«Je m'appelle Marie, et je ne connais que l'ordinaire, car jusqu'ici je n'ai pas eu le courage du reste. Mais l'ordinaire, lorsqu'il est enrichi par les années, devient parfois bombe à retardement.»Marie a de la chance. Elle a tout. Du moins en apparence. Un jour, l'effervescence des studios de télévision et sa situation enviable ne lui suffisent plus. Elle ne peut plus supporter cette existence. Cette incorrigible recherchiste s'attaque alors à son dossier d'enquête le plus important : sa chute, et peut-être celle de tant de femmes de sa génération. La famille, la vie professionnelle, toute cette technologie qui la submerge ; pour comprendre, Marie ne ménage aucune strate de sa réalité, allant même jusqu'à fouiller dans les fibres du Québec, pays où elle est née. Portée par ses découvertes, elle tente d'apprivoiser la vraie vie. Sa vraie vie. Libre de ses domestications.
Plutôt déçue de cette lecture. La prémisse était intéressante: une femme carriériste qui travaille dans le domaine de la télé québécoise lâche tout pour sa santé mentale.
Malheureusement, la forme ne m’a pas plu. J’ai adoré la première partie où l’on suivait la narratrice dans son travail de recherchiste. C’était fascinant. La deuxième et la troisième parties m’ont laissée perplexe. Il ne semblait pas y avoir de réel fil narratif entre les courts chapitres. Des listes de tâches, des chansons, des poèmes et même une courte biographie de Marshall McLuhan… glissés entre les anecdotes de quête identitaire.
J’ai l’impression que l’autrice a écrit ce livre pour se libérer et s’amuser. Par contre, en tant que lectrice, j’ai eu de la difficulté à suivre.
Celles qui accusent le choc de comprendre, bien trop tard, que, bien sûr, oui oui, on peut tout faire, mais en fait, non. Celles qui constatent, avec une sensation de trahison, que notre plan de devenir parfaites était voué à l’échec, et qu’on s’est complètement perdues. Celles qui n’arrivent pas à se défaire de l’injonction de réussir, de monter, plus haut encore, de culminer et qui soufrent à chaque fois qu’elles trébuchent, à chaque obstacle qui les ralentit. Les autres qui, arrivées en haut, réalisent qu’il n’y a rien d’autre là… à part un autre escalier qui monte vers nulle part.
Je vais laisser cette autre Marie-Quelque-Chose — qui a pris le temps, elle, d’écrire — parler à ma place. Parce que je suis brûlée.
Donc, en direct du livre :
« Car elle et moi venons du même endroit. Un endroit où l’air ambiant était gorgé d’ambition. Les petites filles sensibles et poreuses sont devenues des femmes performantes, en conformité avec le projet social. Efficaces. Partout. Tout le temps. Jusqu’à oublier d’être bien. » p. 89
« Nous brûlons au même carburant : la crainte de l’imperfection. Et de ses contrecoups. (…) Tant d’énergie pour être bonne. Mais après, que nous reste-t-il pour être libres? » p. 90
« Dans notre franc-maçonnerie féminine faite de tourtières, de relevailles, de maternité, de plafond de verre et d’agressions dissimulées, nous chialons bien sûr à propos de la liste, du poids de nos responsabilités, de la société et de tout ce qui nous assaille, mais de cette servitude à la performance sédimentée au fond de nos tripes, ça, nous n’en parlons jamais. Trop douloureux. Trop cruel d’admettre que c’est peut-être allé trop loin, tout ça. Ce qui devait servir notre réussite sert maintenant notre aliénation. (…) » p. 91
« Saisir le témoin. Courir pendant quarante ans. De toutes nos forces. Pour que le podium nous appartiennent à nous aussi. Courir pour fuir tous ceux qui avaient quelque chose à demander à celles qui nous ont précédées. Agrippés à leurs chevilles, les petits, les grands, le père, le mari, le curé, la maîtresse d’école et tous les autres qui attendaient une réponse, un geste, une tenue, de jour, de nuit, la semaine comme le week-end. Franchir la ligne d’arrivée, mais courir encore, prisonnière du mouvement perpétuel. Et celles qui sont derrière et qui entrent sur le sentier, il faudrait peut-être leur dire qu’il vaut mieux marcher? De la même manière que nous savons qu’il faut mettre un peu de sucre dans la sauce à spaghetti, nous savons, Caro et moi, que nous ne sommes pas vraiment libres. Et nous avons honte. Honte de ne pas être à la hauteur du rêve de liberté de la génération de nos mères. » p. 92
« Nous ne sommes plus infirmières, enseignantes, journalistes ou avocate. Nous sommes brûlées. » p. 94
« (….) Devenir indispensable était ma sécurité. Une poupée au visage d’irréprochabilité. Des modèles comme moi, j’en ai pourtant croisé des tonnes. Quelle fraction du PIB s’est érigée sur ce sentiment de ne pas être assez? » p. 281
« Quand le Petit tombera, il trouvera son tyran en tournant sa tête vers moi. Sa mère aura parfaitement réussi le transfert. Les peurs et les exigences. (…) » p.297
L’entrevue avec l’autrice qui m’a fait découvrir le livre (pour moi l’entrevue était plus vendeuse que la quatrième de couverture ou les divers résumés disponibles) : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/pre...
