« Je choisis ce qu'il y a en moi d'essentiel, d'infini et de non monnayable. Je choisis de cultiver l'esprit de finesse, les émotions délicates, les sensations patiemment tamisées, sachant que si la faim du corps, tout impérieuse soit-elle, a ses impasses, celle de l'esprit, elle, s'accorde à l'illimité, tout comme les nourritures dont il se rassasie : l'offrande ultime d'une rose de novembre, l'âcreté sensuelle d'un feu de cheminée, le nuancier d'un ciel normand, l'ivresse du baiser qu'on n'attendait plus. Je choisis l'ordre sensible contre la tyrannie sclérosante des ambitions. »
"Un bébé qui sourit, c'est émouvant, un enfant, c'est attendrissant, une jeune fille, c'est charmant, une jeune femme, c'est séduisant, une femme mûre, ça peut-être envoûtant, mais une femme âgée qui sourit, c'est bouleversant. Ce sourire jaillissant d'une marée de rides, c'est la consigne des minutes, radieuses ou non. Grandes joies, acides douleurs, épreuves surmontées : l'offrande d'une vie entière, accomplie, encore frémissante, bien qu'approchant son terme, la preuve à mes yeux que l'existence n'est pas bornée par l'horizon d'une nécessaire décrépitude. Oui, tout ne vieillit pas en nous"
Magnifique ! Cet éloge-ci regorge de perles, il est une perle lui-même ! Chaque ligne lue était un ravissement ! Parlant de l’expérience de l’écriture à travers ce thème du sensible et de toutes ses facettes en découlant, l’auteur propose une vision de l’écrivain qui me parle et me plaît. Un délice !