C'était une époque où on choisissait son éditeur comme on choisit une carabine. Et les éditeurs choisissaient leurs auteurs dito. Que Jasmin vienne à Parti pris, c'était une sorte de pied de nez à tous les autres éditeurs. On se serrait les coudes contre la médiocrité, la mocheté, le manque de goût des autres. On publiait du joual comme on crache au visage des pontifes gouvernementaux, journalistiques, critiques et universitaires. Mais parlons un peu du livre. Quand le Jasmin m'est arrivé, quel éblouissement !, des phrases courtes, comme le halètement d'un coureur. Et dès la première phrase, on était embarqué jusqu'à la fin. Je l'avais lu en une heure. Donc, ça marcherait. Je ne m'y étais pas trompé. Germaine a été un hit. Mais cette Germaine, quel roman ! C'était comme du cinéma, tiens ! Typiquement nord-américain, et qui bousculait aussi quelques vaches sacrées au passage, le Cardinal Léger par exemple, et aussi qui vous montrait la réalité du peuple du Plateau Mont-Royal. Tiens, ça va faire plaisir à Jasmin, ça, il annonçait Le Matou et Michel Tremblay. Et surtout, et c'est ce qui fait toujours son prix, vingt ans après, c'est un roman de la misère des villes, comme en firent Zola et Hugo, les seuls romans qui durent parce qu'ils sont durs, parce qu'ils vont vous chercher l'âme humaine dans son plus profond et son plus vrai. Gérald Godin
Probablement parce que je n’avais aucune attente - livre trouvé dans la pile laissée au chalet loué pour les vacances - je me suis laissé surprendre par ce petit livre écrit en joual. La préface, signée par Gérald Godin (rien de moins!) m’avait déjà bien prédisposée, et j’ai beaucoup aimé ce récit d’un père un peu rude, mais rempli d’amour pour ses enfants et sa belle Germaine. Pour son évolution, son « ramollissement » plus il se rapproche de la Gaspésie la magnifique. Peut-être est-ce parce que je me suis reconnue dans ce trajet fait l’année dernière lors des vacances et cet amour pour les grands espaces de notre belle province, mais j’ai été transportée dans cette époque, avec cette famille à la recherche d’un ailleurs meilleur.