el tema del lobo en los ecosistemas, haciéndome ver que hay un "middle ground" entre siempre a favor del lobo y siempre a favor del ganadero, más que siempre a favor del ganadero es un no pensar que siempre tiene la culpa el ganadero. Ha sido una lectura muy interesante.
Profile Image for Myriam.
27 reviews4 followers
Read
January 20, 2022
Difficile de noter ce livre.
Pour la juriste que je suis, l’idée de ne plus séparer l’humain avec la nature serait une idée destructrice ; c’est par les séparations que le droit protège. Or dans le domaine écologique, le constat est simple : l’humanité est responsable de la destruction de la nature. Juridiquement, on doit pouvoir séparer l’humain et la nature, même si des notions sont des fictions juridiques, pour espérer protéger.

Le livre est tout de même très beau et j’ai pris énormément de plaisir à lire la première partie. Dans cette période de partiels, j’avais besoin de renouer quelque peu avec la nature.

Je ne laisse donc aucune note mais j’invite tout le monde à le lire.
Profile Image for Miguel de Plante.
211 reviews11 followers
September 18, 2023
4.5/5

Vraiment bien vulgarisé, pertinent, clair et étoffé. Le philosophe connaît son sujet et l'aborde par plusieurs branches, autant la fiction (qui est à mon avis son style le plus abouti) que la rationalisation scientifique et l'essai spéculatif.

J'étais déjà en accord avec toute sa pensée, mais il est bon de voir cet état d'esprit face aux changements climatiques si bien exprimés, sans trop de défaitisme, et également de proposer des solutions viables à ces enjeux d'importance.

Définitivement un nom à suivre!
Profile Image for Violette.
38 reviews1 follower
March 6, 2022
Un super livre qui m'a permis de comprendre plein de trucs sur notre relation avec les autres animaux !! En plus c'était très agréable à lire, plutôt comme un roman à des moments que comme un essai. Je le recommande plutôt à ceux qui sont déjà intéressés par la cause animale ou alors qui sont curieux et qui se sentent prêt à changer un peu de point de vue ! :)
Profile Image for Céleste.
33 reviews2 followers
January 27, 2023
Livre brillant, émouvant et humble
« La Voie dans certaines traditions est le concept d’une ascension sans Idéal constitué, celle d’un perfectionnement sans modèle de perfection a priori. L’étage un peu plus parfait de l’humain est à inventer, il sera pluriel et il ressemblera à une chimère : un visage composé d’animalités »
Profile Image for Mazen Alloujami.
736 reviews16 followers
July 29, 2023
C'est une réflexion intéressante sur les relations de la société humaine moderne avec l'environnement. Les chapitres les plus intéressants sont l'introduction et l'épilogue, pas parce que les histoires racontées ne sont pas intéressantes, mais parce qu'elles sont des expériences vécues, ce qui les rend difficiles à communiquer.
Profile Image for Camille Bénard.
82 reviews
October 21, 2023
"Enigme parmi les énigmes, la manière humaine d'être vivant ne prend sens que si elle est tissée aux milliers d'autres manières d'autres manières d'être vivant que les animaux, végétaux, bactéries, écosystèmes, revendiquent autour de nous".

Ce livre m'a fait me sentir "élargie, élévée et approfondie" comme le décrit Damasio, mais aussi apaisée, calmée et connectée.
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