Né à Québec le 7 avril 1919, Roger Lemelin étudia chez les Frères des écoles chrétiennes et à l'Institut Thomas, section des études commerciales. Un accident de ski interrompt le début de sa carrière; fréquentant assidûment la bibliothèque de la Législature, il y rencontre monsieur Jean-Charles Bonenfant qui le guide et l'encourage à entreprendre des études d'autodidacte.
En 1940, il se joint à l'équipe de la revue littéraire Regards et suit des cours de philosophie à l'Académie de Québec. Des textes de Roger Lemelin paraissent, à cette époque, dans les revues Regards et Amérique française. C'est en 1944 que monsieur Lemelin publie son premier roman: Au pied de la Pente douce. En 1946, il se mérite successivement, pour cette oeuvre, le prix David et le Prix de la langue française. Ce roman est à l'origine d'une série d'émissions sur les ondes de Radio-Canada intitulée La butte aux moineaux. En 1946 et 1947, il reçoit les bourses Guggenheim et Rockefeller. Vient ensuite la publication de son second roman, Les Plouffe (1948) qui sera aussi publié à Paris et, en anglais, à Londres. De 1948 à 1952, Roger Lemelin fut reporter-correspondant au Québec pour les revues Time, Life et Fortune. Il écrit aussi un recueil de nouvelles, Fantaisies sur les péchés capitaux, publié en 1950, et signe son premier scénario de film, L'homme aux oiseaux, produit par l'Office national du film en 1951. L'année suivante, il obtient le Prix de Paris pour son roman Pierre le magnifique, traduit en anglais (In Quest of Splendor) et en néerlandais.
La Famille Plouffe fait son apparition à la télévision de Radio-Canada en 1953 après avoir pris l'antenne à la radio, un an auparavant. Diffusée également sur le réseau anglais, cette série tiendra l'écran jusqu'en 1959. Meilleur auteur pour la télévision, il se voit remettre le Liberty Trophy en 1955. Les séries télévisées En haut de la Pente douce et Le petit monde du Père Gédéon succèdent à La Famille Plouffe au début des années '60.
Après avoir fondé une maison de publicité, monsieur Lemelin accompagne le premier ministre du Canada dans son périple en Russie. Il y consacre un long reportage qui est publié dans La Presse. Il devient président-directeur général et éditeur de ce quotidien en 1972 et occupe cette fonction jusqu’en 1981. Il en demeure « Éditeur émérite».
Déjà membre de la Société royale du Canada depuis 1949, Roger Lemelin continue de recevoir la consécration de sa carrière et de son oeuvre. En 1965, l'Académie française lui remet la Médaille de la langue française. Élu membre canadien de l'Académie Goncourt en 1974 et membre du Temple de la renommée de la presse canadienne en 1978, il a également reçu un doctorat ès-lettres honoris causa de l'Université Laurentienne de Sudbury et un doctorat en droit honoris causa de l'Université de Windsor. Compagnon de l'Ordre du Canada depuis 1980, monsieur Lemelin a été accueilli cette année au sein de l'Académie des Grands Québécois.
En 1979, monsieur Lemelin publie un recueil d'essais, Les voies de l'espérance et, en 1980, un recueil de contes et de souvenirs, La culotte en or.
Au début de la présente décennie, Roger Lemelin reprend contact avec le cinéma. Il prépare alors, avec Gilles Carle, le scénario du film Les Plouffe et, avec Denys Arcand et Gilles Carle, le scénario du film tiré de son roman Le crime d'Ovide Plouffe.
Je suis partagée sur cet ouvrage de Lemelin. Sur le plan littéraire, j’ai trouvé que le roman avait mal vieilli et qu’il avait peu d’intérêt. Langue classique, emphase sur les menus détails qui devient ennuyante, voir agaçante. Un peu grotesques aux premiers abords, les personnages évoluent certes au fil du récit, sans toutefois réussir à nous captiver. Il y a de l’humour dans la plume de Lemelin, mais ce n’est pas ce qui m’a convaincu de poursuivre ma lecture.
Plutôt, l’intérêt de ce livre réside à mon avis dans le portrait très juste qu’esquisse Lemelin de la famille québécoise moyenne des années 1930, tant sur le plan culturel que politique. J’y ai vu les traits, les soucis et les espoirs de la génération de mes grands-parents. Ma famille étant native de la ville de Québec depuis plusieurs générations, j’entendais en écho du récit des Plouffes les anecdotes et les petites histoires de mes grands-parents. La pente douce, la rivière St-Charles, la terrasse Dufferin, l’église St-Roch, qui évoquent l’identité fracturée de la ville de Québec, qui s’illustre notamment entre sa haute et basse ville, symboles de division ethnique, sociale et politique.
Roger Lemelin nous rappelle, à travers ses personnages, la relation fusionnelle, quoique pas si homogène qu’on pourrait le croire, entre le Québec de l’entre-guerre et l’église catholique. A cela s’ajoute le portrait subtil que dépeint Lemelin de la la domination anglophone - domination politique des anglais, domination culturelle des américains - et dont l’influence se faisait ressentir profondément sur l’identité québécoise. Assujettissement, nous rappelle Lemelin, qui allait à l’époque jusqu’à un certain degré de ségrégationnisme social des Québécois francophones, dans leur propre capitale.
