L'histoire débute à la fin du XIXᵉ siècle. Persuadés d'avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent les premiers parcs naturels du continent. Puis, au lendemain des années 1960, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l'Éden ! Mais cette Afrique n'existe pas. Il n'y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine, arpentés seulement par ces hordes d'animaux sauvages qui font le bonheur des safaris. Il y a des peuples, qui circulent depuis des millénaires. Pourtant, ces hommes, ces femmes et enfants sont encore expulsés des parcs naturels africains, où ils subissent aujourd'hui la violence quotidienne des éco-gardes soutenus par l'Unesco, le WWF et tant d'autres ONG.Convoquant archives inédites et récits de vie, ce livre met au jour les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu'ils croient protéger là-bas, prolongeant, avec une stupéfiante bonne conscience, le schème d'un nouveau genre de colonialisme : le colonialisme vert.
Cet ouvrage est sans conteste l'un des plus pertinents sur le colonialisme que j'ai jamais eu l'occasion de parcourir. Il offre une analyse saisissante de la construction du mythe de la nature vierge en Afrique au cours du 19e siècle par les colons, et de sa concrétisation au début du 20e siècle. Les récits poignants des habitants déplacés du parc en Afrique ajoutent une dimension déchirante et douloureuse à cette lecture incontournable.
Très intéressant et accessible! Un livre à lire surtout si on a tendance à s'imaginer l'Afrique comme un paradis de la faune et de la flore ou qu'on envisage de faire un safari 😬
This actually blew my mind. I was already familiar with Blanc’s work as a historian specialising in colonisation and de-colonisation, but this isn’t only a detailed evidence-based study but also a strong stand against the way conservation is done in African parks.
Blanc argues that natural parks in Africa are run based on what he calls green colonialism: they rely on a neo-colonial vision of Africa as a green heaven, and its people as incapable of taking care of it (hence the « need » for Europeans to get involved). In many of these parks, local populations who had been living and cultivating the land for millennia have been forced to evacuate, often through violence, in the name of environment protection and the assumption that humans are inherently what destroys the earth (instead of capitalism or European imperialism). This often happens with the support of NGOs and in the name of « sustainable development ». Blanc doesn’t take an anti-environmental stand (far from it), but argues that targeting local small farmers (who often take great care of the land since it is their means of survival), instead of looking at what truly causes climate change is missing the point.
The book raises important questions about western romanticized and/or racist visions of Africa and their colonial roots (a « natural » land with « incompetent » population), but also about the commonly shared preconception that humans are inherently the problem (instead of an economic system) and that their presence is necessarily incompatible with the preservation of nature.
350 parcs naturels en Afrique. Beaucoup reconnus au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO dont le concept date de 1972. Leur création a été rendue possible par l'expulsion d'un million d'Africains. Notre culture, jusqu'au Roi Lion de Disney, qui trouve son origine dans d'autres productions culturelles beaucoup plus tôt dans le siècle, est imprégnée de l'image d'une nature sauvage grandiose, a priori vide d'hommes, pourtant en péril, menacée, nécessitant une protection absolue. Aux Etats-Unis, les parcs naturels se sont construits sur la volonté de préserver ce qui serait le seul patrimoine authentique d'un Etat neuf et dans la négation des sociétés amérindiennes. En Europe, on valorise d'abord des territoires ruraux où le pastoralisme est défendu comme une source de valorisation des espaces. En Afrique, ces mêmes pratiques agricoles sont présentées comme une source de dégradation environnementale, de même qu'on attribue, de manière finalement fausse, aux paysans africains déforestation et désertification. Guillaume Blanc démontre par les archives, s'appuyant beaucoup sur le cas éthiopien, combien ces représentations et ces pratiques qui visent pour l'essentiel à éliminer les habitants de la gestion de la nature sont nées à l'époque coloniale, beaucoup en lien avec les pratiques de chasse, ont perduré avec les indépendances, d'abord car des acteurs européens ou américains sont restés les gestionnaires et ressources scientifiques premiers des parcs, aussi pour des raisons économiques (tourisme potentiel), géopolitiques (obtenir une reconnaissance et un soutien des grandes institutions internationales à bon compte), voire politiques (maîtriser des territoires périphériques, potentielles zones grises, en en excluant les habitants). L'UICN, le WWF et l'UNESCO ont contribué à entretenir des stéréotypes nés au XIXème et de fait participé à désapproprier l'Afrique de son patrimoine. Les parcs, de fait, beaucoup, une histoire de l'Afrique sans les Africains. Pour revenir au Roi Lion, peut-être est-il temps de réfléchir à qui sont les lions, qui sont les hyènes ?
Analyse dévastatrice de la politique environnementale des pays développés en Afrique. Le livre analyse l'approche que les administrations coloniales avaient appliqué dans leurs colonies et comment cette politique s'est perpétuée avec les indépendances, même en Éthiopie, qui n'a jamais été colonisée. Les travailleurs de l'environnement, des anciens chasseurs, des personnes avec une mentalité coloniale, ont développé une théorie dominante, selon laquelle l'Afrique serait un paradis en train d'être détruit par les Africains et il conviendrait sauver les paysages en créant des parcs nationaux, desquels il convient éliminer l'homme.
