Celle qui raconte cette histoire, c’est sa fille, Constance. Le père, c’est Jacques, jeune professeur d’italien passionné, qui aime l’opéra, la littérature et les antiquaires. Ce qu’il trouve en fuyant Nice en 1968 pour se mêler à l’effervescence parisienne, c’est la force d’être enfin lui-même, de se laisser aller à son désir pour les hommes. Il est parmi les premiers à mourir du sida au début des années 1990, elle est l’une des premières enfants à vivre en partie avec un couple d’hommes. Over the Rainbow est le roman d’un amour lointain mais toujours fiévreux, l’amour d’une fille grandie qui saisit de quel bois elle est faite : du bois de la liberté, celle d’être soi contre vents et marées.
Quelque part, au pied du fameux arc-en-ciel … Celui qui lie les vivants aux absents. Cet arc-en-ciel au bout duquel une fille guette son père. Cet arc-en-ciel, symbole des amours différentes…
Le titre me parlait déjà, j’ai plongé tête la première dans le nouveau roman de Constance Joly et mon cœur en a vu de toutes les couleurs, de toutes les douleurs.
Ce livre est un frisson. Ininterrompu. De la première à la dernière phrase. Un cri chuchoté. Intime et universel à la fois. Bouleversant d’émotion. Ce livre est une lettre, celle d’une enfant à son père :
« J’écris pour ne pas tourner la page. J’écris pour inverser le cours du temps. J’écris pour ne pas te perdre pour toujours. J’écris pour rester ton enfant. »
Gorge serrée, ventre noué, j’ai refermé ce livre que je vous conseille fort, très fort.
Quelque chose se passe à l’intérieur. Lorsque ton corps vibre, tremble, vacille au détour de chaque phrase. Un livre qui semble naître des tripes, celles qui n’expliquent rien mais ressentent, sans détour, la force des choses, la beauté des êtres.
Ce livre est une folie. Douce, amère, amoureuse. Ce livre est une absence, un grand amour, une larme qui coule sans bruit. Ce livre raconte la pudeur, celle qui s’effleure du bout du doigt entre un père et sa fille. Une fille à papa, une fille de pédé, puis fille sans papa.
Constance Joly, dans un élan poétique, raconte ce père qui préférait les garçons. Et qui un jour a décidé d’être lui-même. Elle raconte ce SIDA, et l’horreur de notre société face à cet ouragan de mort.
Un livre viscéral. C’est mon ventre qui écrit ces quelques phrases car je me suis fait renverser par la beauté de ce roman. Je me suis laissé bouleversé par sa beauté, sa vérité, son courage, aussi.
C’est un livre qui envoie les ombres valser en pleine lumière. Qui raconte un garçon pas comme les autres, pris dans le mensonge, qui se rend à lui-même. Qui raconte une enfant, puis une femme, pleine de cet amour là. Pour ce papa, parti trop tôt, d’aimer trop fort, trop vite.
Un livre autobiographique à lire absolument en cette année qui débute, comme cet arc-en-ciel qui vient illuminer nos vies, juste après cette putain de pluie …
Premier coup de cœur de l’année. J’ai fini le roman en larmes dans le métro. C’est de la mélancolie brute, du spleen qui brise le cœur à chaque page. Les mots de C. Joly sont d’une douceur infinie. J’ai adoré la beauté de l’amour que porte l’auteure à son père. Une merveille ♥️
Dans les pas d’Alysia Abbott et de son fantastique « Fairyland » Constance Joly raconte l’enfance passée auprès d’un père qui s’assume tardivement homosexuel — elle y raconte l’homme, le passionné, le doux rêveur, le papa tête en l’air. Elle y raconte la difficulté d’être soi et les libertés que l’on s’accorde. Et puis, l’ombre du Sida, les années 90, Act Up, l’amour jusqu’à la fin, ce quelque chose d’éternel, un mouchoir sur les regrets. Très beau texte.
Avec beaucoup de pudeur, Constance Joly nous raconte son père. Elle nous propose une série de courts chapitres, comme des souvenirs que l'on égraine, des images que l'on recompose. Et puis des réponses que l'on cherche.
