13 février 1981. Un soir de permission, Gilles, un jeune appelé, disparaît mystérieusement au bord d'une nationale morne et glacée des Argonnes. Du côté des autorités, personne ne prend cette disparition au sérieux. Ni la police qui refuse de lancer une enquête. Ni l'armée qui le déclare déserteur, un de plus parmi les six mille qu'on dénombre chaque année. Jocelyne refuse d'y croire. Elle connaît son fils. Jamais il ne fuguerait à trois mois de la quille, alors que sa fiancée adorée attend un enfant de lui. À mesure que les jours défilent et qu'on commence à craindre le pire, vient s'ajouter à la détresse de cette famille l'humiliation de se sentir inaudible et désavouée par les institutions. Les laisserait-on tomber si c'était le fils d'un ministre et non d'un ouvrier ? Quelques mois plus tard, un autre jeune homme manque à l'appel... S'inspirant d'une affaire non résolue qui défraya la chronique, Julie Peyr signe avec Les Disparus des Argonnes une subtile fresque sociale et un grand roman d'atmosphère.
Les disparus des argonnes, de Julie Peyr, est un roman basé sur un fait divers : Les disparus de Mourmelon, observé à travers le regard des femmes liées à l'affaire. Dans les années 80, plusieurs jeunes hommes, au soir d'une permission de leur service militaire, disparaissent. Entre 8 et 17 hommes victimes pourraient être le fait du même coupable. La mère du premier disparu, Jocelyne, ouvre le roman. Le fils ne revient pas, évidemment on sait qu'il ne reviendra pas . Pourtant, personne sauf le cocon familial n'écoute cette femme. On la regarde même un peu de haut, peut-être en fait-elle trop, après tout les déserteurs, ça existe. Le lecteur est ferré en quelques pages, impossible de ne pas vouloir savoir, avec elle . On entend presque son souffle court, on est à son bras dans les couloirs de la caserne, dans les petits bureaux des gendarmes, lors de l'enregistrement intimidant d'une émission de télévision, dans la solitude de son foyer brutalement tronqué. Tout son quotidien se désagrège sur ces fondations fragilisées, mais elle se bat. À travers elle, on va rencontrer une autre mère, mais aussi la soeur du suspect, tiraillée et incrédule, personnage aussi très réussi. Ces disparus, c'est une histoire sombre, frustrante, en cul-de-sac. Un homme qui fait disparaitre des jeunes hommes, c'est assez rare, c'est vrai . Souvent les victimes sont des femmes ou des enfants, personne n'a l'air d'imaginer qu'un homme en pleine forme puisse être en danger, à quelque moment que ce soit, et ce biais va nuire à l'enquête. Et puis dans les années 80, en France, sans Netflix, sans faites entrer l'accusé, les Serial Killers ne sont pas vraiment dans les esprits, c'est une époque où on ne se retrouve pas sur internet pour pointer des points communs entre plusieurs disparitions, une époque où on ne peut pas facilement raconter qu'on a été mal reçu par la gendarmerie. C'est l'histoire de la solitude de ces femmes dans leurs convictions, des errements et des erreurs d'une enquête mal menée, jusqu'au procès qui les réunit, façon true crime. Enfin, Julie Peyr nous offre ce que l'affaire n'a jamais pu donner : une résolution, une forme de répit, qui laisse fébrile et ému.e
Julie Peyr s'inspire des disparitions mystérieuses de jeunes militaires dans les années 80 dans les Argonnes. Elle dépeint une France rurale en proie à des problèmes familiaux et institutionnels, à travers les yeux de Jocelyne et Dominique. Bien que certaines parties soient confuses, l'auteure parvient à nous immerger dans l'angoisse et l'amour des protagonistes.
Je ne connais pas les faits réels qui ont inspiré ce livre, mais je trouve que l'autrice a réussi à nous faire vivre les angoisses des familles quand quelqu'un d'eux est porté disparu et les autorités ne réagit pas aux demandes/explications fournies. En lisant, on peut deviner les problèmes de ces familles, mais aussi celles des familles qui ont dans leur composition un condamné.