Un roman noir construit à l'envers... pour remonter aux origines du mal. Anthony Malo est en train de mourir. Seul. Il laisse comme un appel, une couverture qui lui a été offerte il y a très longtemps par une femme qu'il a aimée. De l'épilogue au prologue, en passant par les livres 3, 2 et 1, le lecteur va remonter le fil de l'histoire et comprendre pourquoi cet homme a décidé de finir sa vie ainsi. Pourquoi son corps et son âme sont marqués de tant de cicatrices, pourquoi il a choisi de vivre comme un ermite au milieu des montagnes hostiles, pourquoi il a déposé ce vieux cadeau du premier amour de sa vie sur le pas de sa porte, avant de s'écrouler dans la neige...
Un roman introspectif où il s'agit de remonter le temps, de rencontre en rencontre, d'épisode en épisode. Tout ce qui a compté pour Atnhony Malo nous est livré sans fioriture par un homme dont on sait dès le début qu'il est en train de mourir, seul dans le froid et la neige. L'histoire d'une vie d'homme du crépuscule à l'aube pour un roman intime nous offrant une profonde compréhension du monde intérieur et des motivations de son personnage principal. Heureusement la vie d'Anthony est peuplée des femmes qui ont eu pour lui une importance capitale. Sa mère en premier lieu, un portrait magnifique d'amour inconditionnel. Les femmes qui auront traversé sa vie Caroline, Jeanne, Katel et enfin Victoria. L'amour toujours au centre du métier, la peur, les cicatrices, la violence et cet homme que l'on connaîtra enfant, adolescent, jeune avocat et ermite quinquagénaire. J'ai adoré cet ours taiseux qu'il est devenu car on comprend le cheminement des événements qui l'ont conduit à sa bergerie perchée dans la montagne. Une plume qui sait manier aussi bien la tendresse que la violence, les non-dits, la solitude et les regrets. Un éclairage sans concession du monde et des petites et grandes mochetés que l'on peut y trouver. Mais toujours en ligne de fond l'espoir, la lumière qui n'est jamais bien loin. Un coup de cœur pour ce sixième roman d'un auteur dont je guette toujours les sorties tant ces livres tiennent leurs promesses. Une écriture authentique, taillée au plus près de l'os. Parfois poétique souvent touchante tant on peut se reconnaître dans les facettes de l'âme humaine ainsi dévoilées. La chronologie inversée du roman, originale donne un angle différent, un peu comme ce qui se dit d'une personne en état de mort imminente qui peut voir défiler le film de sa vie avant de mourir. Je vous recommande cette lecture d'un parcours unique qui parlera cependant à tous. Bonne lecture.
« Il a connu d’autres disparitions, des séparations douloureuses, mais aucune ne le ravage comme celle-ci. Aucune ne lui a ôté son âme. Il lui faut apprendre à vivre sans. Vivre n’est pas le mot juste. Car une vie sans âme n’est plus une vie, c’est un désert. Elle doit être appelée autrement. Ce qui reste, par exemple. » *****
Ce qui reste d’Anthony Malo au début de ce roman, c’est un homme qui se prépare à mourir seul dans la neige, près de la bergerie dans laquelle il vit dans une solitude presque totale. Le lecteur découvre alors progressivement, au moyen d’une judicieuse construction à rebours, ce qui l’a mené là, à travers différents épisodes de sa vie et surtout, à travers les femmes qui ont traversé celle-ci : Victoria, l’infirmière, Jeanne, Katel, son grand amour, et sa mère. C’est le prologue qui parachève cet éclairage par petites touches d’une vie placée à la fois sous le signe de l’amour, de la douceur et de la violence.
J’ai beaucoup aimé ce livre, tant pour l’originalité de sa trame inversée et pour son style littéraire élégant que pour la beauté qui se dégage des descriptions de la nature. A l’image du Walden de Thoreau, auquel il est fait explicitement allusion, Anthony s’est retiré du monde, peut-être pour tenter d’échapper à cette nuit omniprésente : « La citation d’une pièce de Shakespeare que Katel s’est appropriée lui revient, « Comment va la nuit ? ». <…> « Elle va mal, répond-il à voix haute dans ce désert nocturne. Elle va très mal. »
Un magnifique roman, empreint de violence et de poésie, que je vous recommande sans hésiter.
Anthony vit isolé dans une bergerie qu'il a rénovée et ça lui va bien. Après une opération de routine de l'épaule, il imagine qu'il vit ses derniers instants et voit défiler sa vie.