La mécanique des désirs transpose le regard lucide et suffisamment distancié d’une femme dans la trentaine devenue mère qui revisite son passé d’escorte. Ce récit littéraire singulier, parfois cru, nous entraîne dans la froideur des hôtels du centre-ville, nous livre les secrets des maisons cossues de la banlieue et révèle les confidences partagées entre amies sur les banquettes de la Belle Province. Sans fard, la narratrice évoque ses moments d’intimité avec des clients, de même que ses relations avec ses proches ou les rencontres marquantes qui ont jalonné sa route. La mécanique des désirs, c’est aussi l’exploration de la nature profonde d’une femme, de sa sexualité, et au-delà du désir et des attentes jamais vraiment comblées, des décisions qui fabriquent une vie.
Dans ce livre, l’autrice nous partage des pans de sa vie. Elle décortique sa sexualité, sa féminité. Elle nous donne accès à l’humain qui se cache derrière les étiquettes et les nombreux jugements derrière le travail d’escorte. Elle aborde aussi son rôle de mère, son attachement aux hommes, ses relations et sa jeunesse.
J’ai bien aimé ses réflexions. C’est amené avec transparence et honnêteté.
« Ma mère n’aimait pas mes pleurs. Je suis une fille dramatique, qui se plaît dans la routine, mais qui a mille conflits dans sa tête, des rêves de cadavres et de fuites qui reviennent souvent. Ma mère m’aurait voulue aussi forte et digne qu’elle, mais ma fragilité, je la portais comme un jupon, et ma tristesse, comme un fond de teint. »
Ce serait un 3.5, mais comme ici les poires sont faites solide..
Au détour d'une phrase, Mélodie Nelson mentionne Ernaux et Duras, dont on perçoit l'influence sur ce roman, et je ne regrette pas du tout de voir une autofiction québécoise s'en inspirer un peu.
Plusieurs personnes l'ont écrit ici, mais on a l'impression de retrouver une amie chaque fois que l'on croise les mots de Mélodie. Oui parce que son style reconnaissable entre tous. Mais aussi, à mon avis de personne zéro pis une barre littéraire lol que fais-tu à lire ça, parce qu'elle pratique une écriture de soi qui refuse les passages obligés narratifs. Elle est en quête de la forme idéale pour se raconter.
Partout où je regarde ces temps-ci à la bibliothèque, je vois le même genre de romans «voilà d'où je viens» comico-réflexifs, à mi-chemin entre la collaboration spéciale sur Urbania et le portrait 7 Jours, qui ont l'air d'exister comme dernier tentacule d'un complexe organisme marketing où le produit principal est soi-même. Tu ne fais pas de cash avec ton livre, mais y'a peut-être un contrat de radio à la clé si le monde t'aime suffisamment et que t'as su conquérir leur lobe temporal parzemp. Les humoristes, animateurs et autres personnes semi-famous ont donc envahi la littérature pop avec ces histoires chargées en anecdotes croustillantes qui finissent toutes par se plier aux mêmes conventions narratives.
Pis à force de vouloir changer nos vies en récits à 3 actes, à trouver la p'tite morale de film qui en émane, j'ai l'impression que l'on perd quelque chose de précieux. Une authenticité, pour ne surtout pas employer de mots galvaudés. Mélodie Nelson est à la recherche de ça par l'écriture pis c'est beau. Elle refuse de devenir une projection de papier glacé comme les douze gazillions que nous servent déjà de faux prophètes dans cette société du spectacle en phase terminale.
TL;DR lisez pas ça svp, y'a rien à voir. I'm getting up to speed.
J'ai beaucoup apprécié cette incursion inusitée dans l'univers intime de Mélodie Nelson. Ex-escorte, elle nous ouvre, avec la plus grande transparence, la porte sur l'univers des agences, mais aussi et sans aucune pudeur, son cœur lorsqu'il est question de ses relations avec ses proches. J'ai particulièrement aimé les chapitres où il était question de ses clients - à la fois vraiment divertissant et presque attendrissant - et ceux portant sur ses parents, ses enfants et son mari - parfois troublants mais immensément touchants.
