Marie G., faiseuse d'anges, dans sa cellule, condamnée à mort, l'une des dernières femmes guillotinées. Lucie L., femme avortée, dans l'obscurité de sa chambre. Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l'attente du jour qui se lève. De l'aube à l'aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort.
Valentine Goby est née en 1974. En sortant de Sciences Po, elle fait un séjour de 3 ans en Asie (Hanoi et Manille). À son retour en France, en 2002, elle publie aux éditions Gallimard son premier roman, La Note sensible.
Je n'arriverai pas à formuler une critique intelligible sur ce livre tant il m'a bouleversé. J'ai rarement lu une description aussi juste de la façon dont la douleur et l'effroi irradient en écho assourdissant tout le corps. Sublime de la première à la dernière ligne !
Un véritable 5/5 pour ce livre qui est ma meilleure lecture de l'été. Une journée de 1943 où l'on vit tour à tour aux côtés d'Henri D. exécuteur des Hautes oeuvres aka bourreau (*takatak Hachoir!*), Marie D. faiseuse d'anges (oups mort!) et Lucie D., avortant. Le perso le + agréable a lire a, étonnamment, été Henri puis Marie.
Je recommande l'écriture est au top, on est touché.
(Fait improbable, je découvre que j'ai lu ce mois ci un autre livre de cette auteure que je ne connaissais pas et qui ne m'avait pas touchée du tout. Je suis étonnée car l'écriture n'est pas la même je ne me serais pas doutée qu'il s'agissait de la même personne derrière. Ainsi je découvre Valentine Goby je vais lire d'autres romans de cette dame.)
Ce livre m’a beaucoup beaucoup plu et il y aurait tellement de choses et si peu à la fois à en dire parce que c’est un livre qui se vit avec ses sens d’une certaine façon et qui dépasse ce que mes mots à moi peuvent communiquer.
Il y a juste tellement de finesse et de subtilité dans chacun de ses détails je l’ai trouvé brillamment construit, très touchant et pertinent dans sa démarche. La plume de l’autrice est du genre à te peindre tout un monde en peu de mots, à venir tirer en soi des réminiscences de choses qu’on aurait déjà vu, senti, touché qui font partie intégrante de nos vies mais qu’on rabat inconsciemment dans le décor alors qu’elles sont ce par quoi on ressent le monde qui nous entoure. C’est plein de descriptions du corps, de la douleur, des textiles, des fleurs, du chant, des meubles, des odeurs, de la lumière, du ciel et tant d’autres éléments qui sont super évocateurs et poétiques. A tel point que certains passages m’ont ému.e comme si je vivais avec mon corps entier ce que ça dépeignait.
La psychologie des trois personnages est si bien explorée et c’est au delà de l’écriture même ce qui m’a le plus fait aimer cette lecture. L’usage de la polyphonie, de l’alternance entre les points de vue de chaque narrateur.ice par le je, tu, il, elle, et ces mélanges de regard sur le passé et le présent pour raconter, sont tellement bien maîtrisés. Et alors même que ça pourrait perdre le lecteur je trouve que ça permet au contraire d’éclairer davantage sur le vécu des personnages, de les écrire en reflétant toutes les multiples dimensions qui les composent. L’autrice utilise tous les outils littéraires à sa disposition pour donner forme et profondeur à son écriture et ça marche juste super bien.
J’ai adoré cette sorte d’enquête dans le corps et la tête et le passé des protagonistes de l’enfance à l’âge adulte, qui nous amène au fil du livre à essayer de comprendre leurs motivations, ce qui les mène toustes au jour fatidique du cœur de l’histoire (avorter, être exécutée, exécuter). C’est pas aussi simple qu’on le penserait de prime abord, ce pour quoi une femme avorte, l’autre décide d’être avorteuse et un homme lui se retrouve à être un exécuteur. Iels ont tous.tes des vécus qui leur sont propres, et des manières très personnelles de subsister comme iels le peuvent et ça tombe pas dans la simplicité de nous décrire chacun de leur point de vue par l’explication qui serait la plus commune ou logique. Ça force à casser un peu avec les aprioris qu’on pourrait avoir et la façon dont on parle usuellement de ces sujets. Et aussi ça prend en compte pas juste leur vécu personnel, mais le monde dans lequel iels évoluent, et le contexte socio-politique de leur époque. C’est un mélange des deux très bien dosé et finement tissé ensemble qui offre une analyse psychologique empathique et une réflexion politique en même temps tout en restant crédible et pas lourd dingue et ça rend le texte hyper riche à mes yeux. Je trouve que ça donne à voir tellement justement la complexité de ce que c’est d’être humain, dans le monde tel qu’il a été et est encore partiellement.
