Une quête des origines bouleversante de la triste Bucarest au Congo révolté. La Mer Noire, c'est cette Roumanie où elle est née, ce " coin pourri d'Europe " gangrené par le racisme et la honte. Les Grands Lacs, c'est ce Congo supplicié, le pays de ce père qu'elle n'a jamais connu. Parce qu'elle ne se sent nulle part à sa place, Nili se met en quête de ses racines. À son enfant à naître, la jeune métisse raconte son voyage – ce long voyage d'une barbarie à l'autre, d'une tyrannie à l'autre – où elle retrace le fil des origines entre guerre et paix, exil intérieur et renaissance à soi-même...
Cet ouvrage a reçu le Prix Senghor, le Prix de la littérature de l'exil et a été finaliste du Prix du livre Orange
Annie Lulu was born in Iasi, Romania to a Congolese father and a Romanian mother. Arriving in France at a very young age, she studied philosophy, then devoted herself entirely to writing. The Black Sea in the Great Lakes is her first novel.
This was not uninteresting, but the writing.. now lemme switch to French 🙃
Franchement je sais juste pas quoi penser de ce livre. Je comprends et relate aux fait d’être noire et de grandir dans un pays blanc sans connaître mon autre pays d’origine mais ça s’arrête là.
Je peux même pas faire de review je suis juste super perdue, mais elle a eu une fille🤭 j’ai beaucoup aimé ça hehe
Attention pépite ! C'est mon premier coup de coeur de cette rentrée !
Un titre étrange : "La mer Noire dans les Grands Lacs", un roman initiatique, une quête d'identité.
Nili Makasi s'adresse à son fils qui va bientôt naître.
Nili est née à Iași en Roumanie, au bord de la mer Noire en 1989. Elle est le fruit d'une nuit à la fête du printemps entre sa mère Eléna Abramovici aujourd'hui professeure à la Faculté de lettres de Bucarest et un étudiant congolais Exaucé Makasi Motembe. Nili est la honte de sa mère avec qui elle a passé ses dix-huit premières années dans l'appartement de la rue Quinet à Bucarest.
Une mère froide, sans amour qui n'hésite pas à lui balancer des coups et cette phrase assassine : "J'aurais dû te noyer quand tu es née, j'aurais dû t'écraser avec une brique" lorsqu'elle la questionne sur son père.
Faut dire qu'en Roumanie, la situation était difficile à vivre; le racisme et la répression de cette société meurtrie sous la dictature.
Elle est rejetée, Elena elle-même est sans contact depuis sa naissance. Sa fille, sa tache, sa honte ... Mineure à la naissance de Nili, elle ne l'a pourtant pas abandonnée comme le suggérait le système.
Un père reparti au Congo qui voulait le mariage, impossible par le régime. Et puis de la révolution roumaine à la congolaise, une situation difficile, un père absent mais qui écrit régulièrement à Elena.
En 2015, Nili a 25 ans , elle vient étudier à Paris car Elena ne cesse depuis toujours de lui dire "Tu existes parce que tu as un cerveau. Sinon tu n'as aucune valeur pour moi". Elle deviendra professeur, au destin tout tracé, c'est ce qu'à prévu Elena mais Nili en a décidé autrement. Elle veut retrouver ses racines, partir au Congo rencontrer sa famille, découvrir une autre facette du monde, une autre révolution, une autre cause.
De Iași à Bucarest en passant par Paris en route pour Kinshasa et Goma et ses grands Lacs, seconde partie de ce titre mystérieux.
Ce roman est un bijou. C'est la quête d'identité, la transmission des racines, un geste d'amour pour l'enfant à naître.
La construction est très intéressante et aboutie. La langue est poétique, flamboyante, pluriculturelle. Annie Lulu tisse les mots, les langues en glissant par ci du roumain, du lingala par là du Kiswahili au récit. Le tout s'entrelace en harmonie, c'est poétique, c'est musical.
