Les Presque Sœurs

by Cloé Korman

Entre 1942 et 1944, des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.

Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d’internement en foyers d’accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu’elle aurait dû connaître si elles n’avaient été assassinées, et leurs amies.

C'est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d’aujourd’hui. Mais aussi celui du génie de l’enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte.

Genres: Fiction

256 pages, Paperback

Published August 19, 2022

Reviews

[Booksheep · Rating 3 out of 5]

Deuxième sélection goncourt, deuxième déception.
Aucun dialogue, ce qui m'a un peu perdu dans l'histoire tant il y a de personnages. Trop de détails (inutiles), des longueurs... C'est même, je dirai, fade !
Je n'ai pas su m'attacher aux personnages, j'ai juste lu un documentaire en long et en large. Trop brouillon peut-être ? J'aurai aimé de l'interaction, une histoire plus romancée avec des dialogues ou que sais-je.

[Est Elle · Rating 5 out of 5]

Un livre âpre, rugueux, qui bouleverse. Le sujet d'abord. La déportation. Et pas n'importe laquelle. Celle des enfants.La littérature concentrationnaire fait toujours mal, mais elle est "connue". Or, Cloé Korman aborde dans ce récit autobiographique (trois des six fillettes sont ses grandes cousines) la situation des enfants de déportés, qui eux n'ont pas été déportés immédiatement, protégés par leur statut d'enfants, mais placés dans des centres et des foyers. On découvre donc la réalité de la vie de ces enfants certes épargnés, mais séparés de leurs parents dans la brutalité et l'incompréhension à des âges si petits, 3 ans, 7 ans, 10 ans. Des enfants déplacés de foyer en foyer au gré des règles de la loi de Vichy, des enfants qui doivent apprendre à vivre seuls et presque sans adultes dans des camps aux conditions d'hygiène déplorables, qui se retrouvent sans adulte pour les consoler, pour les câliner, pour les protéger. Et ces enfants bientôt, qui apprennent à se débrouiller trop tôt tous seuls, quand ils sont en fratrie, sont ensuite séparés par les règles inhumaines de Vichy et placés dans des foyers différents. Certains parviennent à s'enfuir, d'autres à se retrouver, d'autres, beaucoup trop d'autres, sont déportés dans des convois qui mêlent adultes et enfants pour faire croire à l'extérieur que Vichy ne sépare pas les familles.
Vichy, car c'est la responsabilité de l'État français dans toute l'horreur de la collaboration pleine et entièrement consentie.
Certains lecteurs reprochent au livre d'être un peu confus, labyrinthique, il est vrai qu'on peut s'y perdre. J'ai établi un arbre généalogique des deux familles pour redonner à chaque fillette son âge et son identité . Mais ces méandres sont mimétiques de l'errance de ces enfants bahutés de ci de là, des troubles de la mémoire qui atteignent ces rescapés qui témoignent en 2022, et du rideau de fumée maintenu encore aujourd'hui par l'État français qui nie encore sa part de responsabilité dans l'innommable meurtre organisé en masse de ces innocents.

[Nathalie Vanhauwaert · Rating 4 out of 5]

Anne-Laure Mourgue garde des enfants juifs dont les parents ont été raflé en juillet 42. Ils sont au nombre de quatre : les trois soeurs Korman : Mireille, Jacqueline et Henriette, âgées respectivement de 10, 5 et 3 ans, et un bébé Madeleine.

Le 9 octobre 42, à la demande des autorités allemandes, elle prépare les fillettes et refuse de leur donner le bébé. Madeleine c'est la petite dernière Kaminsky, ses soeurs Andrée, Jeanne et Rose seront également raflées le même jour.

Ironie du sort, leurs parents étaient également raflés ensemble en juillet. Ce sont deux familles polonaises venant de villes murées en ghetto ; Varsovie et Piotrkov, émigrées en France en 1939 qui finiront malheureusement dans leur pays à Auschwitz.

En faisant cette enquête, Cloé Korman a voulu savoir qui étaient ces enfants et surtout retrouver les traces des trois cousines de son père, qu'elle aurait pu connaître si elles n'avaient pas été assassinées.

Elle nous démontre l'acharnement et l'implication concrète de Vichy, du traitement qui a scellé le sort des enfants juifs rendus orphelins par la déportation de leurs parents entre 1942-1944.

