« Elle trouve refuge dans une petite grotte érigée au fil des décennies avec des mots, des images et des chansons, l’art, un bien grand mot, la beauté des choses qui la bouleverse lui sert de kaleidoscope pour observer les jours et les gens. Ainsi le quotidien paraît moins féroce aux yeux de cette sentimentale désenchantée. »
Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d’une dictatrice, se débrouille comme elle peut avec la vie, c’est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère féministe mais atteinte d’une forme de joyeuse démence, trois filles à l'adolescence woke, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d’amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu’au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d’une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté.
Chaque phrase accueille au creux du confort d’une vie d’apparence bourgeoise les secrets de l’enfant caché, blessé, cajolé parfois, que fut Anna, car chaque adulte est cousu d’enfant. Il veut ce que nous voulons tous : l’amour.
Un livre à lire d’une traite pour ressentir l’accablement et la frénésie de cette quinquagénaire tentant de se maintenir à flots malgré tous les sujets qui la préoccupent. Femme active, elle se doit de rester dans le coup face à l’arrivée de sa jeune cheffe branchée, elle fait bonne figure, tout comme devant la directrice de l’Ehpad où séjourne Nine, sa maman bien indisciplinée ! Mais la vie et les journées d’enfer n’ont pas fini de lui réserver des embûches, il lui faut gérer les humeurs de ses trois filles qu’elle adore mais qu’elle ne comprend plus aussi bien qu’avant, et puis son mari qui la regarde avec son air de chien battu pour demander pardon… Mais comment font les gens ? Cette ritournelle rythme la longue plainte, ce texte sans chapitre. Pas le temps de respirer dans ce monde ! Ce roman se lit comme un tableau vivant de notre quotidien et de la société actuelle, sous le regard acéré d’O. de Lamberterie dont j’apprécie toujours autant la plume. Un regard plein d’humour et de dérision, voire d’ironie, sur notre société et sur la vie que chacun se voit mener malgré lui… J’avais été touchée par « Avec toutes mes sympathies » mais j’ai apprécié cette lecture d’un autre genre car je m’y suis reconnue aussi. J’ai aimé le rythme de ce texte, à l’image de la vie quotidienne d’une femme active, encore sensible aux problèmes de la société où elle vit… Je remercie Netgalley et les Editions Stock qui m’ont gentiment fait profiter de cette lecture agréable et à effet miroir ! #Commentfontlesgens #NetGalleyFrance
Ce roman se lit comme on feuilleterait un album photos de la société dans laquelle nous vivons. C'est celle dans laquelle a grandi Anna, 53 ans, employée dans l'édition, mère de 3 filles, Allegra, Félicité et Joy. Son couple part en vrille, elle a découvert que Peter la trompe. Nine, sa mère, vit dans un Ehpad, atteinte d'Alzheimer. Le récit est régulièrement interrompu, un peu comme le fil de notre quotidien, par les notifications du téléphone d'Anna, les "gling" annonçant les sms de sa nouvelle cheffe qu'elle déteste ou de ses amies. "Anna se demande comment habiter le monde" ; et, en effet, comment ne pas être saisi(e) de vertige devant le rythme effréné de nos vies la charge mentale des femmes ou l'hypocrisie des rapports humains ?
C'est un roman très juste sur notre époque et ses catastrophes, de l'incendie de Notre-Dame à la pandémie de Covid en passant par les réfugiés syriens dans le métro.
L'auteure balaie divers "périls modernes" face auxquels elle s'interroge : comment font les gens - et surtout les femmes, car la plume se revendique féministe - pour supporter tout ça ? Le roman aborde par petites touches différents sujets dessinant les contours de notre époque : harcèlement des ados sur les réseaux sociaux, phobie scolaire, travail en open space, vie à cent à l'heure, diktats de beauté, éducation des enfants, Parcoursup, antivax, #metoo.
