« La puissance évocatrice de cette fable glaçante, l’efficace simplicité de son écriture, lui donnent une force singulière. » Télérama C’est notre monde, à quelques détails près. Et celui-ci notamment : les hommes ne sont plus maîtres et possesseurs de la nature. De nouveaux venus leur font connaître le sort qu’ils réservaient auparavant aux animaux. Malo et Iris mènent ensemble une vie frappée d’interdit par ces barrières qui séparent les espèces. Alors qu’elle est blessée, en attente d’une opération, il n’a devant lui que quelques jours pour tenter de la sauver. Vincent Message est né en 1983. Les Veilleurs (2009), lauréat du prix Virgin-Lire, et Cora dans la spirale (2019) sont disponibles chez Points. Son nouveau roman, Les années sans soleil , paraît en 2022 aux éditions du Seuil. Prix Orange du livre 2016
Régulièrement un auteur de littérature blanche essaye d'entrer dans le monde de la science-fiction en se disant que ça n'est pas bien compliqué, qu'il suffit de faire entrer des extra-terrestres avec un peu de subtilité, qu'il ne faut pas oublier l'humanité et les sentiments, parce que c'est la force de la littérature blanche par rapport à la science-fiction, et que clairement, faire des jolies phrases vaut mieux que d'avoir un récit clair, cohérent, et non stéréotypé. Donc cette fois-ci, il nous parle d'une terre où l'homme a été remplacé au sommet de la chaîne alimentaire par des extra-terrestres humanoïdes qui élèvent les humains pour la compagnie ou la nourriture. Ces extra-terrestres sont suffisamment malléables pour reprendre dans l'ensemble les structures de pouvoir locales. Et donc notre personnage principal sera ici un conseiller politique partisan des droits des humains, et ayant sauvé de l’abattoir une humaine de viande (ce qui en fait une créature illégale, qu'il faut abattre et qui n'aura droit à aucun soin). Et évidement, le roman commence au moment où cette humaine se blesse assez gravement pour nécessiter une hospitalisation. On va donc suivre les tentatives de sauvetage de ce personnage principal. Mais surtout, de mon point de vue, on va suivre les jugements de l'auteur, exposés à travers des phrases d'une longueur interminable, qui fait penser à ces nuages dont on perçoit vaguement le début mais dont la fin se laisse difficilement deviner dans la lumière du couchant, une lumière qu'on croirait venue d'un monde plus naturel, plus sain ... Enfin, vous voyez le genre. Et donc, à travers ce mode de scansion du récit, il va tenter de nous faire passer des messages à la subtilité ... discutable. Je cite en vrac : L'humanité a pollué la Terre et c'est mal ... quel scoop. L'élevage, ça n'est pas vraiment gentil pour les animaux ... quelle surprise. La discrimination, c'est quand même assez laid ... quel ébahissement. L'abus de pouvoir par les gens du même nom, c'est pas joli joli, mais parfois excusable ... quelle profondeur. Franchement, j'en suis sorti épaté par la platitude de l'oeuvre. En écrivant ça, je suis peut-être un peu cruel ... Mais franchement, c'est à la fois mièvre et fade. J'ai en tête quelques oeuvres, sur des sujets semblables qui, en nous mettant mieux à la place des personnages, en les rendant plus crédibles, donnent à ces sujets une force, une réalité, bien plus incontestable.
C'est étrange j'étais récemment au théâtre pour voir "Les Mandibules" de Louis Calaferte, un texte écrit fin des années 70, un texte qui nous parle de la surconsommation, de nos dérives alimentaires, je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement en pensant à ce récit.
C'est un livre puissant, marquant, un roman d'anticipation que nous propose Vincent Message. Une fable écologique.
Nous sommes dans un avenir qui pourrait être proche, dans une société de l'ordre du possible.
Un peuple venant de l'univers est arrivé sur notre terre, il a colonisé l'homme et est devenu "Maître et possesseur" de la nature, de la planète. Parlons-en de la nature !
