Une jeune femme reçoit un message sur Facebook. C’est l'amorce d’un piège suffocant à l’heure du numérique, quand la fatalité n’a d’autre nom qu’un insidieux et inexorable harcèlement. "Myriam Leroy dépeint avec brio la mécanique glaçante du harcèlement en ligne, cet autre visage de la misogynie." Le Nouveau Magazine littéraire Née en 1982, Myriam Leroy est journaliste, écrivain et dramaturge. Ariane, son premier roman, a été finaliste du prix Goncourt du premier roman. Elle vit à Bruxelles. Les Yeux rouges est son deuxième roman.
Glaçant... ça commence doucement, on lit les emails et autres messages de "Denis", sans jamais avoir les rares réponses de sa victime... ils sont agaçants, plus que ça, ils suscitent un réel malaise mais bon, on lit tellement pire tous les jours quand on est une femme (je n'ose même pas imaginer quand, en plus, on est un personnage public)... et puis l'engrenage se referme, tout bascule.
Tout sonne extrêmement juste dans Les Yeux Rouges : de la retranscription des émojis à foison, jusqu'aux réactions de l'entourage ("mais ignore-le !"), des médecins, de la police, des avocats... tous en rajoutent au trauma, la plupart du temps sans le vouloir et même en se voulant bienveillant.
La visite de thérapeutes plus loufoques et charlatenesques les uns que les autres fournit une note comique que j'ai appréciée. Je ne sais pas si c'est le but, car après tout, c'est le désespoir qui mène à consulter ces gens, mais ça m'a fait sourire "et surtout ne portez pas de boucles d'oreilles".
Comme dans Ariane, Myriam Leroy joue à nous perdre, on ne sait pas où est l'autofiction et où est la fiction pure, mais peu importe, Les Yeux Rouges sont un reflet terrifiant du cyber-harcèlement et de comment notre société y réagit.
ça me sort par les trous de nez comme lecture, si c'est pour lire des messages de vieux boomer réac border facho je vais dans les commentaires de n'importe quel post facebook ça fera l'affaire
So muss Literatur! Der Autorin ist es gelungen, auf mehreren Ebenen eine beklemmende und schockierende Leseerfahrung zu schaffen. Vor allem das Stilmittel, den Großteil des Buches nur in indirekter Rede wiederzugeben, trägt dazu bei die Hilflosigkeit der Frau in dieser Situation darzustellen. Die Teilnahmslosigkeit der Umstehenden, die Täter-Opfer-Umkehr und das allgemeine Wegsehen aus der Furcht vor Konsequenzen ist sehr realistisch dargestellt und ermöglicht, vor allem durch den Kunstgriff der indirekten Rede und der roten Augen ein unvergleichbar schauriges Einfühlen.
Brilliantly claustrophobic, #MeToo / social media novel, deploying a compelling, removed narrator device whereby nearly all observations and voices in the novel are told through male third parties, from the fan-cum-troll 'Denis', to assorted social media haters, through to patronising doctors and shoulder-shrugging lawyers.
The author captures with impressive accuracy that cutesy confessional, slightly menacing tone of a middle aged man trying to ingratiate himself into the sphere of a smart, younger, metropolitan woman, and his faux-consensual, 'just saying', veiled alt-right outlook. She then relates it to the wider pressures on women throughout their lives - the challenge of rejecting advances without provoking outraged comebacks (slut / ugly bitch / whore, etc); that sense that men are so often carrying in their pocket a threat of violence when they're not demurred to. And then the tut-tutting of wider society in general: 'are you sure you haven't brought this on yourself?'; 'she's a bit of a hypochondriac'.
It's the sort of thing you want to press into the hands of armies of bros, tankies and alt-righters...a very uncomfortable, suffocating experience. The ending: absolutely believable. So very Trumpian.
This is splendid work: alarming, political and highly contemporary - and far smarter for its innovative narrative voices and slowly growing menace. Highly recommended.