Son père était homosexuel. Il a vécu des années en couple avec son compagnon, après avoir longtemps caché qui il était, à sa famille, à ses amis, mais surtout à lui-même. C'est aussi un livre politique, puisque Constance Joly fait partie des premiers enfants qui ont pu être élevés, au moins en partie, par des couples homosexuels. Il se fait aussi l'écho du début du sida et de l'hécatombe que ce nouveau virus va engendrer - une maladie que l'on ne comprend pas et des malades stigmatisés.
J'ai été très émue par ce livre, qui revient sur cette relation au père-sans fioriture et sur le vide que sa mort laisse dans la vie de sa fille.
Quelques jolies phrases ponctuent ce récit d'amour d'une fille pour son père. Des souvenirs, heureux, avant la plongée dans la maladie de son père. Passée l'émotion vive, l'ensemble reste, à mes yeux, très léger.
Bah lisez le L’histoire de la famille, de l’amour, de la vie, bercée par la plume majestueuse de l’auteure. Les larmes du début à la fin. Envie de le relire sans fois de replonger dans tous ces détails Une longue et belle poésie
C’était très facile et rapide à lire et il y avait quelques jolis passages sur le deuil mais trop d’éléments dans ce livre m’ont dérangé et ont directement entravé ma capacité à être touché.e par son contenu. Malgré son sujet qui aurait eu tout pour m’émouvoir sur papier, en réalité j’ai pas réussi à rentrer dedans, ni à ressentir grand chose en le lisant. Peut être parce que j’ai tout trouvé assez de surface et survolé et au delà de ça la démarche m’a semblé un peu étrange.
D’abord au début l’autrice énonce vouloir reconstituer la vie de son père dans un livre pour faire perdurer son souvenir et montrer qu’il n’était pas « qu’un homme gay mort du sida ». Bon. Jusque là pourquoi pas. Sauf que pour se faire elle mélange ses propres souvenirs de sa vie à elle et décide de romancer les trous, imaginer ce qu’auraient pu être les détails de la vie de son père qu’elle n’a pas vécu, elle essaie de nous raconter à sa place comment il aurait vécu les éléments clés de sa vie avant sa mort. Encore une fois, délicat à faire de manière juste et respectueuse au vu du sujet et du lien ça rend un peu dubitatif.ve, mais… pourquoi… Pas ? Le problème étant que le livre tombe à mon sens, direct dans le piège de raconter l’homosexualité à travers le prisme fantasmé et déformé que s’en font les hétérosexuels.
Ce qui, puisque c’est sa fille qui l’écrit donne forcément lieu à un combo de trucs très chelou. D’une part qui dit concevoir l’homosexualité à travers un regard fantasmé d’hétéro, dit, la concevoir de manière cliché à travers le sexe en premier. Pour expliquer l’homosexualité (déjà… mh…) que tait son père pendant des années elle imagine qu’il fait un rêve tous les soirs où il reçoit une fellation d’un beau mec qui « le sort de l’obscurité et lui fait découvrir la lumière » (ou un truc comme ça) et qu’ensuite il se réveille avec « le ventre collant » (déjà cette phrase? vomir.) a un moment elle écrit même que dans son rêve il « insère son sexe en lui [le mec du reve]» et j’ai eu un gag reflex de dégoût parce que… Je sais pas vous mais perso j’ai jamais essayé d’imaginer les rêves érotiques de *mon père* hetero dans aucun contexte jamais surtout pas pour comprendre son orientation sexuelle. Et alors encore moins ceux de ma mère qui vit en couple avec une femme. C’est juste pas nécessaire et pertinent pour une personne hetero donc pourquoi ça le serait pour une personne queer ?
Bon, et ensuite forcément il y a plein de passages où elle s’imagine son père et ses amis gays comme naturellement free du cul tout le monde baise ensemble (le cliché me trucide) en mode dans une de ses histoires imaginées son père après un bon joint (évidemment) avec ses potes et son mec se serait retrouvé à poil sur le canapé avec… un de leur potes et ce serait tout à fait normal, même son mec, dans l’imagination de l’autrice toujours, leur aurait apporté une coupelle de fruits quand ils ont fini. Pardon… Mais… Ça va pas bien?
