« Un historien talentueux, double´ d’un e´crivain qui bouscule l’acade´misme. » Libération Ivan Jablonka explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980. De sa famille au service militaire en passant par l’école, il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent poignante, parfois drôle – toujours passionnante – où beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « autobiographie de genre » dévoile une intimité à la fois individuelle, sociale et politique : l’histoire d’une génération. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le sien, restituant le vif et l’éclat de l’enfance dans ses enthousiasmes, ses émois et ses peines. Ivan Jablonka a publié de nombreux ouvrages dans « La Librairie du xxie siècle » aux Éditions du Seuil, parmi lesquels Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (prix du Sénat du livre d’histoire 2012), Laëtitia ou la fin des hommes (prix Médicis 2016) et En camping-car (prix France Télévisions 2018). Ses livres sont traduits dans une quinzaine de langues.
En quelques jours, j'ai lu trois livres publiés à l'occasion de la rentrée littéraire d'hiver 2021. J'ai apprécié le troisième, Un garçon comme vous et moi d'Ivan Jablonka, comme j'avais aimé les deux premiers, Le dernier enfant de Philippe Besson et La familia grande de Camille Kouchner.
Le projet littéraire d'Ivan Jablonka pour ce livre est intéressant : écrire son autobiographie d'enfance, c'est-à-dire le récit autobiographique d'une éducation de garçon à la fin du XXe siècle, et répondre à cette question : comment un petit garçon né au début des années 1970 est devenu un homme, à sa façon ?
Ce qui frappe d'abord, c'est le style un peu étrange, comme un récit écrit avec un regard d'historien et de sociologue. Ivan Jablonka entremêle ses souvenirs d'enfance avec des considérations historiques ou sociologiques. C'est très souvent intéressant, mais il faut un petit temps d'adaptation dans les premiers chapitres pour comprendre ce que cherche à faire l'auteur.
On se laisse ensuite emporter par ce récit à la fois personnel et universel, ou en tout cas générationnel. Car à travers son enfance, l'auteur dresse le portrait d'une génération, la sienne, pas si éloignée de la mienne puisque nous avons que six années d'écart.
Mais le livre ne s'arrête pas à raconter une génération, celle des enfants nés au début des années 1970, elle s'applique à décrire l'éducation des garçons de cette génération, dans ses multiples dimensions : familiale, éducative, culturelle, physique, sportive, sentimentale, sexuelle, etc.
L'auteur décrit sa propre expérience, celle d'une masculanité incomplète, inachevée, en tout cas par rapport à celle érigée comme modèle pour sa génération. C'est une expérience à la fois unique, par son contexte familial notamment, et universelle, au regard des modèles sociaux et de la culture populaire dans lesquels cette génération a été imprégnée.
J'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois touchant par son récit personnel et la nostalgie qui s'en dégage, et passionnant pour les leçons que l'auteur cherche à en tirer, avec son regard de spécialiste en sciences humaines.
Bon, déjà je commence par cette critique avec du positif - avant de m'attaquer au reste.
J'avais de grosses appréhensions concernant ce roman, j'avais peur que ce soit une litanie longue comme le bras sur "comment c'est trop dur d'être un homme ouin ouin", et en fait pas du tout.
Au contraire l'auteur montre une grande sensibilité, critique franchement les modèles de virilité/masculinité en vigueur en utilisant son propre cas.
Alors pourquoi une note aussi basse me direz-vous ? Tout simplement parce que je trouve que cela reste trop superficiel. Pour lire des théoricien.ne.s féministes, ou des écrivain.e.s ou activistes, ça ne va pas très loin. On reste dans des lieux communs pas très réfléchis.
Mais bon, on peut déjà se réjouir qu'un homme cis ait de tels propos. Par contre, un peu gênant que sa parole soit visible, amplifiée et légitimée parce qu'il est homme justement (imaginez une femme qui parle des masculinités comme ça... oui oui ça ne se passe pas aussi bien malheureusement).
Travaillant en historien puisque c'est sa formation, Ivan Jablonka, né en 1973 de parents juifs communistes à la Maison des Métallos (la mythique clinique des Bluets), explore sa "garçonnité" et sa construction sociale dans son milieu de classe moyenne à Paris, père ingénieur et mère professeure de littérature, dans les années 70 /80 /90, en allant à la rencontre et en faisant témoigner ses ex camarades de classe, de jeux et ses amours enfantines. Il produit même des documents et des tableaux synoptiques ! C'est émouvant, bien qu'il faille aimer l'exercice 'exégèse de soi-même'. L'auteur en profite pour comparer la construction du genre chez les garçons et chez les filles en utilisant la pop culture qui a nourri les années 80 / 90 (livres pour enfants, émissions de télé, jeux, chansons de variétés, accès à l'érotisme et à la pornographie...), pour se trouver finalement assez peu viril lui-même. On reconnaît bien la patte de l'auteur, pour celles et ceux qui, comme moi, ont aimé Laetitia ou la fin des hommes.
Dans son nouvel essai « Un garçon comme vous et moi », Ivan Jablonka continue d’explorer la masculinité en inventant un objet d’étude, le récit de soi.
En effet, en racontant sa génération, celle des années 70/80, Ivan Jablonka analyse ce qui a fait genre dans son éducation, dans sa culture et dans ses choix de l’enfance à l’âge adulte.
Ainsi, c’est une étude d’une génération toute proche. En passant par Recré A2 et Goldorak et les jeux électroniques, l’auteur raconte les faits sociaux et culturels à partir du cahier de vie confectionné par ses parents. Et se prenant comme objet d’étude, il interviewe ses anciens enseignants, amis et petites amies sur la question de son masculin.
Un récit d'enfance touchant, mais le rapport au genre est à peine effleuré, et de façon plutôt autoindulgente, je crois (il ne questionne que – rapidement – son rapport aux injonctions de la masculinité hégémonique, mais pas la raison pour laquelle il consacre ses amitiés quasiment exclusivement aux hommes, par exemple. Il se définit lui-même dans les derniers chapitres de conclusion comme "impitoyable envers l'indifférence" juste après avoir relaté un événement où il assiste sans réagir au sexisme le plus éhonté lors d'une réunion de doctorants à la fac...)