L'histoire que nous nous proposons de raconter dans ces pages est celle d'un couple. En conséquence, elle finira mal. Tout ce long préambule pour que tu te résignes à cette idée, pour que tu ne te sentes pas floué à la fin, que tu ne maudisses pas l'auteur qui, d'ailleurs, est plutôt un chroniqueur servile puisqu'elle est, cette histoire, authentique à 100 %. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées serait dans l'ordre des choses, je le jure sur la Bible, sur le Coran, sur les Védas, sur le bouquin que tu veux. C'est l'histoire d'un couple, donc. Le garçon s'appelle Érostrate, la fille s'appelle Iphigénie. Ça se passe à Québec.
D'une beuverie, Érostrate, jeune homme tout ce qu'il y a de plus québécois, ne se rappelle qu'un graffiti lu dans des toilettes publiques, vantant certains mérites d'une intrigante Iphigénie, numéro de téléphone fourni. Ça ne coûte qu'un coup de fil, après tout, pour voir de quoi il retourne de cette charmante personne. Enfin, voir n'est peut-être pas le mot approprié dans les circonstances : la jeune fille s'apprête à passer les vacances d'été à Grand-Mère. Loin des yeux, loin du cœur ? On est à l'époque d'Internet : la Mauricie, la littérature russe, les fabliaux qu'on s'échange sur le ton de la connivence, le traité d'ésotérisme qu'on se propose d'écrire à quatre mains, tout est possible ! La connivence se déguise en séduction, on en veut un peu plus. Mais que veut-on, au juste ? François Blais signe comme première œuvre l'un des romans les plus réjouissants des dernières années, une fantaisie de tous les instants. Un livre vivifiant, lancé par le postulat suivant : « Certaines idées, bien qu'excellentes dans leurs énoncés, échouent de façon spectaculaire au test de la réalité. » La réalité d'Iphigénie en Haute-Ville ? Allez-y voir
Je suis fâché contre la communauté littéraire qui m'a bassiné avec les livres de Samuel Archibald et Daniel Grenier pendant plus de dix ans (alors que leurs livres sont au mieux corrects) alors que je n'ai pour ainsi dire jamais entendu parler de François Blais avant sa mort. Et ceux qui vont me dire que la faute me revient, ok un peu mettons mais François Blais que je découvre avec ce premier livre a une plume et une verve et un humour qui, soit, correspondent à 100% à ce que je recherche en littérature, mais surtout qui se démarquent bien plus et qui travaillent la littérature d'une manière hautement plus intéressante que les auteurs que j'ai nommé plus haut (et je pourrais tellement en nommer plus) et qui sont tellement médiatisés qu'il faut être aveugle, sourd, paraplégique et bétonné dans une grotte en Cisjordanie pour ne pas se sentir obligé d'essayer de lire au moins un de leurs livres.
Bon, c'est peut-être une question de goût aussi.
Mais je suis quand même fâché.
P.S. La réception pareil, quelle marde.
P.P.S. J'ai vraiment envie de lire tout ce qu'il a écrit maintenant
P.P.P.S. Je suis aussi content d'avoir découvert un auteur qui me plait han, faut nuancer quand même.
À l'annonce du décès par suicide à 49 ans de François Blais, un auteur québécois que je ne connaissais pas, j'ai été un peu gênée de mon ignorance, apprenant qu'il publiait depuis 2006 un livre par année chez l'éditeur L'instant même dont il était vite devenu une figure de proue. "François avait choisi de s’exprimer par l’écriture, c’est comme ça qu’il était heureux. Être lu le rendait aussi profondément heureux, et le plus bel hommage qu’on peut lui rendre, c’est de continuer à le lire […]" disait son éditrice au moment de sa mort en mai dernier. J'ai donc acquis sa première publication, Iphigénie en Haute-Ville, pour découvrir que cet écrivain avait effectivement un réel talent d'auteur. Il s'agit d'un roman épistolaire entre deux paumés de la vie, elle complètement misanthrope et lui complètement mésadapté qui, à 26 ans, cherche encore quoi faire de sa vie. Mais les échanges sont d'une intelligence et d'une drôlerie qui fait plaisir à lire. Ne s'étant jamais rencontrés, et derrière l'écran qui protège leur anonymat, les correspondants peuvent communiquer sans se compromettre. L'auteur nous met en contact avec deux jeunes cultivés et conscientisés qui nous étalent la platitude de notre monde en plein visage. Toute une thérapie par le rire pour nous sortir de notre sclérose intellectuelle.
"Certaines idées [littéraires], bien qu'excellentes dans leurs énoncés, échouent de façon spectaculaire au test de [mon appréciation de lecture]" (p.9).