Le pire c’est qu’en consultant les proches de son père de ce qu’elle nous en dit elle a aucune raison de penser que la relation de *12 ans* qu’il a entretenu avec son premier copain, avec qui ils ont élevé partiellement ensemble sa fille (l’autrice) etait une relation non monogame. Ce même homme lui dit clairement après la mort du père que si il a quitté son père c’est parce que c’était un mauvais partenaire infidèle et malhonnête. Mais quand bien même. L’autrice garde cette vision cliché de l’homosexualité. Puisqu’à peine un ou deux (j’ai pas compté) chapitres après elle trouve moyen d’écrire cette connerie absolue:
« J'ai décidé, d'emblée, de ne pas chercher à savoir. Comment tu avais été contaminé, par qui, en quelle année, quelle avait été ta vie sexuelle. Je crois qu'Ivan et toi, comme la majorité des homosexuels de l'époque, aviez une relation ouverte qui permettait à l'un et à l'autre d'avoir d'autres partenaires à côté. Je ne pense pas que les homosexuels ont une libido plus forte que les hétéros, ou que les relations de couple soient plus simples à entretenir pour les couples gays que pour les autres. Il me semble seulement qu'être homosexuel, à ton époque, était une sorte de révolte contre un mode de vie hétéro, normé et très répres-sif. Peu d'entre vous, alors, souhaitaient correspondre à la norme hétéro, peu se rêvaient en costume de marié à l'église, ou en parents. Ce n'était pas queer. »
Peut être que tout le problème que j’ai avec ce livre réside dans cette première phrase. Elle n’a pas cherché à comprendre ce qu’était vraiment la sexualité de son père, elle a préféré s’inventer une vision de ce que c’est à la place et y accoler ses propres idées pré-conçues. Et c’est pas que sur le vécu de sa vie sexuelle et romantique qu’elle fait ça dans le livre, c’est aussi sur le sida lui même. A un moment elle nous dit par exemple qu’à 50 ans c’est la première fois qu’elle tape sida dans un moteur de recherche, qu’elle a toujours refusé de se renseigner avant. Ce qui explique aussi que plus loin elle nous raconte qu’elle avait des réflexes serophobes comme se laver les mains de manière très agressive dès qu’elle touchait un truc qui avait touché la peau de père. On gère toustes nos traumas à sa manière, mais… Sérieusement ? Pourquoi écrire un livre sur ces sujets alors qu’il faudrait plutôt dans un premier temps faire un travail sur soi et déconstruire… 50 ans d’idées pré conçues d’abord?
Pour moi ça suffit plus d’être tolérant et accueillant envers nous autres personnes queer, faut arrêter de nous presenter comme un « autre » à part surtout ou comme quelque chose qu’on décide d’accepter ou non.
Je comprends que son père est mort quand elle était jeune adulte, et je veux souligner d’ailleurs que c’est absolument horrible et pour ça elle a toute ma compassion. Mais forcément ça veut dire qu’il y a beaucoup de discussions qu’elle aurait pu avoir avec lui qu’elle n’a pas eu le temps d’avoir ce qui explique qu’au delà du fait qu’on ne connaît jamais vraiment en entier ses parents, elle ne peut que faire des suppositions sur beaucoup de choses. (ce qui est ok, si tu en fais pas un livre) Je comprends aussi l’exercice thérapeutique derrière l’idée d’écrire sur un être cher qu’on a perdu, pour faire perdurer le lien et leur vie. Mais ça n’empêche que la manière de s’y prendre ici me semble mal amenée, mais surtout surfaite, et déplacée à cause de sa vocation à être une œuvre littéraire et non pas juste un exercice thérapeutique. A trop vouloir donner de la matière au recit en remplissant les trous pour le rendre intéressant pour un lecteur j’ai trouvé qu’il finissait par perdre toute substance et émotion sincère au final surtout vu les angles choisis pour raconter.
Je pense aussi profondément qu’on peut pas se mettre dans la peau de ses parents ou de ses enfants de manière juste, et encore moins pour parler d’un truc aussi intime que la sexualité, et je suis pas sûr.e qu’on devrait essayer de prétendre qu’on le peut pour écrire un livre même si c’est par prétexte de rendre hommage.
