De quoi avons-nous vraiment besoin ? Comment se nourrir ? se loger ? s’éduquer ? se cultiver ? se soigner ? comment produire et travailler ensemble ? Partir de ces besoins, c’est envisager, au-delà des seules politiques économiques, les voies démocratiques concrètes de cette véritable bifurcation sociale et écologique que la société doit mener. Partir de ce dont nous avons vraiment besoin, c’est sortir de l’économisme coupé de la réalité sociale et fonder l’économie sur les valeurs humaines auxquelles nous tenons pour vivre ensemble.
Les Économistes atterrés nous invitent à distinguer l’essentiel du superflu et l’utile du nuisible. C’est seulement à partir de ces véritables besoins que peut se construire une réelle alternative sociale et écologique au capitalisme néolibéral actuel.
Car les économistes libéraux, eux, privilégient la croissance systématique de l’offre productive sans la relier à son contenu. Ils dédouanent ainsi les entreprises de toute responsabilité dans la manière dont elles répondent à nos besoins. Ce tropisme productiviste conduit à des impasses de plus en plus folles comme la croissance verte ou une concurrence aussi acharnée que destructrice. Penser ensemble les besoins et la manière d’y répondre, c’est, au contraire, la garantie de lier la dimension sociale et la dimension écologique de la bifurcation et s’assurer que les politiques publiques vont dans ce sens.
Il faut y réfléchir sans attendre. C’est ce que proposent les Économistes atterrés dans ce livre original et audacieux.
"De quoi avons nous vraiment besoin" est un ouvrage de vulgarisation qui s'organise en chapitres dédiés à un besoin particulier : se nourrir, se soigner, vivre ensemble... Le livre a le mérite de présenter un diagnostic chiffré et référencé de la capacité de l'économie et de la société française à produire et répondre à ces besoins. Il présente également un ensemble de propositions générales pour y remédier. Pour autant, cette sorte de livre programmatique reste trop vague ou trop peu convaincant pour être vraiment éclairant. Comment, concrètement, parvient-on à mettre ces propositions en place dans un monde globalisé et dans le cadre européen ? Ces propositions sont-elles réellement compatibles avec les mesures de frugalités qu'il faudrait actuellement mettre en place pour répondre aux enjeux climatiques? Bien qu'il s'agisse de vulgarisation, on pourrait également regretter que la question des "besoins" ne soit pas discutée au-delà d'un paragraphe introductif. Un travail conceptuel, certes difficile à présenter de manière synthétique, aurait nourris la réflexion.
Livre intéressant et qui peut apporter certaines inspirations à l’économie québécoise malgré les divergences de contexte. Alors que certains chapitres, comme celui sur le logement, sont très pertinents, certaines suggestions ne remettent pas assez en question les fondements du système à mon goût !