J’ai beaucoup aimé la première partie. La rencontre de la protagoniste principale et son travail en télévision.
La 2e partie est très nature et ne faisait penser à un livre de Gabrielle Filteau-Chiba. C’est une partie très introspective avec beaucoup de réflexions et peu d’actions.
La 3e partie met les plants de l’avant. Pas mon sujet préféré.
Je n’ai pas réussi à traverser l’entièreté du roman avec le même intérêt. J’ai aimé certaines réflexions et les retours dans le temps intéressants.
‘’ Nous ne sommes plus infirmières, enseignantes, journalistes ou avocates. Nous sommes brûlées. Même les plus résistantes ne peuvent éviter un quelconque divorce, une dépendance, l’endettement, la maladie mentale ou l’anesthésie sexuelle. Je regarde autour de moi, amies, collègues, et si peu d’entre elles me semblent réellement heureuses. Pas une heureuse factice de centre commercial, de veille de partir en voyage ou de nouvelle photo de profil. Pas une heureuse de trois verres de vin, ni une heureuse de remise de prix. Une heureuse intrinsèque, profonde, lumineuse. Une heureuse qui crève l’écran.’’
J’ai commencé ce roman à reculons persuadé du déjà vu de ses mots et de la déception que j’allais en éprouver et pourtant non. J’ai bien aimé. Vraiment bien aimé. Je m’attendais à un remix de La Reine de Rien (que je n’avais pas méga aimer) et pourtant à peine ma lecture commencée j’ai été charmer par le style d’écriture. C’était à la fois simple et poétique, doux et direct, gracieux et grotesque. J’ai particulièrement aimé lorsqu’elle faisait de longue énumération de tout les choses qu’elle a à faire montrant la charge mentale classique des femmes.
Un livre dans lequel il est facile de se reconnaitre, Marie a tout pour être heureuse, mais le bonheur lui échappe, la banalité du quotidien la dépasse, elle n’est ni complètement mère, ni complètement recherchiste ni complètement femme mais surtout pas complètement elle. Un discours très féministe, sans être lourd ou redondant des autres écris. Un livre montrant la difficulté de la balance entre être une amoureuse, une mère et avoir une vie professionnelle accomplie, tout en étant heureuse. On y voit bien la pression qu’on met sur les femmes, que sa soit directement ou indirectement. Le passage ou les parents la juge , car elle retire son fils du hockey pour avoir un peu de temps pour elle (et pas passer tout ses weekend à l’aréna) et que tout le monde la juge, pourtant, le père, qui n’est pas présent à l’aréna est hors de tout jugement.
Vers le milieu du livre, j’étais un peu moins dedans, j’étais un peu dans le vague et j’ai trouver les passage sur son enfance moins pertinent, mais elle est revenu en force avec le burn-out et la dépression qui est un sujet souvent dure à aborder, mais qui fut bien aborder. Encore une fois, il était facile s’identifier à Marie et à se qu’elle vivait.
La fin ma un peu déçu, on était sur une lancer forte, je m’attendais à une fin grandiose, mais elle était quelque peu banale. J’aurais voulu une phrase percutante me rendant ce livre mémorable.