Bon après pour moi c’était aussi difficile de me sentir intéressé.e par ce livre parce que du coup l’aspect qui aurait pu me toucher le deuil, l’histoire du sida, l’homosexualité, était pas le mieux représenté pour moi et ce qui restait après ça c’était l’aspect moins politique et plus personnel de la vie en elle même de l’autrice et du père pour laquelle j’éprouvais absolument aucun intérêt. C’est pas pour être insensible mais les gens qui ont eu une enfance avec des parents bourgeois, des tableaux chers aux murs de leur grand appartement parisien, des meubles artisanaux, qu’on amenait au musée et au théâtre et en Grèce… je vais pas mentir ça me bloque parce qu’on vit vraiment pas dans le même monde. Même l’adolescence de l’autrice et ses histoires de cœur et sa façon de ressentir le monde elles me passaient au dessus. Quand elle dit que quand on est jeune on a l’impression d’être immortel et on se sent pas concerné.e par les choses comme la maladie et la mort… C’est sans doute vrai pour beaucoup mais j’ai pas eu ce luxe là non plus donc vraiment y a rien à ce niveau là qui aurait pu me faire me sentir connecté.e au livre.
Aussi à un moment y a un passage un peu bizarre où elle nous raconte comment ça l’a affecté mentalement de découvrir la maladie de son père, où je me suis dit mh ça va le racisme intériorisé? (elle décrivait dedans être effrayée par tout et que dans sa stupeur elle avait du s’enfuir du magasin où elle travaillait parce qu’elle avait l’impression qu’une cliente, une vieille dame chinoise, pouvait posséder son âme ou un truc comme ça… ça m’a bien fait écarquiller les yeux). Puis y a le « n word » au début du livre aussi et même si c’est pour paraphraser sa grand mère je sais pas, ça fait un peu beaucoup cumulé ensemble.
Le seul truc qui fait que je mets pas une note plus basse, c’est que j’ai quand même pas passé un horrible moment à le lire et ça se tient à peu près de façon générale puisque j’ai pas haï l’écriture en elle même. C’est ni absolument médiocre ni bien, c’est juste… pas ouf du tout, un peu problématique et « meh, au suivant ».
Dans ce court livre, Constance Joly propose de rendre hommage à son père, parti trop tôt à cause du sida. Entre souvenirs et imagination de ce que son père a pu vivre et ressentir, l'autrice propose un portrait de cet homme qui un jour a choisi de ne plus se mentir et de vivre son homosexualité au grand jour, malgré les difficultés. C'est aussi un hommage à leur relation père-fille et à l'amour qu'elle lui porte. Et c'est vraiment beau, autant sur le fond que sur la forme ! J'ai énormément aimé le style de l'autrice, certains passages sont magnifiquement écrits. Ce livre m'a bouleversé, je le recommande grandement !
c'était d'une douceur monumentale. lu d'une traite d'onze heures à minuit, j'ai beaucoup pleuré. j'ai une véritable tendresse pour les récits qui racontent les pères en règle générale, et en particulier ceux qui racontent les pères gays. ici le sida vient noircir le tableau, mais l'écriture reste épurée, puissante.
C'est un roman autobiographique courageux, bouleversant, merveilleux que nous propose Constance Joly. Un témoignage d'amour magnifique à son père Jacques, une des premières victimes à avoir succombé au SIDA.
Constance vient d'être maman, elle invite Justine son amie de jeunesse qui lui assène cette petite phrase assassine "Oui c'est cela je me souviens : il fait partie des vieux homos qui sont morts les premiers" "le dasse"
Ces mots résonnent "vieil homo" "le dasse", elle réalise ce que son père a souffert, le silence, la honte et la nécessité d'écrire, de remonter le cours de sa vie.
Jacques a un frère découvert au lit avec un homme à ses 18 ans. C'est la honte, l'exil et lui qui ressent la même attirance, le refoule en lui.
Il épousera Lucie en 1966. Jeunes profs engagés, ils montent à Paris en '68, ils partagent leur goût pour la littérature italienne. Constance naît de cette union.
Elle est âgée de sept ans lorsqu'ils se séparent.
En 1976, Jacques a 37 ans lorsqu'il fait son coming-out, ce qui n'est pas simple à l'époque car en '76 l'homosexualité est toujours répertoriée comme une maladie mentale et est considérée comme un délit passible de prison.