Tout a disparu sur terre, le gibier, les oiseaux, tout cela à cause de la surconsommation. Par son comportement irresponsable l'homme a fait disparaître toutes les richesses de la terre.
Il y a aujourd'hui trois catégories d'humains, trois castes :
- ceux qui travaillent
- les hommes de compagnie qui remplacent les animaux disparus
- les hommes d'élevage
Malo est aujourd'hui rapporteur à l'assemblée, il est porteur d'un projet de loi visant à améliorer la fin de vie des hommes, à la prolonger.
Il a rencontré Iris il y a 11 ans, à l'époque où il était inspecteur des élevages.... Elle est depuis devenue "Humain de compagnie" clandestine.
Suite à un accident - elle a la jambe broyée - il lui faut un bracelet d'identité pour la soigner, ce combat n'est pas simple car nous sommes dans une société différente avec des codes stricts, pas de mélanges entre les trois "castes"....
Comme Louis Calaferte, Vincent Message analyse nos comportements, envisage l'évolution de notre société. Inévitablement on s'interroge sur ce que nous pourrions changer pour sauvegarder notre belle terre, sa biodiversité, son équilibre.
C'est avec une écriture puissante, audacieuse, dure parfois mais aussi très poétique que l'auteur nous fait réfléchir au devenir de notre belle planète bleue.
Les conditions d'élevages sont la plupart du temps désastreuses pour les animaux (je pense à Isabelle Saporta et "Le livre noir de l'agriculture" mais aussi au combat mené à travers ses récits d'Aymeric Caron). Si l'on transpose ceci chez l'homme, on prend plus conscience, on est secoué et c'est peut-être aussi l'occasion de modifier nos comportements.
Des réflexions sur le monde du travail, de l'argent, une ambiance incroyable, des mots percutants, Vincent Message sème le trouble, le doute dans nos esprits.
Un livre fort, puissant, noir mais il est vrai tellement indispensable.
Vous l'avez compris c'est un coup de ♥
Les jolies phrases
C'était le chaos de la vie qui veut vivre, mais si grouillante qu'on comprenait pourquoi les équilibres globaux exigeaient que des virus périodiques les déciment au hasard et recréent autour de chacun, par ce moyen toujours contestable qu'est la mort, un peu d'espace pour respirer.
Jusqu'à quand une vie d'homme mérite-t-elle d'être vécue ? Qui peut savoir cela ? Qui a le droit d'en décider ?
Les hommes ne voulaient plus être seuls, mais ils ne s'entendaient qu'avec ceux qui leur étaient semblables presque en tous points.
On fait souvent le mal qu'on ne veut pas. Souvent on vise l'ennemi et ce n'est pas l'ennemi qui tombe. Parfois on ne vise même pas et il y en a qui tombent quand même.
...comment prend-on en compte les intérêts de ceux qu'on ne voit pas, ou qui ne parlent pas, ou auxquels on se refuse par principe à donner la parole ?
Ce n'est pas parce que quelqu'un est inférieur qu'il devient soudain légitime de le maltraiter et de l'asservir.
Aimer les animaux ce n'est pas moins aimer les hommes ; aimer les hommes ce n'est pas moins aimer les gens de notre espèce. Car si on aime la vie avec une passion folle, alors on peut aimer tous les vivants, reconnaître partout leur souffle, et ce qu'il a de fragile, et sa capacité à se détraquer en peu de temps, et se mettre à haïr, en regard, toutes les violences qui leur sont faites.
