Du printemps érable à la pandémie, Pierre observe les changements qui s’opèrent au Québec et en lui-même. Le conservatisme s’installe, de nouvelles valeurs émergent et Pierre vieillit. Son corps le lâche et ses pensées menacent de se figer. Mais la nostalgie est-elle défendable? De quel héritage Pierre peut-il se réclamer?
Les gens de son âge commencent à mourir. Les personnes qu’il aime ne sont pas heureuses. Julie assiste, impuissante, au déclin de son université. Amir peine à se tailler une place dans le pays qu’il a choisi, et les étudiants sont désemparés devant le monde qu’on leur lègue. Un monde violent, insignifiant, et qui bavarde en courant à sa perte.
J’étais juste à côté se présente comme une série d’instantanés échelonnés à travers une décennie. La pensée de Pierre rencontre l’actualité du temps, le discours social et prend acte de ses préjugés. Sa réflexion évolue en s’appuyant sur des constantes: l’amour des livres et des oiseaux, la tendresse pour ses proches, l’impatience devant la bêtise et un certain goût pour la justice.
Encore un «home run» de Patrick Nicol, un de mes cinquantenaires grognons et désabusés favoris. Pierre, l'alter ego de l'auteur, est un professeur qui traverse des épreuves mineures, parfois dues à son âge, souvent dues à son entourage. Il observe avec horreur les entraves à la civilité de la population qui l'entoure, se questionne sur l'utilité de son métier, souligne nos contradictions et nos névroses.
Qui d'autre pourrait consacrer plusieurs pages au laxisme des conducteurs de voitures, ou aux inconvénients d'utiliser les toilettes dans un lieu public, me faisant constamment hocher la tête de connivence?
Je préfère croire que ces «romans de la lucidité» sont des phares dans la nuit consensuelle de la littérature québécoise, plutôt que des complaintes déprimantes d'auteurs vieillissants et privilégiés. Il y a des nuances, et il est important de les souligner.
La lecture de ce livre fut très spéciale pour moi. L’auteur fut le meilleur ami de mon père au secondaire et au Cégep. Au début de livre, il raconte brièvement l’histoire de sa mort en le nommant par son vrai nom. Mon père revient à plusieurs brefs endroits durant le livre. C’est une drôle de chose de se dire que son histoire est maintenant dans un livre. Il est rassurant de penser que même après la disparition de toutes les personnes l’ayant connu, son histoire sera cristallisée dans cet excellent livre.
L’écriture de Patrick Nicol est toujours aussi efficace pour exprimer le réel et le routinier avec poésie. L’ingéniosité dont il fait preuve pour jouer avec la réalité et briser le quatrième mur est tout simplement brillante.
Le dernier roman de Patrick Nicol, quoi de neuf? Le Houellebecq du pauvre nous a pondu une autre omelette nihiliste, qui culmine avec la prestation désabusée d'un prof de cégep sur Teams en 2021. Un récit cousu mollement, avec tout de même quelques traits d'humour qui nous arrachent trois ou quatre rires sardoniques sur un peu moins de deux cents pages. Bah, ça pourrait être pire...
Il y a une beauté triste, un développement lent de la réalité du vieillissement et la tension difficile entre le Québec qui a déjà été et le Québec qui existe aujourd'hui. Beautifully written and, as an academic, a poetic accounting of the way that teaching can be both rejuvenation and exhaustion.