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Sambre : Radioscopie d'un fait divers

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Une femme marche sur le bord de la route. Le jour n’est pas encore levé, l’air est glacial. Un homme surgit derrière elle. Il porte un bonnet noir…
Durant trente ans, dans la Sambre, une petite région industrielle du Nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin. Elles portent plainte, parfois à quelques jours d’intervalles. Elles ne sont pas toujours crues.

Un jour de février 2018, ces femmes apprennent l’arrestation d’un homme surnommé « le violeur de la Sambre ». Comment a-t-il pu commettre autant de crimes aussi longtemps sur un si petit territoire sans jamais être inquiété ?

C’est par cette question qu’Alice Géraud débute son enquête. La journaliste s’est plongée dans ces dizaines de plaintes abandonnées dans les commissariats de la Sambre.
Elle est allée à la rencontre de ces femmes, ces oubliées dont la vie s’est brisée un matin sur le bord d’une route. À elles toutes, elles racontent une histoire plus grande que la leur, celle d’une société et de ses institutions dysfonctionnelles face aux violences sexuelles. Bien au-delà du fait divers, ce livre est le récit de la lente bascule d’un système depuis la fin des années 80 jusqu’à l’ère #metoo. Il change définitivement le regard.

400 pages, Paperback

Published January 11, 2023

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Alice Géraud

3 books2 followers

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Profile Image for Hypathie.
288 reviews19 followers
January 24, 2023
D'habitude, les essais journalistiques sur les violeurs et tueurs sériels sont centrés sur le criminel. Dans Sambre, Alice Géraud prend le parti inverse, toutes les victimes sont entendues, leur histoire racontée, exhaustivement, les péripéties de la vie de Dino Scala faisant une phrase entre les récits de ses victimes. Elle ne reviendra sur le parcours de Scala que dans le chapitre sur le procès à la fin : enfant d'un père incestueux et violent agressant ses sœurs, mais inséré vaille que vaille dans la société, criminel furtif opérant dans un tout petit périmètre géographique, répétant le même modus operandi (attaques de femmes tôt le matin de nuit, plutôt l'hiver -ce qui fera écarter les crimes commis par lui l'été-, violente attaque de dos, strangulation, coups, tripotage des seins, obligation de lui faire une fellation, puis disparition), toujours échappant à la police et à la justice pour le moins indifférentes au sort de ses victimes.
Surnagent du naufrage une poignée de femmes : 12 juges d'instruction, toutes des femmes fraîchement diplômées de l'Ecole de la magistrature, premier poste ; une maire obstinée, trois archivistes de la police classant toutes les plaintes et mains courantes de la région, dont une d'elles tient sur des années un tableau synoptique et géographique par dates, lieux et MO des agressions sur des feuilles A4 scotchées bout à bout. Mais le tableau très précieux restera dans leur placard car "elles ne sont pas enquêtrices" SIC. C'est de l'une d'elles que proviendra le coup de fil décisif qui fera finalement arrêter Scala.
Passionnant de bout en bout, une lecture à conseiller aux policiers, aux magistrats, à tous les auxiliaires de justice, afin qu'il en retirent toutes les leçons. Et à tout le monde, car il est instructif.

https://hypathie.blogspot.com/2023/01...
Profile Image for Charlotte.
153 reviews7 followers
March 13, 2023
Mais quelle immense claque, une lecture nécessaire pour mesurer les dysfonctionnements de notre société face aux violences sexuelles.
Profile Image for Marie Albert.
Author 2 books78 followers
June 9, 2024
Un document édifiant pour prendre la mesure des violences reproduites par la police et la justice sur les victimes de violences sexuelles en France.

La journaliste Alice Géraud détaille chaque agression du violeur en série Dino Scala et ses répercussions sur la cinquantaine (au moins) de femmes victimes. Elle suit longuement la lamentable enquête policière qui s'étale sur trente ans (1988-2018).

Les biais sexistes et racistes des institutions françaises sont soulignés dans chaque affaire. J'ai beaucoup pleuré en lisant les témoignages des victimes retranscrits par Alice Géraud.

Bravo pour ce travail de longue haleine : une vraie leçon de journalisme.
Profile Image for Sonia Pupier Goetz.
848 reviews35 followers
December 6, 2025
Un livre-documentaire absolument fascinant.

Voilà ce que je retiens, au terme de cette lecture marquante, glaçante, essentielle. J’avais rencontré Alice Géraud lors d’une conférence à la Fête du Livre de Saint-Étienne en 2023. Écouter cette femme déterminée, rigoureuse, évoquer son travail d’enquêtrice m’avait profondément marquée. C’est aussi ce jour-là que plusieurs bookstagrameuses m’ont prévenue : « Ce n’est pas un livre à lire le soir. Trop terrifiant, trop réaliste. » Bon, de mon côté, il m’en faut plus pour faire des cauchemars, mais je comprends très bien ce qu’elles voulaient dire…
Un fait divers devenu symbole

Une femme, une route, l’aube glaciale, un homme au bonnet noir. Le prédateur. Elle ne le sait pas encore, mais elle est une victime parmi des dizaines d’autres. Durant près de trente ans, dans la région de la Sambre, un homme a agressé sexuellement ou violé des femmes au petit matin. Ces femmes ont porté plainte. Certaines à quelques jours d’intervalle. Certaines ont crié, d’autres ont fui, d’autres ont survécu dans le silence.

Et rien.

Rien pendant trois décennies.

Jusqu’en février 2018, quand l’homme qu’on surnommera « Le violeur de la Sambre » est enfin arrêté.
Une enquête magistrale

Alice Géraud ne s’est pas contentée de retracer les grandes lignes d’un fait divers déjà médiatisé. Elle a ouvert les dossiers, lu les procès-verbaux, interrogé les policiers, les gendarmes, les magistrats, et surtout, elle a écouté les victimes. Ce travail de fourmi, d’historienne du réel, donne à son ouvrage une puissance émotionnelle et politique rare. Chaque témoignage nous frappe en plein cœur, sans pathos, mais avec une sincérité désarmante.

« Aux urgences, on lui prend ses vêtements. Elle ne comprend pas pourquoi, personne ne lui explique que c’est pour les placer sous scellés et voir s’il y a des traces d’ADN exploitables. A 13 ans, bientôt 14, Blandine passe le premier examen gynécologique de sa vie, (…). Le médecin est un homme. »

Alice pose cette question centrale :
Comment un homme a-t-il pu commettre autant de crimes, sur un territoire si restreint, sans jamais être inquiété pendant trente ans ?

