Derrière les façades de luxueux immeubles parisiens, les immenses grilles de châteaux, les baies vitrées de vastes villas de la Côte d'Azur, se cache un personnel invisible mais présent quotidiennement au service des grandes fortunes. Gouvernantes, majordomes, femmes de chambre et de ménage, lingères, nannies, cuisiniers ou chauffeurs travaillent du matin au soir, et souvent la nuit, pour satisfaire les besoins et désirs des millionnaires qui les emploient à leur domicile. En s'appuyant sur une enquête immersive de plusieurs années, ce livre lève le voile sur les relations quotidiennes entre ceux qui servent et ceux qui sont servis. Ce faisant, il éclaire les ressorts d'une cohabitation socialement improbable, faite de domination et de résistances. Elle-même prise dans ces relations, en travaillant un temps comme domestique, Alizée Delpierre montre comment une certaine " exploitation dorée " peut faire rêver des femmes et des hommes qui y voient une réelle opportunité d'ascension sociale. Du côté des grandes fortunes, déléguer toutes les tâches ingrates demeure essentiel pour consolider leur pouvoir et jouir à plein de leur capital. Elles sont prêtes à tout pour fidéliser leurs domestiques et conserver ce privilège de classe, pour le meilleur comme pour le pire.
Alizée Delpierre es una socióloga francesa, investigadora en el CNRS y especializada en estudios sobre domesticidad, explotación laboral y grandes fortunas. Es autora de Servir los ricos y de Les domesticités, además de co-dirigir Les femmes de ménage dans l'intimité du domicile. También coordina el seminario DomesticitéS que reflexiona sobre cuestiones relacionadas con el trabajo doméstico. ...
un livre de socio très bien construit et qui je pense peut être une très bonne porte d'entrée pour faire découvrir la socio à quelqu'un, en l'énervant un peu contre les riches au passage. en gros c'est un peu comme une compile d'épisodes des pieds sur terre mais avec de la socio au milieu
mon trois étoiles est un peu sévère, c'est vraiment un bon livre qui vaut le coup, il a le mérite de se lire vite et facilement en plus, mais je reste un peu sur ma faim. j'ai adoré me plonger dans toutes les anecdotes de terrain. mais à la fin, je me retrouve avec le sentiment de beaucoup de choses assez convenus, qui manquent un peu d'une thèse centrale que l'on retiendrait.
surtout, je m'interroge sur notre fascination collective pour les très grandes fortunes, et leur étude approfondie, qui à tendance à installer un peu l'idée qu'il y aurait des bons et des mauvais bourgeois. bien sûr, c'est très intéressant de construire une lecture des différentes strates d'une même classe sociale, mais il ne faudrait pas que ça nous amène à des trop de fausses solutions politiques, focalisée sur la fraction la plus fortunée de la bourgeoisie, et pas sur le système de classe en lui même. parce que la ligne ici, c'est qu'il y a pas que les ultra-riches qu'on va exproprier.
3.5⭐"Por lo demás, conviene cuestionar la lógica misma del servicio y el lugar de las tareas domésticas y de cuidados en nuestras vidas. Todo el mundo se enfrenta a estas tareas, para sí mismo y para sus seres queridos, y sin embargo persiste la idea de que son tareas degradantes, que no merecen ni el tiempo ni el dinero. Sin embargo, perdura la idea de que se trata de tareas degradantes, a las que no merece la pena dedicar tiempo ni pagar dignamente a aquellas que las ejecutan. En cierto modo, los repartidores de Deliveroo, de Uber o de Flink son los nuevos rostros de un servicio doméstico externalizado, bajo pedido, que reproduce a gran escala los privilegios de las grandes fortunas: no está reservado a los ricos, pero, sin lugar a dudas, consiste en mantener a distancia los inconvenientes que suponen las relaciones humanas. ¿Qué sentido tiene una sociedad en la que hay que liberarse de las tareas más vitales, en un sentido literal y figurado, y dejarse servir por pobres, inmigrantes y mujeres?".
Bien que je n'aie jamais exercé en tant que sociologue, j'aime de temps en temps revenir à mes études. Dans ce cas, il s'agit d'un travail intéressant – et nécessaire – sur une activité économique qui, en raison de ses particularités, reste cachée des actualités. Comme toujours, une étude qui me fournit des informations détaillées sur le sujet traité, tout en le faisant de manière agréable, mérite cinq étoiles.