Pour Constance, son père vit avec son copain Ivan durant douze ans. Un couple normal ayant une vie culturelle riche. Jacques aime particulièrement l'art et la musique, les comédies musicales en particulier ce qui rend le titre "Over the Rainbow" chanté par Judy Garland parfait, cette symbolique forte représentant le combat des hommes et des LGBT...
La maladie arrivera en juin '81, elle sera détectée en 1988, c'est alors que débutera le calvaire de Jacques jusqu'à son départ en 1992.
La plume de Constance Joly est juste fabuleuse, de courts chapitres, les mots justes sans jugement, très poétiques. Elle nous exprime la honte, le silence, le déni, la maladie, le calvaire subis par les hommes et en particulier par son père, ceux qui ont eu le courage d'être eux-mêmes.
C'est intense, une écriture riche d'amour et de pudeur.
Elle aborde tous les tabous, la difficulté d'affirmer son homosexualité, l'assassinat de Harvey Milk, la honte, l'arrivée du sida, des traitements, la difficulté de s'assumer, la honte, le déni, l'isolement, le regard des autres. En 35 ans, 35 millions de morts avant la découverte de la trithérapie.
Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande vivement le magnifique roman de François Roux "La vie rêvée des hommes".
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Je connais la langue des absents. C'est toi qui me l'as apprise.
Tu as été un père discret, emprunté, timide et merveilleux. J’ai l’impression de tricoter à grosses mailles en écrivant pour te sortir de l’ombre. Entre les points de cette laine de mots passe tout ce que je ne sais pas dire, tout ce que je suis impuissante à inventer, et ce qui, je le sais, fait la vie même : le point serré des émotions complexes, des ambivalences que la multitude des faits dérobe, si bien que je me sens découragée, souvent. Mais je me suis promis d’avancer pour te rejoindre. Mettre au jour tes masques, faire tomber les fictions successives que tu t’es construites pour tenir en équilibre. Nous sommes les produits d’une vie trouée de mystères, tissée de songes et de dénis. Je suis passée, moi aussi, entre les mailles de tes mensonges. Je vis, grâce à l’histoire que tu avais voulu raconter au monde, et qui t’avait littéralement laissé sans voix. Je vis grâce à la fiction. Et je suis ici, maintenant, pour tenter de te rendre les mots.
Comment le monde tient-il encore quand votre existence bascule au fond de l'âbime.
Le silence est le pire des bourreaux.
Le déni est plus terrible que n'importe quelle vérité.
Votre relation est une fleur tenace qui pousse sur un terrain sec et n'a pas besoin d'eau pour vivre. Elle se nourrit de ce que vous lui donnez : des mots rares, mais profonds. Lucie et toi vous appelez parfois pour partager un peu de ce qui vous lie depuis toujours : la beauté d'une mise en scène de théâtre ou d'opéra. dans ces échanges ténus se tisse un nouveau langage de tendresse entre vous. La douceur est ce qui reste de votre amour vaincu. Tout passe, finalement, la vie et ses enfers, dans le chas de l'aiguille.
Le vie emporte tout, l'amour et les visages de ceux que nous avons aimés, et pourtant nous agissons sans relâche. Nous nous construisons des digues dérisoires, bientôt emportées.
Elle peut être féroce avec les gens, sauf avec les siens. Elle agit avec ses émotions comme avec son increvable bégonia, dont elle dompte la pousse en coupant et recoupant ses tiges. Elle s'est lentement effondrée après ta mort. Elle ne t'a jamais vraiment quitté des yeux : sa tombe regarde la tienne.
Il semble qu'aller chez toi c'est quitter un pays pour un autre, où j'adopte d'autres coutumes.
Tu as suivi ton désir et sauté dans ses vagues inconnues, chaque brasse tendant un peu plus tes muscles, déliant ton souffle; tu n'as jamais regardé en arrière, même quand la lassitude te gagnait, ou la peur; tu as offert ton dos à la blessure du soleil, tu as lutté contre la résistance de l'eau. Tu as perdu des amis dans ta traversée, la famille de ta femme t'a tourné le dos quand elle a compris que tu étais parti avec un homme. On a menacé de révéler ton homosexualité à l'université où tu enseignes.