C'est écrit sans tabou, mais ce n'est jamais vulgaire ou gratuit. C'est un récit authentique, lucide, pas parfait mais une lecture assez fascinante par moments. J'aurais définitivement plaisir à lire une suite, une nouvelle ou un roman basé sur cet univers qu'elle connait si bien et qui explorerait davantage les éléments et les "personnages" forts. Il y a là matière et potentiel pour beaucoup plus je trouve.
J’ai toujours aimé les livres crus, sans filtre, sans « flafla ». Avec une transparence hors norme, Mélodie nous parle de son passé en tant qu’escorte. Un sujet qui m’intéresse depuis TOUJOURS.
Les chapitres abordant ses différents clients étaient mes préférés. C’est fascinant de pouvoir s’incruster dans le cerveau d’une personne et d’avoir accès à l’humain derrière le métier d’escorte. Ça brise les nombreux stéréotypes catalogués au métier.
Il y a plusieurs thèmes abordés dans ce roman. La maternité, les relations familiales, les relations amoureuses, la sexualité, les relations avec les hommes, l’attachement et plus encore.
C’est vraiment une lecture hors du commun. Donc, absolument dans mes cordes 🤭💫
Un bon 3.5 Parce que j’adore son écriture, les images, parce que ça donne envie d’être son amie, de se faire raconter ses histoires au parc Lafontaine. Aussi parce que j’en aurais voulu plus. Plus de détails, plus d’histoires, plus de mots.
Réécriture de Escorte paru en 2010 (que j’avais lâché après quelques pages que j’avais alors trouvées un peu indigestes), on retrouve ici une femme [qui] regarde les hommes regarder les femmes comme l'écrivaient Siri Hustvedt ou Louise Chennevière dans Pour Britney… avec le désespoir en moins. Mais toujours et encore, une femme, son corps, sa jeunesse… pour les hommes.
Forcément impudique, évidement dérangeant, cette mécanique des désirs est pourtant très touchante par son intime sincérité. Certes, on n'y retrouve pas le même sentiment d’oppression qu’avec Nelly Arcan, pas non plus l’exhibitionnisme autofictionnel d’Emma Becker… mais toujours cette ambiguïté dont parlait Nancy Huston, oscillant entre le désir de plaire et la souffrance de cette soumission – désirée autant que subie. Une autobiographie qui semble nous renvoyer à Schopenhauer et sa fameuse citation « La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui ». Et comme seul l’art pourrait nous en sauver… Mélodie écrit. Et même fort bien !
Mais désormais mère ! Et la maternité n’efface pas la violence du désir…
Livre que j'ai beaucoup aimé. De l'autofiction pas trash même si elle parle notamment de sexe tarifé. Je dis que ce n'est pas trash, parce que la narratrice a eu une belle enfance, sans violence, sans négligence, et que ça continue dans sa vie adulte.
Incursion émue dans le monde de la prostitution, parce que le regard porté sur les clients et sur le travail comme tel est affectueux, même si lucide.
Belles évocations de ce qui se passe dans la psyché d'une jeune femme sensible qui sonne comme une amie et dont on aimerait avoir encore plus d'anecdotes.
Truffé d'intéressantes références culturelles de tout acabit.
Oui, Mélodie Nelson est une comme "poignée de confettis", elle apporte de la douceur, de la joie, de la légèreté, de la fête dans la vie.
Il y a définitivement quelque chose de poétique au style d'écriture de l'autrice, malheureusement, ça se pert parmis les paragraphes décousus. J'ai trouvé ce livre difficile à suivre, il n'y avait pas assez d'indices de temps. Parfois on comprenait qu'elle parlait du après sa vie d'escorte, des fois du pendant, mais rarement elle nous mettait en contexte. Un récit sans but précis aussi, avec des chapitres sans liens concrets entre eux. Bref, je ne relirai probablement pas Mélodie Nelson...
vraiment une belle lecture. on s'immisce dans l'univers des escortes et c'est franc, sans tomber dans le trash. lire melodie, c'est comme se faire raconter des histoires par une amie - j'en prendrais encore des pages et des pages