"L'Évaporée" est l'histoire de la rupture entre Jenny, autrice qui vit dans le Nord, et Ève, journaliste parisienne promise au Pulitzer, transmise par leurs points de vue alternés: celle qui est quittée sans explication et celle qui a quitté pour se libérer de ce qu'elle perçoit comme une appropriation littéraire de son existence, la renvoyant à une relation passée qu'elle doit éclaircir avant de pouvoir la dépasser avec sérénité. Un roman à la construction parfaitement maîtrisée, qui interroge le rapport à la création, la conciliation de choix de vie différents et le statut des créatrices.
Très très beau. Je continue d’être en pâmoison devant la plume de Wendy Delorme et je découvre celle, plus incisive et tout aussi sensible, de Fanny Chiarello. Les deux fonctionnent parfaitement ensemble dans ce jeu de ping-pong romanesque, les deux protagonistes prenant corps au fur et à mesure, les émotions sont fortes. C’est un roman fort et doux.
en vérité ça se rapproche davantage d'un three-star read pour moi mais comme je suis une membre active du lobby LGBT et que j'en ai rien à faire je préfère monter la moyenne des livres lesbiens plutôt que faire la pingre et lâcher trois petites étoiles comme si j'étais légitime à le faire alors que je ne suis qu'une petite grenouille humble et bête. tout ça pour dire.
la lecture a été pour moi un mid-tier moment - qu'on s'entende, c'est infiniment plus appréciable et intelligent et bienfaisant pour le monde que n'importe quel livre hétéro, mais on a si peu de livres qui racontent des lesbiennes que forcément, mes attentes sont un tantinet supérieures, c'est injuste, mais c'est ainsi. là où j'attendais de la chair, des ciels noirs et des incisions, c'étaient plutôt des balades en forêt, de grands soupirs et de petites pauses nostalgie, qui, bien évidemment, ont aussi leur charme et leur émotion, mais qui n'avaient pas l'âpreté, le souffle, l'intensité que j'espérais. durant les trois premiers quarts, à force d'alternances entre les deux protagonistes et autres flashbacks plus ou moins déprimés, on a droit à tout un tas de réflexions plus proches du lieu commun que de la révélation sur la rupture et combien ça fait mal (désolée j'ai l'air aigrie mais c'est juste que j'ai envie de couper court à tout ça pour passer au plus vite à la fin qui, elle, est une tuerie), des petits tropes pas piqués des hannetons sur haaan elle est bobo parisienne tandis que haaan l'autre est nature peinture vegan à la campagne et haaan elle était amoureuse de son prof puis de la femme de son prof puis haaan tu es lesbienne moi je suis bi haaaan tu es cruelle je suis victime puis haaan en fait non moi aussi je suis cruelle bref fatigue, c'est long c'est long, ça passe cent pages à se brosser le poil sur le fait que oh mon dieu être en relation avec un.e écrivain.e c'est avoir l'assurance qu'on finira par devenir son personnage et OMGGGG les écrivain.e.s sont des vampires à émotions et haaan ça bande sur la littérature et les poèmes pendant cinquante pages ET ENFIN ON ARRIVE AU JUICY STUFF la fin est une pure dinguerie ça te prend ça te retourne ça te saupoudre de sucre glace et ça te sert ardent bouillant aux enfants qui te DEVORENT TELLEMENT TU ES INERTE bref la fin est vraiment belle, vraiment touchante, et justifie à mes yeux la lecture pas désagréable du tout mais juste pas transcendante que constituait le reste du bouquin voilà désolée je vais finir cette phrase maintenant lisez-le quand même en vrai j'ai exagéré c'est pas si pire c'est même mieux que 90% de ce qu'on trouve au rayon hétéro des librairies juste ça aurait pu être bien mieux et ça manque quand même de style dans l'écriture mais voilà, bonne soirée et bonne Saint-Fernand
+1 pour le fait que ce n'est pas une relation toxique avec des stéréotypes lesbophobes forcément c'est écrit par des lesbiennes mais ça fait du bien à lire, c'est juste un peu plat sur les bords pendant un temps
vraiment très beau, l’idée de lire un livre écrit à 4 mains m’a bcp plu, et je n’ai pas été déconcertée car les façons d’écrire se rassemblent et forment un tout. ps : plutôt fière d’avoir su le lire en 2 jours après 5 mois sans lire un roman !!
Si je suis désormais un peu accoutumé à la plume de Wendy, celle de Fanny est une découverte, et des plus agréables, pour la lecture de ce roman réalisé à quatre mains, par échange de chapitre d'une autrice à l'autre, un roman qui résonne très fortement pour Fanny justement et fait écho à sa propre expérience.
