Arame et Bougna, mères de deux fils partis clandestinement pour l'Europe, ne comptaient plus leurs printemps ; chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l'absence. Coumba et Daba, les jeunes épouses, humaient leurs premières roses : assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité, elles s'étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix. La vie n'attend pas les absents : les autours varient, les secrets de famille affleurent, les petites et grandes trahisons alimentent la chronique sociale et déterminent la nature des retrouvailles. Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait...
Fatou Diome est née en 1968 sur la petite île de Niodior, dans le delta du Saloum, au sud-ouest du Sénégal. Elle est élevée par sa grand-mère.
Contrairement à ce qu'exigent les traditions de sa terre natale, elle côtoie les hommes plutôt que d'aller aider les femmes à préparer les repas et assurer les tâches ménagères. Toujours en décalage avec le microcosme de l'île, elle décide d'aller à l'école et apprend le français. Sa grand-mère met un certain temps à accepter le fait qu'elle puisse être éduquée : la petite Fatou doit aller à l'école en cachette jusqu'à ce que son instituteur parvienne à convaincre son aïeule de la laisser poursuivre. Elle se passionne alors pour la littérature francophone.
À treize ans, elle quitte son village pour aller poursuivre ses études dans d'autres villes du Sénégal tout en finançant cette vie nomade par de petits boulots : elle va au lycée de M'bour, travaille comme bonne en Gambie et finit par entamer des études universitaires à Dakar. À ce moment, elle songe à devenir professeur de français, loin de l'idée de quitter son pays natal.
Mais à vingt-deux ans, elle tombe amoureuse d'un Français, se marie et décide de le suivre en France. Rejetée par la famille de son époux, elle divorce deux ans plus tard et se retrouve en grande difficulté, abandonnée à sa condition d'immigrée sur le territoire français. Pour pouvoir subsister et financer ses études, elle doit faire des ménages pendant six ans, y compris lorsqu'elle peut exercer la fonction de chargée de cours durant son DEA, fonction qui lui apporte un revenu insuffisant pour vivre.
En 1994, elle s'installe en Alsace. Elle est étudiante à l'université de Strasbourg où elle termine aujourd'hui son Doctorat ès lettres sur Le Voyage, les échanges et la formation dans l'œuvre littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane, tout en donnant des cours.
Elle se consacre également à l'écriture : elle a publié La Préférence nationale, un recueil de nouvelles, aux éditions Présence africaine en 2001. Le Ventre de l'Atlantique est son premier roman, paru en 2003 aux éditions Anne Carrière.
Une chronique sociale de grande valeur, qui s'offre en écho à l'actualité où les enjeux liés à l'immigration déchaînent les passions et font ressortir le pire dans les sociétés d'accueil. Fatou Diome raconte la vie de "celles qui attendent" : les mères, les épouses, qui regardent partir les hommes par la mer et qui ne savent pas s'ils reviendront, et encore, dans quel état.
On suit ici deux femmes, Arame et Bougna, dans leur vie quotidienne, où labeur, économies et soucis en forment la trame de fond . C'est Bougna qui a dressé un plan, dans le but non-avoué d'en remontrer à sa coépouse dont les enfants ont étudié dans les grandes écoles en Europe et sont promis à des emplois lucratifs. Elles enverront elles aussi leurs fils en Europe, par le passage des clandestins. À travers les vies d'Arame et de Bougna, à travers celles de Daba et Coumba (les jeunes épouses laissées sur le rivage), on découvre le drame intime de ces femmes, dont les désirs se heurtent à la réalité difficile et éprouvante de l'attente.
L'écriture de Diome - tantôt lyrique et poétique, tantôt dure et directe - joue pour beaucoup dans ce sentiment de s'insérer comme témoin privilégié dans la vie de ces femmes. Un roman social à la fois percutant, dépaysant et intime.
Véritable coup de coeur pour ce livre qui dépeint, tout en subtilité et en délicatesse, le quotidien de ces femmes qui, pendant des jours, des mois, des années, attendent depuis leur île au large du Sénégal leurs aimés partis vers l'Europe dans l'espoir d'assurer à eux et leur famille un avenir meilleur.
La réalité de leur (sur)vie, leurs craintes, leurs espoirs, leurs joies, leurs déceptions... tous ces sentiments sont exprimés avec à la fois clarté et pudeur. Premier livre que je lisais de Fatou Diome, mais certainement pas le dernier.