Me ha parecido un estudio sociológico de lo más interesante. Está atravesado por cuestiones de clase, raza y género. Merece mucho la pena.
Me hubiera gustado que me sorprendiera más, pero los ricos (la clase dominante) es tan despreciable como parece. En el libro se narra el abuso de poder, la falsa meritocracia para justificar su lugar de privilegio, el abuso sexual al servicio... Y todo expuesto de una manera en la que se explican las opresiones de manera que puedes entender cómo se ejercen en esa relación laboral y de poder. Y con testimonios de las trabajadoras del hogar que son oro.
Dejo algunas frases para enmarcar:
"Los ricos (...), consideran que el hecho de que les sirvan responde a una necesidad, no a una comodidad. La primera vez que un multimillonario me explicó que realmente necesitaba tener servicio doméstico, que no era un capricho, pensé que bromeaba. ¿Cómo iba a tomarme en serio semejante necesidad, si la inmensa mayoría de la gente vive sin servicio alguno? De hecho, los historiadores subrayan que el servicio de la nobleza es para ostentar, que es comparable a las galas, es decir que, en el fondo, se trata de un accesorio entre tantos otros que les sirve para alardear en sociedad. Resulta comprensible que un anciano, una persona con discapacidad o dependiente tenga ayuda a domicilio. En cambio, la mirada sociológica pone en entredicho la supuesta necesidad de que te atiendan varias sirvientas cuando uno, física y mentalmente, es capaz de hacer por sí mismo las tareas que les encomienda a ellas. Es llamativo que los ricos recurran a la palabra «necesidad»."
"Las criadas son conscientes de que pueden ser víctima de depredadores sexuales. En la medida en que trabajan en la intimidad de los patrones (...) De ahí que deban desconfiar de todos los hombres de la casa, incluidos sus compañeros de trabajo (...) estos actos son el colmo de la dominación que las grandes fortunas ejercen sobre el cuerpo de las mujeres que les sirven."
"Frente al fisco o la justicia, las clases altas emplean distintas estrategias para justificar sus fraudes, sus corruptelas y otras prácticas ilegales. Gracias a su capital económico, cultural y social, dominan más el derecho que el resto, se permiten sortear las leyes e interpretarlas a su favor."
"Las grandes fortunas se sienten menos legitimadas para dominar a individuos que se les asemejan."
"... En tanto que tránsfugas que pasan de una clase social a otra y descubriendo un mundo diametralmente opuesto al suyo, el de la aristocracia y la gran burguesía, acaban apropiándose de los códigos de un universo que hasta entonces desconocían, donde logran sentirse a gusto durante gran parte del tiempo."
"No existe un mundo sin cargas domésticas"
"En lugar de reforzar los privilegios dejando al servicio doméstico en el ámbito de la ecuación de mercado, los poderes públicos podría crear un verdadero servicio público de ayudas y de servicios a domicilio, accesible para todas y para todos, que genere empleos estables que se beneficien de un estatuto protector equivalente al de los funcionarios y de unos ingresos dignos."
Très bonne étude sociologique sur l'univers des domestiques des "ultra-riches", et leur rapport complexe et ambivalent à leur employeur, dont ils connaissent l'intimité tout en n'appartenant pas réellement au cercle familial. L'implication personnelle de l'auteur dans cette étude (elle s'est fait employer dans plusieurs familles, a suivi des formations de domestiques, est entrée en contact avec un très grand nombre de domestiques et d'employeurs) donne une vraie chair au texte. J'ai apprécié la rigueur de la recherche. J'ai également noté et apprécié le fait que les domestiques, quand désignées au pluriel, le soient systématiquement au féminin même si il y a bien des hommes domestiques ; cela surprend un peu, grammaticalement, mais j'ai apprécié la démarche.
Passionnant récit sur la domesticité, ses ressorts, l’héritage colonial, la reproduction du schéma patriarcal, avec des témoignages de domestiques et employés.