L'Evaporée, c'est le surnom que donne Jenny "celle qui reste" à Eva, celle qui est partie, sans un mot ni une explication. Pourquoi ? Le récit alterne, d'un chapitre à l'autre, entre ces deux femmes qui s'aiment et qui pourtant se sont quitté. Si on est tenté d'accuser Eva au départ, la voix que lui donne le récit remet les choses sous une certaine perspective. On apprend le passif d'Eva, celui qu'elle tait, ses raisons et on se retrouve partagé entre la fuite de l'une et l'attente de l'autre, et c'est immersif.
J'ai l'habitude qu'avec Wendy, je doive m'accrocher un peu au début, je procrastine les premières pages, avant de me rendre compte que je me suis fais happé et que je ne plus lâcher son livre avant d'avoir atteint la dernière page.
Une lecture intéressante sur comment il y a toujours deux versions à une histoire et une dispute. Mais une des personnages est juste insupportable, donc ça me rendait folle.
le rythme de wendy delorme ne cessera jamais de me charmer, je retrouve dans ses phrases la régularité à laquelle j’aspire maladivement dans ma vie de tous les jours, subvertie par des doubles-sens comme une commande d’apparence organisée aux tiroirs sans fonds de bibelots aux histoires à découvrir, éparpillés ça et là. habitant à lyon, je croise régulièrement wendy delorme - en conférence, en squat, au café - j’aimerais être sa coïncidence, comme ève j’adosse un signifié au signifiant. mais retournons à l’évaporée. un roman à quatre mains écrit par mail interposés, voilà un point de départ accrocheur, et j’ai bien été emmené•e. je découvre l’écriture de fanny chiarello, et j’avoue qu’elle ne m’a pas plus que ça emballé (je la trouve un peu condescendante, mais c’est assumé). par contre, j’ai aimé le contraste des chapitres interposés, découvrir la façon dont fanny a reconstruit (et s’est reconstruite par) l’histoire d’amour qu’elle venait de vivre, et comment wendy a imaginé l’évaporée. petite pensée à la vraie évaporée, qui va voir, comme ève dans le livre, sa propre histoire réécrite. une mise en abyme assez ironique.
Wahou, un superbe roman, écrit à quatre main suite à une rupture vécue par l'une des autrice. Un duo où chacune retrace les pensées de son personnage au décours d'une séparation aussi brutale qu'inexpliquée. Car "il est possible de vivre une même histoire en deux narrations totalement différentes. Et que l'expérience de chaque être en ce monde est une solitude vraiment irrémédiable." Magnifique.
Ce roman a été publié alors que je sortais d'une rupture difficile, aussi j'ai presque mis deux ans avant de m'y plonger ! Écrit à quatre mains (quelle belle idée), il nous propose les deux points de vue suite à la "disparition" soudaine d'une des deux amoureuses. Je connaissais déjà bien Wendy Delorme, mais pas Fanny Chiarello, que j'ai adoré découvrir.
Au départ, on a l'impression que l'histoire d'amour était parfaite, et on ne comprend pas pourquoi Eve est partie comme cela en plein milieu de la nuit. Au fil des chapitres, l'histoire se dessine et les explications arrivent petit à petit : et si tout n'était pas aussi rose ? Cela n'explique pas forcément le silence et le manque d'explication, mais les autrices nous montrent bien à quel point le passé de chacune influence ses actions du présent.
En introduction et en conclusion, les autrices nous expliquent leur rencontre, puis la naissance de ce projet et leur processus de travail : hyper intéressant ! Même si on sent quelques différences de style, on pourrait presque croire que les deux personnages sont écrites par la même personne.
J'ai hésité à mettre 4 étoiles, parce que Jenny est parfois bien insupportable dans son "absolu", sa vie sans concessions, ses jugements quand telle personne prend sa voiture pour faire 4 kilomètres ou lui offre un bouquet de fleurs (mortes, rendez-vous compte !)
Mais j'ai tellement aimé cette lecture dans son ensemble, et la fin, que le coeur l'emporte.
j'ai mis un certain temps à lire ce livre à la forme originale - à part Nino dans la nuit je ne me rappelle pas avoir lu d'autres quatre mains -, peut-être parce que ce n'était pas le moment pour moi. je rencontre ce livre au mauvais moment, je pense que j'aurais préféré le rencontrer il y a un an, alors toute empêtrée dans un chagrin d'amour et une rupture violente. peut-être aurais-je été plus émue, je ne sais pas. je suis tout de même contente d'avoir lu ce livre qui est devenue en 1 an une référence en terme de roman queer et lesbien.