Et la réponse est douloureuse :
Parce que les femmes n’ont pas été crues. Parce que les services de police n’ont pas fait le lien. Parce que l’on n’a pas pris ces plaintes au sérieux. Parce que les institutions ont failli.
Un livre sur les femmes, la justice, et notre société

Ce qui bouleverse dans « Sambre », c’est la mise en lumière de ces destins brisés, de ces vies mises entre parenthèses. Ce ne sont pas des statistiques. Ce sont des femmes, souvent jeunes, qui n’ont jamais été reconnues comme victimes. Leur douleur a été mise de côté. Elles ont vécu avec cette attaque, cette injustice, ce silence institutionnel. Jusqu’à ce que, parfois des décennies plus tard, elles découvrent qu’elles n’étaient pas seules.

Alice leur redonne une voix. Et c’est bouleversant.

Par la nature même du sujet, certains passages peuvent sembler redondants. Mais cela reflète aussi la réalité glaçante de cette affaire.

Ce livre est aussi un miroir tendu à notre société. Il montre les lenteurs, les dysfonctionnements, les angles morts de la justice, de la police, de la culture du viol. Il pose des questions terriblement actuelles, notamment à l’ère post-#metoo. Il montre aussi ce que veut dire « la culture du doute », ce scepticisme systémique envers la parole des femmes.
Un style sobre et percutant

La plume d’Alice est journalistique, au meilleur sens du terme : précise, rigoureuse, sans effet de manche. Elle sait s’effacer derrière les faits et c’est ce qui donne autant de force à son récit. Ce n’est pas un roman, ce n’est pas un thriller, et pourtant, on tourne les pages avec une angoisse croissante, comme dans une enquête palpitante, sauf qu’ici, rien n’est fiction.

Un livre terrifiant, oui. Mais surtout nécessaire. Brillant, engagé, profond. « Sambre : radiographie d’un fait divers » n’est pas qu’une enquête. C’est un réquisitoire contre l’oubli, un hommage aux victimes, une plongée dans les failles béantes de notre système judiciaire. Un livre à lire, à relire, à faire lire.

À ne pas lire juste avant de dormir ? Peut-être. Mais surtout, à ne pas ignorer.

#Sambreradiographiedunfaitdivers #AliceGéraud #JCLattès

« Annick Mattighello est la première à appréhender cette série d’agressions et de viols sous un angle préventif. A penser qu’il faut communiquer. A introduire l’idée de protection des victimes potentielles, et à prendre des mesures concrètes pour cette protection. A tenir compte, aussi, de l’ampleur de la déflagration psychologique chez les victimes. Sa démarche st avec le recul d’une troublante modernité. Mais, à ce moment-là, elle est jugée totalement incongrue par toutes les autres autorités qu’elle : la police, la justice, les autres élus… »
Profile Image for Lux.
221 reviews37 followers
December 1, 2023
Je voulais lire Sambre avant de me lancer dans la série, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile. Oui, je savais dans quoi je m'embarquais, mais pas à quel point j'allais ressentir de la rage.

Je n'avais jamais entendu parler de ce violeur en série, qui a pourtant sévi durant plusieurs décennies dans le nord de la France et en Belgique. Et même son procès, qui a eu lieu récemment, n'était pas arrivé jusqu'à moi. J'ai donc découvert, page après page, les nombreuses agressions commises par Dino Scala. Il faut avoir le cœur bien accroché car tout est décrit, les scènes sont très graphiques (ce qui n'est a priori pas le cas dans la série, et heureusement).

L'effet "catalogue" est difficile à vivre (c'est pour ça que je mets 4 étoiles, même si l'autrice pouvait difficilement faire autrement), car les agressions se ressemblent toutes, s'accumulent, sans que rien ne se passe vraiment du côté de la police ou de la justice. Dans les années 80, quand tout commence, on pourrait se dire que "la police était moins formée" à ces questions. Mais ça met la rage quand même, quand on lit comment on été traitées les jeunes filles ou femmes qui venaient témoigner ou essayer de porter plainte. Des années perdues parce que les hommes s'en foutaient, parce que l'ADN n'existait pas, et que les dossiers tombaient aux oubliettes sans suivi informatique.

L'enquête (qui n'en est même pas une pendant longtemps) patine. Heureusement, il y aussi des personnes qui prennent cette histoire à bras le corps et qui luttent pour avoir des pistes : je pense notamment à des archivistes (femmes) qui réalisent un tableau chronologique papier de toutes les plaintes ; aux nombreuses juges qui sont passées sur ce dossier et tentaient pour certaines de le maintenir ouvert ; à certains policiers qui pensaient jour et nuit à cette affaire.

"Heureusement", la fin du livre est consacrée au procès, on a enfin la sensation que justice va être faite (même si la prison hein...). Pourtant, il y a encore des crasses, des témoins et victimes traitées comme des moins que rien. Un criminel qui joue avec cela, avoue certains crimes, pas d'autres. Des femmes oubliées une seconde fois.

Je vais m'arrêter là mais je pourrais en parler des heures, tant que ce livre a éveillé en moi une colère, devant le système patriarcal, judiciaire, policier, qui a permis et permet encore tout ça.
Profile Image for Laetitia Mars.
119 reviews32 followers
August 14, 2023
On ne note pas les récits de témoignage, mais celui-ci est si important, si incontournable pour rendre compte des biais et lacunes de nos institutions (par le passé et encore aujourd'hui) que ne pas le noter pour assurer sa diffusion serait un manque, à mon sens.
Quand on lit cette enquête, parce que c'en est une, une enquête de l'enquête bâclée, un récapitulatif de tous les ratés parfois délibérés qui entourent toujours les crimes sexuels, bref, quand on lit cette enquête, on serre les poings et la mâchoire tant la justice pour les femmes menée par des hommes est un cancer pour ces dernières. Il en faut des femmes résilientes et puissantes pour croire, écouter et amplifier les témoignages de celles qu'on veut oublier, sans elles, le violeur de la Sambre continuerait à violer tranquillement sur ses bords de rivière, il serait toujours le voisin, le collègue, le copain des hommes proches de ses victimes, il passerait encore et toujours pour un homme inoffensif, lui qui a mis fin à tant d'enfances et brisé tellement de vies.
Profile Image for Romain.
934 reviews58 followers
April 1, 2024
Alice Géraud nous raconte une sordide histoire de viols. Un homme a sévi pendant des dizaines d’années autour de la Sambre dans le nord-est de la France. C’était à une époque où les tueurs et les violeurs en série ne remplissaient pas encore les écrans télé – c’était avant les affaires Marc Dutroux, Michel Fourniret et Guy Georges. Les profilers, l’analyse des données, le bornage téléphonique et la police scientifique n’existaient pas encore. Mais est-ce vraiment une excuse ? Ce qui semblait occuper les enquêteurs à cette époque préhistorique par rapport à la révolution #MeToo était plutôt la guerre entre la police et la gendarmerie et la tendance à minimiser le sort de victimes quand ce n’était pas les culpabiliser pour leur comportement ou leur tenue.

