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Histoire de France #2

Féodalités, 888 - 1180

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L'époque où surgit la dynastie capétienne ne se confond pas avec " la naissance de la France ". Sans doute le royaume de Francie occidentale puis de France, qui embrasse alors la Catalogne au sud et la Flandre au nord, devient-il une entité politique qui ne se partage plus, mais le souverain continue explicitement de se dire " roi des Francs " plutôt que " roi de France ". Si la monarchie construit et élargit méthodiquement son domaine, le sentiment d'une unité française n'existe pas alors. La France féodale demeure une mosaïque de régions de langues et de coutumes diverses. Soucieux d'échapper à toute téléologie dynastique ou nationale, le propos tenu ici accorde une grande attention à ces singularités régionales. Il embrasse aussi les nombreux territoires, aujourd'hui français, qui relevaient alors d'autres rois et princes et s'efforce d'insérer l'ensemble des analyses dans une perspective européenne. Les siècles de la féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, correspondent en réalité au moment du "décollage" européen. Dynamisme économique, expansion chrétienne et mutations sociales vont alors de pair, portés par l'affirmation d'un ordre seigneurial effaçant peu à peu les derniers vestiges de l'empire carolingien. Comme le montre cet ouvrage, les acquis des recherches historiques des vingt dernières années ont profondément renouvelé la compréhension de ce long moment de transition. Ils permettent de décrire une croissance rurale plongeant ses racines jusque dans l'époque carolingienne, même si le développement urbain et commercial en modifie les formes et en accroît la vigueur à partir de la fin du XIe siècle. Ils conduisent à réexaminer des questions aussi fondamentales que le regroupement des populations et la " naissance du village ", l'instauration de la seigneurie châtelaine, le rôle des réformes monastiques ou l'épanouissement de l'art roman et gothique. Ils amènent surtout à remettre en cause la thèse d'une " mutation féodale " rapide et brutale autour de l'an mil au profit d'une appréciation plus nuancée des évolutions, articulée sur les deux inflexions majeures que sont la décomposition de l'ordre carolingien, à partir de la fin du IXe siècle, et la réforme " grégorienne ", dans la seconde moitié du XIe siècle. Comme le montre le chapitre consacré à l'atelier de l'historien, les apports de l'archéologie et de l'anthropologie ont beaucoup contribué à ces renouvellements.

784 pages, Paperback

First published May 10, 2010

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Profile Image for Yann.
1,412 reviews396 followers
April 20, 2012
Cet ouvrage passionnant, truffé d'illustrations, de cartes et de schémas, présente l'histoire de France depuis la fin de la dynastie des Carolingiens, à la fin du IXème siècle, jusqu'à la fin du XIIème siècle. Cette période est très riche en événements : les invasions et incursions des vikings qui remontent les fleuves en drakkar jusqu'au cœur des terres vont encourager un mouvement de construction d'enceintes défensives autour des villes. Pour apaiser leur soif toujours grandissante de tributs, des territoires leurs sont alloués, comme la Normandie d'où Guillaume le Conquérant partira à la conquête de l'Angleterre. Les liens de l'aristocratie avec le reste de l'ex-empire de Charlemagne vont se distendre quelque peu et devenir plus locaux. Un événement capital de cette période sera la grande réforme Grégorienne de l'Eglise catholique : celle-ci va affirmer son indépendance en reprenant le contrôle des nominations, qui jusque là étaient partagées entre les nobles comme les comtés : cela s'accompagne aussi de transformations aussi importantes que le célibat des prêtres, l'obligation d'avoir une formation correcte, l'interdiction de la simonie, et l'obligation de se marier à l'église pour les laïcs. Un grand élan de construction va faire surgir du sol de gigantesques cathédrales qui sont encore les monuments les plus impressionnants de nos villes. Cette réforme ecclésiastique va provoquer une réaction chez la noblesse, qui va elle aussi affirmer sa spécificité et ses valeurs : la poésie va exalter les valeurs de la guerre et de l'amour courtois: on voit paraître la chanson de Roland, et toutes les légendes arthuriennes. Une grande stimulation intellectuelle va découler de la multiplication des livres, dont la production dans les abbayes va croître, et irriguer le pays : la création de l'université de Paris date du milieu du XIIème siècle. Des personnages comme Pierre Abélard, ou Jean de Salisbury vont se distinguer par leur sagacité. Comme tous mes livres, je me sent plus ignorant quand je l'ai terminé, et me trouve avec l'envie d'en acheter dix autres pour combler mes lacunes. Un point appréciable : le dernier chapitre expose les difficultés de l'historien par rapport à la masse d'information à traiter, à la spécialisation requise par l'avancée des techniques, en particulier en archéologie. L'auteur a aussi à cœur d'apporter des nuances par rapport aux lectures marxistes de cette période qui pouvaient être faites il y a quelques années, en exposant des éléments critiques : l'histoire ne cesse d'évoluer, et il est bon de multiplier les points de vue. Au final, ce livre est dense et bien construit, fourni d'index, tables chronologiques et lexiques, c'est un excellent ouvrage d'introduction à cette riche période du moyen-âge.
Profile Image for Zéro Janvier.
1,709 reviews125 followers
May 29, 2020
Féodalités (888-1180) est le deuxième volume de la collection Histoire de France dirigée par Joël Cornette pour les éditions Belin. J'avais beaucoup aimé le premier tome intitulé La France avant la France (481-888) et j'ai entamé la lecture de celui-ci avec beaucoup d'enthousiasme.