Bel essai, édifiant sur certains points, mais assez accessible à la lecture qui permet de mettre en perspective un métier peu connu au final. Seul "défaut" quz je trouverais seraient certains point abordés dans la conclusion de l'étude avec le parallèle des travailleur.euse.s de service de livraison et autre qui laissaient un goût de trop peu, mais en même temps le sujet vaut une étude à lui seul. Ah oui et eat the rich évidemment
Un genial estudio de las relaciones sociales entre una élite que acepta convivir y una clase trabajadora que acepta obedecer. La honestidad sociológica del trabajo de Delpierre es notable, hasta el punto de analizar su propio punto de partida y sus propios prejuicios para depurar sus propias observaciones. El resto: las anécdotas, los abusos, las sorpresas, lo habitual... Cae por su propio peso.
J'ai beaucoup apprécié l'introduction, où l'autrice confond la bonne et son employeuse : les places de chacun ne sont pas si évidentes que cela, quoi que semblent en dire les (super-)riches. L'autrice répond à plusieurs questions, notamment : pourquoi employer des domestiques de nos jours ? N'est-ce pas quelque chose de complètement dépassé ? Pour maintenir son rang : pour les quelques un·es qui seraient passés de classe populaire / pauvre / riche sans domestiques à super-riche, il s'agit d'une manière de marquer son entrée dans ce nouveau cercle (tous les voisins en ont). Il y a là un apprentissage à faire (alors que certains enfants ont grandi avec : des bonnes, des lingères, une nanny, un majordome, un chauffeur...). Cela leur permet aussi de déléguer les tâches reproductives pour devenir encore plus riche (d'ailleurs, le travail de management des domestiques est très féminin : le mari paie et ne s'en occupe pas davantage, la femme supervise, donne des ordres au quotidien...). J'apprends que certain·es domestiques gagnent très bien leur vie : les majordomes (jusqu'à 6000 ou 8000 euro par mois) ou les gouvernantes. Iels ont des cadeaux en nature : sacs à main de grande marque... On entre par le côté doré de la domesticité, qui peut être considéré par des personnes issues de milieu populaires, souvent femmes (80% des domestiques le sont), racialisées comme une manière de réussir professionnellement. Servir les riches, c'est voir la richesse déteindre sur soi (hexis, ethos) dans une certaine mesure. Et puis il y a le côté plus sombre de la cage, car c'est après tout une cage. Oui, les domestiques peuvent être très bien payé·es mais c'est à ce prix qu'on achète leur disponibilité illimitée. Elles ne sont certainement pas au 35 ou aux 42 heures (c'est plutôt le double). Les patron·nes leur sucrent régulièrement leur jour de congé heobdomaires (quand elles en ont un) parce qu'il y a une fête à préparer / des invité·es / ... De là, cela forge une certaine solitude qui rapproche d'autant plus les domestiques de leurs patron·nes. Les patron·nes sont d'une exigence infinie. Il y a des anecdotes mi-croustillantes, mi-horripilantes : une patron·ne qui se plaint du fait qu'une de ses domestiques ne semble jamais se souvenir qu'elle veut non pas trois mais deux glaçons dans son verre d'eau, une autre qui veut un agrume pressé tous les jours (soit un citron, soit un pamplemousse, soit une orange, ce qui fait que tous ces fruits doivent toujours être disponibles, et le jour où le pamplemousse qu'elle demande se révèle moisi et la contraint à accepter un jus d'orange, elle dire tout haut devant sa bonne "je vais peut-être changer de bonne, moi!"). Quand il existe, le contrat de travail ne couvre qu'une partie du travail effectué. Le reste n'est pas déclaré : les domestiques travaillent au noir, sont récompensées en nature... Quand elles sont payées moins que le SMIC, les patrons le justifient en disant "elles gagnent beaucoup plus qu'au Sri Lanka/...". Quand elles vivent dans un cagibi, "elles pourraient dormir sous les ponts". Bref, les (super-)riches font les économies qu'ils souhaitent (après tout, il n y a certainement pas une limite dans l'offre du travail domestique dans notre économie mondialisée).
Il y a des répétitions (le concept d'illusio répété tt au long du livre). J'ai apprécié la conclusion : une nouvelle domesticité semble s'immiscer même dans la vie des classes moyennes. On peut payer pour tout un tas de services pour se décharger des tâches domestiques (livreurs uber et cie, drive, notamment). Elle pose la question suivante : "Quel sens a une société où il faut à tout prix se délester des tâches les plus vitales, au sens propre et figuré, et se faire servir par les pauvres, les immigrés, les femmes ?"