J'ai retrouvé avec plaisir la plume d'Olivia de Lamberterie : son récit Avec toutes mes sympathies m'avait émue. Ici, j'ai aimé le ton léger, parfois drôle, et la construction par petites touches montrant l'évolution de la société et de l'éducation depuis les années 70. Le regard est tantôt désabusé, tantôt cynique ou acerbe, pointant les contradictions et les maux de notre monde. Je remercie Netgalley et les éditions Stock pour l'envoi de ce roman très plaisant. #NetgalleyFrance #Commentfontlesgens
Une super lecture, où l’on suit Anna, quinquagénaire, dans son quotidien ainsi que sur ses interrogations sur son rôle de femme, de mère, de fille, de femme, et plus globalement sur le sens de sa vie.
C'est étrange au début un livre sans chapitre, sas histoire...juste le déroulé d'une journée de Anna. Ses réflexions sur la vie d'une quinquagénaire débordée dans notre société trépidante. J'ai aimé me retrouver dans les interrogations de la narratrice
Un livre sans chapitre construit come une longue conversation avec Anne - quicagenaire, fille, mere, épouse, critique littéraire … Elle est de tous les combats, élevé par une mere féministe, élevant des filles woke. Beaucoup d’humour et pas mal de cynisme A faire lire a ces messieurs également …
Un second ouvrage (roman) bien différent d’Avec toutes mes sympathies (essai) que j’avais également adoré. Une question que l’on se pose souvent, mais comment font les gens ? En effet, crise climatique, terrorisme, faim dans le monde, guerres, nouvelles toujours plus démoralisantes et terrifiantes, tout cela n’est pas vraiment enchanteur… Sans parler du rythme harassant d’une journée type, pleine d’injonctions et d’obligations toujours plus pressantes. Anna tient bon, vaille que vaille, mais le jour où la forteresse de son couple est ébranlée, tout pourrait bien vaciller pour elle qui est déjà en équilibre instable et en dépassement d’énergie permanent...
« Cette angoisse intermittente : est-ce que tout cela en vaut la peine ? » Comment faire pour continuer de vivre plus ou moins sereinement, pour s’épanouir dans son couple, dans sa profession, en famille tout simplement ?
« Anna, sa seule certitude, c’est Peter. Alors ce “rien” sème le désastre, mine cet abri du monde qu’elle a mis tant d’énergie à construire. Partout, tout le temps, un truc la hèle, qu’elle ne sait pas nommer, mais qui voudrait la mettre à terre et la faire rouler dans la cendre et elle doit s’en protéger comme d’une bête sauvage. Comme s’il était dangereux de vivre. Et ce couple lui semble un rempart lumineux, une façon de vivre à l’abri de la mêlée. » Ce roman nous livre les sensations, les réflexions d’une autre Mrs Dalloway qui, comme la protagoniste éponyme de ce roman de Virginia Woolf, doit préparer pas tout à fait une « party », mais une réunion de famille qui pourrait se transformer en « party » selon la nouvelle que la principale invitée, la fille aînée d’Anna, va partager avec sa famille.
« Ce qu’elle voudrait, c’est leur donner la force de lutter contre l’injustice et les médiocres, la générosité, en faire des chics filles, pas des chiens savants, Byzance elle le laisse aux professeurs. » Nous vivons donc, comme dans le roman de Virginia Woolf, une journée dans la vie, dans les pensées d’Anna et nous assistons alors à son dédoublement : le personnage social extérieur qui assure et répond aux attentes, et celui, intime, intense, qui doute et avoue sa détresse et sa lassitude.