S’il y a quelque chose que la journaliste s’attache particulièrement à faire c’est à donner la parole aux victimes, à toutes les victimes. On constate alors avec effroi comment leur vie s’est arrêtée net, elles ont été décapitées par cet acte barbare et injuste qui a frappé nombre d’entre elles très tôt dans leur vie. Elle insiste aussi sur le laxisme et l’incompétence des enquêteurs. Ces mots sont bien faibles lorsque l’on pense à toutes les vies qui auraient pu être épargnées si plus de crédit avait été accordé à leur témoignage, plus de pugnacité avait été mis à rechercher le criminel ou tout simplement si les enquêteurs avaient fait preuve de plus de compassion et de compréhension – d’humanité en somme – à l’égard des victimes lors du difficile recueil de leur témoignage. Alice Géraud fait tout cela avec tant d’application et tant de rage contenue que l’on frôle l’écoeurement à lire cette litanie d’agressions. Elle ne cherche pas à faire des effets ou à se mettre en scène, son seul objectif semble être de braquer une lumière crue – comme le laisse entendre le sous-titre – sur cette affaire en donnant la parole aux femmes agressées et peut-être par ce travail tenter de leur rendre un peu de ce qui a leur a été pris.
La justice est une épreuve mais elle a sa vertu.

Également publié sur mon blog.
Profile Image for Margaux.
649 reviews29 followers
December 8, 2023
Quel récit. Comment réhabiliter la parole des victimes quand toutes les institutions sensées les protéger leur ont tourné le dos. C'est glaçant mais si bien écrit, si bien raconté. C'est un récit qui met en colère. Face à l'incompétence de la police, de la justice, face à tous ces ratés. Plus de 20 ans impuni ... c'est vertigineux.
Je n'ai vraiment rien à redire j'ai dévoré ce récit et je ne peux que saluer Alice Géraud pour son professionnalisme, pour sa rigueur et surtout pour sa démarche.
Je ne sais pas si je vais passer le cap de regarder la série mais je vais essayer.
Profile Image for Pétronille.
7 reviews2 followers
July 2, 2024
Je savais que cette lecture ne me laisserait pas indemne mais quelle claque. Il devrait être fourni à tous les policiers, gendarmes, avocats, magistrats, toute personne susceptible d’accueillir la parole de femmes victimes de violences sexuelles. Le travail de l’autrice est précis, implacable, passionnant.
Profile Image for 1001  Chapitres.
495 reviews9 followers
December 21, 2023
Par où commencer? Peut-être par féliciter l’autrice pour son travail d’investigation minutieux. À la fin du livre, elle remercie les femmes et les hommes qui ont su faire la différence dans cette affaire. Je pense qu’elle s’est oubliée et qu’il y aura un avant et un après « Sambre » comme il y a eu un avant et après MeToo.

Et puis, son dernier chapitre m’a tellement touchée. C’est vrai quoi, elles sont combien les femmes à pouvoir dire qu’elles n’ont été en butte à aucune forme de violence s3xuelle? En tout cas, mes copines et moi, on peut vous en raconter: des profs libidineux, des copains trop entreprenants, des soirées où on se dit que c’est notre faute parce qu’on avait trop bu, des mecs qui se sont touchés ou nous ont touchées dans les transports, des animateurs scouts qui venaient la nuit dans nos tentes…

Alors, oui, des livres comme Sambre, il en faudrait des pelletées. Pour que l’importance accordée à la parole des victimes continue à progresser! Surtout que c’est ce que l’autrice a mis en lumière, la parole des victimes. De Dino Scala, le « vi0leur de la Sambre », on n’apprendra pas grand chose ou presque. Même dans les derniers chapitres, lors du procès, l’accent est mis sur celles qui accusent et pas sur celui qui se défend.

Une vrai claque pour terminer 2023 donc. A lire et à faire lire absolument! La version audio est incroyable, totalement immersive tout en étant pas intrusive. Christel Wallois a su trouver le ton idéal et son interprétation est un sans faute.
81 reviews
February 1, 2025
Une enquête sur le violeur de la Sambre, qui a sévi pendant 30 ans depuis la fin des années 80 jusqu'à 2018 dans cette région située à la frontière avec la Belgique (reconnu coupable de 54 viols et agressions sexuelles, il y en a probablement eu bien plus).
Le livre est très intéressant à plusieurs titres.
Tout d'abord il rend la parole aux victimes, qui lors des enquêtes policières ont parfois été malmenées, leur parole a souvent été mise en doute par les enquêteurs; les faits ont souvent été minimisés (agression sexuelle ou attentat à la pudeur au lieu de viol, vol avec violence au lieu d'agression sexuelle...). Cela a pu augmenter leur traumatisme ou les inciter à abandonner la procédure... le livre met l'accent sur ces parcours de vie cabossés et les ressorts dont ont su faire preuve les victimes pour non pas oublier mais continuer à (sur)vivre malgré le traumatisme.
Ensuite, il montre bien comment ce violeur a réussi à passer entre les mailles du filet pendant 30 ans, alors qu'il a sévi sur un périmètre très restreint : les dysfonctionnements des services de police, de gendarmerie et de la justice sont passés au crible. Franchement c'est hallucinant les négligences et le je m'en foutisme dans ce dossier, particulièrement côté police et gendarmerie françaises. On a l'impression que côté belge, on s'en est un peu mieux sortis (suite aux énormes lacunes constatées lors de l'affaire Dutroux, des réformes de la police et de la justice ont été mises en place peu avant) mais ce n'est pas glorieux quand même. Globalement c'est incroyable de voir qu'aucun lien n'était fait entre des agressions au même mode opératoire, endroits proches, même heure, même signalement...
L'autrice met aussi en avant des hommes et femmes tenaces (un commandant du SRPJ de Lille, une mairesse, une juge d'instruction...) dont la ténacité a finalement abouti malgré les pesanteurs du système.
Enfin, elle clôture l'ouvrage par un dernier chapitre très personnel, qui explique pourquoi elle s'est penchée sur cette enquête (et cela donne une nouvelle dimension à l'ensemble).
En résumé un excellent ouvrage, très documenté, qui navigue entre rigueur journalistique et émotion. Une minisérie TV en 6 épisodes a été adaptée du livre (avec Alix Poisson, Olivier Gourmet, Clémence Poesy...), je l'ai trouvée également excellente.
Profile Image for Géraldine.
687 reviews21 followers
November 14, 2024
Ce livre est une claque.
Contrairement à d'autres récits du genre, il n'est ni centré sur l'auteur des crimes, ni sur l'enquêteur ou l'auteur.