‘’ Je sais reconnaitre la vérité à la manière dont elle se pleure’’
Semi-drôle, semi-tragique ; j'y ai reconnu nombre de mes ami.es recherchistes qui ont vécu les péripéties de plateau et les égos démesurés. Mais j'y reconnais aussi de nombreuses femmes qui se sont perdus entre le boulot, les enfants, l'ambition et l'amour. Plusieurs réflexions fantastiques dans ce roman.
Les petites filles sensibles et poreuses sont devenues des femmes performantes. Efficaces. Partout. Tout le temps. Excellentes jusque dans l'autodestruction.
Le livre était bien écrit, j’ai apprécié la plume de l’auteure. J’ai bien aimé l’histoire, même si la fin m’a laissée sur ma faim. Le principal problème, c’est que j’ai trouvé le roman long. Les listes me tapaient solide sur les nerfs et plus on avance dans le livre, moins la fluidité est présente.
Je n’ai pas réussi à m’attacher à la protagoniste et donc, même si le récit est bien, ça ne m’a pas assez plu.
"Quelle fraction du PIB s'est érigée sur ce sentiment de ne pas être assez?"
Avoir l'impression d'être avec ta chum pis un verre de vin un soir de semaine, même si yé tard, même si faut se lever tôt demain, même si vous êtes brûlé... parce qu'il y a des choses qui ne peuvent pas attendre, parce que vous savez ben trop qu'elle va comprendre.
On suit Marie qui vit un crise existentielle et en même temps qui nous pousse nous en tant que lecteur à réfléchir à qui sommes nous en dessous de toutes nos couches?
La forme était un peu décousue entre chaque partie, mais le contenu était vraiment enrichissant!
Ce livre! Tellement de sujets touchés qui me parlent. La méritocratie inculquée aux femmes dès l’enfance, la pression du toujours plus toujours mieux, le Grand Ordre des choses, trouver sa valeur, sa place en étant indispensable. Ça me fait réfléchir.
Gros coup de cœur pour ce roman! Même si le personnage est un peu plus jeune que moi, on a vécu certaines des mêmes choses (notamment, les Jeannettes et leurs sizaines!!!). Et si je ne suis pas au bord du burn-out, je connais trop bien le sentiment d'être tout le temps débordée et de ne jamais en faire assez. Une lecture qui fait réfléchir...
« Je n’existe plus que dans une forme morcelée: 40% problèmes que boulot, 30% de soucis de mère, 20% de gestion domestique et 10% varia. Multitâches pour les autres. Démembrèrent pour moi. »
J’ai tellement aimé ce livre, malgré quelques petites longueurs.
Une première partie impersonnelle, détachée, à l'écriture générique et vague où on a l'impression que l'autrice se retient, comme si elle avait peur d'écorcher le milieu télévisuel dans lequel elle orbite encore. Mais une seconde partie forte où Duval se découvre, dans une écriture profonde, vraie, venant du cœur. Un roman sur la tare d'être une superwoman au 21e siècle, que l'on prend plaisir à dévorer.
Alors que je restais prise avec mon ressenti, que je me sentais coupable de mon écoeurantite aiguë (après tout, je suis une femme privilégiée), ce livre pose la question: alors qu'on a (presque) toutes les libertés comme femme, qu'on peut s'instruire, travailler, aimer, enfanter à notre guise, pourquoi se sent-on si peu libre?
La plume de l’auteure était magnifique avec parfois certaines bonnes morales, mais honnêtement l’histoire était lente et la conclusion insatisfaisante. Je n’ai pas vraiment compris le lien entre les nombreux passages sur la souveraineté et l’évolution psychologique du personnage. J’ai eu de la difficulté à finir et je vais oublier ce roman rapidement.
J'ai beaucoup apprécié les réflexions de l'auteure sur notre société de productivité, sur le fait d'être une femme (ou les attentes qu'on fait, comme société, peser sur elles). Je trouve le tout pas tout à fait abouti, mais une excellente lecture !
