François Cavanna est un écrivain et dessinateur humoristique français.
Suite à des menaces de renvoi en Italie pendant les années 30, son pèrel demande la naturalisation qu'il obtient le 25 octobre 1939.
Durant son enfance, Cavanna fait preuve d'un goût exceptionnel pour la lecture et réussit très bien à l'école, malgré une attitude très dissipée. Il passe le Certificat d'études primaire à 12 ans, suit les cours de l'Ecole primaire supérieure (EPS) de Nogent et obtient le Brevet en 1939. Mais il n'est pas motivé pour poursuivre des études et entre à la Poste en septembre 1939.
En juin 1940, il reçoit, comme les autres employés, l'ordre de partir pour Bordeaux. Il quitte Paris à vélo, atteint Gien où il voit pour la première fois des soldats allemands. Il est bloqué par un poste de contrôle allemand et est obligé de rentrer à Paris. Il perd son emploi à la Poste. Fin 1942, il est recruté comme maçon par le service d'entretien d'une firme nogentaise, mais presque aussitôt se trouve requis pour le STO (début 1943). Son groupe de requis arrive dans la banlieue sud-est de Berlin. François Cavanna se retrouve dans un commando disciplinaire chargé du déblaiement des gravats après les bombardements alliés.Il est amené de Schwerin à Lübeck, en zone américaine, et rapatrié fin mai 1945.
Il redevient dessinateur de presse, activité dont il parvient à tirer un revenu qu'il juge convenable. Cavanna s'associe avec Georges Bernier et quelques autres pour fonder le magazine Hara-Kiri (mensuel), puis en 1969 de Hara-Kiri Hebdo qui deviendra ensuite Charlie Hebdo.
En 2011, il publie "lune de miel" récit dans lequel il dévoile son combat contre la maladie de Parkinson.
Le 15 novembre 2008, François Cavanna inaugure la bibliothèque municipale Cavanna de Nogent-sur-Marne. Avide de lecture dès son plus jeune âge, c'est à la bibliothèque de Nogent-sur-Marne, située à l'époque dans l’hôtel des Coignards, qu'il venait chercher ses livres. Une exposition « Cavanna raconte Cavanna » suivra l'inauguration de la bibliothèque jusqu'au mois de mai 2009.
Quel bonheur ce roman ! Cavanna nous emmène dans son enfance dans les années 1930, fils d'un père italien et d'une mère française, dans une banlieu parisienne pleine de "ritals", c'est-à-dire d'immigrants italiens. Tous les pères travaillent comme maçons ou mécaniciens ou plombiers, et tous les enfants savent que leur route sera la même. En attendant, ils s'amusent comment tous les gosses : ils se lancent des pierres les uns sur les autres ou contre les enfants des autres quartiers, ou encore contre les amants qui viennent se cacher dans le parc ; ils fonts la guerre aux filles, avec l'espoir de pouvoir en renverser une derrière un mur ; ils rêvent de pouvoir s'acheter des cadeaux de riches. En plus de tout ça, le monde de Cavanna est peuplé de ses fantaisies nourries de lectures de romans d'aventures et de bandes dessinés, et de l'imagination d'un gentil père maçon qui raconte de tendres histoires aux objets, aux bêtes et jusqu'à la ferraille avec laquelle il travaille tous les jours.
On rit beaucoup en lisant ce livre, pour le style de Cavanna et pour le dialect parlé par les ritals, un drôle de français mêlé d'italien, que des fois laisse totalement le champ à ce dernier, surtout quand il s'agit de jurer. "Louis" devient "Luivi", "électricité" devient "lettrichité", et la pire insulte est "Diou te stramaledissa" (Que Dieu te supermaudisse). La description des parents de Cavanna semble sortie de la commedia dell'arte : une mère jamais contente qui tient son fils réveillé avec ses plaintes nocturnes ; un père grand rigoleur qui aime se tapper sur le ventre en racontant des blagues et boire avec ses copains.
On rencontre aussi, en arrière plan, un morceau d'histoire perdu, écrasé par des histoire plus tristes et connues comme le fascisme et le nazisme : celle des immigrés italiens en France avant la Seconde Guerre mondiale, souvent pauvres voir très pauvres, qui ont toujours "intérêt à se faire tout petit, surtout avec le chômage qui rôde", mais deviennent quand même des boucs-émissaires idéaux et les premières victimes de la crise économique de l'époque ; celle d'une partie de la France qui fait des clins d'oeil à Mussolini et aux théories antisémites, qui écrase les syndicats et les mouvements ouvriers.
Les ritals est une série de chroniques ou plutôt de tranches de vie (le livre n'est pas une autobiographie à proprement parler car il n'est pas chronologique) de la jeunesse de François Cavanna. Fils d'un père maçon italien et d'une mère française (nivernaise), la famille a habité jusqu'au début de la seconde guerre mondiale dans un quartier pauvre, peuplé de "ritals" ie immigrés italiens travaillant dans le bâtiment, de Nogent en banlieue parisienne, membre d'une petite communauté dont Cavanna nous raconte la vie, les coutumes, les relations avec les autres et surtout la pauvreté (qui n'est pas la misère - ne pas confondre -) du quotidien. On y parle un peu de politique (pas assez à mon goût dans cette période troublée, le père, italien, n'est pas vraiment politisé même si son pays est dirigé par Mussolini) mais surtout des fins de mois difficiles, du travail usant du père, de la mère qui, bien que non italienne, agit comme une vraie mamma. On y voit aussi - c'est très intéressant - comment cette communauté italienne soudée s'intègre dans la société française par le biais de l'école principalement. C'est émouvant et cela montre le puissance du "modèle d'intégration à la française" qui a mon avis n'est pas un mythe (c'est quelqu'un qui vit au Royaume-Uni donc qui a un étalon de comparaison qui le dit) et qui marche encore aujourd'hui beaucoup mieux que certains prophètes de malheur veulent nous le laisser croire.