Il commence par le récit factuel d'une victime, devenue âgée, maltraitée en audience, qui quitte la salle du tribunal en pleurant de détresse. Le ton est donné.

Alice Géraud choisit de ne parler que des victimes, nombreuses. Chacune est individualisée, rendue vivante devant nos yeux. Telle jeune maman, agressée chez elle, telle jeune fille, marchant vers le collège, une autre, qui fait un détour du chemin habituel, la jeune infirmière qui se rend au travail, la femme de ménage qui fait de même. Toutes sont attaquées toujours sur le même mode opératoire : en rue, très tôt le matin, quand il fait noir, en hiver. Elles sont attrapée par le cou et tirées en arrière. Étranglée jusqu'à la perte de connaissance. Traînées dans un coin à l'abri des regards. Ensuite, attouchements, viols, c'est selon. Toutes sont traumatisées à vie.

Pendant 30 ans, l'agresseur en série à profité d'une police peu organisée et peu financée, d'une région partagée entre France et Belgique - les informations passaient mal ou pas du tout entre les niveaux d'enquêtes et les pays.

Les victimes ont subi ce même contexte, avec, en plus, une insupportable suspicion de mensonge, une banalisation, des plaintes non prises ou perdues, des enquêtes non menées. Ce ne sont que des agressions contre des femmes de classe sociale pauvre et tout le monde (institutions, employés) s'en fiche. Et tant pis pour les ambitions gâchées, les dégâts psychologiques qui empiétent sur la vie quotidienne.

Même si la mentalité commence un peu à évoluer depuis #metoo, cela reste scandaleux.

Quelques acharnés finiront par arrêter l'agresseur. Une élue lanceuse d'alerte sera accusée de faire du tort à la région.

Un livre utile, factuel, dans lequel les victimes priment et où Dino Scala est réduit à quelques phrases (bon choix).

Ce livre a donné lieu à la série Sambre. A mon avis, les deux se complètent.
Profile Image for Bookmeaway.
391 reviews17 followers
January 23, 2024
Par quoi commencer ? Sambre, radioscopie d'un fait divers par Alice Géraud est une enquête très fournie qui explore toute l'affaire du violeur de la Sambre, sous de nombreux angles et surtout des points de vue des victimes, de leurs histoires et leurs vécus. La parole des victimes.
Je m'excuse si cette chronique est complètement déconstruite par endroit. Il y a tellement à dire, à noter, à hurler. Tellement de choses à dénoncer, à pointer, à condamner. Les commentaires fusent, les réactions sont impossibles à taire. Je ne vois pas comment on ne peut pas être révolté, en colère, enragé, pendant cette lecture. C'est assez complet, on a des détails, des témoignages, des mots, crus, difficiles. Il a fallu faire des pauses vraiment nécessaires. Pauses que les victimes n'ont pas eues. Elles. Des décennies d'enfer. À cause d'un agresseur et d'un système tellement mal construit, mal géré. 30 ans.
Le plus dur, en plus de l'horreur que ce que ces victimes ont vécu face à cet agresseur, ce violeur en série, ce sont les réponses immondes de certaines personnes de leur entourage, de leurs familles et encore pire de la part des policiers, gendarmes et autres autorités supérieures. Puis de la justice.
"Un coup d'épée dans un océan d'indifférence."
Révoltant.
La façon dont sont traitées les victimes par les policiers, leurs entourages, la justice.
La minimisation de ce qu'elles ont vécu et subi. La façon qu'ils eu ont a dicter à la place des victimes leurs vécus. Ils les arrangent, les inventent, les dictent à leur place en omettant plein de faits, la gravité des faits, les agressions en elles mêmes. Ils nient la réalité, ils jugent et méprisent toutes ces jeunes filles et jeunes femmes du tout du long sur une quantité importante de cas, si ce n'est pas tous les cas liés à cette affaire en l'occurrence (même si on sait très bien que c'est comme ça partout ailleurs). Ces choses qu'on leur a imposées leur ont nui jusqu'à 20, 30 ans plus tard, jusqu'au procès.
Comme le dit une des victimes, les paroles, les agissements des policiers sont ressentis comme des seconds viols, des secondes agressions. On ne les écoute pas on ne les entend pas. On ne les laisse pas s'exprimer et quand elle essaient et, ou, y arrivent il y a toujours quelqu'un pour minimiser, modifier, invalider leur vécu. Sans compter ceux qui veulent retourner les faits et culpabiliser les victimes elles-mêmes ! Comme quoi elles auraient cherché ça, provoqué leur agresseur. C'est immonde, inhumain, dégueulasse. C'est révoltant. C'est une lecture tellement difficile car en dégouline le mépris des médecins, des enquêteurs, sur les femmes victimes, le sexisme, la misogynie, ne pas les prendre au sérieux, ne pas les croire tout court. Et les choses qui traînent. Les faux suspects par manque d'implication de la part des policiers, de volonté d'attraper le vrai coupable. Les auditions et témoignages qui se transforment en interrogatoires des victimes qui auraient juste dû être entendues, écoutées. C'est révoltant. Immonde. Ils ont doublement détruit les vies de ces jeunes femmes. Ces enfants. Ces adolescentes. Ces femmes.
Ce qui revient énormément c'est la répétition des évènements en boucle, agressions, témoignages qui se passent mal à cause des policiers, enquêteurs, elles sont pas prises au sérieux, leurs histoires sont perdues ou pas enregistrées, modifiés, ils partent sur de mauvaises pistes car n'ont pas réellement écouté et cru les victimes et les années passent, les victimes s'accumulent, l'agresseur aurait pu être appréhendé bien avant, tellement de personnes auraient pu être épargnées. C'est une éternel répétition. Les précédentes victimes souffrent, on remue le couteau dans leurs plaies, et les nouvelles victimes allongent la liste au fil des années.

