Leurs parents sont nés en Haïti, au Chili, au Vietnam. Eux sont nés ici, portés par des rêves qui ne sont pas les leurs. Ils parlent français avec un accent du Québec, mais leur vie n'est pas celle des autres enfants de Montréal.
Ce premier roman de Mauricio Segura va au-delà de l'aspect documentaire pour rendre la musique de la langue de ces jeunes, pour exprimer la détresse de ces adolescents, qui cherchent un point d'appui, un coin de terre ferme afin d'ancrer un destin qui n'a été jusque-là que mouvement.
Né à Temuco, au Chili, Mauricio Segura est arrivé au Canada à l’âge de cinq ans. Romancier et journaliste, il fait paraître, au Boréal, Côte-des-Nègres (1998), Bouche-à-bouche (2003), Eucalyptus (2010), Oscar (2016) et Viral (2020). Il œuvre dans le milieu de la télévision à titre de scénariste et collabore au magazine L’Inconvénient.
«Il est comme les parents québécois, ton père, dit Ketcia. Une fois que leurs enfants ont dix-huit ans, coup de pied dans le cul et bye-bye la compagnie!»
Facile de comprendre pourquoi, depuis sa parution en 1998, ce livre est tant lu dans les milieux scolaires (secondaire et collégial). Oui, le niveau littéraire est plus qu’adéquat, mais c’est davantage l’identification aux milieux (socio-culturel, scolaire, filiatif) ainsi que langage utilisé (autant pour les dialogues que pour la narration — tantôt au « il », tantôt au « tu » — qui en font sa grande force. En bonus, tout en évitant d`être moralisateur, c’est extrêmement pédagogique, une immersion sociologique. C’est un livre divertissant et attachant qui fait connaître, qui fait comprendre. C’est un livre fort pertinent à lire maintenant, surtout maintenant. CÔTE-DES-NÈGRES de Mauricio Segura devrait être une lecture obligatoire.
Ils habitent le même quartier. Plusieurs ont en commun d’être issus de l’immigration, nouvel arrivant ou établis au Québec depuis un (parfois long) moment. Oui, ils sont victime de racisme, mais la twist ici est que le racisé est généralement raciste à son tour. Dans ce microcosme, la plupart se tolèrent, mais de l’autre, tous ont une opinion qui se modèle selon les pairs qu’ils côtoient à mesure qu’ils cheminent dans la société (famille, école, amis).
On y suit principalement quelques garçons noirs, quelques latinos. Parfois rivaux, parfois liés, ces jeunes évoluent dans un univers où s’entrechoquent amitié, filiation, loyauté, rivalité et violence. Un plus jeune veut démontrer sa bravoure. Un plus vieux veut maintenir sa domination.
Ce qui est beau dans ce livre, c’est que Segura n’abonde pas dans le cliché. Ses personnages ont du relief, de la nuance. Ils agissent comme ils le font pour des motifs qui sont bien exposés au lecteur. Rien n’est gratuit. Malgré la dureté, malgré la façade, malgré les poings, malgré les coups, ces jeunes demeurent de grands enfants. Portés par un milieu et un contexte social souvent difficiles, ils ont à composer avec des enjeux qui dépassent leur âge et qui les emmurent dans un cycle difficile à quitter sans séquelles.
Segura manipule le lecteur pour l’amener dans des parcours narratifs parallèles. Dans le premier, deux jeunes font connaissance, s’unissent dans l’amitié et cheminent pendant un bout de temps. Le second est animé par une rivalité entre deux gangs, des Haïtiens, des latinos. Ils se cherchent. Ils se trouvent. Tout au long du récit, un secret persiste. Le lecteur veut savoir. C’est très habile. La conclusion est fort touchante et évite le pathos. Mauricio Segura ne prend pas son lecteur pour un con, il le traite avec respect.
A wide-eyed look at racism and gang violence in a Montreal neighbourhood. This book was written in 1998, and translated this year (2010). Some reviewers have said that nothing has changed, but when I recently asked Mauricio Segura about this, at the Vancouver International Writers' Festival, he said of course that it had changed, although problems still persist. In Black Alley, racism is something learned, as well as something that comes with simply belonging to a minority. The two young immigrant protagonists -- one Chilean, one Haitian -- are innocent and open to new friendships, yet soon enough, they are taught by the older children of their own ethnicity that they “belong” to their own groups, that they must have pride in their ethnicity, and so are divided by race and gang allegiances.