Myriam Leroy nous parle ici de cyberharcèlement avec une plume poignante, brutale et cinglante. Roman à la frontière de l’essai, dans une construction très particulière qui sert incroyablement bien l’histoire, on est très vite plongés dans l’angoisse, la colère, la dépression et toute la spirale négative que vit la narratrice. Basé en partie sur une expérience vécue par l’autrice, c’est un texte fort et atypique qui donne tant la gerbe que la rage devant ce récit de harcèlement virtuel, de misogynie, de menaces grossières et injurieuses et de retournement de cerveau envers une victime de plus en plus isolée.
Malgré la brièveté du roman, je n'ai pas réussi à le terminer. Au début, j'ai trouvé le style original. On apprend à connaître la narratrice à travers les messages envoyés par Denis. J'ai bien aimé comment l'auteur retranscrit le langage sur les réseaux sociaux (notamment les emojis). Sauf que très vite, ça lasse. L'utilisation du pronom personnel "tu" m'a rapidement irritée puisqu'il pousse à l'identification avec la protagoniste et qu'on a juste envie de la secouer. Denis est carrément imbuvable, ses propos sont détestables et on se demande bien comment elle continue à lui parler. On finit par la détester elle aussi, qui apparaît comme une idiote finie se laissant manipuler sans rien rétorquer. Si le harcèlement sur les réseaux sociaux est clairement un sujet d'actualité, je dois dire que la façon dont les femmes sont dépeintes à travers cette protagoniste silencieuse et soumise est tout sauf moderne et m'a beaucoup dérangée.
Ce roman parvient à synthétiser en Denis les variétés de commentaires et d'avis primaires qu'on lit sur les réseaux sociaux. Denis caricature le personnage énervant de l'homme se prétendant ouvert et moderne mais qui véhicule l'inverse sous prétexte d'opinions intelligentes sur tout. Cette partie est bien faite et le format d'écriture (les messages de Denis repris tels qu'écrits) m'a convenu. Si je trouve ce livre utile car il dénonce une réalité, je pense que j'aurais préféré un format témoignage-sans doute moins aisé d'un point de vue juridique. D'un point de vue littéraire j'ai préféré son autre livre Ariane. Une auteure à suivre.
J'avais bien aimé Ariane mais celui-ci pas du tout. Le style du monologue virtuel de Denis m'a lassée et le personnage de la protagoniste, victime de cet imbécile de Denis, est dépeinte comme la dernière des cruches. Bref, on est très loin du roman féministe de l'ère post-#metoo que j'attendais, analysant par exemple des phénomènes sexistes tels que la ligue du lol. Je tiens à souligner qu'il y a aussi des hommes qui sont victimes de cyberharcèlement, ce n'est pas propre à la condition féminine...
Me ha gustado como refleja el narcisismo y la impunidad que existe en las redes sociales así como el peligro de abrir tu privacidad a ciertas personas. Lo que un pequeño interés y admiración se vuelve en obsesión y agresividad. Sin embargo, tenía más expectativas sobre este libro e imaginaba más acción y que fuera más elaborado. No me ha gustado encontrarme tanto vocabulario de ordenador tipo emojis, hashtags, lol y otros según vas leyendo. Como apunte, lo de la fiesta de fascistas célebres sobra y es de mal gusto
Livre écrit de façon très inhabituelle, sans qu’on ai jamais les ressentis ou le point de vue de la protagoniste (sauf dans les dernières pages). De ce fait, il est impossible d’éprouver de l’empathie pour elle alors qu’elle est clairement la victime de l’histoire. Première moitié du livre très répétitive, et fin complément invraisemblable. Le thème du harcèlement est intéressant et très actuel, mais je n’ai pas aimé la façon dont il a été traité dans cette histoire.
Récit sur le harcèlement dans un style très cru qui pourrait rendre la lecture fastidieuse si l’on se s’attache qu’à cela. Mais la forme du récit se révèle finalement particulièrement pertinente et percutente. Quelle magnifique démonstration que ces yeux rouges! Je le recommande.
Déçue. J'avais beaucoup aimé le roman Ariane de la même autrice mais je n'ai pas apprécié celui-ci. La personnalité si agaçante du harceleur Denis n'est pas réaliste. Comment cette journaliste pourrait avoir un échange aussi long avec un tel beauf ? Le type est lourdingue, au mieux une personne lambda aurait répondu par un mail poli mais fermé afin de ne pas être importunée plus longtemps. Ce n'est pas crédible. Il aurait fallu que le harceleur soit un poil séduisant au moins au départ. Là on passe 70% du roman à se demander comment et pourquoi elle s'évertue à le lire et lui repondre. Les rebondissements finaux sont pas mal. Dommage.