"C'est Jenny qui disait des choses comme poésie, pour parler de nous deux. Elle qui a redonné quelque chose de vibrant, de réel, à ma vie. Les moments avec elle ont rendu vains les rôles que je joue depuis que j'ai perdu le sens de qui je suis, il y a très longtemps."
"Tu n'entendras aucun reproche dans ma bouche et je ne me vengerai pas de ta cruauté à la première occasion, tu n'auras même pas à m'expliquer pourquoi, soudain, tu m'as infligé ce que tu sais être pour moi la torture ultime : l'évaporation."
D'une justesse impeccable. J'ai adoré le rythme et l'écriture à quatre mains. Cela étant dit, la fin a été pour moi d'une grande déception. Un must pour les lesbiennes au coeur brisé.
Un peu de mal à rentrer dedans au début, je ne voyais pas trop où ça allait et j’avais du mal avec le personnage de Jenny. Puis passé le premier quart on a les clefs de compréhension et j’ai tout de suite préféré. C’est joli, de belles réflexions, et bien écrit 🧡
Une écriture à quatre mains très réussie. Si je ne l’avais pas pris à la médiathèque, j’aurais annoté, souligné, corné tellement de pages. J’ai connu des Évaporée, je l’ai peut-être été un peu aussi parfois, mais je me suis surtout beaucoup reconnue dans Jenny. Je continue ma découverte de Wendy Delorme avec bonheur et j’ajoute Fanny Chiarello à la liste de celles que j’aimerais lire cette année.
Encore un roman qui me frappe en plein cœur et qui semble s'adresser directement à ma manière d'être au monde. Je me suis également reconnue dans Jenny et dans Ève, dans la quête d'amour de l'une et l'impossibilité à se laisser aimer de l'autre. J'étais Jenny quand je lisais les chapitres d'Ève, Ève quand je lisais ceux de Jenny. Et juste comme ça, j'ai eu l'impression de les comprendre intimement, de vivre leur relation comme un seul flot de sentiments se déroulant en moi. J'ai été agacée par les travers de chacune comme si j'étais l'amoureuse éconduire ou évaporée, j'ai eu envie de partager leur quotidien, leurs deux quotidiens pourtant si radicalement différents, mais j'avais l'impression de pouvoir tout aimer, tout approuver, tout essayer. Et au-delà de leur histoire, j'ai trouvé dans les mots de ce récit une évocation de ce que je traverse en ce moment, recherche d'identité, déséquilibre de personnalité, questionnement d'être soi. Rarement une écriture m'aura touchée comme cette double écriture.
Ça m’a un peu déchiré le cœur et j’ai adoré le concept et les plumes des autrices (Wendy Delorme, mon cœur t’appartient) mais la fin était un peu bâclée non ?
Récit à deux voix ( et deux autrices)qui nous comptent une rupture dans le silence de la fuite de l'une ( qui se répare de trauma relationnel antérieur) et dans l'attente et l'écriture de l'autre qui tente de donner un sens. J'ai trouvé ça très beau, l'écriture est simple mais efficace. Très beau portrait de femmes qui s'aiment et qui ont une façon de vivre en dehors des normes.
Je pense que ce livre a aussi bien été un coup de cœur qu'un coup au cœur. J'ai été marqué.e par le réalisme des deux personnages : chacune ayant sa propre vie, ses propres difficultés, sa complexité et ses défauts. L'écriture à quatre mains de cette histoire - par deux formidables autrices- n'a fait que rendre le réalisme saillant et a permis d'engager un véritable dialogue non seulement entre les deux protagonistes mais entre les autrices elles-mêmes. En découle deux personnages plus que vivantes et attachantes dont on voudrait apaiser leur peine et comprendre, les comprendre. Leur cheminement personnel, se croisant tout de même parfois, amène à cette douce fin. Elle n'est pas explicite, reste ouverte laisse la place au personnage et à leur intimité leur vie et pourtant c'était celle qu'on espérait. On ne peut pas s'empêcher d'en vouloir plus, de pouvoir partager un peu de leur bonheur et de continuer un petit bout de chemin avec elles. Je ne crois pas avoir passé un 'chapitre' sans avoir versé une larme ou sans avoir eu le coeur serré et je ne regrette pas instant de cette lecture. Je suis également très content.e d'avoir pu découvrir la plume de Fanny Chiarello que j'apprécie fortement ( Pour ce qui est de Wendy Delorme je suis toujours en extase quant à son écriture...)
"[...] je sais qu'on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes. Et que l'expérience de chaque être en ce monde est une solitude vraiment irrémédiable."