Et elles entraînent, pour nous lecteurs, une réflexion sur la vieillesse (car Anna est prise entre deux feux : ses adolescentes, forcément rebelles, et sa mère qui a la maladie d’Alzheimer), la ménopause, les livres et la littérature, la fuite en avant, le monde tel qu’il est, avec ce qu’il a de terrifiant, le couple, les tromperies, l’amour, la famille, l’amitié, l’entraide… et bien d’autres sujets qui nous concernent toutes. Et tous. Et l’on se prend à souhaiter qu’une meilleure place faite aux hommes pour que les fardeaux soient partagés et des solutions trouvées. Dans un style délibérément léger, à l’humour assumé pour ne pas alourdir des sujets déjà graves, un texte au rythme trépidant, haletant qui traduit celui de la journée d’une femme surmenée. D’autres titres nous viennent à l’esprit, « La femme qui court » ou « Chroniques d’une charge mentale ordinaire » ...
« Anna est discrète, incertaine, ambitions nébuleuses et tempérament marécageux, une femme sans bruit, mais elle est forte de cette mère-là. Sa douloureuse merveille. » Ce portrait d’une héroïne du quotidien, essayant de faire au mieux et dévouée à mère, filles, conjoint, nous ressemble et vous touchera à coup sûr.
D’ailleurs « les gens » ce ne sont pas « les autres », c’est elle aussi, c’est vous, nous, tout le monde, qui, coûte que coûte, nous efforçons d’avancer vers un futur toujours plus incertain en préservant tout ce qui nous apporte encore joie et bien-être.
Un roman magnifique, émouvant, superbement écrit, que je recommande sans hésiter.
Passons une journ�e dans la vie d'une quinquag�naire post-covid un peu bourgeoise, fille d'une m�re en EPHAD, m�re de trois filles, dont deux encore scolaris�es, assistante d'�dition, mari�e � un certain Peter qui a d�clench� la troisi�me guerre mondiale de leur couple la veille...Le d�roul� de la journ�e d'Anna est ponctu� des "Gling" de notifications qui coupent sans arr�t ses pens�es, encouragent la dispersion et les digressions : SMS, messages, groupes de messagerie, appels, r�seaux sociaux, sites d'info plus ou moins informatifs (people, politique, faits divers...) Toutes ces interruptions qui rythment ou font dissoner la vie de certain.e.s accrocs au t�l�phone portable. Car �videmment, c'est aussi par ce foutu mobile que le malheur arrive, ou plut�t, se r�v�le � Anna.J'�tais curieuse de lire un roman d'une des rares chroniqueuses litt�raire que j'�coute souvent et dont il m'est arriv� de suivre les conseils de lecture. J'ai �t� agr�ablement surprise par la qualit� de ce court roman tr�s prenant. Je me suis rapidement attach�e aux personnages �mouvants de simplicit� et de sinc�rit�. J'ai �t� particuli�rement s�duite par cette h�ro�ne des temps actuels, aux prises avec les al�as de la vie de famille , jeune quinquag�naire d�bord�e par ses r�flexions, ses doutes, ses sentiments... J'ai �t� intrigu�e par Axel, l'ami auteur suicid� qui continue de hanter Anna malgr� cette vie qui avance inexorablement.L'ouvrage est compl�tement ancr� dans notre actualit�. L'autrice aborde des th�mes aussi divers que : les m�dias, la vie "apr�s confinement-codiv19", les difficult�s du quotidien des gens, le f�minisme et l'apr�s #metoo, la vieillesse mal v�cue (surtout par et pour les femmes), les violences ordinaires, Paris, le temps qui passe sur les corps, les visages et les c�urs. Autre sujet phare du roman : la parentalit� (Anna a trois filles d'�ges diff�rents, dont une vraiment plus �g�e, qui a une annonce pas tellement surprenante � faire le soir m�me) et le soin � apporter � nos a�eux (sa m�re en EPHAD aurait quelques probl�mes de comportement dans cet environnement inadapt� � son cas). Enfin, Olivia de Lamberterie a choisi de faire �voluer son personnage dans un univers qu'elle conna�t bien : celui de l'�dition. Cela donne lieu � quelques r�f�rences litt�raires int�ressantes, dr�les, intelligentes ou surprenantes.Les th�mes abord�s, la narration et les r�flexions sur notre soci�t� m'ont rappel� certains romans de Delphine de Vigan, en moins cru, plus d�licat, plus litt�raire, un brin bourgeois. Le style est travaill�, agr�able, fluide m�me dans les phrases les plus longues. Le rythme est haletant et d�routant car sans chapitre, comme s'il fallait tout sortir d'une traite, sans pause, de peur de manquer de courage face � l'adversit� de la soci�t� de 2020... Comme si la narratrice ne pouvait plus taire ce qu'elle a sur le c�ur, comme une urgence � d�border et digresser de tous c�t�s, avec beaucoup de recul, de bienveillance et d'intelligence.
"Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d’une dictatrice, se débrouille comme elle peut avec la vie, c’est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère féministe mais atteinte d’une forme de joyeuse démence, trois filles à l'adolescence woke, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d’amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu’au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d’une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté."
Trois et demi si c'était possible. Une femme de notre époque coincée entre une mère qui fut féministe et maintenant alzheimer et 3 adolescentes qui vivent leur vie. En plus de cela,il y a le mari qui vient d'en trouver une autre..... Heureusement reste la solidarité des amies... Un rythme effréné de vie et d'écriture. Pas de chapitre,pas de plan narratif mais tout se mélange chagrins et sourires comme dans la vie.
Si la vie était un match de boxe, il nous faudrait encaisser tous les coups, en esquiver quelques uns, contre-attaquer, veiller à ne pas tomber ou bien se relever en protégeant sa garde. C’est un peu le sentiment ressenti à la lecture du dernier roman d’Olivia de Lamberterie.
Anna, la narratrice, est parisienne jusqu’au bout des ongles: la cinquantaine, éditrice à succès qui doit cependant rendre des comptes à une boss prête à tout pour faire du chiffre, fille d’une féministe de la première heure qui désormais sombre doucement dans une démence folâtre, mère de trois filles qui s’apprêtent à se lancer dans le même tourbillon qui la tourmente, épouse d’un mari « parfait » qui s’avère ne pas être si irréprochable, et entourée d’amies déterminées à sonner l’heure de l’apéro SOS burn out pour voler à son secours.
Mais comment font les gens? Comme Anna, on s’interroge, on rit, on s’émeut, on écoute, on prend du recul, on se souvient et on relativise. Tout ceci à un rythme effréné, celui d’une journée dans la vie d’une femme moderne qui court en talons aiguilles à la poursuite de sa sérénité.
Il y a des jours où nous finissons par oublier d’écouter les oiseaux chanter. Pourtant, c’est en gardant le cœur léger que nous parvenons à respirer, aimer, pardonner, s’émerveiller à nouveau. Toujours. Et si le bonheur était dans la réflexion, quel meilleur moyen de commencer si ce n’est en ouvrant un livre? Nous ne le refermerons qu’une fois l’avoir terminé. D’une traite.
Ça va vite, on passe d’une idée à l’autre en a rien de temps. Au rythme de la journée et des pensées de cette femme, avec des angoisses à partagées et dans les quelles tout le monde peut se retrouver. J’ai bien aimé le style de l’autrice, l’idée de passer du coq à l’âne comme ça. Les différentes références qu’on peut y retrouver m’ont fait sourire.
Ai beaucoup aimé ce livre d’une « quincagéniale » féministe. J’ai relu certains passages qui me faisaient rire et d’autres émouvants où elle évoque l’abandon, la vieillesse, la maladie.
Une journée dans la vie d’une femme dans la cinquantaine, bien de son temps. Travail où elle se réalise mais craint l’arrivée d’une future chef plus jeune, 3 filles avec lesquelles elle a des conflits, des inquiétudes et des élans d’affection, une mère en hébergement atteinte d’Alzheimer, un mari apprécié mais qui la trahie, des amies depuis toujours qui sont fidèles au poste!
Le tout sur une journée, et oui, on se sent essoufflé comme elle. On apprécie la justesse de ses réflexions et on se questionne inévitablement sur comment faisons-nous nous-mêmes…