Uma leitura muito intensa sobre a vida no Senegal, o papel das mulheres, as implicações das dificuldades econômicas na vida pessoal, a poligamia e o conceito de família. Aprendi muito sobre inúmeras coisas que eu não conhecia. A escrita da autora é muito poética, o que, para mim, foi ao mesmo tempo uma vantagem e uma desvantagem, porque embora haja passagens muito bonitas, em alguns momentos tornou a leitura cansativa.
Fatou Diome a une belle plume. Le roman est parsemé de figures de style, de phrases imagées et riches en vocabulaire. J’ai trouvé rafraîchissant de lire un roman qui humanise et donne un visage aux migrants partis pour l’Europe en quête d’une vie meilleure. Elle a sû créer des personnages complexes, bien développés dont on comprend les motivations tout en jugeant (ou pas) leurs actes. Elle a également bien narré les différences de mentalité qui se creusent entre ceux qui restent et ceux qui partent, ainsi que la lourde responsabilité et les difficultés qui pèsent sur la diaspora. J’ai trouvé l’histoire de Coumba particulièrement triste mais ô combien réaliste. Je recommande la lecture de ce roman.
Ce livre est une pure merveilleuse. J’ai mis du temps à apprécier le style, si riche que j’aurais voulu noter mille puissances formules. Sur fond de vie de survie, d’hommes qui partent en Europe et de femmes qui triment dur, l’amour, la fraternité, l’espoir... je suis soufflée.
Arame et Bougna sont les mères de migrants clandestins en route pour l’Europe et ses mirages. Sur leur petite île sénégalaise, elles avancent soudées, tant bien que mal, dans un quotidien fait de grands renoncements, de corvées sans cesse renouvelées et de minuscules victoires balayées par les lendemains. Fatou Diome se concentre sur celles qui restent au pays, et attendent d’être sauvées de leur vie précaire par leur fils, leur mari. C’est la chronique sociale d’un village sénégalais, avec ses traditions, ses règles de bienséance, ses pratiques sociales et ses manoeuvres pour survivre au quotidien empesé par l’absence. On utilise son réseau de parentèle pour placer une bru qu’on a du mal à nourrir, on quémande au marché un morceau de savon pour la lessive, on rallonge son ardoise de dette chez l’épicier du village ou on part glaner des fruits de mer par marée basse pour agrémenter un repas de restes. Chacun déploie des trésors de stratégie pour améliorer chichement son existence, puis palabre dans les fêtes de village pour assoir sa réussite. L’écriture de Fatou Diome est très appliquée, elle tisse des phrases-métaphores qui rendent compte précisément de la vie dans un village du Sénégal. Sans misérabilisme, avec beaucoup de tendresse pour chacun de ses personnages, elle donne à voir les jours qui passent, sans fard, plein de rudesse mais aussi d’une vitalité solaire. Elle met en lumière pudique la force de ces familles (et il faudrait en réalité plutôt dire la force de ces femmes) qui prennent à bras-le-corps leur destinée en main, pas de la plus adroite des façons, mais avec les armes qui leur reste : la force vitale de leurs fils, des stratégies d’alliances maritales prometteuses et des renoncements immenses qu’elles portent pour la vie.
“Puesto que te amo demasiado para no verte, te imagino muerto, para evitar la tentación de buscarte.”
Me ha gustado bastante, sobre todo la segunda mitad del libro. Toca temas muy importantes y de actualidad, como la inmigración hacia Europa y las grandes dificultades que se les plantea allí a aquellos que van en busca de un futuro mejor; así como temas muy universales con los que todos nos podemos, de alguna forma, identificar, como lo son la añoranza y la eterna espera de aquellos a quienes amamos. Además, profundiza en los lazos de amistad que se crean entre esas mujeres que, ante un mismo destino, buscan la compañía de las otras. Esencialmente, es un relato de amor, pérdida y añoranza.
Ahora bien, la razón por la que mi puntuación no ha sido más alta es porque me costó mucho pasar las primeras cincuenta páginas. Creo que, en ese sentido, se hace un poco pesado y excesivamente introductorio. Sin embargo, mereció la pena, pues las últimas 150 páginas, donde a mi parecer se desarrolla realmente la acción del libro, están llenas de sentimiento y reflexiones muy valiosas.