Segura uses two points of view -- the 3rd person, and the 2nd person reflexive, which creates a very interesting perspective. We have the older child looking back at his younger self, until the past and present meet at the conclusion of the book.
An intelligent, thought-provoking look at multiculturalism.
En tenant compte du contexte (ce livre a été publié en 1998), il est claire tout au long de cette lecture que Segura a une vaste compréhension des sous-cultures et des minis sociétés chez les jeunes de Côte-des-Neiges.
Ce n’est pas un roman qui pousse une morale sur le lecteur. C’est plutôt un roman qui témoigne de l’histoire de deux garçons qui se sont trouvés, puis, perdus. Une histoire qui nous entraîne à travers leur enfance et leur adolescence jusqu’au secret qui a tout changé. Que ce soit le portrait du primaire; du secondaire; des bandes ethniques; des multiples langues, tout est présenté avec une attention particulière au détail. La représentation des conflits intergénérationnels et de l’impuissance face à l’autorité ont été parmi mes thèmes préférés. Surtout lors des quelques interactions entre la police et les personnages. Ces scènes reflètent parfaitement la dynamique entre les policiers et les citoyens racisés de Montréal.
Au début, je pensais que ce livre allait virer dans le stéréotype, mais j’ai été agréablement surprise de constater qu’il est nuancé et raconté tendrement. Lu dans un contexte scolaire et pourtant j’ai vraiment aimé ce roman.
"Asi es la vida" Tense and captivating, Segura's "Black Alley" performs a commendable feat in portraying the rhizomic relationship between race, poverty, and migration. This book is recommended to anyone with a big heart and a keen interest in social justice.
An interesting book. Set in Montreal in the '90s, it concerns young immigrant children going to school together. It focuses on Cleo, a young Haitian boy, and Marcelo, a young Chilean boy. They start off as friends but gradually grow estranged as they start to identify more with the cultural community that they come from and can no longer see each other as individuals.
There is some clever writing here. There are two stories early on, and I didn't realize how they were connected. When Segura reveals the connection, I was quite impressed. The climax of the book was also rather shocking and well done.
My only minor quibble with the book - it's a bold move to write some of the book in the second person, and one that I never really enjoy, so although I got used to it eventually, I found it a little off-putting. I also have to admit that I don't usually find stories about young people - teenagers or younger - that interesting, and though this book was well-done, I still didn't get into the story as much as I might have otherwise because of that lack on interest.
Overall, though, it was a good novel and shed some light onto a relatively contemporary situation that otherwise would be unknown.
Une lecture qui ne m'a pas vraiment emballée, surtout qu'elle m'a été imposée dans le cadre scolaire. On peut percevoir que l'écrivain a tenté de conjurer une atmosphère cinématographique grâce à des descriptions hautement visuelles et une structure qu'il aspire à être unique, voire avant-gardiste. Toutefois, le résultat demeure assez ordinaire.
Le livre traite de sujets tels que l'immigration, le racisme et l'identité. Ce sont bien entendu des thèmes importants, mais l'histoire se perd fréquemment dans des stéréotypes. Plusieurs situations paraissant artificielles et forcées me donnent l’impression que le traitement manque de délicatesse. La narration alternant entre passé et présent n’apporte pas grand-chose et finit par être plus déroutante qu’efficace. L’ensemble n'est pas désastreux, mais demeure peu convaincant.
Black Alley is a strong novel that weaves the past and present together through a dark narrative about a multi-cultural Montreal struggling with gang-related violence and racism. The writing is tight throughout, and Segura handles the complex interwoven web of narratives nicely. The characters are also pronounced throughout, and it is not hard placing oneself in their world. That said, I found that despite the obvious darkness of the novel's plot and its characters' inner lives, the novel as a whole lacked narrative thrust, especially compared to a later Segura work, Eucalyptus. However, it does earn points for its realistic and unflinching portrayal of multi-cultural life in Montreal.
Touchant !! La fin m’a déstabilisé vraiment beaucoup mais je crois que ça m’a permis de plus apprécier cette lecture et je ne regrette pas malgré le milieu de l’histoire qui passait un peu lentement. ❤️❤️
Je pense que malgré son titre qui pourrait faire polémique, c’est un livre qui mérite d’être lu. Les thèmes explorés, la profondeur des personnages et l’évolution de l’histoire en vaut la peine. En plus, c’est écrit avec du good ol’ français bien québécois.