Existe-t-on quand on n'est plus réchauffé par le soleil, quand on n'entend plus la rumeur du monde ?
J'écris pour tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant.
J'ai tout simplement adoré la plume de Constance Joly et il m'a fallu plusieurs jours pour digérer ce roman magnifique et bouleversant. L'autrice se met totalement à nu en partageant l'histoire de son père, mort du Sida en 1991. Il fut parmi les premiers homosexuels à mourir de cette maladie et Constance Joly fut l'un des premiers enfants à vivre (garde alternée) avec un couple gay.
Comment honorer un tel roman ? Je ne parviens pas à trouver les mots justes tant la poésie, l'amour et la douleur transpirent tout au long de cette lecture. L'autrice possède ce don de happer le lecteur en dévoilant quelques pans de l'histoire de son papa, cet homosexuel qui tenta de refouler son attirance pour les hommes jusqu'au jour où il finit par abdiquer et devenir celui qu'il réellement. Il y a énormément de candeur dans la narration, surtout lorsque Constance se remémore des souvenirs d'enfance. Elle fait ensuite évoluer le point de vue narratif vers un ton plus mature, laissant place à la jeune femme qu'elle deviendra.
C'est très difficile de ne pas tomber dans le pathos lorsqu'on s'attèle à rendre hommage à un parent parti trop tôt, foudroyé par une maladie dont on ne connaissait presque rien à l'époque. Et ça, Constance Joly y est parvenue de main de maître. Difficile, également, de ne pas ériger sa colère contre une société dans laquelle l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale. Encore aujourd’hui, il est complexe d’affirmer son attirance pour une personne du même sexe, malgré l'évolution des mentalités, les gays sont hélas bien trop stigmatisés (mais ce n’est pas le débat ici).
Bref, l’autrice a réussi avec brio à ne pas positionner son père comme une victime mais comme un héros, celui de son coeur. Elle lui rend ici un hommage bouleversant, mettant en lumière une relation père-fille magnifique, bien que loin d'être parfaite. Sans tabou, Constance Joly fait revivre son père et c’est profondément émouvant. Je ressors touchée, émue, bouleversée d’abord par son style littéraire puissant et unique, ensuite par sa capacité à mettre à l’honneur celui qui, malgré ses extravagances, a été et restera un pilier dans sa vie.
Un magnifique récit, une plume remplie de mélancolie et de tendresse. Un livre parfait, qui m’a fait apercevoir et ressentir ce qu’est le sentiment de deuil. Mon cœur s’est emballé et s’est serré. J’ai pleuré à la fin.
C’est un devoir de mémoire tout autre que celui de l’épidémie du SIDA et de l’homophobie de la fin du XXème siècle. Une époque qui nous paraît si lointaine et qui ne remonte finalement pas tant. Une génération de nous, celle de nos parents, la vôtre peut-être.
Ce témoignage rappelle ce que nous avons oublié, ce que nous n’avons pas connu, ce dont nous devons continuer de parler, les histoires que nous devons encore raconter.
Constance Joly a été une des premières « fille de pédés », et son père une des premières victimes du SIDA. Mais ce récit nous touche. Le spleen nous traverse.
« La mélodie s’est insinuée en moi.
Somewhere over the rainbow, way up high There’s a land that I heard of once in a lullaby
Par des chapitres courts faisant office de journal intime, Constance s'adresse à cet homme qui a décidé, en 1968, de quitter femme et enfant pour vivre pleinement son homosexualité jusque-là péniblement refoulée… son père. Un récit fort émouvant qui nous touche par moments jusqu’aux larmes, dans lequel Constance retrace avec pudeur sa vie et ses moindres souvenirs avec ce père extrêmement courageux emporté par le sida au début des années 90. Il faut savoir que l’autrice a décidé de dédier ce livre à son papa suite à une « moquerie » d’une vieille connaissance à elle et elle réussit avec brio à faire entendre son cri d’amour. Le titre fait référence à la célèbre chanson somewhere over the rainbow que son père adorait et connue pour être très entendue dans les gays prides.