"Aller à la rencontre d'une autrice dont l'univers et l'écriture sont si éloignés des miens se révèle une autre forme de mouvement. Il s'agit de concilier les références littéraires et féministes de Wendy avec mes références musicales et cinématographiques ; sa temporalité longue, qui va enquêter sur le passé des personnages et le contexte de leur développement, avec mon ici et maintenant contemplatif ; son besoin d'exactitude et de cohérence avec mon goût pour les ellipses et les zones d'ombre ; sa métrique en alexandrins avec mes nombres premiers ; les manières si différentes dont s'exprime notre commun penchant pour les symboles, les allégories, les correspondances." - tiré de la postface éclairante de Fanny Chiarello (la préface de Wendy Delorme l'est tout autant -quel plaisir que ces aperçus du processus d'écriture à quatre mains-) sur l'écriture de ce très beau livre ❤️
des trous dans mes organes ; toutes les histoires sont uniques mais les douleurs sont filles d'une même mère comme les levains ; est-ce qu'on vit toustes une seule et même rupture je me suis laissé mener par la langue parfois trop riche et démonstrative (ce qui peut me décevoir parce que j'écris pareil) parce que Fanny Chiarello a gentiment ouvert mon ventre pour me tisser une écharpe avec mes intestins (est-ce que je devrais écrire aussi mais à quoi bon) l'histoire d'Eve m'a aussi happée mais forcément avec moins de sang et de tripes des deux côtés quelle conclusion de merde ? je reste avec la catharsis coincée dans tous les muscles de mes épaules
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Ça m'a pris un moment de lire ce roman, plus pour des raisons personnelles qu'autre chose. J'ai trouvé cette expérience littéraire très intéressante et, ayant déjà apprécié l'écriture de Wendy Delorme, j'étais sûre de bien aimer. Une histoire à deux voix, une histoire de rupture qui explore les deux personnages intimement et, même si au début on a envie d'être "du côté" de celle qui reste, on arrive au fil des pages à comprendre les raisons de celle qui est partie (l'"évaporée", justement). Les écrits de Delorme et Chiarello posent bien le cadre et les circonstances dans lesquelles cette histoire est née. Personnellement, j'ai hâte de lire davantage des deux écrivaines.
L'expérience d'une lecture écrite à quatre main m'a énormément plu , donnant ainsi toute son originalité à la forme du roman et également à la forme où chacune des autrices évoque la vie après la rupture, du côté de celle qui a pris la décision de partir et de celle qui la subit. Même si certaines pensées et action m'ont beaucoup parlé, l’ensemble m'est resté très fictionnel. Mais je retiens et salue l'intimité de ce texte
C'était beau, c'était si beau. J'avais du mal avec le contraste entre les 2 écritures au début du livre mais rapidement j'ai trouvé cet échange hyper harmonieux (malgré quelques longueurs c'est vraii). J'aurais juste aimé que le thème des limites de l'écriture soit un peu plus creusé, au final y a beaucoup de répétitions. En tout cas, toujours très heureuse de lire des histoires d'amour de lesbiennes (notamment qui ont plus de 30 ans!).
Je m'attendais pas à tant aimer à vrai dire notamment parce que la libraire en qui je fais confiance car elle est homosexuelle m'a dit qu'elle était pas fan ceci dit force est de constater que je l'ai trouvé foncièrement intéressant et surtout la réflexion sur le fait d'écrire pour le grand public sur des proches, des femmes du passé et de passage, sur la manière dont cette "musification" peut être profondément dépossédante pour celles qui inspirent
Un exercice littéraire réussi, et une jolie histoire. J'ai détesté les personnages par moments, envie d'en prendre une pour taper sur l'autre, mais l'ensemble reflète plutôt bien ce qu'une rupture peut avoir de bordélique et d'inconfortable. Et la qualité littéraire de certains passages est remarquable.
Suis-je de pierre ? C'est bien écrit mais je m'attendais non seulement à des personnages plus touchants et plus attachants, mais aussi à quelque chose de plus subtil, notamment dans les raisons données à cette rupture par ce récit qui, je crois, devait permettre d'interroger ce qui fait qu'une relation ne fonctionne pas parfois au-delà de nous-même et de l'amour que l'on se porte. Bref, des personnages que j'ai trouvé insupportables, des raisons parfois tirées par les cheveux. J'aurais sans doute été plus embarquée si je l'avais lu à un autre moment, après une rupture par exemple; là rien ne m'a émue. C'est un bel essai sur la petite bourgeoisie option création et prix littéraire, vin bio et tartinades vegans, qui rend les personnages encore plus lisses et moins intéressants (=chiants), portraits de lesbiennes que je vais faire en sorte d'éviter dans mes prochaines lectures.