Peu de temps après les émeutes de 2008 à Lhassa, alors que la planète regarde vers les Jeux olympiques de Pékin, la situation dans l'Ouest chinois est verrouillée. Hors d'un groupe organisé, le séjour pour de simples voyageurs en République autonome du Tibet n'y est plus toléré. Sont nécessaires un guide, un chauffeur et un permis sur lequel sera retranscrit l'exact tracé des chemins empruntés au cours du périple, de manière à contrôler toutes les informations qui sortent du Tibet. Élodie Bernard, alors âgée de 24 ans, a choisi de pénétrer seule et sans autorisation sur le Toit du Monde, pour s'immerger dans la société tibétaine, observer la vie quotidienne dans les villes et les campagnes, assembler des témoignages de l'intérieur sur la répression en cours. En se déplaçant au gré des rencontres, sans itinéraire prédéterminé, elle a interrogé des dizaines de personnes qui, attachées à leur terre, ne souhaitent pas fuir en exil et s'efforcent de continuer de vivre selon leur culture et leurs coutumes. En partageant gîte et couvert, ces gens lui livrent leur vision de la vie et le sens de leur combat quotidien.
Un récit de voyage plutôt bien écrit, clair et qui fait rêver: en effet, à l'âge de 24 ans, Elodie Bernard se rend sans autorisation à Lhassa, au Tibet, ville contrôlée comme le reste du Tibet par le gouvernement chinois. Elodie cherche à interragir avec la population, sans excès toutefois, car elle sait que les habitants risquent de lourdes sanctions s'ils sont surpris à parler avec une étrangère, a fortiori en situation irrégulière.
On découvre alors un pays comme on ne l'imaginait pas, avec une population de Tibétains, de Chinois han et d'autres peuples qui ne vivent pas en harmonie, surveillés par le gouverment et des militaires armés, l'ambiance est pesante. La modernisation forcée par la Chine détruit le patrimoine culturel, les temples, les maisons, interdit les fêtes religieuses... Elodie enquête, voyage, se renseigne autant qu'elle peut sur les conditions de vie dans une telle situation.
Le seul reproche que j'ai a formulé (car pour tout ce qui concerne la partie historique de son récit Elodie s'est très bien documentée, notamment avec les écrits d'Alexandra David-Néel) c'est quelques imprécisions concernant certains termes, des raccourcis "grand public", ou peut-être des traductions approximatives - attention, je ne jette pas la pierre, je sais qu'il est parfois difficile de trouver deux fois la même traduction d'un terme sanskrit ou pali. Je pensais notamment à nirvana, qui signifie normalement "extinction".
Pour conclure, un texte à mettre entre les mains de ceux qui voudraient connaître la situation du Tibet au XXIè siècle ou qui veulent simplement lire le récit d'un voyage haut en couleurs.
Aventure clandestine sur les hauteurs himalayennes, pleine d'humanité, de belles rencontres et de magnifiques paysages. L'auteure est à l'écoute des autres, se faufile pour discuter avec les Tibétains, dans les monastères ou dans les foyers, à l'abri des caméras de surveillance chinoises. Elle échange même avec des Chinois résidant au Tibet (ce qui est plutôt un fait rare) et on apprend qu'ils ne s'y sentent pas chez eux. Aventure audacieuse pour une jeune fille de 24 ans seulement !