Alizée Delpierre vient de me réconcilier avec les essais. J'ai ADORÉ cette enquête. Passionnée par la sociologie du goût depuis la BD de vulgarisation de Tiphaine Rivière mais trop impressionnée pour l'instant pour attaquer Bourdieu, je suis SI HEUREUSE de découvrir une sociologue qui ose rompre avec les normes universitaires - qui ne sont elles même pas neutres et contribuent à solidifier les rapports de domination. Le livre est non seulement intelligible et accessible, mais il est surtout passionnant. En partant de trajectoires réelles, d'émotions et de concret (Bourdieu aurait dit que c'est une expression de mon "goût populaire" et il aurait eu raison 🙄) et en évitant l'habituel vocabulaire conceptuel et les statistiques interminables, Delpierre frappe tellement large et juste. Je suis extrêmement reconnaissante que ce livre soit arrivé entre mes mains. Bref, un featuring improbable entre Downton Abbey et Bourdieu et la conclusion est sans appel : EAT THE RICH ✨
Une enquête sociologique très fluide qui se lit comme un roman. La complexité du sujet est bien explorée et les rapports de domination sont abordés sous différents angles. Ce qui m’a frappée c’est le concept de l’illusio de la domesticité chez les riches qui fonctionne comme un storytelling trompeur et qui peut être mis en parallèle avec beaucoup d’autres expériences humaines qui sont idéalisées comme le mariage, la grossesse, le statut social … Le livre m’a aussi interpelée à titre personnel car j’ai grandi au Maroc entourée de personnel (ce qui est répandu dans les classes aisées). Le malaise m’a toujours paru évident entre le décalage des conditions de vie et j’ai assisté à des discussions très pénibles où des bourgeoises gâtées et oisives se plaignaient longuement de leurs « bonnes ».
J’ai beaucoup aimé ce roman de sociologie : il est certes plus compliqué à lire que mes livres d’économie, car en sociologie on tente de comprendre, d’interpréter les comportements en se basant sur les origines, les influences, les raisons. Je trouve que c’est une science beaucoup plus complexe qui demande une attention particulière. Mais je dois avouer que j’ai adoré le fait que ce livre se lit « comme un roman », comme une histoire fictive, j’avais vraiment l’impression de suivre une intrigue. L’écriture est vraiment prenante, le sujet de l’enquête est un sujet qui sort vraiment de l’ordinaire, j’ai adoré découvrir ce milieu que je ne connaissais absolument pas.
Una socióloga entrevista señoritos y criados, llegando a trabajar en casa fina, para escribir su tesis sobre las motivaciones que llevan a unos a trabajar así y a otros a tener numeroso servicio doméstico, relaciones de poder, etc.
De la tesis sacaron este ensayo, que va perdiendo interés según avanzan los capítulos. Pocas revelaciones sobre “la intimidad de la élite”, muchas historias tristes de “internas” explotadas en la muy civilizada Francia, sexismo, racismo. El estilo se me hizo pesado y repetitivo y la traducción tiene unos cuantos fallos.
En lisant ce livre, je suis plus que jamais convaincue d’avoir pris la bonne décision en refusant la proposition d'une femme riche de devenir nanny. La promesse d'une vie dorée dans leur villa ne valait pas le prix de ma liberté. Je ne regrette absolument pas d'avoir choisi mon indépendance plutôt que de devenir une employée au service de la jet-set.
"Quel sens a une société où il faut à tout prix se délester des tâches les plus vitales, aux sens propre et figuré, et se faire servir par les pauvres, les immigrés, les femmes ?"
Merci Alizée Delpierre pour cet ouvrage passionnant et fondamental pour comprendre les mécanismes de classe et de domination sociale, raciale et économique. J'avais peur que ça tourne en rond mais ça a été très intéressant tout du long, et de nombreux aspects de la domesticité ont été traités.
C'est toujours passionnant et assez incroyable d'en apprendre plus sur la vie chez les riches. Le livre est bien écrit pour être fluide et facile à lire, même pour les débutants en sociologie, je pense. On peut éventuellement regretter que certains propos soient trop souvent répétés.
Une très bonne enquête sociologique sur la complexité et l ambivalence de la Domesticité. Se lit très rapidement. Alizée Delpierre s inscrit Dans la lignée des Pincon-Charlot et c est absolument passionnant.