On voit à quel point la justice est mal faite, les trous, les vides qu'il y a, les manques d'actions, de ressources, de défense, de volonté de protéger les victimes, de prévenir d'éventuelles autres agressions. Le manque de connaissances de l'impact sur les victimes, sur l'information qui ne circule pas pendant, et après. Pendant des décennies. Trente ans. On voit que les destins de personnes sont liées aux agissements ou non agissements d'autres personnes. On voit les différences de traitements des victimes selon les années, les pays, les commissariats et à quel point ça ne change pas sur beaucoup de points aussi. Malheureusement. Les manquements, les erreurs, le manque de volonté, les préjugés. Des décennies à laisser en liberté un agresseur en série parce que les victimes ne sont pas prises au sérieux, parce que l'ADN n'est pas pris, parce qu'on préfère accuser à tord et facilement d'autres personnes. La quantité d'indices et d'informations qui auraient pu démasquer l'auteur.
On voit aussi les changements qui ont été faits mais très très doucement grâce aux actions de quelques personnes. C'est déjà ça, mais ce n'est pas assez.
Je tiens à saluer vraiment les quelques personnes qui ont permis de faire avancer ces affaires. Pour que ce cauchemar se termine (partiellement). Elles n'ont été qu'une poignée.
" Une infernale mécanique de l'échec d'un système, d'une société. Mécanique de l'échec que viennent soudain enrayer une magistrate, une élue, un policier opposant leur résistance à la force d'inertie du système."
Toute cette histoire a été un scandale du début à la fin. Des décennies, des années 80 jusqu'à 2018. Procès 2022. Tellement de victimes. Et d'erreurs insupportables.
Pour aller plus loin j'ai vu que l'émission Ça commence aujourd'hui a reçu trois des victimes ainsi que Franck Martins. Je vais aller écouter leurs témoignages de ce pas.
Profile Image for Kay.
24 reviews
February 16, 2025
C'est une enquête bouleversante et difficile à lire par la violence et la sérialité des faits, à tel point que j'ai abandonné ma lecture après 60 pages, avant de la reprendre, un mois plus tard. Alice Géraud centre son récit sur les victimes plutôt que sur le violeur. Des femmes qui ont parlé, dont la parole a été déformée, tue, remise en question ou moquée. Des femmes qui se sont senties démunies, abandonnées par l'appareil policier et judiciaire. C'est extrêmement pénible de lire la réitération des faits, le manque de considération auxquelles elles ont dû faire face, la négligence dans le traitement des plaintes (quand elles ont été correctement prises, voire prises tout court), l'espèce d'inertie générale qui a permis à un homme de commettre des viols en toute impunité, selon un mode opératoire bien rodé, pendant 30 ans. 30 ans !

« La date, personne ne s'en souvient précisément. C'était à la fin de cette année 1997, au début de la suivante, peut-être. Dino Scala passe boire le café au commissariat d'Aulnoye-Aymeries. L'entraîneur du club de foot de Pont-sur-Sambre a pris ses habitudes rue Jean-Jacques Rousseau. ll passe régulièrement pour dire bonjour et tailler le bout de gras. Ce jour-là, il remarque le nouveau portrait-robot accroché sur le mur. Dino Scala regarde cet homme au visage rond, aux yeux sombres et au crâne dégarni. Le reflet est presque parfait. Il pourrait faire comme si de rien. Mais non. Il tend ses poignets en croix et les présente à l'un des policiers présents, et s'approche comme pour se faire menotter. "Ché mi !" (c'est moi en patois), lui dit-il en montrant le portrait-robot. Dino Scala aime bien amuser la galerie. »


C'est un récit qui en dit long sur la société française et sur les institutions. On suit l'évolution (à quel prix...) de la mécanique de la police et de la justice, le manque de moyens criant, les juges d'instruction qui se succèdent, l'absence de suivi des plaintes, d'engagement dans les enquêtes, de communication entre les commissariats et les gendarmeries - ce qui permet de comprendre en partie ce fiasco. Sont également relatés l'évolution des lois, des techniques d'identification, le traitement médiatique de ces viols et l'enquête parallèle qui se déroule dans une Belgique post-affaire Dutroux.

« Un gouffre culturel semble séparer la Belgique de la France. Un gouffre qui ne relève pas seulement de l'humanité ou de la bienveillance, mais, là encore, d'une forme de modernité dans le rapport de l'institution à ses administrés. Un souci de transparence, de clarté, d'informer qui donne aux victimes le sentiment d'être écoutées, respectées. Cela n'ôte ni la douleur ni la peur qui vient se coller sur les vies. Et pourtant, cela change tout. »


On pourrait être tenté.e de se dire qu'il s'agit d'un cas isolé, exceptionnel par sa sérialité, qui s'est de plus déroulé dans une région sinistrée (avec les clichés inhérents au Nord), dans un milieu assez peu favorisé, pour tenir le récit à bonne distance. Mais Alice Géraud réfute ces arguments. Ce qui s'est produit dans le Val de Sambre aurait très bien pu se dérouler ailleurs en France. Les femmes auraient été malmenées, leur parole mise en doute. C'était le cas il y a 30 ans, c'est encore le cas aujourd'hui, même si les choses bougent. Grâce à ces femmes qui ne se sont pas tues, à des policiers, archivistes, juges, personnalités publiques qui ont eu à coeur de retrouver le violeur de la Sambre, qui ont cru les victimes, qui ont continué à se battre pour elles. Il faut espérer qu'il y ait plus de ces personnes, dont la présence fait du bien au milieu de tant de noirceur, et que ce récit contribuera à encore faire bouger les lignes.