Des enfants répertoriés, placés dans des centres ou familles d'accueil, raflés, séparés, au camp de Pithiviers, de Beaume-la-Rolande, entassés dans des baraquements en attente d'être convoyés, "libérés" enfin plus exactement bloqués, séparés, ballotés.

Elle retrace l'histoire, leur enfance, la force de l'enfance, l'évasion par l'écriture pour Andrée survivante qui témoigne. Elle nous parle aussi des Justes, des personnes qui mettaient en oeuvre une façon de protéger les enfants, de se donner bonne conscience.

Le livre est exigeant car bien documenté, ce qui peut rendre la lecture un peu ardue mais ce récit est indispensable pour ne pas oublier.

Ma note : 8.5/10



Les jolies phrases

Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d'en sortir. D'autres peuvent servir à atteindre des îles, des ailleurs. Qu'elles soient barques ou frêts, elles sont faites du même bois.

"Chaumière" (ou "petite ferme", small farmhouse dans le texte original) est le terme employé par l'historien Raul Hilberg pour parler des premières installations destinées aux meurtres de masse à Auschwitz, après des essais dans des camions qui n'étaient pas suffisament spacieux. "Chaumière" a aussi quelque chose qui évoque les villages des contes, de ceux qui bordent les forêts. De mon côté, j'hésite à reconnaître celle que j'aperçois, à en franchir la lisière avec les six enfants qui m'entourent. Les orphelins sont les héros ou bien, selon la perspective dans laquelle on se place, les proies aisées dans les forêts des contes où ils sont abandonnés, et où seule la ruse peut les sauver. La forêt où s'égarent Hansel et Gretel est en tout point pareille, à l'arbre près, à celle où se trouvent les deux chaumières dont parle Hilberg.

Elle est posée ici aujourd'hui en même temps que nous, mais elle est dans sa maison comme une cigogne sur un bourrelet d'alluvions, détendant ses pattes, reprenant son souffle, entre deux reportages plus ou moins lointains - les lointains relatifs de son art qui donne l'air si proche à ce qui est loin, loin de ce qui est proche.

Leur vieillesse, aperçue depuis le miroir sans tain du studio de Géraldine, m'apparaît ce soir-là beaucoup moins comme une corrosion que comme un accroissement, comme le végétal qui pousse plus, donne plus de fleurs, de mousses, abrite plus d'insectes, capte plus d'air et de lumière.

L'opportunisme de ceux qui ont mis en application les lois antijuives, ou bien leur ambiguïté, entre assistance et oppression, les a portés à choisir les endroits habituels du culte et de la vie associative juive pour faciliter la traque et le regroupement des victimes. Les centres de l'UGIF sont des anciens hospices, asiles, orphelinats, maison de vieillards, hôpitaux ou écoles, tous des lieux destinés à qui s'y abritaient. Concernant les enfants, cette fonction est encore plus sournoise : ces derniers n'auraient pas eu besoin de protection si on ne leur avait pas enlevé leurs parents. Le système qui les protège est aussi celui qui les a faits orphelins. Quant à les regrouper, rien de plus dangereux, de plus paradoxal avec l'idée de leur porter secours.

Je me demande ce qu'elles éprouvent à former ce groupe d'enfants qui se perdent et qui se quittent sans arrêt, alors que leurs parents ont disparu. On dirait des poupées gigognes auxquelles on enlèverait successivement toutes leurs enveloppes, qui flottent dans un espace sans arrière-plan. Enlevées à des familles qui n'existent plus, elles se recomposent en groupes successifs qui s'égarent et se dispersent à nouveau, dans ces lieux vidés de leur usage normal, et dont on peut les retirer d'un jour à l'autre.



Les rapports des médecins sur les foyers rapportent des cas d'enfants internés depuis plus d'un an qui craignent de grandir, pensant que leurs parents ne les reconnaîtront pas, et d'autres qui s'arrêtent de grandir, soient qu'ils cessent de s'alimenter de façon plus ou moins volontaire, anorexie ou brûlures d'estomac telles qu'en présente ma petite-cousine Mireille, soit que le processus s'enraye, par des moyens à peine identifiables, et que l'enfant se maintienne dans les contours d'une silhouette qu'il ne veut plus changer.

https://nathavh49.blogspot.com/2022/0...

