' Il avait basculé du côté des puissants, du côté de ceux qu’on n’aimait pas mais qu’on avait appris à craindre, et qui avaient appris en retour à savourer les flatteries hypocrites qu’on leur adressait, moins comme des signes de respect que comme des marques de déférence. '
Sébastien Bitereau, originaire de la Drôme, est un jeune comptable d’exception. Lorsqu’il rencontre par hasard l’animateur vedette de La roue de la fortune, il le choisit comme mentor et le suit à Paris. Entre amitiés, trahisons, drogues, sexe et démonstrations de luxe, il est plongé presque malgré lui dans les coulisses du monde télévisuel des années 1990. Visionnaire, il prend le pari de miser sur ce que tous considèrent comme une folie, et devient le producteur du meilleur filon de la décennie : la téléréalité…
Aurélien Bellanger (né en 1980 à Laval) est un écrivain français, philosophe de formation. Il publie un essai sur Michel Houellebecq en 2010, intitulé Houellebecq écrivain romantique, aux éditions Léo Scheer. Son premier roman, La Théorie de l'information, paraît le 22 août 2012 aux éditions Gallimard. Il est aussi occasionnellement acteur dans les films de Justine Triet.
Quoique l'auteur s'en défende dans un avertissement qui précède le roman, il s'agit bel et bien d'un roman à clé dans lequel on reconnaît plusieurs personnalités et événements ayant marqué la télévision des 20 dernières années, jusque dans la scène finale qui fait basculer le destin du personnage. Rien de bien intéressant de fait puisque la télévision est si peu intéressante et encore plus ces dernières décennies ! Quant au personnage principal, cynique, détaché, mais aussi immoral et apprenant vite, il ressemble par bien des côtés au détestable Meursault. Un roman à éviter comme une émission de télé !
Ça commence très bien, et puis au moment où elle devrait prendre son envol, l'histoire retombe à plat. Traversé par quelques observations très fines mais aussi par quelques boursouflures dont je vous laisse juger : "La liberté de la grâce comme risque suprême - au sens moral autant que cosmologique : les infinis pascaliens du ciel, avec la grâce, étaient rentrés dans la main des humains." Amen.
Un document que j'aurais apprécié lire dans society ou une autre bonne revue. Des infos fascinantes sur l'envers du decors mais un roman qui manque un peu de romanesque, un personnage principal sûrement trop authentique pour qu'on s'y attache ou qu'on le déteste. Un lecture pas désagréable cependant.
Another (this time shorter) cracker from the Millennial Thomas Mann with the Rockstar Looks, who remains, to me, one of the most fascinating and smart observers of this century and an absolute pattern-weaving innovator.
This one's far shorter than recent ones and fictionalises the career of wunderkind Man Who Brought Big Brother to France (I can't remember his real name, but the biographical details seem similar and he has a surname that approximates to Smallcock). As per Bellanger, we get a pretty impressive analysis of the development of TV as an art form of sorts and its evolution in tandem with Debordian thinking about the viewer-TV relationship, with politics and culture.
As someone who didn't grow up in France and only knows a few of the major titles fromthe 80s (Club Dorothee and Helene et les Garcons...which I was addicted to one Summer in Russia, with the Russian audio translation spoken over the still-audible French by a one-man interpreter, a la Russe), I won't have had the full experience of the content and game shows that populate the story. Still, the macro points hold. It's an age of stunning salaries, coke, shagging, presenters with God-like statuses...and yet to be blown apart by the internet. It's a pretty good accompaniment to Beigbeder's 99F, actually - as a picture of the hedonistic ads and telly 90s.
In many respects, it's just good biography and culture - but it's topped off with some strong set-pieces. It's not as Mann-like and conceptual as previous novels (the superb 'Continent de la Douceur', built around a fictional Slovenia-like chess-and-maths micropower) or the very credible 'Le Grand Paris' (Bellanger is great on careerism and the 'Big Swinging Dicks' of high politics and business), but it's a very original work.
It probably won't make it into English (oddly, as ever), but here's a novelist who's properly thinking about the job of a novel. And his stuff is always reliably *novel*.