Chose que j’ai appris qu’à la fin c’est que c’est partiellement basé sur deux personnes réelles et une exécution qui a vraiment eu lieu, et j’ai trouvé que s’inspirer de ce fait réel là si particulier (c’était rare d’exécuter des femmes et c’est la dernière fois qu’une avorteuse fut exécutée en France) rendait hommage en écho à tous.tes celleux qui à travers les époques ont souffert de la répression exercée sur les corps, notamment féminins. Y avait ce quelque chose de très personnel et d’universel en même temps dans ce que ce livre avait à dire.
Et enfin voilà c’est plein de micro détails comme ça desquels je pourrais parler pendant des heures mais qu’il faut découvrir et expérimenter par soi même j’imagine car c’est une question de ressentis durs à décrire aussi.
Bien que j’ai peut être eu du mal à me faire à son style au départ, et sa syntaxe très particulière par moment, je suis assez rapidement rentré.e dans ce livre et je me suis laissé.e bercer par son contenu et sa prose jusqu’à la fin. J’aurais presque aimé qu’il soit plus long pour faire durer le moment plus longtemps car c’est toujours le problème des livres courts, même quand ils sont denses d’émotions et de détails comme celui ci on a moins le temps de vivre pleinement avec eux et on s’attache à des personnages qui partent trop vite. Mais c’était globalement une très bonne expérience de lecture et je ne peux que le recommander si comme moi vous aimez les personnages perdus et torturés, les récits imprégnés de féminisme, les belles descriptions, et les structures polyphoniques.
L’originalité de cet ouvrage repose sûrement au sein de ces trois voix regroupées autour d’un même événement La plus atypique étant sûrement celle de Henri, exécuteur qui rêverait sûrement d’etre exécuté. Les derniers instants de Marie m’ont un peu émue je dois dire, mais c’était bien le seul paragraphe qui m’a eu. Mais je dois dire que j’ai trouvé ma lecture laborieuse a cause d’une écriture faussement original selon moi (no offense Valentine, mais la ponctuation pleaaaase qu’on respire), si bien que j’ai du prendre une longue pause pour finir ce livre (et ca a été dur d’y revenir pour etre honnête) C’est dommage, le fond me plaisait vraiment pourtant ! Mais je n’ai pas trouvé le livre a la hauteur de son sujet
this got so deeply under my skin. poetic & raw about bodies and autonomy and gender and violence and death in run-on lines, so... haunting. violent. god.
A lire attentivement. La thematique semée durant les récits est incroyable. Il s'agit de personnes aussi exterieurs a leurs mondes qui deviennent aussi interieurs a eux memes. Des passés cousus de laine et de chair qui aboutiront au 30 juillet 1943.
Un texte cru et âpre autour de la thématique de l'avortement illégal au travers des trois protagonistes : l'avortée, l'avorteuse condamnée à mort et le bourreau. Une plaidoirie pour la cause des femmes et contre cette saloperie de peine de mort.
je retrouve la plume crue, passionnée, viscérale, au sens presque gluant, de V GOBY. Mais là ou il y avait de la lumière dans Kinderzimmer, je n'ai trouvé que souffrance autocentrée et désespérance. J'aime beaucoup le dernier paragraphe pourtant.
Peut-être que je n'ai pas assez été sensible au livre, mais je me suis ennuyée tout au long, et je n'ai pas réussi à ressentir quelconque sympathie, compassion, ou tout autres sentiments envers les personnages. L'histoire je ne l'ai pas trouvé plus intéressante.