« Au fur et à mesure des jours qui passent, les femmes défilent à la barre et l'enjeu du procès se déplace. Il s'éloigne doucement de Dino Scala. Sans bruit, ses victimes ont renoncé à attendre de lui une explication. Et parfois même un aveu. Le dénégations, les revirements et les silences de l'accusé sont devenus dérisoires face à la force de des femmes. À ce qu'elles sont en train de soulever ensemble. »
100 reviews
January 6, 2024
J'ai été à la fois happé par ce récit, impatient de voir le développement de l'enquête et comment cela allait se terminer; et horrifié par cette histoire... Horrifié par le fait qu'il s'agit d'une histoire vraie!
La retranscription en un récit sobre et limpide d'une enquête glaçante sur l'un des plus grands violeurs en série de France qui a pu commettre ses méfaits pendant 30 années ! Cela à cause de l'incompétence non pas des forces de l'ordre (car ne l'oublions pas c'est grâce au travail acharné de certains policiers que ce criminel a pu être arrêté) mais du système dans sa globalité ! Système qui ravissait les femmes, les décourageant de porter plainte, système qui n'a reconnu que tardivement les notions d'attouchements sexuels, de viols... Système qui rendait impossible le partage d'informations... Système qui autorisait l'incompétence de certaines personnes sur ces affaires. En est la preuve de ces plaintes perdues...
Affaires... Un mot bien sobre pour traiter de ce qui un matin, un soir a détruit la vue de dizaines et de dizaines de femmes... Vie détruite sur un petit territoire... Elles ont connu l'horreur, elles ont trouvé la force de se relever malgré leurs blessures, leurs faiblesses et de témoigner et de porter plainte.
Ce livre n'est pas que le simple transcrit d'une affaire aussi sordide soit-elle... Ce livre c'est leur combat! C'est le combat de toutes ces femmes si fortes et si belles dans leur courage comme dans leurs larmes. C'est le combat de celles qui se sont fait connaître comme de celles qu'on ne connait pas. C'est le combat de celles qui ont obtenu justice comme de celles qui se sont vu refuser cette issue. C'est le combat de toutes les femmes.
Profile Image for Louna.
162 reviews
October 3, 2023
Un récit-enquête très rigoureux et absolument terrifiant, autant par la gravité des faits décrits que par les dysfonctionnements du système judiciaire révélés dans cette affaire. Je regretterais juste le caractère parfois très univoque de la description des vies des victimes citées ; qui méritent peut-être mieux parfois qu'un point de vue qui tend au misérabilisme.
Profile Image for The Sporty  Bookworm.
463 reviews98 followers
May 18, 2025
Ce livre est une enquête sur les actes horribles commis par le violeur sériel Dino Scala de 1988 à 2018 dans la vallée de la Sambre. Ces actes sont répétitifs et caractéristiques : des attaques en hiver quand la nuit est encore noire, par derrière avec une cordelette pour surprendre ses victimes, et un opinel n°7 pour les soumettre. 54 victimes répertoriées, 56 probables et de nombreuses oubliées. Un tiers sont des mineures.

C’est aussi une dénonciation d’un système policier et judiciaire défaillant : les événements minimisés par des policiers non formés dans les années 80, la parole des adolescentes mises en doute et le manque d’empathie de l’institution. Bien sûr l’effet de sidération et l’ADN n’étaient pas connus à l’époque et les ressources n’étaient pas mises en commun par un système informatique tel que l’on connaît aujourd’hui. Le manque de moyen était tel que les plaintes étaient parfois transformées en main courante par simple manque de papier. La région n’attire d’ailleurs pas les meilleurs éléments, seulement les juges sortis d’école pour leur première affectation qui n’ont pas vraiment le choix. Pas de personnel fixe ayant la mémoire des événements mais 12 juges se succèderont. Ce livre est l’aveu d’un échec honteux.

Cette tache sera lavé par la volonté et l’abgnégation de quelques individus : Annick Mattighelo, maire de Louvroil qui avertira le grand public et les femmes du coin de ces faits, Franck Martins, le policier français qui a traqué le pervers pendant des années jusqu’à son arrestation et Marion Metellus, la juge qui a rouvert puis fermé le dossier après avoir condamné le violeur de la Sambre.

Mais c’est le courage des victimes qui transcende le livre. Malgré des dépositions faites dans des conditions hallucinantes, elle n’ont pas changé leur version ni édulcoré les faits. Elles sont revenues à chaque arrestation pour tenter d’identifier un suspect n’ayant que de vagues ressemblances avec le portrait robot. Elles ont parfois parlé aux infos. Elles sont allées au procès faire face à leur bourreau, ensemble sur leur temps de travail en dépit des heures et des coûts de transport. Elles se sont soutenues les unes les autres, les 56, dans les moments difficiles du procès avec une extrême bienveillance.

Ce livre relate un cauchemar administratif collectif et 56 traumatismes individuels causés par un être pervers et malveillant. De ce cauchemar naît une résilience, celle de 56 femmes, qui donne de la force à toutes celles qui ont subi un drame similaire.

Malheureusement, Goodreads n’a pas assez d’étoiles pour évaluer un tel ouvrage.
Profile Image for Macqueron.
1,030 reviews13 followers
July 3, 2025
L’auteure a réalisé un travail de journalisme formidable pour nous décrire ce qu’ont été 30 ans de viols en série dans un périmètre de 27 km. Elle ne nous explique pas (plus que ça) qui était l’auteur de ses viols, ce qui est une approche pertinente, car même s’il s’agit de monsieur tout-le-monde, on trouvera toujours des éléments particuliers pour ne pas y voir un fait de société. En prenant le parti de décrire les agressions victime par victime et les conséquences pour chacune, la façon dont elles ont été reçues par les gendarmes et la police, dont les dossiers n’ont pas été traités par la justice ou encore dont les sujet n’a jamais été médiatisé, elle décrit un sujet de société et redonne force à la parole des victimes, notamment celles qui n’ont jamais été crues. Elle pourrait tomber dans le voyeurisme, mais aborde le sujet avec une telle humanité, qu’elle évite ce piège. En tant que lecteur, on subit ces attaques et leurs conséquences, avec dégoût, avec terreur, avec tristesse, avec rage. La répétition fait naitre la nausée, pousse aux larmes, fait reposer le livre aussi parfois parce qu’on n’en peut plus.
Police, justice, médias, familles, c’est notre société qui est interpelé par ce récit. Comment entendons-nous les victimes? Sommes-nous prêts et que faisons-nous pour les aider?
La fin du livre, l’arrestation et son annonce auprès des victimes, le jugement et son impact sur les victimes (traumatisées de resubir l’agression mais voyant une page se tourner), m’a fait frissonner et reverser des larmes, oscillant entre la satisfaction d’une justice rendue et une tristesse immense des vies détruites à jamais malgré tout.
Le dernier chapitre est une dernière claque qui ne peut pas laisser indifférent. Si les victimes (au moins certaines) de la Sambre ont pu obtenir justice (grâce au travail forcené d’une équipe de policiers tenaces après des années d’un laxisme à vomir), beaucoup d’autres n’ont pas cette satisfaction et ne vivent que d’un trauma impossible à porter seules. Ce livre cherche à donner la parole à toutes, c’est une claque! Sans doute un des livres les plus éprouvants que j’ai lus depuis quelques temps, mais essentiel!
154 reviews3 followers
March 12, 2025
✍️ ALICE GERAUD
💬 SAMBRE
🏠 JC LATTES
📚 456 Pages
📆 2023
📈 4/5