Maintenant le principal problème que j'ai avec ce livre (d'où mes quatre étoiles qui sont plutôt 3,6) c'est son ton. Le ton un peu potache de Cavanna, surtout des notes en bas de page et le style "petit Nicolas" de l'écriture m'ont passablement irrité, cela donne peut-être plus de vie au récit (qui sont après tout des souvenirs d'enfance, donc pourquoi pas) mais le fait de ne pas le voir avec des yeux neutres, le choix de la subjectivité tend à dédramatiser certains épisodes qui auraient mérité de l'être plus.
Cela reste un formidable témoignage, mes moments préférés sont ceux où il raconte la fugue, le passage au bordel, et la bouleversante histoire de "l'arabe". Les passages sur les illustrés (Bibi Fricotin, Les pieds nickelés) m'ont aussi rappelé des souvenirs (il en restait quelques uns chez ma grand-mère).
A priori pas gagné mais j'ai pris grand plaisir à cette lecture. Le style constamment ironique avait tout pour me fatiguer (qui réussit à le tenir sur un roman ? Voltaire), ses remarques sur les femmes (certains épisodes "haut en couleur" de son enfance pouvaient s'apparenter à des viols en réunion à l'aise), celles sur la xénophobie de l'époque (= la même que la notre, hein) déjà entendues et lues et... et pourtant ça m'a beaucoup plu, j'aurai voulu recopier certaines citations... Sacré transfuge de classe, ce Cavanna : je me demande comment il a du vivre son accès au luxe.
L'auteur raconte une enfance qui n'existe plus ou plus pareil, l'absence de la technologie moderne dans les interactions en est presque étrange. Agréable à lire, à savourer, à lire à coté de la cheminée après une journée de merde.
Quel délice que cette écriture truculente avec laquelle Cavanna nous fait partager ses souvenirs d'enfance, fils de Rital dans un quartier populaire. Y'a d'la vie!
En 2014, lire sur les années trente dans la banlieue, sur l’immigration en France avant la guerre, c’est plutôt édifiant. Et quand c’est sous le regard d’un type drôle, sincère et plutôt futé, c’est d’autant plus intéressant. Les mœurs de l’époque, j’en avais entendu parler comme celles d’un temps lointain (et un peu arriéré, selon certains), mais lire ça à la première personne, ça rend ça d’autant plus prenant. Y a des trucs moches, comme le fascisme montant dans toute l’Europe et qui n’a pas du tout épargné la France, y a des trucs moins moches, comme le cinéma du quartier, les bastons entre gosses, les ouvriers aux vies de poètes qui s’échinent pour une maigre paie, y a des trucs carrément beaux, et je vais pas dire « le bordel », parce que j’ai jamais trouvé ça très glamour, mais on sent que le « petit » François a quand même beaucoup d’amour pour les femmes, et ça m’a fait sourire. Ça manque de virgules par endroits, mais on s’en fout un peu.
Même que sa boîte noire - pour ce qui est de ses souvenirs de gosse entre six et seize ans - est pleine de choses drôles, émouvantes, débordantes d'affection et de joie.
Y a-t-il un livre sur l'enfance qui sonne plus vrai que celui-ci ?
Enfin, il y a, tout au long de ces pages, le ton Cavanna. Les lecteurs de Charlie Hebdo le reconnaîtront, bien sûr, mais ils seront peut-être surpris d'y découvrir tant de tendresse.
Avec le contrepoint d'une musique mélancolique aux histoires les plus hilarantes, et des échos burlesques aux histoires les plus poignantes.
Cavanna, avec son ton familier de baratineur, nous dépeint ses jeunes années d'une façon décousue, se rappelant en vrac les meilleurs moments de son existence d'avant seize ans, à une époque plutôt joyeuse malgré la guerre qui pointe à l'horizon.
J'aurais mis 5 étoiles pour l'émotion qui m'a saisie en lisant ce livre. Il traînait dans ma PAL depuis des années... je l'ai enfin lu, quelle surprise! le père de F. Cavanna, comme le mien, émigré, originaire d'un village de l'Apennin à quelques kilomètres à peine du village d'où viennent mes parents, maçon au coeur immense, comme le mien... et comme moi, F. Cavanna est fils unique, une mère qui l'adore mais qui peine parfois à montrer son affection. Quelle émotion! je me suis reconnue, dans certains passages, comme si un grand frère m'avait tendu les bras, à travers le papier, l'encre, l'écriture. J'ai ôté une étoile de manière tout à fait arbitraire (pour certains passages que j'ai trouvés moins intéressants) car, de toute façon cette appréciation est trop subjective pour qu'elle vaille quoi que ce soit, alors tant qu'à faire...
Premier tome de l'autobiographie de Cavanna. Toujours très fleurie, la prose de cavanna est jubilatoire à lire. Ce premier tome couvre les années d'avant-guerre, le Nogent sur Marne ouvrier et populaire, avec ces bagarres entre mômes, les histoires de famille, les solidarités entre immigrés...
Ce livre est sans doute un des plus beaux livres sur l'enfance. On y suit le petit François, dans sa rue St Anne, avec tout ses amis, ses parents, ses voisins. Il est écrit comme pense un enfant, de manière pure, simple. Un régal !