Le dieu omniscient en question a fait de moi son prête-plume. Tout est calme sur sa planète, aussi a-t-il décidé d’utiliser son temps libre pour vous la faire découvrir à ses côtés. Ayez pour lui une certaine indulgence. C’est un dieu, certes, mais il n’aurait nul besoin de mon aide s’il était sans failles. En cela nourrit-il une certaine lucidité. Pour cette raison, et parce qu’il ne me laisse guère plus de latitude pour écrire au dos de son journal, je le laisserai se présenter selon ses propres mots.
J’ai malheureusement été déçue par ma lecture de Journal intime d’un Dieu omniscient qui réunit pourtant de belles qualités : l’originalité de sa narration, de l’humour sarcastique à plusieurs niveaux de lecture, un univers intriguant et une idée audacieuse. Mais la construction narrative trop saccadée et le manque de repères m’ont fait heurter de plein fouet la complexité de ce monde sans jamais parvenir à totalement m’y immerger, ni même à m’attacher aux personnages. Je suis restée de côté et je me suis ennuyée, ayant voulu abandonner mais étant allé jusqu’au bout avec l’espoir que ça allait s’arranger tant j’apprécie les autres œuvres de l’auteur. Malheureusement ce fut en vain.
Astria est à la fois le nom d’une planète et celui de son créateur. Ce dernier, par l’intermédiaire de son fidèle assistant Ysmahel, est bien décidé à écrire un journal pour présenter sa planète à qui voudra bien la découvrir. Pour illustrer son propos, il choisit quatre élémentaires au hasard qu’il va suivre jusqu’à ce qu’ils finissent par se rejoindre en un même point de la planète. ⠀ Que dire de ce roman sinon que c’est sûrement l’un des plus gros OLNI que j’ai pu lire ? C’est une lecture qui divise pas mal et c’est bien compréhensible tant ce livre est atypique. Pour ma part, le bilan est majoritairement positif ! ⠀ Lorsque je dis que le roman est atypique, ça ne concerne pas uniquement son fond mais aussi sa forme. Pas vraiment de chapitres dans ce livre mais une succession de courts textes suivant le point de vue des différents personnages, ponctués d’échanges (principalement des chamailleries) entre Astria et Ysmahel et de « petits traités » visant à nous faire découvrir différents aspects de l’univers. L’avantage de cette structure, c’est que ça rythme énormément le récit et le rend très dynamique. L’inconvénient, c’est qu’on a beaucoup de mal à s’attacher aux personnages puisqu’on ne les suit que deux ou trois pages à la fois avant de passer à autre chose. ⠀ Le plus compliqué pour moi aura été la première partie du roman puisque j’étais vraiment perdu entre les différents personnages. Non seulement j’avais un peu de mal à me souvenir qui était qui, mais j’avais aussi beaucoup de mal à me souvenir quel type d’élémentaire chacun était. Je dois dire que quand j’ai enfin compris qu’on pouvait identifier l’espèce de chacun juste en se basant sur son prénom, ma compréhension a tout de suite été bien meilleure ! ⠀ Au final, une fois passé la partie 1, je me suis beaucoup plus attaché aux personnages et j’ai surtout bien mieux compris leurs actions et leurs objectifs. Il y avait peut-être un poil trop de points de vue pour moi mais ça restait quand même gérable. ⠀ Pour passer sur le vraiment positif, j’ai vraiment adoré les deux narrateurs qui apportent énormément d’humour au récit. Alors clairement, si vous êtes allergiques à l’humour dans les romans et/ou aux notes de bas de page très présentes, vous risquez d’être un peu dérangés, mais personnellement j’ai beaucoup aimé cet aspect de l’histoire. C’est aussi l’occasion pour l’auteur de gérer une seconde sous-intrigue (mineure) et d’inscrire ce roman dans la continuité de ses autres livres (que je dois vraiment lire) de manière très intelligente. ⠀ Le dernier point que je veux aborder, c’est le worldbuilding qui est incroyable et vraiment le point central de ce roman. J’ai trouvé géniale la façon dont l’auteur nous amène son univers, sans nous tenir par la main, en nous donnant des clés mais sans jamais trop en dire. ⠀ J’ai aussi trouvé l’univers vraiment original, d’une manière très différente de ce qu’on retrouve souvent en fantasy où les auteurs ont vite fait d’être un peu « fainéants ». Je pense notamment à tous ces auteurs qui créent des mondes censés être complètement différents du nôtre mais où la faune et la flore sont quasiment identiques aux nôtres, ou bien où les différentes races mangent exactement les mêmes aliments que nous. Pas de ça ici. Tout est profondément original, et lorsque certains aspects pourraient paraître un peu trop calqués sur notre planète, l’auteur nous sort de son chapeau une excellente raison pour ça, simple mais intelligente ! ⠀ Pour résumer, ce n’est pas un coup de cœur dans la mesure où j’ai eu du mal à rentrer dans l’intrigue principale, mais il y a tellement de choses vraiment bien faites que le roman ne peut pas laisser indifférent.