Welches Ausmaß kann Cyber Mobbing nehmen und wie fühlt sich die Geahndete Person dabei ? Der Romam geht dieser und anderen Fragen auf die Spur. Wir erleben alles aus Sicht einer Reporterin einer Radiosendung. Von der ersten - harmlos wirkenden - Nachricht bis zum Großen Knall & wie died auf sie wirkt, welche Auswirkungen sich zeigen und wie sie sich dabei fühlt. Der Roman geht stellenweise unter die Haut und das Ende hat mich doch sehr überrascht. Insgesamt ein gutes Buch, auch wenn ich Zweifel hege, ob es lange in mir nachhallen wird.
Une atmosphère lourde, pesante.. Les sentiments de révolte et de dégoût qui m'ont accompagné durant ma lecture ne m'ont toujours pas quitté.
La narration est totalement détaché durant les 100 premières pages et ça m'a un peu déstabilisée. Dans quel état d'esprit, la personne victime de harcèlement, peut-elle être aussi froide et détendue alors qu'elle est agressée? Ce manque de respect qu'elle subit non seulement par le biais de commentaires et du principal harceleur mais le détachement de son entourage..! " Ça va passer, arrête de t'en préoccuper, quitte les réseaux.. "
Pu**** , j'ai pas d'autres mots. Il y a aussi des effets néfastes, non seulement psychologiques mais physiques qui accompagnent la descente aux enfers.. Comment peut-on se retrouver à consulter toutes sortes de " médecins " pour "aller mieux" ? Je mets des gros guillemets sur mes propos parce que je pense que ce défilé de bon à rien ou presque m'a dotant plus révulsé que le détachement de proches qui se voilent la face. 😂😔
Mitigeé parce que j'ai eu du mal à rentrer dedans, parce que je ne comprends pas la place de la victime (moi qui n'ai jamais été porté réseaux sociaux mis à part la booktubosphere ) et son détachement de la situation, son indifférence face à son interlocuteur et face à ses proches ?! Parcequ'on a pas réellement son avis sur la question, parce qu'elle est juste dépeinte comme étant faible face au plus grand nombre..
Livre coup de gueule qui a un final original, qui malheureusement me laisse sciée parceque (trop) réaliste. ^-^
"Les yeux rouges" parle du harcèlement systémique des femmes, par les hommes, dans notre société, et en particulier sur internet, et de son impact sur la santé et l'absence de sécurité des femmes. L'écriture en discours rapporté, mot à mot, m'a terriblement dérangée, remuée, énervée, au point d'avoir du mal à trouver le sommeil. J'ai eu le sentiment d'entendre ou de lire des voix qui m'ont été si souvent adressées. Malgré le fait que j'ai pensé pendant la première moitié du livre qu'il m'était désormais impossible de supporter ce que j'avais pu subir étant plus jeune, je me suis surprise à me dire que j'avais de la chance de n'avoir jamais subi autant que la narratrice, que ce n'était pas aussi grave, finalement. Il m'est difficile de dire que j'ai aimé ce livre, étant donné le sujet, mais je l'ai trouvé important et, j'espère, initiateur d'une réflexion sur l'objectification systémique des femmes. J'ai aimé le rythme et le style de la narration, bien qu'il déshumanise entièrement la narratrice en l'effaçant du récit.
C'est un livre très difficile à lire de par son type d'écriture et de par la violence imposée à la narratrice qui n'a à aucun moment le droit à la parole. J'ai cru que je n allais pas pouvoir finir tellement cet agression est dure et baveuse. Deplus on ne peut pas se raccrocher à l'écriture qui ressemble vraiment à celle des réseaux sociaux. Il n y a aucun dialogue intérieur qui pourrait sauver un peu la narratrice. Le seul bémol est que la forme du roman est un peu bancale entre une volonté de jouer sur des registres différents mais en faisant continuer l'histoire. Je ne comprends pas tous les choix esthétiques du livre. Mais cela reste une œuvre très marquante.