Elle aborde l'Histoire, les traditions roumaine et africaine, nous parle des révolutions d'un temps passé, des émeutes, met en avant de belles valeurs. Elle cherche sa place dans ce monde et transmet beaucoup d'amour.
Ce roman est bouleversant tant par sa profondeur que par sa beauté. Il fait partie des livres que l'on prend le temps de savourer, de relire quelques passages et qu'on n'a pas envie de refermer tant l'écriture est forte et singulière.
Lisez-le, je me répète mais ce premier roman est un diamant à facettes, une pépite rare !
Gros coup de coeur.
Les jolies phrases
Les absents, tu vois, mon chéri, on n'y peut pas grand-chose. Tu l'apprendras plus tard, ce n'est pas souvent qu'ils choisissent de partir. Il ne faut pas en avoir après eux. Quand j'ai fini par réaliser combien disparaître n'est pas toujours un choix, en venant ici au Congo, c'était trop tard : la haine avait déjà fait son oeuvre dans mes entrailles. Même si je ne me détestais plus comme avant, je n'ai pas pu m'empêcher, jusqu'aujourd'hui, alors que je te caresse de mes mains pour construire un mur de tendresse entre la haine et toi, pour interdire à la haine de traverser le cordon nourricier par lequel je te transmets désormais la force d' Exaucé Makasi Motembe, je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir coupable et de me haïr moi-même de l'avoir haï lui. La haine mon fils, c'est une malédiction. En elle, des millions de continuateurs silencieux se mutinent un jour contre celui ou celle qui l'a laissée entrer une seule fois dans son coeur, puis le tuent.
C'est comme si Elena avait donné toute sa réserve de bois sec dans le feu de paille de mon père et qu'elle attendait qu'il revienne bûcher des troncs dans sa mangrove inexploitée avec l'idée qu'au fond, il lui devait quelque chose, et que cette dette avait condamné tout désir pour qui que ce soit d'autre, tant qu'elle ne serait pas payée en retour.
Tu sais, mon fils, le corps est un fruit étrange. C'est à la fois l'écorce d'un arbre guérisseur et la racine de tout ce qui fait mal.
Cet appartement où j'ai connu la solitude, c'est la ravine creusée par les eaux communes de mes parents déversées dans l'amour, la niche excavée abritant à la fois les étoiles les plus belles que ma mère ait contemplées depuis la fièvre de son pays intérieur, et les larmes de mon père.
Mon grand corps c'est mon amour et tu étais dans ce corps. Tu prends racine dans mon amour et mon amour se nourrit.
Si tu ne t'aimes pas, comment peux-tu m'aimer ?
Violer c'est quand tu fends un être en deux en le brisant par le ventre. Les hommes, ils font ça avec leur sexe, des bâtons et toutes sortes d'objets que je ne vais pas te décrire, et quand une fmme, un bébé, un garçon est violé, ça fait de lui une béance éternelle, il n'est plus capable de se rassembler et de tisser avec les autres. Alors il y a des hommes qui violent pour ça seulement, empêcher les générations et abolir le futur, empêcher le corps vivant des autres de tisser encore ce qui nous sert de pagne.
L'amour des hommes, on ne l'apprend que par la perte ou bien l'humiliation.
Mon fils, dis-toi bien ceci : seules les choses rares ont de la valeur. Les choses rares qu'on ne peut pas toucher avec ses mains.
Tu existes parce que tu as un cerveau. Sinon tu n'as aucune valeur pour moi.
Mais tu vois mon chéri, pas de mots, plus de sourire, c'est pratique : ça fait fuir les hommes.
Mon fils, écoute-moi : où que tu ailles sur terre, dis-toi bien une chose, ce sont toujours ceux qui gouvernent par la violence à qui manque la beauté.
Ceux qui nous précèdent, ils attendent de nous que nous continuions quelque chose d'eux pour pouvoir revenir. Toi aussi, mon fils, quand tu auras des enfants, tu les verras comme une articulation d'étoiles au segment de vie, tu attendras d'eux qu'ils miroitent qui tu as été. Tu les assisteras dans leur voie, tu élargiras les rares percées de leur liberté au milieu de leurs petites existences ordinaires. Les ancêtres avec nous, ils font des chemins, comme des venelles dans les renfoncements de la vie. Et toi aussi, mon fils, comme ton père et comme le mien, tu seras un ancêtre.
