« Je défais mon drapeau qui était enroulé autour de ma poitrine. Je me souviens du premier jour où il nous fut remis, frais et brillant, avec son inscription en lettres dorées : “Défenseurs de la République” ; comme nous étions enthousiastes ce jour-là. Je me souviens des luttes que nous avons soutenues à l’ombre de ses plis flottants au vent lorsqu’il reçut les cinq premières balles, ses glorieuses blessures ranimaient notre courage. [...] Que de héros morts en le contemplant ! Maintenant, c’est moi qui dois le brûler ! Notre drapeau renaîtra de ses cendres ; alors l’idée renouvelée et plus vivace que jamais, mieux comprise, aidera la marche du progrès vers un avenir social meilleur et plus humain. »
Publié initialement en 1909, ce texte de Victorine Brocher (1839-1921) est l’un des rares et forts témoignages de femme du peuple, issue d’une famille militante, ayant traversé les insurrections de 1848 et de 1871. Ambulancière pendant la Commune, elle relate en une langue simple des événements vécus dans sa chair : le Second Empire, le siège de Paris, les privations, la mort de ses enfants, les espoirs nés avec la République sociale, la Semaine sanglante, l’exil et la survie enfin
Un portrait poignant et imagé de la Commune de Paris, je recommande de se renseigner sur les événements historiques de la Commune avant de lire ce livre pour avoir un maximum de contexte.
Une femme du peuple, une parisienne, qui vécut intensément 2 révolutions, celle de 1848 et celle de la Commune, en 1871. Rescapée de l’abominable répression de la Semaine Sanglante grâce à un concours de circonstance( les versaillais ayant fusillé une femme lui ressemblant, d’où l’origine du titre de l’ouvrage), tour à tour cantinière, ambulancière d’un bataillon de fédérés, toujours aux avant-postes, ses mémoires ne sont pas seulement celles de la lutte courageuse d’une femme dans les tourments de la guerre, mais à travers elle celle de tout un peuple héroïque pour la liberté et contre toutes les trahisons de la bourgeoisie.