[Manal · Rating 3 out of 5]

Un destin tragique des petites filles korman durant le régime de vichy,un récit poignant durant lequel 6 petites filles sont déportées et déplacées d'un emplacement à un autre .témoignage de cloé korman qui a cherché à en savoir plus

[dagmar · Rating 4 out of 5]

mooi boek maar af en toe moeilijk om doorheen te komen al kan dat natuurlijk ook heel goed aan de taal liggen, wel enorm meeslepend geschreven verder en echt wel een aanradertje

[Dina Rahajaharison · Rating 5 out of 5]

"Weill-Hallé a des mains rapides, qui mesurent et qui pèsent les poids plume et les cœurs gros."

[Marie-Hélène · Rating 2 out of 5]

J'aurais tant aimé émettre un avis positif de cette quête mémorielle, mais je me suis ennuyée et parfois perdue dans cette lecture où j'étais spectatrice d'une suite d'événements.
La narration est confuse, le style est froid, l'arbre généalogique compliqué à saisir et surtout les anecdotes personnelles vraiment inutiles.
Je ne peux m'empêcher de comparer ce livre (ce documentaire plutôt) à l'excellent roman d'Anne Berest : la carte postale. Les presque sœurs méritaient mieux à mon avis, dommage !

[MarionC · Rating 4 out of 5]

Écriture fluide. Je ne connaissais pas le destin de tout ces enfants "consignés" placés dans des centres entre Paris et sa banlieue. Intéressant !

[crabtree · Rating 3 out of 5]

« Les Presque Sœurs » de Cloé Korman : destins d’enfants sous la barbarie de Vichy.

Finaliste puis disqualifié du Prix Goncourt 2022, acclamé par la critique mais décrié par les personnes mêmes dont l’autrice conte l’histoire, le récit de Cloé Korman est une fresque effroyable du sort des enfants juifs sous le régime de Vichy, trop souvent méconnu par le grand public. Tranchant de naïveté d’enfants perdus dans la tourmente de l’histoire, il suit les traces de six fillettes, rendues orphelines par la déportation de leurs parents, dans un sombre voyage à travers la France.

Paru aux éditions Seuil le 18 août 2022, Les Presque Sœurs suit l’enquête de son autrice à la recherche de celles qu’elle appelle petites cousines, les sœurs Korman, et de leurs trois amies, les filles Kaminsky. Retraçant le récit de la rafle de leurs parents, de leur internement dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, de leurs séparations et retrouvailles au gré de leurs affectations dans les nombreux foyers d’accueil à Paris, jusqu’à leur dernière séparation, Cloé Korman emboîte les pas de ces fillettes pour mettre au jour une partie de l’Holocauste trop peu abordée.

L’écriture, sobre mais tranchante, contraste avec le sujet et tient le lecteur en haleine, lui faisant presque oublier quel genre de récit il tient entre les mains. Mais si l’écriture captive, l’histoire elle est en marche et ne s’arrête pas, menant inexorablement vers le dénouement terrible, mais attendu, des trois petites vies des sœurs Korman. Les Presque Sœurs est une reconstitution minutieuse d’une histoire dont l’autrice ne connaissait que la fin, lui permettant de lever les zones d’ombre qui planaient sur ces sept mois d’horreur et de joie teintée, de sororité et de perte qu’ont vécu les six presque sœurs.

« Elles ont pu être heureuse, ici. Savoir comment serait le lendemain, se promener, apprendre. Au moins un bonheur d’oubli, de feinte. ».

Structuré en deux parties tout le long du livre, le récit suit d’une part le parcours des six fillettes, de la déportation de leurs parents jusqu’à la fuite réussie pour les unes et la déportation finale à Auschwitz pour les autres, et d’une autre part l’enquête de l’autrice, qui interroge la dernière témoin d’une partie de cette histoire et qui se rend sur les lieux qui ont été traversé par les sœurs Kaminsky et Korman. Avec un procédé narratif caractéristique de l’écriture des documentaires et enquêtes journalistiques, Les Presque Sœurs met en scène l’écrivain-narrateur dans un parallèle présent – passé. Ce type de narration peut parfois poser problème, et mener indubitablement le lecteur a préférer une partie sur l’autre. Mais les nombreux passages dans lesquelles l’autrice s’efforce de faire résonner le passé sur son présent (tout particulièrement sur sa maternité), s’ils peuvent paraître parfois superficiels, ont le mérite de replacer le récit dans une perspective à hauteur d’enfants. C’est à travers sa maternité que Cloé Korman imagine, suppose les ressentis des fillettes, nous délivrant alors non seulement une reconstitution historique mais aussi, et surtout, une recomposition de leur vie, avec leurs émotions, leurs peurs, leurs joies. Cloé Korman redonne sa place à l’enfant, dans une histoire dont il est une des principales victimes mais qui n’a de cesse de taire son vécu.