"Téléréalité" La téléréalité, c'est la télé et la réalité. Mais ça veut dire que la télé n'est pas la réalité et qu'elle peut s'en définir sans attaches. L'un des points de ce livre est de rendre compte de la tentative qu'il y eut de faire de la télé un art, car à travers les fils du récit le média évolue, s'émancipe de l'héritage gaulliste et brille dans le capitalisme: la téléréalité est de la mise en scène, un genre de parodie du réel où la frontière entre réalité et mise en scène est un simulacre dérisoire. Les allusions à la Société du spectacle et au théâtre de Bertolt Brecht présentes dans le livre sont essentiels pour le comprendre et nous fait remarquer que le milieu de la tv est bel et bien culturel, parsemé dans ce Tout-Paris d'animateurs frustrés de n'avoir pu être artistes - de cabots voulant surtout être aimés. La part de réalité: le personnage principal est un héros balzacien opportuniste, provençal faisant ses preuves à Paris, passant de petit comptable juvénile de la Drôme à magnat milliardaire tenant la télé française dans sa paume. Notre époque étant capitaliste, ce récit est capitaliste et l'objet de ce livre l'est profondément. C'est la mise en récit et donc tout de même la sublimation, non sans critiques, du capitalisme d'aujourd'hui. Bellanger semble en effet engager sa plume dans le récit des grands mythes modernes d'aujourd'hui. Sa démarche cherche à mettre en avant la beauté de notre monde conflictuel pour laisser le mépris en arrière-fond - "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or".
Un livre qui m'a donné envie de visionner l'intégralité de Loft Story sur YouTube. "L'idée c'est qu'ils quittent la réalité. Un départ vers l'espace médiatique. - Ou une entrée dans les ordres ! [...] si on met la publicité à la place des prières"
Le livre commençait bien, on retrouve la description du parcours d'un héros presque balzacien, ses ambitions, ses frustrations, toujours avec un souci de la précision et des références qu'on retrouvait aussi dans Le Grand Paris. Par contre ça se gâte pas mal lorsque Sébastien commence à interagir plus régulièrement avec d'autres personnages. Le style des dialogues est un peu déroutant, certes on peut faire avancer les idées grâce aux dialogues mais là les ficelles étaient un peu grosses. C'était assez souvent à la limite de la parodie. J'ai aussi trouvé l'accumulation de références au showbiz français un peu lourde à la longue, mais ça c'est peut-être parce que je suis trop jeune pour les connaître et donc pour les apprécier à leur juste valeur. Même si la façon dont elles étaient amenées était un peu artificielle (encore des dialogues), les réflexions sur la télé et le business étaient intéressantes. J'avais commencé ce livre car je suis une récente amatrice de téléréalité et je voulais me renseigner sur les ressorts de ce format, et bien que dispersées, les observations étaient dans le mille. C'était tout de même une lecture divertissante, je conseille de lire d'une traite pour bien profiter de l'emballement scénaristique.
4.5 Je vais tellement soûler tout le monde avec ce bouquin ? J’avais lu La théorie de l’information pour un cours d’Infocom il y a presque 10 ans, et j’en garde un bon sinon vague souvenir. Téléréalité m’a donné envie de le relire, et de lire à peu près toute la bibliographie de Bellanger. Ça va parfois un brin vite, et je ne sais pas quoi penser de la fin, mais qu’est-ce que c’est passionnant. Le style est délicieux même si parfois un peu exigeant. C’est peut-être pour une audience précise, celle qui aime la littérature du XIXe et Secret Story, mais pour cette audience précise ça marche tellement bien. J’aurais adoré interviewer Bellanger dans le cadre de mon mémoire sur la télé-réalité en 2016, mais le livre n’existait pas encore. Loana reine de France !
Bien écrit, intéressant, analyse fine des relations entre télé et politique dans la culture des années 2000. Le personnage principal est séduisant dans son indifférence et sa curiosité, qui fait son succès. Son manque d'engagement et de présence dans sa propre vie qu'il semble vivre de l'extérieur sans pour autant s'investir ou s'engager dans l'image de sa vie (au contraire des vedettes de téléréalités qu'il fabrique) lui donne un caractère inhumain qui rend la tristesse qu'il éprouve lors de la tragédie finale presque surprenante.
Bonne surprise. Fiction avec des références tv intéressantes. L auteur survole rapidement des années de programmes, il est amusant de chercher les noms des émissions existantes. Beaucoup de fiction avec quelques époques qui ont bien marqué la télévision française. Je ne sais toujours pas quoi penser de la fin mais comme je ne m y attendais pas je mets 5 étoiles ça m’a plut, j ai été surprise et j’ai été déçue de finir le livre aussi vite, j aurai voulu lire plus.
Je n’ai pas adhéré au style d’écriture de l’auteur. Malheureusement, cela joue beaucoup pour moi... Des phrases à rallonge avec plusieurs sens mélangés les uns aux autres... C’est un peu trop.
Cependant, j’ai trouvé le sujet intéressant et la deuxième partie du roman est plus dynamique et moins alambiquée. J’ai pris connaissance de pas mal d’infos sur le PAF et le dessous de la production audiovisuel.
"Depuis toujours, on nous inculque l’idée que télévision et réalité sont opposées. Le personnage d’Aurélien Bellanger nous prouve que parfois les deux peuvent être liées, au point de ne faire plus qu’un."
à part un certain nombre de poncifs, l'auteur n'apporte pas grand-chose au sujet de la téléréalité. Certes, il a bien travaillé et il s'est bien documenté, mais son regard est loin d'être pertinent.