Quand Aya Cissoko était jeune, sa mère, Massiré Dansira, ne cessait de lui répéter : « Tu n’es pas l’enfant de rien ni de personne ! ».
Devenue mère à son tour, l’autrice entend ici rappeler à sa propre fille ses origines ; son enfant est en effet issue d’une double lignée à l’histoire violente et douloureuse, celle de guerriers bambaras du Mali qui ont affronté la colonisation, et de juifs ashkénazes déportés à Auschwitz. Comment calmer les brûlures de ces destins mêlés ? Il faut continuer à parler, dénoncer, lutter, ne pas cacher les difficultés de la condition noire, regarder en face les vexations subies par une mère vaillante dans un pays hostile. Il faut continuer à se battre et à interroger les hiérarchies sociales, montrer comment racisme et mépris de classe se mêlent dans une logique perverse. Parce qu’elle a compris que l’ascension sociale, si elle éloigne de la pauvreté, ne protège pas des préjugés, Aya Cissoko ne veut oublier ni les siens, ni d’où elle vient. Elle sait maintenant transformer en mots puissants et éruptifs, dans une ultime tentative de conciliation, une colère qui jaillit des tréfonds de son enfance.
Aya Cissoko est une ancienne championne de boxe passée par Sciences Po. Elle est aujourd’hui conférencière, autrice et comédienne. Elle a publié, chez Calmann-Lévy, Danbé (2011) et N’ba (2016).
Un texte intime dans lequel Aya Cissoko donne un nom à ces personnes maltraitées, humiliées, tuées puis oubliées par la France.
Je me suis laissée tenter par Au nom de tous les tiens, après avoir écouté Aya Cissoko en parler lors d’une rencontre organisée par Overbookés. Je suis entrée dans ce livre sans savoir quoi trouver et j’en ressors frappée par la justesse des mots de l’autrice.
➕ - Récit touchant dans lequel on humanise des personnes trop souvent oubliées - J'ai ressenti toute la peine et la colère de l'autrice face à ces injustices. Et comment ne pas la comprendre. - Je n'ai pas pu m'empêcher de surligner des extraits. J'étais attaquée par une multitude de réflexions : le sentiment de trahison envers les siens, la gentrification et comment la contrecarrer, le perpetuel besoin d'allégeance envers la France etc.
➖ - Dans la dernière partie, j'ai sentie que l'autrice avait encore beaucoup de choses à dire. Le ton devenait académique et s'éloignait de la lettre intime. J'ai apprécié qu'on retrouve ce ton plus intime les dernières pages de cette "boussole" adressée à sa fille.
Aya s'adresse à sa fille pour lui expliquer d'où elle vient. Un livre puissant sur la transmission des valeurs et de l'identité familiale, sur les racines qui font de nous ce que nous sommes, sur l'héritage parfois lourd que l'on porte en nous, malgré nous. Aya rend hommage à ceux qui ne sont plus là et aborde avec justesse des thèmes qui lui sont chers : le racisme, l'éducation, le danbe, la résilience... À lire.
e remercie netgalley et la maison d'édition de m'avoir permis de lire cet ouvrage. Il faut savoir que je l'ai demandé dans l'optique de mon challenge lecture écrite par des minorités. Je me suis mis comme challenge de découvrir de nombreux livres écrits par des personnes de la communauté africaine, ayant fini mes lectures sur la communauté amérindienne, je poursuivrais ce challenge avec la communauté asiatique.
Ici, dans cet ouvrage, nous retrouvons l'auteur qui s'adresse à sa fille, afin de lui expliquer ses origines. Nous allons retrouver plusieurs aspects qu'elle veut lui transmettre, qui elle est, d'où elle vient, sa culture. Afin que celle-ci puisse prendre conscience de son héritage qui est à la fois riche, mais triste. Mettre en avant certains stigmates auxquels elle pourrait être exposée au cours de sa vie, par exemple le racisme.
J'ai apprécié cet ouvrage, il permet de montrer comment est perçu la vie, le petit bémol pour moi est le ton que l'auteur prend dans cet ouvrage. Il le dessert un peu à mon goût.
« Tu n'es pas l'enfant de rien ni de personne ! » disait sans cesse Massiré Dansira. Ce texte est un fort et émouvant passage de témoin pour sa fille qui vient de naître. Aya Cissoko, fille d'immigrés venus du Mali en 1960 y raconte l'histoire de son père qu'elle a peu connu et surtout celle de l'existence laborieuse d'une mère, digne et respectueuse malgré les nombreuses marques de mépris, ou de racisme. Elle rend hommage à la noblesse passée et à la richesse convoitée du Mali, à la dignité de sa mère, Massiré Dansira, dont elle a parfois eu honte adolescente, juste pour mieux s'intégrer. Ce texte constitue comme une réparation de son attitude.
« La France m'apprit que pour appartenir à ces Autres, il me faudrait m'assimiler en trahissant mon propre camp. La France m'a fait avoir honte de ma mère. Parce que je n'avais qu'elle sous la main. Et que sa personne concentrait tout ce que nous n'étions pas. Elle n'était pas blanche et n'avait que sa force de travail à vendre. Une femme docile et silencieuse par nécessité, tant qu'on ne lui manquait pas de respect. Massiré Dansira dut en passer par là pour qu'il en soit autrement pour nous. »
Aya Cissoko adresse aussi à la France un témoignage personnel de sa difficulté d'être considérée comme française alors même qu'elle est née sur le territoire français et parfois même considérée tout simplement parce que c'est une femme influente. « La dignité est tout ce qu'il reste à ceux qui ne sont rien et ne possèdent rien dans une hiérarchie des hommes faite par quelques-uns pour ces quelques-uns. » elle rajoutera aussi beaucoup « la classe n'efface pas la race ». Livre très intéressant mais je pense que j'aurais aimé en savoir plus sur son parcours car le livre est un peu court