2e lecture commune sur le thème des faits divers, choisie cette fois-ci par @dededado782 et avec @picorette14 . On ne peut pas dire que j’ai apprécié cette lecture. Non pas parce que le thème est glauque, j’en ai lu des livres de méchant, mais ici il n’est pas seul, il y a plein de cons qui gravitent autour de lui.

Tout le système est pourri et écœurant : les flics, les médecins, les psychologues, les juges, les parents, les amis, les voisins…. Et c’est une double peine pour toutes les victimes et c’est honteux.

Heureusement, il y a qq personnes compétentes ou simplement gentilles et je vais me concentrer sur elles, les autres sont de la 💩

Les victimes d’abord : je vous crois Danielle, Nadine, Eliane, Marianne, Véronique, Christelle, Rachelle, Sarah, Clara, Emilie, Laëtitia, Estelle, Dalila, Mélanie, Monique, Cécile, Valérie, Fanny, Betty, Charlène, Julie, Blandine, Adeline et toutes les autres.

Et merci à : l’archiviste Christine Andrieux et sa partenaire Lysiane Ducastel, la maire Annick Mattighello, l’inspecteur Didier Blaise, le commandant Gérard Hostekint, la travailleuse sociale Patricia Ptyt, le policier Franck Martins, la juge Marion Metellus, le professeur Raymond Lesage, les avocats Caty Richard et Emmanuel Riglaire et ceux que j’ai oubliés…

Ils n’ont pas abandonné comme tant d’autres et grâce à eux le coupable est en prison: This is the end…
 
Il y a une série sur France TV sur le sujet si cela vous dit.

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Profile Image for Les grands noms .
140 reviews
June 22, 2024
Écouté en livre audio.

Je ne peux pas mettre plus de 3 étoiles tant cette écoute a été éprouvante. Jamais un livre ne m'avait causé autant de colère. L'incompétence des commissariats de police et des gendarmeries, la misogynie, la bêtise, la cruauté des hommes et des femmes qui ont pris les plaintes, la tragique répétition (pendant 30 ans !) des viols selon le même procédé ont eu raison de mon courage et j'ai dû faire de nombreuses pauses dans l'écoute. Je ne pouvais plus supporter le récit, l'enchaînement des victimes. J'ai beaucoup pleuré, j'ai eu mal au ventre durant ces 12 heures d'audio.

Soutien aux victimes.
Profile Image for Mag.
497 reviews26 followers
July 9, 2025
C’est à peine croyable que ce monstre ait pu violer en toute impunité pendant 30 ans.
Le travail journalistique est extrêmement efficace, la plume est sobre et parvient à nous faire passer par tout un panel d’émotions.
La plupart du temps j’ai eu envie de tout bruler. Le mépris des institutions, policiers, médecins et compagnie envers les victimes est à gerber, on croiraient à une farce mais non. Tout ceci est arrivé et continue sûrement aujourd’hui dans une moindre mesure.
Profile Image for Marion.
13 reviews
January 19, 2024
Très bien écrit, empathique, poignant et enrageant.
Nécessaire pour se rendre compte de l’ampleur des manquements de la police (et la justice…) sur une telle période, même après avoir vu la série.

(Pas mal de coquilles cependant, dommage que les éditeurs soignent de moins en moins cet aspect.)
Profile Image for Clémence Corday.
190 reviews2 followers
March 8, 2024
Docu glaçant sur le violeur de la sambre..
La ou on voit que la justice, la police, tous ont commis des impairs.. Alors Qu il aurait pu être arrêté bien avant..

Double de la série sur France 2.
Tres bon livre
Profile Image for Jean-Pascal.
Author 9 books27 followers
April 8, 2024
Passionnant récit d'une série de faits divers, crimes commis par le même coupable sur trente ans. L'analyse est tournée vers les victimes et surtout les carences de la police et de la justice qui ont permis cette accumulation. Lecture perturbante.
2 reviews
February 15, 2024
J’ai adoré la série mais l’ouvrage est encore plus terrifiant. Comment un homme a pu ,pendant 30 ans, agresser et violer autant de femmes. Au fil des chapitres on se demande quand ce défilé de victimes va cesser ! Merci à cette autrice pour cette « radioscopie ».
293 reviews1 follower
April 20, 2023
On ne sort pas indemne de cette formidable enquête journalistique, très bien construite. Et les trois dernières pages nous bouleversent encore un peu plus.
Profile Image for Rrose.
40 reviews1 follower
January 5, 2024
Un livre que je finis en larmes. Il n’y a rien de glauque ou de racoleur dans ce récit qui prend dès la première page le parti des victimes.

Violeurs, on vous voit.
Victimes, on vous croit.
424 reviews9 followers
January 15, 2024
Cet essai revient sur la véritable histoire du « violeur de la Sambre », un homme qui a agressé plus d’une cinquantaine de femmes, en toute impunité, de 1988 à 2018, dans la région de Maubeuge.

Je n’ai pas pour habitude de chroniquer les séries que je visionne, mais il s’en est fallu de peu pour que je me lance dans un article consacré à la série Sambre diffusée sur France 2 en novembre 2023, tant elle m’a semblée parfaitement réussie : justesse des acteurs, réalisme de la mise en scène et scénario implacable, le tout dans le but de dénoncer le dysfonctionnement de la justice française et de rendre enfin hommage aux victimes. Pari brillamment réussi, les avis sont unanimes, pour cette série de fiction française, récompensée à de multiples reprises. Lorsque l’occasion m’a été donnée d’écouter l’essai ayant inspiré cette série, Sambre, radioscopie d’un fait divers, enquête menée par la journaliste Alice Géraud, je n’ai pas hésité une seconde, ayant envie de comprendre l’intégralité des rouages de cette affaire hors-norme. J’ai découvert bien plus que cela: un livre d’une profonde humanité, une enquête qui mérite assurèment les prix qui lui ont été attribués et plus encore, et surtout d’être lue, écoutée ou vue par le plus grand nombre, au nom de l’évolution de la condition féminine.