Chez Lemelin, les Plouffe incarnent chacun à leur manière la juxtaposition de ces influences, religieuses et culturelles. Au premier plan, le personnage d’Ovide, dans sa quête tragique de reconnaissance qui le conduit à la réalisation plus ou moins consciente de la vacuité de ses icônes, devient le triste symbole de cette aliénation identitaire.
Il faut donc voir un peu au-delà de la narration pour apprécier la portée de cette oeuvre. Je vous en recommande la lecture, pas tant pour le récit que pour l’histoire, ce livre de Lemelin s’inscrivant dans l’impératif de la devise du « je me souviens ».
Tout d’abord, je vois ce livre comme un roman historique, même s’il était contemporain à son époque. C’est un témoignage fort intéressant de la vie et des mœurs de la Basse-Ville des années 1930-1940s. Aucun historien ne saura reconstituer ladite époque à un tel niveau.
Ensuite, c’est un roman sur Québec, la ville que j’aime beaucoup, et encore sur les plus vivants de ses quartiers.
Finalement, le roman et vachement drôle. L’auteur a un excellent sens d’humour, son ironie nous fait rire souvent.
L’auteur se moque, tout doucement et sans méchanceté aucune, de son entourage, avec leurs petits problèmes, faiblesses et préjugés. Ses personnages, quoique naïfs et imparfaits, sont tout à fait aimables.
Je constate que certains lecteurs ont trouvé les personnages trop grotesques et trop infantiles pour leur âge. Il est vrai, qu’ils sont loin des supermans et superwomans tout réussis qui peuplent certains romans. Les Plouffe, eux, sont bourrés de faiblesses humaines – comme tous les gens réels le sont. Et l’auteur exhibe ses faiblesses sans pitié, mais avec une certaine compassion.
Au début, le roman a l’air d’une œuvre humoristique. Mais plus il progresse, plus il devient sérieux. Ça se voit qu’il était écrit par un jeune homme pendant trois ans : les personnages gagnent en maturité, leurs problèmes aussi.
Pourquoi Joséphine est-elle si naïve? Parce que, mariée tout jeune, elle n’a rien vu à part de sa cuisine (et son église). Pourquoi est-elle si folle de ses enfants en refusant d’admettre qu’ils sont désormais adultes? Parce que de 22 grossesses, seuls 4 bébés ont survécu et atteint l’âge adulte. Pourquoi Ovide est-il si égoïste et complexé? Il est gêné par son apparence physique. Pourquoi Guillaume est-il si superficiel et immature? Parce qu’il était gâté par sa mère et traité en bébé même à 20 ans. Et quoi dire de l’amour de Napoléon qui fait guérir Jeanne, pourtant condamnée à mourir?
En effet, le roman est plus profond qu’il ne paraît au début. Car les « Plouffe » sont parmi nous, dans chaque pays ou société. On peut reconnaître des éléments de leurs caractères chez les amis, les parents et parfois chez nous-mêmes (quoique c’est plus commode de ne pas l’admettre :) ).
j'ai trop trop trop aimé c'était drôle et plein d'ironie sans une once de cruauté, c'était hyper fin dans sa façon de raconter ce qui traversait la société canadienne-française au milieu du XXe siècle, ses conflits de loyauté, le combat pour construire sa propre identité, la façon dont elle a été tour à tour instrumentalisée, fédérée, divisée par la guerre, la religion ou la loyauté envers le Royaume-Uni
on a également de succulentes rondelles de hetero cringe que j'ai personnellement absolument adorées car personne n'est abusé, violenté, personne ne souffre, il s'agit simplement de personnes blessées dans leur ego et un piti peu ridicules mais on rit de bon coeur car on les aime et on leur souhaite le meilleur et le meilleur est à venir............ dsl j'ai l'air super niais mais promis le livre n'est pas niais il est juste réellement le roman silly goofy originel j'ai trop aimé en plus comment ne pas vouloir lire un livre dont deux des protagonistes s'appellent Ovide et Napoléon si tel n'est pas votre souhait je prie pour vous et vous bloque
LE grand roman canadien-français, d'une écriture franche et bien tournée, qui n'épargne personne, frôlant parfois la condescendance envers les membres de la prolétaire famille Plouffe, mais se révélant plein d'une rieuse affection.
C'est comme un (le) feuilleton : faut prendre le temps de découvrir les personnages. Les premières 100 pages peuvent donc être laborieuses, mais après ça passe comme un bel après-midi dans Saint-Sauveur.
Ah, pis meilleure chute de notre littérature quelqu'un?
