Anaïs est née dans une famille pas comme les autres : entre une mère s'occupant de la mécanique et un père préférant repasser le linge. De son enfance, elle a conservé l’odeur du troène au printemps, le divorce des parents, le potager de son « pépé », le « chemin du blé en herbe », la plage des Dunes du Port. À 18 ans, elle part en Inde, seule, puise en elle un courage qu’elle ne soupçonnait pas et découvre le caractère sacré de la nature. Elle. De ce premier voyage initiatique et décisif, elle tire une force pour toujours et voit naître son rêve : « cultiver son jardin ». Comme si l’errance avait provoquée chez elle le besoin de s’enraciner pour continuer à avancer. Anaïs se met en quête d’un lopin de terre. En Bretagne évidemment ! La route est semée d’embûches, mais ni l’administration, ni la misogynie du milieu agricole, ni les caprices du ciel ne lui font peur. En accord avec ses convictions profondes, elle réalise son rêve : elle sème, cultive et invente des tisanes, telle une sorcière des temps modernes ! Anaïs apprend le travail de la terre, la solitude, les noms enchanteurs des herbes ; l’aubépine, l’hysope, la guimauve, la marjolaine, la sauge, le souci, l’agastache, le serpolet et la reine-des-prés, elle lit Thoreau et s’interroge sur la valeur du travail, de l’argent, de la liberté, sur le lien de l’homme à la nature, sur la beauté des gouttes de rosée sur les feuilles le matin…Ce livre est un hymne à rêver et à aller jusqu’au bout de ses rêves, un petit guide de survie alternatif et stimulant dans un monde qui va trop vite, une réflexion sur l’écoféminisme et une célébration de la nature.
Je déguste déjà avec plaisir Les tisanes d'Anaïs et j'ai regardé récemment le 2e documentaire qui lui est consacré (Anaïs S'en va aimer, en Replay sur France 3). J'avais envie d'en savoir plus sur son parcours et j'ai beaucoup apprécié son autobiographie de sa naissance (en 1987) jusqu'à ses 32 ans. Elle a encore toute la vie devant elle mais déjà tellement vécu, et mené tant de combats.
Fille de la ville, elle s'est prise de passion très tôt pour la nature et les fleurs. Après un voyage très roots en Inde à 18 ans, elle revient en Bretagne avec le rêve de s'installer pour cultiver et vendre des tisanes à base de plantes aromatiques et médicinales, bio évidemment. Elle suit d'abord des études d'herboristerie (à distance), puis un brevet agricole pour s'installer, mais ce ne sera pas simple.
J'ai beaucoup aimé ce court livre, avec un style simple et poétique. Avec pas mal de listes de ce qu'elle voit, de ce qu'elle aime, de ce qu'elle fait qui m'ont fait penser parfois au livre "la première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Vincent Delerm.
« Tout cela a mis à mal ma féminité, ma construction en tant que femme. Je ne me suis pas laissée approcher par un homme durant tout le voyage, je refusais même une main tendu, préférant le salut les mains jointes. Il m’a fallu des mois après mon retour en France pour accepter qu’un homme pose de nouveau les mains sur moi. Des années pour me faire à l’idée que je n’étais plus une enfant. Je ne voulais pas devenir femme, je craignais de susciter du désir chez les hommes. Ce n’est que bien plus tard, à l’approche de la trentaine, que j’ai lâché prise et c’est venu tout seul. Un jour, je me suis réveillée et je n’étais plus une enfant. »
« Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’errance a provoqué chez moi le besoin de m’enraciner quelque part, de construire quelque chose, de m’ancrer pour continuer à m’avancer. J’ai compris que j’avais besoin d’être libre, de rêver, de choisir, d’apprendre, de découvrir, de faire, de construire, de créer, de m’évader, mais aussi de me stabiliser. La tête dans les étoiles et les pieds sur terre. »