J’ai découvert l’existence de ce roman via Goodreads et voyant ce dont ça parlait, ça a avivé ma curiosité : après tout, combien d’auteur-ices roumain-es racisé-es avons-nous? J’en ai donc fait l’achat pour voir ce dont il était question.
D’habitude, je résumé un minimum l’œuvre pour commencer. Sauf que là, je dois commencer par une confession : je pensais qu’il allait s’agir d’une tout autre histoire. Je pensais qu’il allait être question de la situation d’une personne métissée en Roumanie, notamment. Et au final, même si on voit une partie de cette réalité, le livre ne porte PAS sur ce sujet. C’est peut-être ma faute si j’ai mal compris, mais voilà, je me suis retrouvée face à un tout autre récit.
Et plus précisément : on suit Nili, une jeune femme née d’une mère roumaine et d’un père congolais au moment de la chute de Ceausescu et qui, toute sa vie, se questionne au sujet de ce père qu’elle ne connaîtra jamais.
Le début du texte était, sans mentir, assez cru. Je suis consciente de la « situation raciale » qui réside en Roumanie (et je suis moi-même d’accord pour affirmer que c’est non seulement un problème, mais que ça vient nuire au pays point) et j’imagine sans mal l’autrice puiser dans son propre vécu et ses anecdotes pour présenter ce que traverse Nili au quotidien. Cependant… je pense qu’il y a une touche de racisme anti-noir internalisé qui aurait sans doute pu être mieux abordée, notamment pour mieux accompagner le-a lecteur-ice, surtout devant un tel niveau de violence dans les propos qui sont tenus.
Dans ce sens, que la protagoniste ne semble pas éprouver d’attachement envers ce pays qui l’a vue grandir est assez logique, en fait. Elle n’aimera pas la Roumanie principalement pour cette raison et ça se comprend : après nous, nos années formatrices y sont pour beaucoup lorsqu’il est question de nos ressentis.
Passé ceci, on doit se concentrer sur le réel propos de l’histoire, soit la découverte d’une partie de soi qu’on ne connaissait que très peu. Chez Nili, ça se manifeste à travers la curiosité qu’elle ressent pour son père congolais qui n’a pas pu rester en Roumanie avec sa mère et elle et qui n’a jamais cherché à la contacter. On s’en doute, mais la vérité est beaucoup plus complexe et il faut que Nili quitte la Roumanie pour commencer à renouer avec sa partie congolaise, sa partie africaine. C’est là que le texte devient plus léger, au fur et à mesure qu’elle reconnecte avec ses racines dont elle était coupée une grande partie de sa vie.
Elle rencontre sa famille étendue, découvre sa deuxième culture, les difficultés dans ce deuxième pays et apprend à devenir complète.
Dans ce sens, l’histoire était très spéciale. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais, mais franchement ce n’est pas non plus pour me déplaire. Les seuls points faibles, comme je le dis, c’est la violence du début qui aurait pu être mieux maniée – attention, je ne dis pas adoucie, parce que ça ne vient servir un tel procédé – et surtout… il y a une certaine pointe d’aphobie qui résonne fort chez la protagoniste et ça m’a fait grincer des dents sur un bon bout de temps.