Cinq étoiles sur l'échelle canadienne. Si vous ne savez pas ou est "la pente douce", la lecture de ce roman est fortement déconseillé. Dans "L'histoire de la littérature Québécoise" on mentionne pas "Les Plouffe". Je crois que l'on punit plutôt sévèrement de ses crimes contre la littérature. Pendant les 30 années qui ont suivi son lancement en 1948, il a dominé le débat culturel et social au Québec. La réussite des "Plouffe" auprès du public a été énorme. Après le roman il y a eu le radioroman, "La Famille Plouffe" (1952-1955), le téléroman "La Famille Plouffe" (1953-1959), le film "La Famille Plouffe" de Gille Carle et tout récemment "Les Plouffe" une pièce d'Isabelle Hubert monté en 2019 au Théâtre du Trident (Québec) et reprise par le Théâtre Denise-Pelletier (Montréal) en 2023. Les membres de la famille Plouffe plaisent sur la scène et sur l'écran du cinéma mais ils brillent surtoutcomprendre partiellement à la longue. Ils font des erreurs mais ils ne sont pas méchants. Napoléon le frère ne semble vivre que pour admirer les héros de sport mais quand il tombe amoureux d'une femme tuberculose, il démontre des grandes qualités de persistance et fortitude morale. Cécile est devenue vieille fille parce qu'elle refuse de renoncer à son amour pour un homme marié. Ovide, l'intellectuel très obtus de la famille Plouffe est le personnage, favori de la plupart des lecteurs. Il est incapable d'aimer une femme qui ni partage pas son gout pour l'opéra. Il croit avoir la vocation religieuse mais il quitte assez rapidement le monastère. Ensuite il se fait refuse par l'armée canadienne malgré le fait que la guerre s'est déclaré. La force du roman c'est son analyse politique et culturel. Il décrit extrêmement bien comment les québécois se sont départis de leur esprit de clocher et sont devenus citoyens du monde. Au début du roman les Plouffe ont bien du mal à comprendre qu'il existe monde en dehors de la basse ville de Québec. Les curés leur dirigent leurs vies. Ils appellent les canadiens-anglais "les impérialistes" et croient que la deuxième grande mondiale n'est qu'un complot britannique pour exterminer les canadiens-francais. Au cours du roman, ils vont apprendre à mieux apprécier les anglais et un des frères Plouffe va participer aux combats en Europe. Les opinions sur "Les Plouffe" sont partagées au Québec. Bien des gens déplorent le fait que l'auteur est contre le nationalisme québécois. Les mêmes gens approuvent le portrait peut flatteur des curés québécois qui se trouve dans le roman. Malgré tout le phénomène "Plouffe' est un des incontournables de la culture québécoise. Il faut pardonner au roman du fait que les personnages et leurs propos appartiennent au monde des téléséries non à la grande littérature.
La pertinence et l'universalisme de ce roman auront survécu au passage des époques. Encore aujourd'hui, le roman touche un point sensible en nous décrivant l'aura d'une famille québécoise et les influences des systèmes dans lesquels elle se heurte. À certains passages, je me disais qu'une grille d'évaluation de l'approche systémique servirait bien d'outil d'analyse tant plusieurs éléments s'entrechoquent dans leurs interactions et viennent à en créer un tout plus grand que la somme de ses parties. C'est là la force de ce livre, des années plus tard : tout le monde peut s'y reconnaître encore. C'est un roman qui dépeint comme pas un esprit de communauté qui prévalait dans de vieux quartiers ouvriers et dont on nous a maintes fois parlé. Il évoque la cohésion sociale de ces quartiers et leur solitude face aux gens « du haut de la côte ».
Un véritable classique québécois qui illustre avec finesse la vie des familles d’ici à une époque charnière, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en évitant d’en faire directement le sujet. Ce chef-d’œuvre intemporel, porté par une plume dont l’élégance demeure actuelle, s’impose comme une lecture incontournable.
Un classique de la littérature québécoise du 20e siècle. Une histoire simple mais touchante. On y raconte le quotidien d'une famille modeste de la Basse-Ville de Québec.
Tellement de choses me font rouler les yeux dans ce livre: Joséphine se comporte comme une fillette de 12 ans alors qu'elle en a à peu près 55, Folbèche est un gros manipulateur et opportuniste qui s'en fout réellement de la population, Napoléon est un accro à son album qui a tellement pas rapport....Le fait que la famille a seulement 4 enfants et le fait qu'une vierge de 40 ans vit encore avec sa mère parce que sa mère ne veut pas se sentir abandonnée me fait vraiment questioner sur la probabilité de la véracité des évènements qui se produisent dans ce livre. Ce bouquin a réellement aucune histoire et raconte seulement la vie banale de la famille Plouffe au Québec pendant 500 pages. Je vous recommande fortement de lire ce livre si nous n'avez sérieusement rien d'autre à faire de votre vie. Pendant ce temps, je me contenterais de lire des oeuvre bien plus intéressantes.
Comme à peu près tout le monde, je connaissais les adaptations télévisuelle et cinématographique de cette oeuvre québécoise. Lors de mes marches quotidiennes, question de faire d'une pierre deux coups, je me suis tapé ces dernières semaines près de 13 heures de lecture audio de ce roman incontournable. (Ça se trouve en balado parmi les livres audio de Radio-Canada!)
J'ai trouvé le roman très, très ennuyant. Je trouve ça tellement dommage! J'aurais vraiment aimé apprécier ce livre, cet héritage de la culture canadienne française mais l'histoire ne me touchait pas. Le roman est apathique et terne.