L’écrivain véritable est celui qui, un jour, a trouvé sa voix propre et ses thèmes de prédilection. Celui qui, un jour, a découvert le territoire qui allait être le sien et ne l’a plus jamais quitté, ne cessant de l’explorer en tous sens et d’en chercher inlassablement les significations, toujours fuyantes et cependant inépuisables. Toute l’œuvre de cet écrivain apparaît dès lors comme une suite de variations, dont chacune ressemble à toutes les autres et en offre en même temps un nouvel aperçu, une nouvelle forme, une nouvelle beauté.Ainsi en va-t-il de ce livre, dans lequel les lecteurs retrouveront l’univers, la sensibilité, le style avec lesquels les a rendus familiers l’ensemble de l’œuvre que Gilles Archambault a construite au fil des cinquante dernières années. Ils y goûteront de nouveau ce sens de la fragilité, cette conscience du temps évanoui, cette mélancolie mêlée d’émerveillement, cette ironie lucide et douce-amère qui confèrent à cette œuvre sa si forte singularité et son accent de vérité si poignant et si consolant à la fois. Mais surtout, ils découvriront dans ces « cent récits très brefs », sortes de poèmes narratifs dépouillés et concentrés à l’extrême, une autre facette de l’art de Gilles Archambault, que ses ouvrages précédents annonçaient mais qui atteint ici un degré d’accomplissement inédit : sa maîtrise de l’ellipse, de l’allusion, du non-dit ; son habileté à suggérer des mondes et des destins à travers quelques phrases toutes simples, où il s’agit, sans s’occuper de l’accessoire, de s’en tenir à l’essentiel d’une situation, d’un personnage, d’un souvenir.
Né à Montréal en 1933, Gilles Archambault fête en 2008 ses quarante-cinq ans d’écriture. Réalisateur mais aussi animateur d’émissions sur le jazz et la littérature, il a travaillé à Radio-Canada de 1963 à 1992. Son émission «Jazz soliloque» fait aujourd’hui figure de référence dans le domaine. Chroniqueur à l’émission de Joël Le Bigot (CBF Bonjour), il poursuit maintenant une carrière de journaliste pigiste et d’écrivain. Il a aussi collaboré à différentes émissions de télévision ainsi qu’à deux longs métrages, dont l’un était l’adaptation de son roman La Fleur aux dents. Il a créé avec Jacques Brault et François Ricard les Éditions du Sentier qui ont existé de 1978 à 1986.
En 1981, il a reçu le plus grand prix littéraire du Québec, le prix Athanase-David, pour l’ensemble de son œuvre, et en 1986, le Prix du Gouverneur général du Canada pour son recueil de nouvelles L'Obsédante Obèse et autres agressions.
Je doute que M. Archambault ne lise un jour ces lignes, mais merci. Merci infiniment M. Archambault de me faire rire, me faire pleurer et surtout de me faire sentir un peu moins seul. J’ai découvert cet auteur il y a quelques années et j’attends ces livres avec impatience, je n’ai toujours pas lu les plus anciens, que je garde pour quand il n’y aura malheureusement plus de nouveau. C’est donc un honneur d’être le premier à mettre mon commentaire sur Goodreads. 100 petits textes touchants. On y reconnaît le style. Archambault est trop vieux pour changer, en tout respect, et il serait sans doute d’accord d’ailleurs. On mélange les pensées personnelles, les anecdotes, mais on constate aussi quelques textes dans lesquels l’auteur sort de lui-même pour se regarder dans les yeux des autres, où simplement apporter un regard externe sur le monde. Le style, les mots justes, des phrases précises, la capacité de résumer une vie, une relation, une amitié en quelques phrases. Un de mes auteurs québécois (et auteur tout court d’ailleurs) préférés et certainement un de nos plus grands écrivains. Magnifique! Encore une fois merci!
J’aime lire Gilles Archambault. Le bonhomme publie beaucoup, je le lis plutôt assidûment. Je suis familier avec ses mots, avec son esprit, avec sa voix. Il y a un réconfort, comme lecteur, à retrouver une plume familière qui déverse des mots et des idées à un rythme coutumier, à une cadence quasi ponctuelle et surtout de qualité fiable et éprouvée.
Le précédent ouvrage que j’avais lu de lui, le recueil de nouvelles COMBIEN DE TEMPS ENCORE?, m’avait cependant laissé sur mon appétit. Certes, certains textes étaient de niveau digne de l’auteur, mais d’autres étaient moins inspirés, voire simplets. Son utilisation frugale de chutes dans les nouvelles me désenchantait coup sur coup. Je croyais alors tristement à l’essoufflement de mon vieil ami. Les (beaux) mots y étaient, mais les idées chancelaient.
Arrive maintenant ce recueil de 100 COURTS RÉCITS. Gilles Archambault est de retour. Le lecteur est face à un octogénaire qui est à l’heure des bilans. Il est honnête avec lui-même, avec ses fidèles. Pas de lunettes roses. Pas de lunettes noires. Passé maître de la douce autodérision, c’est sans trop d’amertume qu’il règle quelques comptes, qu’il réajuste les pendules, parfois avec des individus spécifiques, parfois avec la vie, souvent avec la mort qui se dessine. Les textes sont courts, compacts. En un unique paragraphe, le lecteur a fait le tour du contexte, du ou des personnages, de la trame et du dénouement. Le lecteur comprend l’esprit de chaque récit, les différents niveaux, les bonheurs discrets, les tristesses latentes. C’est un peu comme si l’auteur avait écrit un long livre biographique, puis avait choisi de condenser à l’essentiel certaines anecdotes ou vignettes vécues au fil des ans. Le lecteur, quant à lui, retrouve dans cet univers un compagnon littéraire, connu sur le tard, mais combien réconfortant.
Gilles Archambault possède une lucidité face à lui-même qui est rafraîchissante. Il est parfois le « je » d’un texte, parfois le « il ». Quelques-uns sont même écrits au « tu ». Jamais il ne se hisse au sommet de la vérité ou de la sagesse, souvent auto-décrétées par les anciens. Frontal, il connait ses lacunes, ne s’en excuse pas. C’est comme ça. Il a vécu. Il vit toujours.
Comme dans bien des recueils, il y a inégalité dans la proposition de TU ÉCOUTERAS TA MÉMOIRE. Cependant, la qualité d’écriture à laquelle nous a habitués l’auteur demeure omniprésente. Les textes forts entraînent le lecteur dans la réflexion et dans surtout dans le ravissement. Les textes moins percutants, demeurent néanmoins pertinents et convenables.
"Depuis quelques années, je n'attends rien d'autre de la vie que des mots."
Je termine ces courts récits ému. J’aime les mots de l’auteur, ses phrases, c’est si fluide. S’il n’y a pas de suite, de lien entre les pages, il y a beaucoup de tristesse,de nostalgie qui unissent les paragraphes. Il y a là un regard humble et mature sur l’humain. Un regard résilient sur la vieillesse et la mort.