Ce roman trouve une place d'honneur dans ma bibliothèque de culture roumaine et dédiée à la Roumanie. Si j'ai apprécié (beaucoup même) cette lecture, je ne peux en revanche pas dire que cela a été un coup de cœur : le vocabulaire qui dans la violence, justifiée, glisse parfois vers le vulgaire m'a déplu, m'a mise mal à l'aise. Un certain lyrisme exacerbée aussi. Mais ce premier roman a des qualités indéniables. J'avais très envie de lire ce livre et je ne suis pas déçue. Loin de là. Dans un entretien (sur France Culture je crois) Annie Lulu fait remarquer la parenté de son roman avec la poésie : « Au départ Nili est née dans des vers de poésie. C'est un personnage qui a émergé à travers des images et qui, petit à petit, a pris chaire, a pris corps, sous forme d'une sorte de rencontre vocale entre elle et moi. Elle a eu envie de m'accompagner, j'ai eu envie de lui donner naissance, mais je ne m'attendais pas à cette vie-là. Ce qui était possible avec la voix de Nili, la figure qu'elle représentait, c'était de pouvoir faire un voyage intérieur. » Et quel voyage ! Elle sonde les profondeurs de l'âme avec justesse et même une certaine tendresse dissimulé derrière la colère. Ce n'est apparemment pas une auto-fiction, mais un récit fondé sur l'imagination, à cette exception près : Annie Lulu est elle aussi d'origine roumaine et congolaise. Je ne connais pas assez l'Afrique dont elle parle, mais je peux dire que la Roumanie qu'elle évoque a bel et bien existé de la sorte. Bucarest, cette « ville fantôme dans la salle d'attente mortuaire de l'Occident » (cf. p. 39 de l'édition Pocket) je l'ai aussi connue sous ces aspects là. Que dire d'autre ? J'ai aussi apprécié le côté « chant de révolté » de cette ode à l'amour filial ou les multiples références littéraires.
It's such a good tragic and heart-breaking read. I was especially admirative of how the anger of the protagonist is portrayed, this visceral rage she feels towards her parents and her country. I also enjoyed the ambivalence of both her mother and father, and how Nili invents herself in relation to them.
This being said the writing style (in French at least) is just a bit intense. I don't mind long and emotive sentence, but there always needs to be a balance. Here, every sentence is more complex than the next, to the point you sometimes don't get the time to really appreciate what is being said.
Ce roman est incroyablement poétique et bouleversant par sa profondeur et son intensité. Annie Lulu nous emmène dans un long voyage où nous découvrons l'Histoire, les traditions roumaines et africaines. Mais également, nous partons en quête d'identité et de père. Celui de Nili en tous cas, le personnage féminin principal de ce récit.
Une lecture poétique dans laquelle j'ai eu du mal à entrer. Cependant, une fois qu'on accepté le rythme de la narration - entre souvenirs et échanges avec un enfant sur le point de naître - l'histoire est puissante, plaine de rébellion et de questionnements.
J'ai tellement apris de ce roman sublime, à la confluence des 3 mondes: l'est de l'Europe, le ouest et l'Afrique. La voix du personnage principal et forte et unique et même si elle semble parfois dure ou critique, c'est la voix d'une femme qu'on apprend à connaître et à aimer au cours du roman.
Brutal, cru, beau, poétique et poignant sont les mots que j’utiliserai pour décrire ce livre! Cependant le point négatif est qu’à certains moments les phrases étaient beaucoup trop longues au point où je me perdais dans la compréhension de ce que je lisais. Sinon je recommande!
Attention pépite ! La Mer Noire dans les Grands Lacs est un roman incroyablement poétique et bouleversant. C'est l'histoire de Nili, une jeune femme née d'une mère roumaine et d'un père congolais.
Nili est sur le point de donner naissance à son fils et elle décide de lui livrer le récit de sa vie à son fils. Cette naissance imminente l'incite à parler de tous ses non-dits.
C'est à travers des bons dans les passé que nous apprenons l'enfance tragique de Nili. Comment la jeune femme a été rejetée par sa mère, souffert d'avoir un père absent, et comment elle a eu du mal à trouver sa place dans la société roumaine à cause de son métissage. Et comment sa quête d'identité la ramené au Congo.
On sent le vécu de l'auteure Annie Lulu, elle qui est à moitié roumaine et congolaise. Impossible de rester insensible face à son style d'écriture et l'histoire. Roman que je conseille fortement bien que je dois avouer que le style de narration peut être assez déconcertant au début car c'est un style assez particulier.