Aujourd’hui, la sexualité est une question centrale pour les féministes comme pour les mouvements LGBTQ. Désir, plaisir, maternité, mais aussi violences sexuelles et consentement sont abondamment discutés par les théoriciennes et les militantes. Mais qu’est-ce au juste que la sexualité ? Cette question bien plus complexe qu’il n’y paraît a traversé l’ensemble des pensées féministes et LGBTQ depuis au moins les années 1960 et ce que l’on a appelé la révolution sexuelle. La sexualité a ainsi pu être considérée comme un outil, voire une condition de la libération des femmes, ou comme un simple espace d’épanouissement des plaisirs et des désirs. Elle a également été perçue comme un obstacle, le lieu par excellence de la vulnérabilité des femmes face à la violence des hommes, ou encore un moyen de détourner les femmes de la lutte pour leur émancipation. Enfin, elle est même devenue chez certaines un critère à l’aune duquel juger du « degré » de modernité d’une nation et hiérarchiser les cultures. Cet ouvrage passionnant propose une relecture nuancée des théories féministes sur la sexualité, foisonnantes et parfois antagonistes. Retraçant l’histoire intellectuelle et militante du féminisme et des mouvements LGBTQ, il nous plonge au cœur des réunions d’activistes, des débats entre théoriciennes et des manifestations qui se sont déroulées en Allemagne, en France et aux États-Unis depuis plus de soixante ans. En s’intéressant particulièrement aux visions alternatives nées de ces luttes féministes et queers, ce livre entend faire émerger de nouvelles façons de penser l’émancipation des femmes.
hyper intéressant même si j'ai pas tout compris la partie sur les sex wars me semble extrêmement bien documentée (c'est ce qui m'intéressait principalement) et vraiment à l'époque c'était chaud patate l'ambiance..........
« En effet, le constat que le désir même est structuré par les inégalités sociales, pose la question de savoir comment changer le désir, comment faire en sorte que les formes de plaisir gardent leur aspect jouissif, sans perpétuer l’injustice de l’ordre social. […] Si le désir fonde bien une position subjective, et est en cela, indispensable, il n’est pas toujours émancipateur, ni émancipateur en soi : on peut en effet désirer des choses terribles ou désirer, sa propre soumission, afin d’éviter d’assumer la responsabilité de soi.»