Bottom, trente ans, est par essence un "rada", c'est-à-dire un paumé. Pourvu que la Providence lui donne ses six canettes de bière quotidiennes, il patauge avec complaisance dans l'horreur de vivre. Recueilli par la patronne, il lui sert de nurse et de chauffeur, car elle a les jambes brisées. La patronne passe tout à Bottom, et leur amitié tourne parfois à la tendresse sexuelle. Mais lui aime d'un grand amour sans espoir Juba, qu'il appelle son petit train donzeur, parce qu'elle téléphone tous les jours à onze heures. Il y a aussi Bruno, qu'aime Juba et qui finira percé d'un coup de couteau. Et Nicole, qui couche avec Bottom et aime Adé, le poète fou enfermé dans un asile.Comme le dit Bottom, "ce n'est pas une vie. Avec les ordures dont je la remplis, c'est une poubelle". Et pourtant ces pauvres types et ces filles perdues nous parlent comme s'ils détenaient le secret de la vraie vie. Et surtout, après un long silence, Réjean Ducharme revient au roman avec un style, des mots, une émotion qui le mettent au rang de ces grands écrivains qui, un jour, réinventent le langage. Un magicien qui, à volonté, nous fait rire et pleurer.
Nous en connaissons peu sur la vie personnelle de Ducharme. Jusqu'à maintenant, il refuse toutes demandes d'entrevue et demeure en retrait de la société.
Réjean Ducharme devient l'un des écrivains les plus influents du Québec avec son premier roman, "L'Avalée des avalés" (1966), publié chez Gallimard. L'oeuvre est très bien reçue et est même nominée cette année-là pour le Prix Goncourt, soit la reconnaissance la plus prestigieuse en littérature francophone, aux côtés d'écrivains, surtout de nationalité française, chevronnés. Deux manuscrits qu'il avait envoyés avec celui de son premier roman, "L'Océantume" et "Le nez qui voque", sont publiés plus tard par la même maison d'édition et reçoivent un accueil chaleureux des critiques et un succès presque comparable à celui de "L'Avalée des avalés". Après avoir fait publier une dizaine de romans et de pièces de théâtre entre 1966 et 1978, Ducharme disparaît de la faune littéraire pendant presque quinze ans avant de revenir avec son roman "Dévadé", qui n'est pas aussi bien reçu que ses romans précédents. Sa carrière littéraire se rendort à la fin des années 1990, et il se consacre maintenant à ses oeuvres visuelles, qu'il expose sous le nom de Roch Plante.
Ducharme a écrit plusieurs pièces de théâtre dont "Ha ha!..." et "Le Cid maghané" ainsi que quelques chansons pour Robert Charlebois et Pauline Julien, et a collaboré aux scénarios de deux films de Francis Mankiewicz. Le film "Léolo", ouvertement inspiré de l'oeuvre de Ducharme, sort en 1992 et connaît un énorme succès, jusqu'à être nommé en 2005 parmi les 100 meilleurs films de tous les temps selon le Time Magazine.
Ses récompenses sont nombreuses: 1973, 1982 et 1994 : Prix du Gouverneur général 1974 : Prix Littéraire Canada-Communauté Française de Belgique 1976 : Prix Québec-Paris pour "Les Enfantômes" 1983 : Prix Littéraire du Journal de Montréal 1990 : Prix Gilles-Corbeil 1994 : Prix Athanase-David En 2000, il est fait Officier de l'Ordre National du Québec
Nachtrag vom 3. Februar 2021 - was hängengeblieben ist: Mmmnee, weiss nicht. Bin nach wie vor ein grosser Fan von "L'avalée des avalés", aber Ducharme hat in diesem Spätwerk offenbar nichts mehr zu sagen. Statt dessen reihen sich Wortspielereien an Wortspielereien und drehen ins Leere. Schade.
Autant j'ai aimé "L'avalée des avalés" et "L'hiver en force", autant j'ai eu du mal avec celui-ci, une des dernières oeuvres de l'auteur. Bien sûr, il y a le style inimitable de Ducharme, mais ici on passe d'une trouvaille stylistique à une autre trouvaille stylistique, puis à une autre trouvaille stylistique, et à la fin ça devient lassant. Si ç'avait été une nouvelle de dix pages, ç'aurait été génial.
Évidemment, c’est original et bien écrit, peut-être même trop. Il y a tellement d’effets de style dans ce livre qu’on n’arrive plus à suivre l’histoire.
« -Je voulais te parler d’amour. - Je sais. - En as-tu?… T’en as beaucoup, mais en as-tu de reste?… En as-tu, comme on dit, pour les fins puis les fous?…. T’en as-tu que tu sais pas quoi faire avec et, au lieu de le jeter, tu le ferais tu avec moi? »
C’est tellement bien écrit que j’ai rien compris. Meilleure façon de décrire ce livre. On dirait qu’aucune note ne serait la bonne, donc je préfère ne pas en mettre.
J'adore Réjean Ducharme mais je crois que c'est son livre que j'ai le moins apprécié jusqu'à maintenant. Il aurait pu tenir en une centaine de pages et ça aurait été bien. Je me suis même perdue à plusieurs reprises parce que j'arrêtais de suivre le fil de l'histoire. Dommage.
« Ce n’est pas pour me vanter, mais ce n’est pas une vie […] je fais de mon mieux, le plus mal possible » (p.11).
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. D’un côté, je ne me suis jamais réellement éprise de l’histoire et ai un peu eu l’impression de vivre une longue et même discussion qui s’éternisait sur 280 pages (aussi longue qu’un mois à lire haha). Puis, de l’autre, je ne considère pas l’auteur responsable de ma compréhension du récit.
Réjean Ducharme utilise un vocabulaire riche et une tournure de phrase que j’apprécie beaucoup. Les thèmes de la destruction, de la fuite et du sabotage en sont qui reviennent dans ses œuvres, caractéristiques que j’apprécie particulièrement et qui, à mon sens, solidifient le lien de proximité imaginaire que j’entretiens avec l’écrivain.
Cette oeuvre est une chose qui existe. Je ne sais comment l’exprimer, mais je me vois mal porter un jugement sur elle. Qu’elle vive en paix avec ceux qui trouvent en elle de quoi leur plaire. Ce n’est pas pour la vanter, mais au fond, elle est n’importe quoi.
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« On se sent si bien après avoir eu si mal, que si c’était à recommencer, je souffrirais plus fort » (p.157).
« diminue-moi encore, ôte-moi la raison que je me rende au plus vite complètement ridicule » (p.174).
« Elle a beaucoup d’amis, qui se réjouissent tous qu’elle ait beaucoup d’amis parce qu’elle les choisit tous assez fous pour lui vouloir du bien… » (p.196).
« On la sent qui savoure tout l’amour que je ne lui donne pas pour une fois, le seul amour qui l’intéresse dans le fond » (p.212).
« je t’aime beaucoup, si ça peut te faire de la peine, puisque c’est absolument ce qu’il faut te faire pour te réconcilier avec toi-même » (p.235).
« On montrerait le chemin aux pauvres malheureux qui cherchent à se perdre, aux voyageurs qui veulent rester partis » (p.227).
« Je ne reconnais pas les miens dans cet attroupement pour rire » (p.250).
« On a hâte de recommencer à vivre comme si c’était à notre portée. À vaquer à nos petites affaires d’aucune foutue importance » (p.175 ).
« On s’en fous, mais c’est beau » (p.183).
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