Les jeunes ont rasé Paris, ont renversé les fondamentaux de notre société ; les jeunes ont osé briser le plus délicieux des tabous : tuer les vieux. Tous les vieux. À partir de vingt-cinq ans. Laissez les Théoriciens vous expliquer pourquoi.
Dans cette atmosphère de guerre civile, de poudre et de béton calciné, deux snipers émergent. Silence, l'idole que les jeunes suivraient en enfer, et l'Immortel, qui compte bien faire vivre l'enfer à Silence. Quel meilleur terrain de chasse que les toits parisiens ?
Avec un cynisme mordant, un humour corrosif, Rien ne nous survivra propose une variation sur notre société actuelle, tout en piétinant les présupposés de notre morale. Car au jeu de l'intolérance jeunes/vieux, qui a commencé ?
Maïa Mazaurette est auteur, chroniqueuse et blogueuse, née à Paris le 22 juillet 1978. La majeure partie de son travail tant éditorial que fictionnel se porte sur les questions de sexualité, de la répartition des rôles hommes-femmes, la place des minorités sociales ainsi que celle du corps dans les sociétés.
Nous sommes dans le futur mais pas très loin, le futur proche. Un jour les jeunes en ont eu marre de se faire marcher dessus, d'être toujours ceux qu'on embobine, ceux qui se font laver le cerveau par la société de consommation. Plus d'avenir, que des contraintes, gâcher ses meilleures années de vie pour payer la retraite d'adultes qui vivent de plus en plus vieux, plus d'avenir ...
Alors ils se sont révoltés et ils se sont surtout fait embrigadé. La première étape : tuer ses parents. Ce crime originel ne pouvant pas se pardonner il faut continuer, se débarrasser du plus de vieux possible. En bande, en solitaire, peu importante tant qu'on est productif pour la cause. La liberté ça se paye et ils ne lâchent rien.
Quand le livre commence la guérilla se poursuit depuis 2 ans, les jeunes tiennent la rive gauche de Paris, alors que les vieux sont retranchés dans la rive droite. L’île de la cité a été quasiment rasée et est témoin de la plupart des combats.
Du coté des jeunes plus de nom et de prénoms, les pseudos choisis eux même sont de mise, plus de genres, de modes, de musique, de livres, de culture, plus rien qui pourraient les rattacher à l'ancienne société. Ils rejettent tout. Ils vendent les musés à des trafiquants d’Europe de l'est pour acheter leurs armes et munitions ainsi qu'un peu de nourriture.
Les élites de cette nouvelle société qui veut tout changer sont les snipers. Bien cachés sur les toits ils éliminent tout les vieux qui osent sortir de chez eux. Nous assistons à l'opposition entre deux d'entre eux.
Silence était la à l'origine, il a vécu les premiers meurtres, les premières batailles. Il connait les dessous de cette révolte. Intrépide et sans peur, bien organisé et bien nourri comparé à la masses des jeunes affamés qui parcourent les rue, il est LA Star. Sans pitié il n'hésite pas à tuer tout ceux qui se mettent sur son chemin ou qui s'attribuent ses victimes au tableau des scores qui a été affiché.
L'immortel lui est arrivé bien après. Silence était son idole jusqu'à ce qu'il se retrouve au cœur d'une de ses vengeances et que celui ci assassine sa copine. Depuis il le traque, remontant sa trace petit à petit.
C'est un roman d'anticipation très brut, dérangeant, intense et assez difficile au niveau de ses thèmes : les luttes intergénérationnelles.
C'est aussi du coup un livre qui sera surement très clivant.
J'avoue qu'au début j'avais des doutes, ça me semblait trop gros pour être réaliste cette révolution, trop extrême en fait. La suspension d'incrédulité ne fonctionnait pas. Du coup je n'arrivais pas à entrer dans l'histoire.
Mais finalement, petit à petit ça c'est fait. L'ambiance y a beaucoup fait je pense. C'est une ambiance qui tient aux tripes. C'est vrai que certains détails restent peu vraisemblable de nos jours, que les "vieux" semblent manquer de CRS, de protection ou de puissance de feu pour réagir comme on le voit maintenant sur les gilets jaunes. Mais finalement ça passe quand même bien sur le long terme si on met ça de coté.
Finalement je dirais que malgré le fait qu'il date un peu, il reste très actuel dans ses thèmes, dans les revendications des jeunes. Surtout si on prend les gilets jaunes actuels, et les mouvements comme le #me too qui sont exactement le genre de revendications des jeunes du livre.
Il se compose de 3 types de chapitres : les chapitres Silence, les chapitres Immortel, et les chapitres Théorie qui servent nous montrent les idées de propagande qui ont fait se lancer et se poursuivre le mouvement.