On est dans un univers qui ressemble beaucoup au nôtre, avec quelques changements. L'homme a perdu sa place de dominant et est maintenant asservi par des démons venus d'ailleurs dans la galaxie. Par les lois promulguées par ceux-ci, la vie humaine est totalement maîtrisée par ces nouveaux arrivants et l'homme se retrouve à la place qu'il donnait aux animaux. C'est une Terre troublante qu'on retrouve ici, cohérente mais qui donne des frissons. Quand j'ai commencé ce livre, j'avais peur que le côté "défense des animaux" soit trop lourd et finisse par m'agacer : c'est un sujet qui m'intéresse mais je n'aime pas qu'on me force la main et qu'on me juge. Au contraire, c'est un aspect du livre que j'ai beaucoup apprécié ; le message est clair mais subtil dans son écriture. Les animaux sont souvent cités dans le roman mais seul un passage rappelle vraiment la façon dont nous les traitons, je pense que c'est ce qui donne sa force au message, qui le grave dans les esprits de manière durable mais positive. Dans ce monde, Malo Claeys, qui nous raconte une partie de son histoire, est un de ces envahisseurs, il travaille aux Bureau de l'éthique et défend les droits des humains. Il cache chez lui une jeune humaine, Iris, dans la plus totale illégalité, mais lorsque celle-ci est blessée après être sortie de la maison, c'est toute sa vie qui bascule : il risque de tout perdre, et avant tout Iris elle-même. La relation entre ces deux personnages est assez complexe. Je croyais au début qu'ils formaient un couple, mais Vincent Message est bien trop talentueux pour une explication aussi simple. Dépendants l'un de l'autre mais aussi très autonomes, ils vivent dans deux mondes différents et finalement je pense que c'est ça qui les lie et fortifie leur affection mutuelle. Iris est illégale dans son existence même, elle se repose sur Malo pour la cacher, la protéger (bien qu'elle soit une résistante endurcie, une femme forte) alors que celui-ci a besoin de sa présence pour oublier un moments les atrocités dont il est témoin dans son travail au quotidien. Ce lien entre eux est beau et fort sans qu'on puisse réellement mettre de mot dessus. Finalement, j'ai vraiment été emportée par l'écriture de Vincent Message, et j'avoue que je ne m'y attendais pas. C'est rythmé, touchant, profond. Un grand coup de cœur.
Un livre fort qui tape dans son sujet. Vincent Message nous place dans un univers parallèle et déplace les rôles occupés par les hommes, les animaux, les autres. Les hiérarchies simplement distribuées autrement, il nous expose les incohérences des dominations et exploitations actuelles, que ce soit l'homme sur les autres espèce animales, mais aussi l'homme et ses intérêts individualistes.
Le message du roman ne laisse pas indifférent.
L'écriture est précise et nette, sans fioritures.
J'ai hâte de lire un autre ouvrage de cet auteur. Et je vais encore repenser ma consommation de viande, je crois.
Lecture abandonnée pour cause de grippe carabinée, je me suis attelée à le lire néanmoins et, non, j'avais eu raison d'arrêter la première fois car ce n'est pas à la portée de tout un chacun d'écrire une histoire de science-fiction qui tienne la route. N'est pas Philip K. Dick qui veut en somme. De plus, la moitié du livre est une litanie moralisatrice sur l'histoire de l'humanité et, ce qui ne l'est pas, n'a ni queue ni tête et, cerise sur le gâteau, la fin se termine en eau de boudin.
l'idée est plutôt bien menée, mais le style a pour moi desservi l'histoire. aucun intérêt pour ces 2 personnages, qui ne sont là que pour éviter l'ennui d'un récit trop linéaire.
Oh qu'il n'est pas "vain, sans message" ce roman ! A lire ABSOLUMENT ! Il remet en question toutes nos certitudes. A la croisée des chemins entre livre militant et essai phylosophique, ce roman nous bouscule, nous perturbe, nous écœure... et pourtant, dans cette dystopie (si contemporaine), ce sont bien nous les démons. Sous une écriture fluide et incisive, l’auteur nous retranche dans nos propres contradictions. Je n’ai pas aimé ce livre, le verbe est trop faible, je l’ai dévoré et maintenant il faut que je le digère. J’avais vu la pièce de théâtre il y a plusieurs années maintenant et j’en étais sortie, groggy, ko. Le livre est encore plus percutant. Ce livre est un bien d'utilité publique, il devrait être étudié à l'école !