Là où le premier volume avait été confié à un duo d'historiens, celui-ci est l'oeuvre d'un seul historien, Florian Mazel, historien médiéviste dont les recherches portent principalement sur les élites aristocratiques, l'Eglise et les questions territoriales du haut Moyen-Âge au XIIIè siècle. Cela tombe bien, car ces thématiques forment le coeur du propos de cet ouvrage :

L'époque où surgit la dynastie capétienne ne se confond pas avec "la naissance de la France" : le souverain se dit encore "roi des Francs ", le sentiment d'une unité française n'existe pas, le pays demeure une mosaïque de régions, de langues et de coutumes diverses. La société féodale se caractérise cependant par un dynamisme économique, social et religieux exceptionnel, soutenu par un ordre seigneurial effaçant peu à peu les derniers vestiges de l'empire carolingien. Les recherches récentes permettent de mieux appréhender ce dynamisme renouvelé par le développement urbain et commercial, le regroupement des populations et les réformes de l'Eglise, ce dont témoigne l'épanouissement de l'art roman et gothique. Elles conduisent également à remettre en cause la thèse de la "mutation de l'an mil" au profit d'une appréciation plus nuancée des évolutions, privilégiant les deux inflexions majeures de l'histoire européenne que sont la crise de l'ordre carolingien et la réforme grégorienne.

Dans une première partie, Florian Mazel décrit la société médiévale du Xe et de la première partie du XIe siècle : l'affaiblissement de la royauté au profil de principautés, l'essor du monachisme, et la société seigneuriale.

La suite, plus longe, décrit la longue évolution de cette société jusqu'à la fin XIIe siècle, avec l'apparition du modèle dit féodal. La révolution grégorienne, qui voit la reprise en main des questions religieuses par l'Eglise qui devient une institution, est présentée comme le point de départ de cette évolution. Les villes se développent, et avec elles la diversification de la population urbaine, avec des activités d'artisanat, de commerce, de crédit. Dans le même temps, la seigneurie centrée sur la château fait son apparition et les campagnes se transforment. La culture évolue, avec l'émergence d'une société chevaleresque et d'une littérature de l'amour courtois, exaltant les valeurs des chevaliers.

Avant de longues annexes, l'ouvrage s'achève par l'atelier de l'historien, qui permet de découvrir les débats et les évolutions de l'Histoire ainsi que les outils (archéologie, anthropologie) utilisés par les historiens pour leurs recherches. J'ai bien aimé notamment le plaidoyer de l'auteur pour un dialogue plus constructif entre les historiens et les autres disciplines (notamment l'archéologie) pour compléter et approfondir la connaissance historique.

Si le premier volume m'avait passionné, je dois avouer avoir eu un peu plus de mal avec celui-ci, qui m'a semblé moins accessible. J'y vois deux raisons principales.

D'une part, j'étais beaucoup moins familiarisé avec cette période de l'histoire qu'avec l'ère mérovingienne et carolingienne décrite dans le volume précédent. Là où le premier tome m'avait permis de remettre en cause ma vision d'une période qui m'avait été longuement enseignée à l'école primaire et au collège, celui-ci m'a donné l'impression de repartir de zéro, sur des bases que je ne connaissais pas vraiment, ou de façon très superficielle jusqu'à aujourd'hui. C'est passionnant, mais nettement plus difficile.

D'autre part, l'approche socio-culturelle m'a moins parlé que l'alternance d'approche chronologique et thématique du premier volume. Mais là aussi, je pense que c'est dû à ma moindre connaissance préalable de la période étudiée. J'y vois également le poids de l'enseignement de l'Histoire tel qu'il m'a été prodigué quand j'étais plus jeune, plus centré sur les évolutions politiques et territoriales, avec les successions de monarques et de guerres, que sur les évolutions de la société.

Malgré ce bémol, je reconnais la grande qualité de ce livre, qui fait un tour d'horizon impressionnant de la société féodale en s'appuyant sur les recherches les plus récentes et en expliquant comment notre vision du haut Moyen-Âge a évolué depuis une cinquantaine d'années. Certains chapitres m'ont plus intéressé que d'autres, mais je sais que j'aurai de la matière si plus tard je souhaite me documenter plus précisément sur des sujets que j'ai passés rapidement dans ma lecture. Je dois également signaler à nouveau, comme pour le premier volume, la grande qualité des illustrations et des documents présentés, que ce soit des textes, des cartes, des arbres généalogiques, des peintures, des manuscrits, des bâtiments, ou des objets.

J'ai en tout cas suffisamment apprécié ce deuxième volume pour plonger sans tarder dans le troisième : L'âge d'or capétien (1180-1328).
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