OK pour vrai c'est exagéré: ce roman n'est pas un échec spectaculaire (mais ne témoigne pas non plus d'idées littéraires vraiment excellentes). C'est qqch que j'aurais sûrement plus apprécié si c'était le premier roman de François Blais que j'avais lu, mais c'est pas le cas. C'est comme si avec Sam il avait décidé de réécrire Iphigénie en Haute-Ville (j'ai lu Sam en premier).
Ça se lit vite, c'est drôle par moments et à part de ressembler à (au moins) un autre livre du même auteur, c'est relativement original, mais c'est pas mal plus drôle à basher qu'à défendre, donc voici les choses qui m'ont gossé: -les noms des personnages -le mélange de registres soutenu et familier/populaire, et particulièrement l'intrusion de populaire français de France. Essaye pas de me faire croire qu'il y a du monde qui disent "gonzesses" en Mauricie -le fait que les personnages pis le narrateur ont tous la même voix (déjà relevé par l'auteur): "Elle et moi, disait-il, sommes tellement semblables que c'est à croire que nous sommes les deux personnages d'un auteur trop peu talentueux pour attribuer des personnalités distinctes à ses héros" (p.155) -les multiples PS, PPS, PPPS (pour vrai je faisais ça en sec 3 en me pensant ben drôle - chuis comme Érostrate, j'pourrais écrire ce livre mais en mieux) -le name-dropping littéraire -"la blague raciste du jour" (p. 76): c'est beau être écrit que c'est une blague, c'est pas drôle, hostie. -le besoin que les filles fictives soient cutes: "Iphigénie était une belle jeune fille (mais ça tu l'avais déjà induit puisque aucun auteur, pas même un gâcheur de papier de sixième ordre dans mon genre, ne perdrait son temps à raconter l'histoire d'une fille moche)..."(p. 17) Juste, sérieux, pourquoi?! -le self-deprecation ("auteur trop peu talentueux", "gâcheur de papier de sixième ordre", etc).
Je mets trois étoiles malgré le narrateur omniscient, processus que j'abhorre. L'histoire était assez intéressante malgré tout, même si la formulation était parfois lourde.
Une autre oeuvre unique signée François Blais. Vraiment j'adore cet auteur dont les oeuvres sont toujours originales, déroutantes et très, très spéciales. Pas nécessairement pour tout le monde, mais c'est le 4e roman que je lis de cet auteur et je suis une fois de plus sous le charme.
Quelques éléments sont intéressants, dont le narrateur omniscient qui s’adresse directement au lecteur et les réflexions sur les habitudes et les croyances de certaines personnes. Par contre, j’ai trouvé que l’histoire était vide, particulièrement toute l’échange des fabliaux.
Ce n'est pas pour le suspense qu'on lit du François Blais, mais par sa capacité à rendre la routine du quotidien captivante. Ici c'est l'amour vs l'amitié ou l'art de tomber en amour par échange épistolaire.
Ça se lit avec un sourire en coin. Au dos du livre, on apprend que c'est une histoire de couple qui finit mal. Banal, et si on ne se fiait qu'à cette seule description, on fermerait le livre. Mais on aurait tord! Il y a de l'humour, parfois noir, dans ce petit livre, qui raconte une rencontre virtuelle. Par contre, il y a, à mon humble avis, beaucoup de longueurs, et on a l'impression de piétiner sur place. L'auteur nous entraîne dans tous les sens. La tentative des deux ratés qui s'écrivent (sans jamais se voir) d'écrire un livre ésotérique promettait, mais l'auteur laisse tomber le fil. Il y a aussi, vers la fin, un peu trop de pathos, qui fait penser aux soaps d'après-midi. Malgré tout, l'auteur reste suffisamment irrévérencieux pour que je suggère la lecture de ce livre, qui (comme d'autres livres de Blais que j'ai lu) déconstruit le roman tel qu'on le connait.
Cette deuxième lecture de François Blais confirme l'impression initiale: ça vaut le détour. Les personnages sont peu banaux (au sens d'original, et non au sens féodal), l'écriture inventive, l'amusement jamais bien loin. On repère le traducteur dans l'utilisation correcte d'"alternative". Je me fais un devoir de lire ses autres ouvrages.
J'ai bien aimé ce roman. Le meilleur des François Blais. Une histoire qui commence dans une toilette de Québec ! Ça fait du bien un roman d'un jeune auteur québécois qui ne se passe pas sur le Plateau. La partie sur la rédaction à quatre mains d'un traité ésotérique est hilarante.