Je l'avais acheté parce que le thème me semblait intéressant. Le cyber harcèlement est une plaie aujourd'hui sur les réseaux sociaux.
J'aurais bien aimé pouvoir éprouver de l'empathie pour la victime, mais malheureusement je ne ressentais que de l'agacement. Quand elle bloque le personnage masculin de son compte Facebook, il y avait déjà 15 pages que je lui disais de le faire!
Je suppose que le fait d'être une personnalité connue explique ses hésitations. Cela montre bien l'effet pervers des réseaux sociaux, mais a rendu pour moi la poursuite de la lecture impossible.
Ce livre n'était pas pour moi. Je ne l'ai pas terminé.
Sur l’auteur, page 122 « Il me présenta une image pieuse hindoue. Ce qu’elle avait de particulier? Les yeux. Rouges, comme les miens. Les yeux de la colère, les yeux de la rage. » Sur le prédateur, cet horrible Denis, page 166 « Denis avait un faible pour les hommes politiques issus de ce qu’il appelait « la droite virile et conquérante », parmi lesquels Vladimir Poutine… » En ces temps de guerre en Europe et en Ukraine en particulier, ce type de personnage, ce Denis, me fait penser à tout ceux qui en Europe Occidentale et ailleurs admiraient Poutine car c’était l’homme fort qui mettait de l’ordre en Russie qui ne deviendrait dès lors pas une société « décadente » comme la nôtre. Mort à tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Ces Denis font feu de tout bois, sont habités par le mal et malheureusement existeront toujours. Le pire, c’est qu’aujourd’hui les réseaux sociaux leurs donnent une caisse de résonance alors qu’avant cela ce serait limité entre gens limités dans un vulgaire café.Ces réseaux sociaux sont donc devenus une arme de destruction massive.
Un très bon livre sur le cyberharcèlement, tout particulièrement à propos du cyberharcèlement des femmes par les hommes.
Un récit d'autant plus prenant et touchant lorsqu'on sait que l'autrice, Myriam Leroy, s'est inspirée de son expérience. Harcelée sur Internet après avoir critiqué Dieudonné, elle porte encore les stigmates de cette déferlante de haine.
Un phénomène terriblement contemporain qu'il faut à tout prix prendre en considération pour agir (je parle notamment de la justice).
Histoire poignante basée sur une expérience vécue par l'autrice. Tout au long du livre, on s'immisce dans les cyberconversations avec Monsieur prénommé Denis. Lui connait tout d'elle. Elle n'a fait qu'accepter sa demande d'ami et répondre à ses messages.
Un livre qui permet d'aborder un sujet une fois encore trop peu abordé où les victimes sont trop peu écoutées.
pas trop aimé le parti pris de montrer que les réactions de l’entourage, on est jamais face aux réactions de la narratrice et je sais pas j’ai pas complètement vu l’intérêt et à part ça ouais en fait je m’en fous de ce livre voilà 🤗🤗 pas horrible à lire pas super chouette non plus j’ai rien à dire lol
Second roman de ma compatriote Myriam Leroy. Journaliste, chroniqueuse radio, célèbre dans mon pays, elle nous livre ici un récit glaçant, angoissant sur un sujet qu'elle connaît bien pour en avoir malheureusement été victime il y a quelques années, bien avant l'affaire Weinstein... le harcèlement.
"Il s'appelait Denis. Il était enchanté. Nous ne nous connaissions pas. Enfin, de toute évidence, je ne le connaissais pas; mais lui savait fort bien qui j'étais"
C'est comme ça que cela commence via un message Facebook. Plusieurs connaissances communes, elle accepte le contact, répond poliment. Et c'est parti, plus moyen de s'en faire quitte ! Denis lui raconte une partie de sa vie, de ses émotions. Il l'encense, parsème ses textes d'émoticons en tout genre 😈😜😚😍🙉🙌💩💝😃
Elle aurait dû se méfier, cet employé de l'administration marié et père de famille a aussi une page "Denis la Menace" dans laquelle il est souvent très acerbe sur la société, ok mais ne l'est-elle pas elle-même dans ses chroniques. 😇
Les messages sont de plus en plus intrusifs. Salomé, sa copine ne comprend pas pourquoi elle hésite à le virer de ses potes, à le bloquer, le bannir. De quoi a-t-elle peur ? De représailles ?