Roman antispéciste assez frappant mais pas tout à fait convaincant... Le worldbuilding m'a paru un peu faible : pourquoi cette race d'extraterrestres a-t-elle des us et coutumes presque identiques à celle des hommes (débats parlementaires, protocoles médicaux, même cinéma ou psychanalyse !) ?! J'ai eu du mal à y croire. La comparaison trait pour trait de la condition animale dans notre monde et de la condition des humains dans le roman est à la fois saisissante et parfois lourdingue (comme dans le chapitre qui décrit longuement l'élevage). Globalement j'ai quand même trouvé cela habilement écrit, malgré un style un peu ardu dans les premiers chapitres.
Une civilisation extraterrestre , anthropomorphe à s'y méprendre, a domestiqué l'humanité. Bien que maîtrisant le voyage intergalactique comme dans Star Trek, elle n'a toujours pas renoncé à son envie de steak (humain) haché.Sous le couvert d'une fiction dystopique, nous avons là un argumentaire anti-spéciste certes complet mais à mon goût mal défendu par un scénario peu crédible. C'est pas l'avis de tout le monde Prix Maya 2019 Prix Orange du Livre 2016
3.5 la fin a fait remonter la note globale, une fin douce-amère, qui humidifie les yeux et qui donne envie d'abandonner la Terre. beaucoup de longs passages, trop longs. j'ai eu plus d'intérêt pour les discussions à l'assemblée que les descriptions de l'arrivée sur terre. le dernier chapitre était riche, m'a fait peur, et s'est terminé sur quelque chose d'indicible. finalement, un livre qui ne m'a pas transportée, mais qui ne m'a pas déçue non plus.
Le sujet est intéressant notamment dans la façon que le personnage principal nous permet de prendre du recul sur notre monde et sur certaines de nos coutumes, toutefois l'histoire devient dénuée d'intérêt à la moitié du livre et la fin m'a parue mièvre.
Gros coup de cœur de cet auteur français. J'adore ce récit science fiction qui nous montre la condition animale en nous mettant littéralement dans la peau des animaux d'élevage et de compagnie.
Difficile de se mettre dans l'histoire au début car on a peut d'informations. L'écriture est simple mais difficile à lire rapidement. Arrivée au milieu du livre, on est plongé dedans et on se demande comment l'auteur va achever son livre. Très bon livre sur la critique de notre société qui permet de nous questionner sur notre mode de vie.
Les parents de Malo Claeys sont venus d'une autre planète, ils pensaient pouvoir vivre en bonne entente avec les hommes mais cela c'est terminé par une guerre dont ils sont ressortis vainqueurs ; à présent les humains sont des êtres dominés. Avec Saskia, Malo a eu un fils, Yanis. Malo Claeys, lors d'une tournée d'inspection des abattoirs, sauve et ramène chez lui Iris, jeune adolescente échappée d'un abattoir. Les années passent...
Vincent Message insère, avec brio, des passages évoquant l'état de délabrement de notre planète, absence d'oiseaux, de gibiers... , tandis que par l'intermédiaire de Malo Claeys, rapporteur à l'Assemblée, l'auteur évoque les dérives de la société.
écriture pompeuse, moralisatrice, le tout en essayant de se donner un style singulier à la Philip.K Dick mais qui ne fonctionne pas du tout car ça en devient juste incompréhensible et pénible au final. La seule chose qui m'a retenu était la morbide image des abattoirs humains, glauque mais captivante je l'avoue.
Réflexion sociale sur la suprématie humaine grâce à un récit de science-fiction que nous pouvons grandement comparer avec notre société de consommation plongée dans l'urgence climatique et les crises sociales et humanitaires. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre avec un langage si soutenu mais appréciable.