En vous promenant dans Marrakech, vous croiserez peut-être le jeune Kamal, meilleur guide de la place Jemaa el Fna. Il possède le don des langues, l’instinct de la rencontre, l’habileté du dialogue. Mais dans son corps semblent cohabiter deux personnages, qui ne sont d’accord sur rien. Tels des frères siamois coincés dans une même enveloppe, l’un entreprend, quand l’autre paresse. L’un avance, quand l’autre piétine. L’un est adepte de l’ordre, quand l’autre se complaît dans le chaos. Cette contradiction intérieure, qui est commune à tant d’entre nous, a un terrain de jeu redoutable, une ville - Marrakech - où tout semble possible, mais où tout est piégé, où se croisent modernité et tradition, où se bousculent Orient et Occident. Entre les immenses eucalyptus et les colonnades de bigaradiers, grisés par les senteurs de la médina, les moteurs trafiqués de mobylette vous jettent dans la cohue où la poussière recouvre les traces des pires forfaits. Né dans ces ruelles obscures, avec une mère sans le sou, un frère brutal et une sœur candide, notre narrateur donnera tout pour faire entrer le soleil dans la maison et chasser son frère fantôme. Il a l’audace de la jeunesse et sait s’appuyer sur l’amitié. Mais, comme des belles-de-nuit, ces fleurs qui poussent à tous les coins de rue, aucun de ces personnages n’échappera à son milieu social, celui des mauvaises herbes. Entre conte social et roman initiatique, Mon frère fantôme de Mahi Binebine nous offre, par jeux de miroirs, une magnifique réflexion sur la condition humaine.
Mahi Binebine is a Moroccan painter and novelist born in Marrakech in 1959. Binebine has written six novels which have been translated into various languages.
Born in 1959 in Marrakech, Mahi Binebine moved in Paris in 1980 to continue his studies in mathematics, which he taught for eight years. He then devoted himself to writing and painting. He wrote several novels, which have been translated into a dozen languages. He emigrated to New York from 1994 to 1999. His paintings are part of the permanent collection at the Guggenheim Museum in New York. He returned to Marrakech in 2002 where he currently lives and works.
Une autre aventure succulente de l’artiste Mahi Binebine.. Deux esprits dans un même corps, l’un désigné par ‘ Kamal’ ou ‘lui’, et l’autre par ‘ je’ ou ‘ moi’.. Deux personnes au caractère contradictoire, partageant le même corps, la même bouche, et surtout le même quotidien dans les anciennes ruelles de la ville ocre, sa fameuse place Jamea El Fna, et avec des personnages des plus ordinaires et authentiques: une mère, une grand-mère, une tante, une sœur, un frère, les soeurs nonnes, le gardien de la Goute de lait ... Une histoire bien ficelée , comme celle racontée par les compteurs les plus érudits de la grande place, qui emmène le lecteur bien loin, dans un monde mi- réel, mi- burlesque..
Belle lecture, mais hélas un peu courte. Mahi nous embarque par sa plume envoûtante dans le Marrakech fraîchement post-indépendance, où nous suivons les péripéties de Kamal et son double jusqu'à son destin tragique, dans un style pétri de mots soigneusement choisis. Le narrateur grandit dans les deux univers ambivalents que sont la Goutte de lait et la société dans laquelle il vit, et notamment sa famille, qui occupe une grande part dans le récit. J'ai noté beaucoup de ressemblance entre le personnage d'Omar et celui de Hamid dans Les Étoiles de Sidi Moumen. Par ailleurs, j'étais un peu déçu de relever un anachronisme sur le nom de la prison de Marrakech, il s'agissait pour l'époque de Boulemharez et non de Loudaya, tout juste construite récemment.
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