Livre combatif, à thèse, ne laisse personne indifférent. Avec une solide documentation, il représente un grand apport à une discussion sur le colonialisme qui ne veut pas mourir.
Très instructif ! La perspective historique et sociologique des experts de la conservation naturelle met bien en lumière l'héritage colonial des institutions internationales de ce domaine. Le focus sur l'exemple éthiopien permet d'illustrer clairement les démonstrations de l'auteur, et le non-sens, la violence et l'injustice des projets de conservation. J'aurais toutefois aimé que le chapitre sur les stratégies d'adaptation ou de résistance aux parcs soit plus long. Sinon, malgré un côté un peu répétitif (qui est au moins très pédagogique), je recommande !
A must read for the colonized, the africans, the minorities, and any one who simply doesn't tolerate institutionalized injustice, racism and contemporary colonisation.
Although some might criticize the repetitive aspect of the chapters, I found it very interesting that despite, getting "independence", having revolutions, leaders changing, etc, etc, the practices towards the people are exactly the same throughout the XIX century and until today.
J'ai appris ce qui se passait pour les populations locales lorsque la création d'un parc naturel et sauvage destiné au tourisme, était créé. L'auteur dénonce le mythe d'une surexploitation de la nature africaine par les indigènes Cependant globalement le livre tourne en rond et répète toujours la même chose. Ce n'est pas très bien écrit et l'argumentation n'est pas structuré.
« À l'époque coloniale, il y avait le fardeau civilisationnel de l'homme blanc, avec des théories racistes pour justifier la domination des Africains. Depuis, il y a le fardeau écologique de l'expert occidental, avec des théories environnementales déclinistes qui légitiment le contrôle de l'Afrique ».
L'histoire des parcs nationaux d'Afrique, ou la politique, la colonisation et la protection de la nature se mêlent et se confrontent. Un regard nouveau qui surprendra plus d'un lecteur. Un tres beau livre, sourcé, référencé à lire absolulement pour comprendre l'Afrique, son tourisme "safari" d'aujourd'hui, et l'empreinte pas toujours de bonne augure de l'homme blanc.
Une déferlante de connaissances! Absolument sidérant de mise en lumière de ce que la projection de raisonnement des anciens colons sur le territoire africain a provoqué. Paternaliste, decliniste et a demi-mot raciste
C'est encore pire que ce que je savais déjà. Nous sommes, les blancs, une plaie pour ce continent. Flagrant délit de colonialisme et de deux poids, deux mesures en ce qui concerne la mise en place des parcs naturels.
J’ai appris plein de chose sur notre période post-colonial et sur comment les anciennes puissances coloniales continuent de contrôler les états africains, notamment via les organisations internationales et la propagande sur l’Eden africain.
Obligée de mettre 5 étoiles car ce sujet est beaucoup trop important et je pense qu'aucun autre écrit n'est plus informateur que celui-ci (si il y en a je veux savoir lesquels !!) L'auteur ouvre les yeux et les esprits sur une problématique majeure en Afrique aujourd'hui : les parcs nationaux motivés davantage par un colonialisme vert que par une véritable protection de l'environnement.
Il est important de prendre conscience que notre imaginaire africain est faux. Ce n'est pas notre faute, c'est le résultat de décennies de diffusion d'un mythe d'une Afrique vide d'humains et uniquement naturelle, qu'on voit à la télé, dans les films, dessins animés, documentaires, dans les livres, les magazines etc. Cet imaginaire africain continue d'être diffusé par des groupes internationaux mondialement connus et réputés, qui commetent des atrocités en Afrique (qu'ils ne commetent pas ailleurs) au nom de la protection de l'environnement, qui n'avait même pas besoin d'être protégé.
La faute est rejetée sur des paysans au mode de vie exemplaire pour le monde entier. Ces paysans se font expulser de leurs terres sous prétexte que leur agriculture dégrade la nature et qu'ils tuent des animaux. Tout. Est. Faux. Cette pensée a malheureusement été largement diffusée depuis des décennies par des groupes internationaux dont l'influence est telle qu'il est dur de les contredire. Encore une fois, ce sont les personnes qui dégradent le moins l'environnement qui payent le prix de sa protection.
L'Afrique subit encore aujourd'hui les conséquences de son passé colonialiste, à cause d'experts environnementaux qui ont une emprise énorme sur les états africains, et qui sont en réalité d'anciens colons. J'ai eu envie de hurler tout au long de ma lecture, je suis révoltée et quand je lis des choses pareilles, j'ai honte.
Cet Essay est à lire absolument. Guillaume Blanc, nous amène à relire nos cours d'histoires et à repenser notre imaginaire de l'Afrique. Se basant sur la politique coloniale autrement dit territoriale de la France en Ethiopie lors de la Colonisation, il decout le mythe de la mission civilisatrice. Il va même au-delà en interrogeant dans quelle mesure, cette vision qu'il faudrait sauver l'Afrique des Africains, demeure encore. C'est au plus profond des parcs nationaux que perdurent des injustices sociales et environnementales. Sous couvert de la protection de l'environnement, il faudrait "conseiller" les dirigeants africains dans leur politique. Une affaire vicieuse qui n'épargne pas des ONG comme le WWF, et ne laisse pas indifférent.