J'ai lu Journal intime d'un dieu omniscient d' @adrienmangold Merci beaucoup aux @editions_hsn pour cet envoi ☺️
🅲🅷🆁🅾🅽🅸🆀🆄🅴 Le Dieu omniscient d'Astria s'ennuie... Il décide d'écrire son journal intime pour dévoiler au lecteur ce monde qu'il a créé, une société d'eau, de feu et de roche. Pour cela il fait appel à un prête plume du nom d'Ysmahel. Ce Dieu nous fait découvrir sa planète et en particulier la vie de quatre Astriens. Il décide pour son divertissement de tirer les ficelles de leur destin. La tâche s'avère difficile et chronophage mais apparemment ce Dieu a toute l'éternité pour arriver à ses fins.
🄼🄾🄽 🄰🅅🄸🅂 On part sur une base assez floue pour le début de ce roman, il faut absolument s'immerger dès le départ dans ce roman choral pour assimiler cet univers fantasy très complexe. Mais dès que l'on s'imprègne de l'histoire on ne peut plus la lâcher et tout devient fascinant et intéressant. L'univers est très détaillé et imaginatif. L'écriture d'Adrien Mangold est poétique et son imagination n'a aucune limite. J'ai beaucoup aimé la mise en page du livre avec les notes de bas de page humoristiques d'Ysmahel, les petits traités... Et j'ai adoré suivre le croisement des destins de Gueriand, Golia, Elix et Lanox.
🄲🄾🄽🄲🄻🅄🅂🄸🄾🄽 Un roman nature writing mais version fantasy très original mêlant la magie et les élémentaires. Dans ce livre l'auteur nous offre également une ode à la beauté et la magnificence de la nature. Pour ma part j'ai été conquise !
Avant de commencer cette chronique en bonne et due forme, j’aimerais observer une minute de silence pour la beauté de cette couverture.
(voilà, c’est fini ?)
Alors, par où commencer… Disons que cette lecture fut assez complexe, surtout au début, et même si au final je l’ai appréciée, la complexité m’a un peu compliqué la tâche.
On a énormément de personnages. Ils sont tous très différents et j’ai adoré suivre leur histoire (et surtout leurs déboires). Petit problème : ils sont tellement nombreux qu’il m’a fallu un certain temps pour arrêter de les confondre.
Le worldbuilding : clairement, cet univers a demandé un travail de titan. J’ai adoré Astria. Que ce soit les élémentaires, la planète en elle-même, les coutumes, les religions, etc., j’ai vraiment trouvé ça hyper intéressant et original. Tous ces éléments ajoutent évidemment de la complexité (encore une fois). Certaines notions ne sont pas toujours expliquées tout de suite et j’ai parfois eu du mal à me représenter des éléments. Mais dans l’ensemble, Astria est magnifique, magique même, et je me suis vraiment sentie emportée dans un autre univers. Les élémentaires m’ont fascinée.
Je crois que ce que j’ai préféré, c’est clairement les commentaires et les échanges entre Astria (le dieu) et Ysmahel (son fidèle serviteur… enfin plus ou moins). Ce duo m’a fait mourir de rire, surtout Ysmahel qui ne se gène pas pour critiquer son supérieur.
Dans ce livre, on retrouve aussi quelques références à la Terre, et quelques critiques de notre société sous le couvert de l’humour. J’ai trouvé ça intelligent et intéressant.
Bref, c’est donc une bonne lecture, malgré les difficultés qui l’ont rendue moins agréable à certains moments. Je vous la conseille néanmoins, surtout si vous cherchez une fantasy originale et très travaillée.
Livre difficile à résumer. Je dirais que l'univers est bien travaillé et original, et que l'idée de base est intéressante. Malheureusement, la présentation des personnages (notamment dans la première partie) souffre à mon goût de beaucoup de désorganisation, qui donne un effet de flou et de maladresse et gêne la compréhension des intrigues personnelles des personnages. J'ai eu ainsi beaucoup de mal à rentrer dans l'intrigue. Cela s'atténue quelque peu à partir de la troisième partie, mais j'avoue avoir lu en travers plusieurs parties pour avancer dans l'histoire. Je reconnais néanmoins le travail sur le fil rouge de l'histoire et l'univers.