Les Presque Sœurs dresse un constat terrible d’un pan de l’histoire trop méconnu, mais clôture son récit sur une touche d’espoir, aussi infime soit-elle.

« Andrée ne s’est pas évadée pour se morfondre, elle n’est pas restée dans les nippes de misère qu’on lui avait prêtées, elle s’est multipliée dans les miroirs, les lentilles des appareils photo, et les regards des hommes dont elle a gardé tel ou tel cliché, glissé dans les pages que je tourne. Elle ne s’est pas évadée pour porter le deuil […] elle ne s’est pas sauvée pour se noyer dans ses larmes ».



LES PRESQUES SŒURS
Cloé Korman
Seuil, 256 pages.

[Jordana Simon · Rating 2 out of 5]

Está bien buscar la historia de tu familia, pero no se si todos tienen que hacer un libro al respecto.

[Brown Catherine · Rating 5 out of 5]

Un livre très fort, d'une tristesse et d'une douleur presque insupportables. Que le monde ait pu faire des choses pareilles, et continue à faire des choses pareilles ailleurs que chez nous, ne doit jamais être oublié.

[Giulia · Rating 2 out of 5]

un livre qui est un devoir de memoire , mais tellement confu dans l'ecriture

[Anne A. · Rating 2 out of 5]

good story but a bit boooring

[Louise · Rating 3 out of 5]

« Si j’avais une seule morale à tirer de tout cela, à transmettre à mes enfants ou à n’importe quel ami dont la vie m’est aussi chère que la mienne, ce serait de prendre la mesure des mensonges putrides dont est capable un État jusqu’à assassiner ceux dont il a la protection avec la bonne conscience qui s’autorise des tampons de commissaires, et la respectabilité des signatures de sous-préfets ayant l’honneur de s’adresser à leur préfet, ou de préfets déférant à leur ministre avec des listes de noms d’enfants. »

[Andrea Wilms · Rating 5 out of 5]

Man sieht sie alle vor sich, die Kinder und die Erwachsenen, die von den Deutschen unter Kollaboration der Franzosen verhaftet, deportiert und ermordet wurden, wenn es ihnen nicht geglückt ist, zu fliehen. Man lebt von 1942 bis 1944 und in den heutigen Leben der Überlebenden mit ihnen. Was für eine liebevolle und mächtige, traurige und ein bisschen auch optimistische Geschichte. Großartig!

[Madelyn · Rating 3 out of 5]

"[Les filles Korman] ont pu se retrouver toutes les trois et vivre, pendant onze mois, dans un environnement stable, sous un toit qui avait pour elles un peu d'amitié. (...) Au moins un bonheur d'oubli, de feinte."

[Mésange · Rating 3 out of 5]

Un roman bouleversant racontant à hauteur d'enfant le destin de six petites filles, dont trois périront à Auschwitz.

[Simone · Rating 5 out of 5]

Well written and extremely touching. It's a very captivating novel.

[Mathilde Dqk · Rating 3 out of 5]

2,5/5

[Sofia · Rating 1 out of 5]

1.5 ⭐️

[elise · Rating 4 out of 5]

une lecture nécessaire. difficile par le sujet qu’elle aborde, mais nécessaire. difficile aussi de retenir ses larmes par moment.

[Almrausch · Rating 1 out of 5]

Un roman sur une quête pour comprendre l'histoire tragique de sœurs disparues dans les camps. Difficile d'écrire leur histoire puisqu'il n'en reste que peu de traces, ce livre est plus le récit de cette recherche que celui des sœurs, on a l'impression de ne pas avancer. Je ne le perçois pas comme un roman et je n'ai pas accroché.