Lorsque Alice Géraud entend parler de cette affaire, au moment de l’arrestation de Dino Scala en 2018, elle s’étonne que le criminel ait pu « oeuvrer » durant trente ans sans être soupçonné, dans un périmètre si limité et selon un rituel bien établi : les viols ont en effet tous eu lieu tôt le matin le long d’une départementale qui longe la Sambre sur 17 kms, suivant un même mode opératoire. Elle décide alors d’aborder l’affaire de près, en se rendant sur place et en lisant chaque déposition, en épluchant chaque article de presse et en rencontrant les victimes. Les techniques de la police ont évolué et n’étaient pas en 1988 ce qu’elles sont aujourd’hui. Toutefois un portrait-robot a assez rapidement été mis à disposition des forces de l’ordre dans les communes où tout le monde connaissait Dino Scala, un homme socialement intégré, bon père de famille, bon employé et entraineur de football… De surcroit ami avec les agents de la gendarmerie locale… Le récit revient en détail sur chaque viol, sur chaque victime en une répétition quasi hypnotique, provoquant sur le lecteur l’effet escompté : on se demande comment l’homme a pu agressé en toute impunité autant de femmes ? Jamais un auteur de fiction n’oserait inventer une telle histoire sous peine de paraître trop peu crédible… Et pourtant, dans la réalité, les faits se sont ainsi déroulés: une accumulation de victimes, poussant la porte du commissariat, relatant des faits d’agressions subis sur plusieurs communes séparées par quelques kilomètres. Les lecteurs ayant perçu une déplaisante redondance, rendant inconfortable le récit, sont bien à plaindre pour leur manque d’empathie car ils sont certainement passés à côté de la portée du texte et du but de l’auteure qui est bel et bien de nous faire prendre conscience de l’inconcevable succession de faits semblables sans qu’aucun lien entre les affaires ne soit établi par les forces de l’ordre durant de nombreuses années. Et pour quelles raisons ? Manque de communications entre les services publiques, manque d’intérêt des médias, voire dilettantisme des forces de l’ordre ?… Un peu de tout cela en effet, mais surtout et essentiellement, un réel manque d’intérêt envers les victimes, dont les témoignages n’ont pas été pris en compte à leur juste valeur.

» MES VICTIMES N’ONT PAS DE VISAGE, JE NE SAIS RIEN D’ELLES, JE LES OUBLIE, ELLES SONT COMME DES FANTÔMES »
Fantômes devant leur agresseur, fantômes devant les forces de l’ordre et devant la justice, victimes fantômes devant la société… C’est là que le fait divers devient fait de société : la parole des femmes mise en doute par les forces de l’ordre, dénigrée voire moquée (certains passages sont effarants, par exemple lorsque les enquêteurs demandent à une lycéenne si elle avait un contrôle prévu en classe le jour du drame et si elle n’a pas inventé toute cette histoire pour y échapper???, où ce qu’une des victimes portait ce jour là, n’avait-elle pas une tenue trop aguichante ???), jusqu’à ces plaignantes sur les bancs du tribunal lors du procès en 2022 pour lesquelles les avocats de la défense vont jusqu’à fouiller le passé intime et soumis au secret médical pour les décrédibiliser… A se demander qui sont les accusés ? Lorsque après l’agression, on leur assène un « vous avez eu de la chance » (d’être encore vivante, de ne pas avoir été violé mais d’avoir « seulement » subi des attouchements…), il s’agit ni plus ni moins que d’une injonction au silence, qui démontre une volonté de surpuissance du patriarcat face à la femme objet… Le tout récent soulèvement des années #Meetoo, où les générations féminines s’affirment les unes après les autres tenderait à limiter ce genre de comportement dénigrant, mais on avance souvent d’un pas pour reculer de deux. D’où l’importance de ce livre pour que l’idée de ne plus se taire soit enfin assimilée.

Ces femmes ont donc subi le calvaire du viol qui est devenu le calvaire d’une vie avec toutes les conséquences que l’on connait (intimes, relationnelles, professionnelles…), mais aussi le calvaire de la confrontation avec la police, puis lors de l’arrestation de Dino Scala, la prise de conscience que leur agresseur a vécu à proximité durant toutes ses années de liberté (certaines le compaient parmi leurs connaissances, d’autres se sont imaginées le croiser chaque matin), et pour finir l’enfer du procès où certaines (c’est à dire toutes par solidarité) se sont vues accusées à la place de leur agresseur! Pendant toutes ces années de calvaire pour les victimes, Dino Scala a donc agressé une cinquantaine de femmes (avérées) et certainement plus durant trente ans sans être incrimé et lorsqu’il sera enfin arrêté et jugé, il écopera d’une peine de vingt ans de prison car qu’il y ait dix ou cinquante victimes, la peine est la même. Attention, par un savant miracle juridique, il ne lui reste plus que neuf ans à purger. Impunité, lit-on parfois.

J’ai énormément appris avec cet essai, notamment sur l’évolution de la prise en charge des victimes car il y a tout de même eu une évolution, surtout ces dernières années, avec ce que l’on pourrait appeler le « retour d’expériences » des grandes affaires criminelles belges et françaises, entre autres. Ce livre est un hommage aux victimes, il évoque également certaines personnes qui sont sorties de l’ombre dans cette affaire et se sont battues pour faire avancer l’enquête : l’archiviste lilloise notamment, la maire de Louvroil ou encore la victime devenue ingénieure qui aura eu le courage d’affronter les magistrats pour leur faire prendre conscience des dysfonctionnements de leur métier, le prix Polar et Justice sera la preuve de la reconnaissance de ce corps de métier et d’une volonté de faire évoluer les choses en faveur des victimes.

Rien n’est dû au hasard, la note de fin de cet article sera allié au final exceptionnel de cet essai : en s’inquiétant du sort des victimes de cette affaire, l’auteure est parvenue dans les dernières pages à lier l’intime à l’universel, et le combat mené pour écrire ce livre prend tout son sens. Un mot pour saluer la prestation de Christel Wallois qui a prêté avec conviction sa voix pour l’adaptation audio de cette enquête. Je remercie les Editions Audiolib via Netgalley pour cette lecture exceptionnelle et extrêmement instructive.
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