Vous pensez que ce livre parle d'une apocalypse ? C'est vrai, mais pas que. Vous pensez que ce livre parle de Paris ? C'est vrai, mais pas que. Vous pensez que ce livre parle de snipers ? C'est vrai, mais pas que. Vous pensez que ce livre parle de la querelle des anciens et des modernes ? C'est vrai, mais d'une manière hyperbolique. Vous pensez que ce livre parle de la fin de l'innocence ? OUI, c'est vrai, MAIS PAS QUE. Vous pensez que ce livre est drôle, joyeux, rigolo comme son auteure ? C'est faux. C'est complètement faux. C'est tragiquement faux. C'est totallement faux. Vous l'aurez compris, ce livre évoque, dans une ville de Paris en proie à une authentique guerre générationelle opposant jeunes et vieux, le destin croisé ... ou plutôt fusionné ... de deux snipers connus uniquement par leurs pseudos : Silence et l'Immortel. Et si le bouquin commence comme une course au level-up entre ces deux super snipers, différentes circonstances de vie vont les forcer pour notre plaisir à se rapprocher dans une étrange danse mélant amour et haine. Par contre, si vous continuez plus loin dans cet avis, attendez-vous à des spoilers pas piqués des hannetons. Je disais donc que ce roman nous raconte comment ces deux snipers, êtres solitaires par nature, en viennent à se rapprocher l'un de l'autre. Et bien sûr, tout cela n'est pas simple pour le lecteur. D'abord à cause de la forme du récit. En effet, mis à part les tracts révolutionnaires, celui-ci est exclusivement vu des yeux des deux protagonnistes, qui sont évidement sacrément égoïstes, et ne voient donc dans le reste du monde que le décor de leurs actes, sans jamais tenter d'imaginer leurs réactions, mis à part lors de dialogues qui révèlent bien la vacuité de la jeunesse, ce que je trouve d'ailleurs très habilement joué. Je m'explique. Là où tant d'autres auteurs auraient multiplié les points de vue, en ajoutant à nos deux snipers un ou deux vieux (dont sans doute cette fameuse Anna-Lyse), et peut-être même un soldat des forces de maintien de la paix, Maïa Mazaurette choisit de faire de ce roman un huis-clos avec supplément de gravats en les enfermant dans une rive gauche de paris réduite aux ruines. Et la seule chose qui nous sort de la tête de ces deux sinpers, ce sont ces fameux tracts, que j'ai trouvé fabuleux par leur nihilisme primaire. Pas de promesses de sable fin sous les pavés ici. Pas non plus de civilisation rectifiée. Non. Rien que la mort. La mort pour les vieux trentenaires. La mort pour les femmes enceintes. La mort pour tous les immondes profiteurs de jeunesse. Et enfin, la mort pour les jeunes quand l'ultimatum des forces de l'ONU expirera. C'est pas du tout joyeux, mais je trouve que ca cadre formidablement avec le paysage de dévastation que l'auteure installe dans la ville musée (quoi ? On ne peut donc pas dire ça d'une ville qui n'existe quasiment que par son patrimoine ?). Donc, en n'étant confronté qu'à la réalité obscène et débilitante de ces jeunes possédés affectivement, économiquement, politiquement, socialement, forcément, au bou d'un moment, même moi, vieux lecteur de bientôt 40, je me retrouve à avoir envie de péter les rotules de tous ces croulants d'au moins 40 ans qui se mettent entre moi et ma vie. Surtout quand, effectivement, le jeune est utilisé comme image de perfection partout : sur les affiches, dans les pubs, dans les films, dans la musique. C'est toujours l'apparence de la jeunesse qui nous est présentée. Son apparence, même si, comme le dit l'un des tracts les plus marquants pour moi, il y a toujours un vieux dans l'ombre qui profite du jeune en lui laissant juste de quoi se pourir la santé pour exister aux yeux de ce vieux. A côté de la dimension fondamentalement universelle de cette révolte des jeunes contre les vieux, un autre aspect de ce roman est particulièrement capitvant : c'est l'idolatrie que semble développer l'Immortel pour Silence. Une idolatrie fondée sur ... quoi ? Une peine de coeur un peu dure à assumer dans ce Paris condamné ? Une envie d'exister, même par opposition ? En tout cas, c'en est assez pour que l'Immortel devienne Silence, et rende donc le récit plus délicat à suivre pour les lecteurs les moins ... subtils ? (en écrivant ça, je pense à une critique lue sur le web où l'auteur explique que l'auteure est incapable de distinguer ses personnages. C'est normal, abruti, puisqu'elle veut précisément nous montrer que l'un cherche à pénétrer l'autre, de la seule manière qui compte : l'esprit). Cet aspect du roman semble plus anecdotique à priori. Pourtant ... pourtant ... Il me semble que dans le twist (comme disent nos amis anglophones) final, c'est justement parce que ce phénomène de dépersonnalisation est arrivé à son terme que le lecteur (moi en l'occurence), se demande si c'est réellement