Elle se décide enfin à l'éjecter, Denis lui envoie un SMS avec son téléphone, sans rancune mais c'est bien méconnaître Denis qui s'en prend maintenant à son compagnon via des commentaires sur Twitter.
Cela devient infernal pour la narratrice, propos sexistes, racistes..
Mais pourquoi ce besoin de venir regarder les réseaux sociaux ? Un vrai phénomène qui perturbe le cours de nos vies ? C'est un véritable sujet sociétal qui est mis en avant par ce récit.
Denis n'en restera pas là, une plaie ce gars, propos injurieux, photos détournées, obscènes... la situation deviendra invivable d'autant plus que personne ne la prend au sérieux, personne ne lèvera le petit doigt pour lui venir en aide. Inefficacité de la justice, plainte classée sans suite et pire la victime est en ligne de mire et devient l'accusée.
Une atmosphère oppressante, étouffante qui nous laisse imaginer ce que ressent une victime de harcèlement. Le pire, les commentaires partagés et les like des internautes accentuant le tout.
Humiliation, isolement, sexisme et racisme sont bien mis en évidence par une écriture acerbe, cash, jeune et actuelle ponctuée du vocabulaire du web.
Un roman très contemporain qui nous décrit parfaitement la sphère du harcèlement et ses conséquences dans la sphère interne. C'est un livre violent car il met mal à l'aise, il permet vraiment à la lecture de ressentir le harcèlement. La plume est adaptée au contexte car c'est la langue du harcèlement et du harceleur qui est retranscrite. J'ai aimé la structure originale se basant sur les messages du harceleur et les propos de l'entourage ne reprenant jamais les propos de la narratrice, seulement dans la dernière partie sous forme de nouvelles. Une partie très forte que j'ai particulièrement appréciée. J'ai commencé la lecture en début de soirée et n'ai pu le poser qu'arrivée au terme, c'est haletant, on veut connaître l'issue.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Comme disait Guitry, il était inutile de vouloir se venger d'une femme puisque le temps le ferait tout seul.
Un homme n'était pas une femme et une femme n'était pas un homme, n'en déplaise aux excentriques de la non-binarité. C'était ainsi depuis que le monde était monde et ce n'était pas parce que quelques excitées souhaitaient absolument s'inscrire à la marge de leur assignation de genre que son avis sur la question allait changer. Hommes et femmes, nous étions les deux pôles d'une même mappemonde : nous habitions la même planète mais nous évoluions sous d'autres latitudes. Et c'était cela, justement, qui faisait la relation de couple si fascinante. Il suffisait que je n'aille pas voir ce que ce con écrivait, que je bloque ou mieux, que je me barre de Facebook, Twitter et Cie. Parce que de toute façon, qu'est-ce que ça m'apportait tous ces trucs à part du stress, de la perte de temps, et un contact permanent avec la lie de l'humanité ?
Ces gens n'existaient que par la visibilité que nous leur donnions. Au fond c'était nous les médias, qui les avions créés. Si nous les laissions hurler dans leur coin sans leur prêter attention, ça ferait longtemps qu'ils seraient à court d'air, il me le garantissait.
De toute manière, la plus élémentaire des prudences semblait échapper à cette génération. C'était un peu comme si le fait d'être né et d'avoir grandi avec Internet où se commettaient les pires outrances avait brouillé les balises entre les conduites marginales et celles autorisées, comme si ces gosses naviguaient à vue dans le flou le plus complet : ce qui était bien, ce qui était mal, ce qui était tordu ? Ils ne se posaient même plus la question et réfléchissaient - quand ils réfléchissaient - après avoir réagi. Ce type dépourvu de charisme, au physique banal si ce n'était le déguisement décrit plus haut, avait débarqué dans ma vie un beau jour et patiemment creusé ses galeries, tel un rat taupier, jusqu'à la mener à l'effondrement.
Tant d'émotions : angoisse, colère, claustrophobie, soif de vengeance.
Myriam Leroy puise dans son expérience personnelle avec le harcèlement en ligne pour dépeindre une narratrice qui se perd de vue à force d'être définie par les autres.