Wouaaaah !! Mais quel livre!! J'ai A-D-O-R-É!! (Je suis sûrement un peu biaisée comme je travaille moi-même dans le domaine télévisuel). Cette histoire pourrait potentiellement être la mienne, dans 15 ans, surtout si j'ignore tous les redflags sur mon chemin. Je n'écris/ne surligne jamais dans mes livres, mais je sais que si je le faisais, ce livre serait barbouillé mur à mur. On y montre vraiment bien les côtés sombres de ce milieu : Les égos à gérer, la chute libre quand ça plante, l'urgence de tout, les soirées mondaines qui frôlent le surréel tellement que ça peut être faux. Il manque peut-être un peu l'autre côté de la médaille qui fait qu'on y reste accroché malgré tout. Parce qu'au travers les égos, j'y ai croisé aussi les plus belles amitiés : Humaines, ouvertes, sensibles, drôles et passionnées. Malgré la hiérarchie, il y a aussi l'accomplissement de monter les échelons. Malgré la pige, y'a de nombreux projets qui t'ouvrent parfois sur un monde méconnu, qui devient ton quotidien et qui alimente ta soif d'apprendre. Pis dans tout le laid, il reste du délicieux. ;) Cette histoire m'ouvre vraiment les yeux sur plusieurs aspects de mon milieu. Ça donne le goût d'acquérir la force pour fixer mes limites aux moments venus mais aussi de se forger le caractère de répondre aux tyrans. Ceci étant dit, j'ai bien aimé les bribes poétiques. J'ai autant aimé les vérités derrière la pression d'être une femme, une professionnelle, une blonde, une mère... Cette lecture met bien des choses en perspective. À lire ABSOLUMENT !!!
Ancienne recherchiste, je me suis reconnue dans beaucoup de passages de ce livre. Quand elle doit booker des sujets le soir, quand son travail l’habite jour et nuit. J’ai aimé les détails et descriptions de son quotidien, qui m’ont rappelé mon ancienne vie et m’ont fait réaliser que je m’ennuie du métier, de la gang… mais pas tant de la vie (ou absence de) qui vient avec.
Dans son ensemble, le roman fait beaucoup réfléchir sur le rôle et la charge mentale des femmes dans une société qui en demande beaucoup.
J’ai trouvé l’écriture concise (le propre d’une recherchiste), j’aurais pris plus de descriptions pour m’attacher davantage au personnage. Aussi, c’est une fiction fortement inspirée de la vie réelle donc je ne pouvais m’empêcher de tenter de deviner qui se cachait derrière certains passages.
Phrase qui m’a marqué :
« Je suis toujours une recherchiste dans l’âme. Fouiller, comprendre, c’est ma nature profonde. Un réflexe mécanique, comme le genou réagit au petit coup de marteau du médecin.
Mais j’ai appris qu’il faut parfois savoir se perdre avant de se trouver. »
Il ne faut surtout pas s'arrêter au titre qui pourrait laisser présager une lecture déprimante.
C'est plutôt une histoire remplies de réflexions en phase avec notre époque. Pour ceux et celles qui se questionnent sur la culture du "toujours plus toujours mieux".
"Depuis des mois grondent en moi des envies de révolutions. Je rêve de détours, de repousses capillaires, de colères impromptues, de vergetures, de mains dans la boue, de fast-food, d'indiscipline, de seins tombants, de minutes à soi, d'enfants bâclés, de sexe insubordonné, d'audace, de dix kilos excédentaires. Non, de quarante kilos excédentaires. Je rêve de me déshabiller. D'enlever une à une mes domestications.
Combien sommes-nous d'artistes, de rebelles, de révolutionnaires à nous terrer dans ce perfectionnisme présentable?"
Dans ce livre, plusieurs séquences très bien écrites et qui portent à réflexion, à travers une histoire comportant des longueurs et une trame inégale. Contrairement à bien d'autres qui ont critiqué ce roman sur Goodreads, je n'ai pas aimé la première partie, qui est plutôt difficile sur le moral (métier exigeant et rythme qui mène au burn out...). Néanmoins, je retiens quelques bons extraits au travers de cette histoire de vie.
3.5 Bon premier roman, le seul bémol est la première partie qui m'a semblé un peu trop longue, on s'attend à ce qu'elle craque, mais ça s'étire un peu trop. Heureusement, la deuxième moitié du roman est intéressante. J'ai eu de la difficulté à m'accrocher aux personnages secondaires, surtout ceux qui ont des surnoms tel que l'Amoureux.