Silence qui est dans l'hélico. Cela dit, soyons honnêtes. Fallait-il détruire Paris pour en arriver là ? Fallait-il opposer le fils à son père, la fille à son père ? Clairement, oui. En effet, je ne pense pas que l'auteure ait écrit ça parce qu'elle voulait nous dégoûter, ni parce qu'elle voulait nous épater. Je pense plutôt qu'elle a écrit cette histoire abjecte de trahison, de mort et de déshonneur parce que, comme Catherine Dufour quand elle a écrit Le goût de l'immortalité, elle a écrit cette histoire parce qu'elle le devait. Au début, ça m'a surpris d'imaginer que l'auteure pétillante de sexactu, le blog le plus léger du monde, puisse commettre une histoire aussi apocalyptique. Et puis je me suis souvenu de certains messages de son blog, et j'ai compris qu'effectivement, elle devait écrire cette oeuvre sombre, qui parle au jeune en moi (comme elle a parlé aux lycéens qui, semblent-ils, l'étudient attentivement pour nous préparer une vie d'enfer quand la crise nous touchera et qu'on bouffera du chien accomodé aux restes d'enfants). Alors du cup, je ne vais pas vraiment vous enjoindre à lire comme je peux le faire d'habitude. Parce que, si le jeune en moi a adoré, le père de famille a imaginé mon fils m'explosant la tronche à coups de clef à molette pendant que ma fille fracaissait le crâne de ma femme d'un jeté e de marteau. Et ça, c'est une vison presqu'aussi terrifiante que le contenu de ce roman. D'un autre côté, c'est le genre de lecture qui ne dit rien d'autre que "toi vieux, souviens-toi du jeune en toi". Et pour ça, elle mérite d'être lue.
Une critique sociale des maltraitances sur des questions d'âgisme sur fond de guerre civile entre les jeunes et les vieux. Les critiques sont très pointues, très vraies, suffisamment bien tournées pour qu'elles surgissent tout de même dans un contexte de satire pointue du récit de guerre héroïque. J'ai pris ce roman de science-fiction (ainsi qu'un autre pas encore arrivé) suite à la connaissance du travail d'essai de l'autrice, voir un peu ce qu'elle créait en terme de roman féministe (celui-ci n'en ai pas un).
Juste que je n'ai pas vraiment accroché au récit principal, les deux protagonistes ne m'accrochaient pas, je me dis qu'il y avait peut-être moyen de faire toutes ces critiques d'une autre manière qu'en poussant une certaine cruauté à 100% comme si ça rendait le tout plus fort comme critique sociale.
Il y a vraiment des excellents bouts comme celui page 224 "Je me souviens que les vieux célébraient la Seconde Guerre mondiale plusieurs fois par an, avec une fébrilité qui tenait du délire absolu. Drapeaux, défilés, fanfares, visages soigneusement composés pour l'occasion, et cette manie du discours. [...] Les anciens combattants n'avaient pas peur qu'on oublie l'horreur de la guerre: ils avaient peur qu'on les oublie, eux. Un martyre-business alimenté par l'incapacité de passer le relais, par l'égoïsme primaire des rentiers de la douleur [...] Va-t-on fêter toutes les guerres, se souvenir de chaque général sanguinaire?" et je pense que la critique sociale que fait l'autrice est super aiguisée, tranchante et poignante à souhait. L'idée de ce médium (roman de SF) pour la critique est vraiment géniale, mais les guerres de sexes, les guerres entre les jeunes et le vieux, les guerres entre... peut-être que le concept est un peu trop usé à mon goût.
Une lecture coup de poing. Les jeunes de France ont pris les armes contre les "vieux" (les plus de 25 ans). Leur Q.G. ? Paris, rive gauche. Leur crédo ? Les vieux nous bouffent vivants, pour vivre pleinement, éliminons les vieux.
Ce programme étant, on s'en doute, un peu trop radical, l'Union européenne a donné six mois à la France pour régler le conflit. Passé ce délai, le contingent militaire européen nettoiera la zone insurgée.
C'est donc sur fond d'ultimatum et de mort programmée que se déroule ce roman, où l'on suit l'itinéraire parallèle de deux snipers de l'armée des jeunes : l'immortel, star montante, et Silence, icône et théoricien de la rébellion.
Ces deux tireurs d'élite se livrent une lutte acharnée, l'Immortel ayant, par un curieux phénomène d'amour/haine décidé de s'approprier Silence et de devenir Silence.
Si le début est très prenant, je trouve que sur la fin, c'est plus brouillon. C'est néanmoins une bonne lecture, dont l'analyse clinique de la haine des vieux laisse parfois pantois... Les textes des théoriciens de la rébellion des jeunes sont très bons, on y croirait.
De bonnes idées, mais une exécution mal maitrisée ! De plus, je n'ai pas accroché aux 2 "héros", tous les deux tordus, voire vicieux ! Et la fin trop ouverte m'a laissé sur ma faim ... Et le roman tourne parfois à vide ! Bref, pas une lecture désagréable et de bons concepts, j'espère que le prochain roman sera mieux structuré !