Quand je me suis rendue au Salon du Livre de Wallonie de Mons, j’ai eu l’excellente surprise qu’Adrien Mangold me reconnaisse. Cet homme a une mémoire de dingue sachant qu’on s’était rencontré en 2020 à Bruxelles. Ce salon draine tellement de monde, ça m’a impressionné, surtout que je suis du genre discret. Sa présence annoncée sur les réseaux de L’Homme sans nom pour la Foire du Livre de Bruxelles, j’ai sorti Journal intime d’un dieu omniscient de ma PAL.
Bienvenue sur Astria ! Le dieu éponyme endosse le rôle de guide touristique pour nous faire découvrir sa planète. Enfin, pas totalement, car c’est à travers les écrits de son bras droit, Ysmahel, que l’on explore ce monde où les créatures élémentaires évoluent.
Le début de ce roman est excellent. Le divinité y interpelle son conseiller pour retranscrire ses pensées. C’est vivant, comique, dynamique, plaisant dès la première page. On perçoit de suite la relation particulière entre ses deux êtres et une partie de leur caractère respectif.
L’univers bâti pour l’auteur, oups, Astria (sait-on jamais qu’il m’entendrait) est original. Il a réfléchi à tout, de la répartition de ses contrées à l’action du soleil, du jour et de la nuit. Les aspects de la planète (climat, rotation, reproduction) sont contrôlés avec l’œil du chef d’orchestre qui empêche la disharmonie, car la divinité craint de reproduire les erreurs de son homologue qui gérait la Terre. Une paranoïa qui enclenche des prises de décision parfois…radicales, malgré son amour pour ses enfants dont il adore suivre la vie.
C’est d’ailleurs sur l’observation de quelques âmes que la narration est basée. Des chapitres minuscules (rarement plus de 2 pages) alternés avec des explications de type encyclopédiques sur le monde ou des intermèdes entre Astria et Ysmahel. Les commentaires sur le world-building m’ont fait penser au travail des auteur.ices de fantasy, ce qui m’a fait sourire. Ces passages permettent de comprendre le fonctionnement de la planète et les relations entre les créatures élémentaires jusqu’à leur système de non-reproduction. En ce cas, l’approche d’Adrien Mangold est intéressante, car il nous propose un monde où le sexe n’est pas source de danger et d’insécurité pour la femme (je vais le dire clairement, hein !). Toutefois, il n’élimine pas la hiérarchie des sexes, il s’amuse à les inverser jusque dans leur conception et à jouer sur les valeurs qui nous sont connues.
Astria est un Reinaume dont la nouvelle couronne vient de monter sur le trône. Les clans sont régis sous le signe du matriarcat, où le foyer et l’éducation des marmots sont considérés comme nobles tandis que les hommes et le travail sont des tâches ingrates. Tout comme les Terriennes le ressentent encore aujourd’hui, les mâles d’Astria regrettent et dénoncent cette domination. Ils revendiquent le droit de participer à l’enseignement et à la paternité ! On voit le contraire également, via Exalée, une nibérienne qui veut devenir charpentière ! Elle incarne la femme qui ose exercer des métiers d’homme. Elle est considérée comme impure, car elle s’abaisse à ça !
Le journal est empli de petites thématiques qui jouent sur les combats et les problématiques de notre terre. Je vous laisse découvrir tout cela parmi les bâtisses religieuses de tissus, les montagnes qui ont la bougeotte et les sous-marins de croisière vivants. Comme dans Prototype, Adrien Mangold déploie une imagination gargantuesque. Il sculpte de décors époustouflants qui amuseraient plus d’un illustrateur ou graphiste de cinéma.
Le rythme et les choix scénaristiques en font un OLNI. On parcourt Astria tel un.e explorateur. ice avec l’impression de suivre un long fleuve tranquille connaissant quelques remous qui dissimulent des cascades vertigineuses. Dont une fin des plus…amusante, à l’image de l’introduction.
Un humour présent dans les joutes verbales entre Ysmahel et Astria. Le conseiller n’hésite pas à le reprendre, le contredire et à le confronter à ses choix, notamment quand il s’inspire un peu trop de la Terre. Il commente avec cynisme en note de bas de page, ses propos. J’ai adoré son personnage et pas seulement parce que j’aimerais avoir un scribe pareil qui écrirait mes pensées avant qu’elles ne s’échappent de mon cerveau à tout jamais.
La plume du romancier est toujours aussi incroyable. Les tournures, les expressions sont originales et fournies. Le vocabulaire inventé pour ce monde teinte le texte et nous dépayse. On a l’impression d’y être et de parler peu à peu astrian !
En bref, Journal intime d’un dieu omniscient est un livre extra-ordinaire. Adrien Mangold joue avec les codes du métier d’auteur.ice en fantasy et les problématiques sociétales actuelles pour construire un roman unique qui ne plaira clairement pas à tout le monde. Si vous tentez l’aventure, démunissez-vous des attentes liées au genre. Ce livre est un défi. Un pari réussi pour moi.