Je commencerai d'abord par une citation qui m'a beaucoup touchée : "chut, écoute... Tu entends le bruit des ronces ? La première fois, je n'avais pas compris : le quoi ? Non, je n'entendais rien. Tu m'avais répondu : le bruit des ronces, c'est savoir qu'on va manger des mûres avant même de voir les buissons. C'est savoir qu'on va plonger dans la mer quand on a chaud. Tu vois, c'est ça, le bruit des ronces : c'est s'approcher du plaisir, et c'est encore mieux que d'y être déjà." Pour répondre à certains commentaires : je le trouve bien écrit : simplement, jamais crûment et d'une manière transparente. Justine est une incroyable connasse mais a fait émerger l'idée du livre (enfin je crois). Sûrement sa seule bonne action de son vivant. Bon vent.
Il y a des cris muets qui grondent dans ma poitrine. Des cris de guerre, de révolte, de désespoir, d'incompréhension, mais également de compassion, puis surtout, des cris d'amour. Over the rainbow a su pénétrer mon âme et me provoquer une myriade d'émotions.
C'est un hymne à la vie, mais surtout un combat de toute une vie. On suit les aventures de Jacques, un professeur italien passionné par l'opéra, la littérature et les antiquaires, mais surtout, père de Constance, celle qui raconte l'histoire.
Jacques est parmi les premiers à mourir du sida dans les années 1990 et Constance, elle, retrace sa vie au travers d'une plume aussi poétique que mélancolique.
Ce livre est selon moi un livre essentiel à avoir lu. En plus il n’y a pas d’excuse car il est court. De plus il ne va pas que parler de sujets qui ne concerne pas tout le monde comme par exemple L’homo parentalité ou encore le sida ( même si il n’y a pas besoin d’être concernée pour s’informer bien sûr ) Mais ce livre a aussi évoqué le deuil. Et d’une manière douce et brute à la fois, belle et à la fois criante. J’étais carrément scotchée aux pages, bloquant de temps à autre ma respiration quand ça devenait dur à lire. C’est vraiment un témoignage beau et qui touche de manière brute, mais sincère. Je ne peux vraiment que recommander ce livre.
Merci aux éditions J'ai Lu pour l'envoi du roman !
Aujourd'hui je vous retrouve avec un court roman, l'autrice Constance Joly nous raconte son histoire, et surtout celle de son père qui était atteint du virus du SIDA.
Constance nous raconte l'histoire de son père tant aimé, avant la maladie puis comment il a su qu'il était plus attiré par les hommes, comment il a découvert et caché sa maladie alors que son entourage avait compris.
Constance Joly, nous témoigne son amour pour son père avec beaucoup d'émotions. Une plume fluide qui nous enseigne la tolérance !
Absolument bluffée et bouleversée par ce livre. C'est tendre, mélancolique, d'une tristesse absolue, ça a la nostalgie d'une boîte à souvenirs qu'on retrouve sous le lit, c'est d'une poésie incroyable sans jamais en faire trop. C'est un témoignage du manque, de l'absence, du vide que la mort laisse, mais c'est aussi une déclaration d'amour très touchante, un portrait de père, d'homme, d'amant, d'homosexuel. La prose est juste sublime. Ça m'a transpercé le cœur. Bref, c'est devenu instantanément un de mes livres préférés.
Le père de Constance, Jacques, est homosexuel et mort du SIDA au début des années 90, avant les trithérapies.
A travers ce livre elle livre un portrait très touchant de son père, de ses amours, de ses choix de vie, de l’acceptation de son homosexualité et de sa relation avec sa fille.
j’ai enchaîné après fairyland et je suis pas sure que c’était le plus malin celui ci paraît moins subtil et plus brut en comparaison dur dur d’estimer le récit d’un vécu, qui plus est semble d’aspect thérapeutique mais la démarche ne m’a pas toujours parlé, j’ai trouvé la remontée dans le temps parfois brusque je n’ai pas d’opinion à donner sur le vécu, mais son expression manquait parfois un peu de finesse pour mes yeux extérieurs
Livre très intéressant pour chaque personne queer, ou personne intéressée par l’histoire queer. Raconté de manière très intéressante et personnelle car il n’est pas raconté par la personne queer, mais la fille d’un homme homosexuel, atteint du SIDA et mourant de cette maladie dans les années 90, au moment où la maladie était directement associée aux personnes homosexuelles. Émouvant et bien écrit.