El tema de la inmigración ilegal (o clandestina, como dice la autora en el libro) es, por desgracia, un tema muy actual. Con demasiada frecuencia son noticia las pateras que llegan a España abarrotadas de personas que buscan un futuro mejor. Eso en el mejor de los casos, porque muchos perecen en el intento. Este libro no acompaña a los inmigrantes en su arriesgado viaje si no que muestra cómo es la vida de las que se quedan allí esperándoles.
Decir de este libro que me ha gustado mucho, quizá sería banalizar este relato que, aunque los personajes son ficticios, tiene mucho de realidad en todo lo demás, pero es que me ha gustado mucho. Es una historia dura y tierna a la vez (no he podido evitar encariñarme con esas valientes mujeres) que ha descubierto un mundo desconocido para mí, porque como dije antes la noticia siempre son los que vienen. Así que estoy encantada de haberlo encontrado en mi camino. Es una pena que libros tan interesantes puedan pasar desapercibidos.
«¿Pero qué hacer cuando, inconsciente o suicida, la presa se muestra tan empecinada con el cazador? "¡Barcelona o Barsakh!", repiten osadamente los infelices, dispuestos a jugarse la vida en la ruleta rusa. Las almas sensibles se atarean, preocupadas por la salvación de los desgraciados. Se agitan, se desgañitan, se agotan ojo avizor. Hambrientos, los lobeznos lo muerden todo, incluso el trapo rojo. ¡Que muerdan pues! Si no se rompen los colmillos, acabarán comprendiendo que no todo lo rojo es carne.»
Un relato desgarrador contado de tal manera que es imposible parar de leer. Es el primer libro que leo de esta autora y, definitivamente, no va a ser el último.
À travers sa plume aussi satyrique qu'humoristique, Fatou Diome nous emporte dans le quotidien d'Arame, Bougna, Coumba et Daba, respectivement mères et épouses de migrants partis faire fortune en Europe. Elle dépeint parfaitement les dures réalités de la jeunesse africaine, ainsi que la vie au sein de la société sénégalaise, encore plus éprouvante pour ces femmes que l'attente du retour de leurs héros.
Quel livre magnifique sur l'absence et le sort de celles qui restent Fatou Diome fidèle à son talent nous livre un récit bouleversant et poétique, sur l'amour, sur la fraternité, sur l'amitié et sur la solidarité. Elle décrit de manière juste les émotions qui peuvent envahir celles qui attendent, l'attente interminable, l'incertitude d'un éventuel retour le tout dans un décor sénégalais relativement bien décrit. On imagine les paysages, la muqiue, la chaleur, la générosité de la Teranga.
L'auteure raconte la vie des femmes au Sénégal, dans un monde musulman et polygame. Elle nous fait bien comprendre la vie difficile des femmes de ce pays. Un bon livre à lire avant d'entreprendre un voyage dans ce pays.
Une histoire à faire trembler les cœurs avec un récit de femmes qui voient partir leurs fils, leurs fiancés, leurs pères. Ce sont celles qui s'arment pour faire face avec force et courage. Le style de ce livre ne m'a en revanche pas vraiment plu.
Un libro precioso: un homenaje a todas las mujeres que permanecen en el continente africano, cuidando a sus familias mientras los hombres emigran hacia Europa. Una reivindicación de las vidas y el trabajo de todas las mujeres.
Histoire qui se lit un peu longtemps car beaucoup de pages et début un peu lassant. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les conditions de certaines immigrations et surtout la position des personnes qui ne partent pas comme le nom du livre l’indique. La fin est très choquante !!
Ouais so I don't understand french actually. Gave up after the blurb and one page. I might come back to it later when I want to spend some time on a challenge.
Le sujet du livre m'a beaucoup touché, et les deux protagonistes si attachantes et dignes. Un voyage littéraire sur une petite île du Sénégal et dans la douleur de l'immigration clandestine. Mots-clés: Mères, femmes, amitié entre femmes, Sénégal, pauvreté, immigration clandestine, polygamie.
As with all of Fatou Diome's books that i've read, we were stuck in the graceful pen of this incredible woman. The story is beautiful and moving, the perspectives are multiple, the subject of immigration is treated with modesty and realism at the same time.
We forget the political debate on the issue and let ourselves be transported by the human, the emotions, the faces and the pains that we imagine or not, all lulled by the melancholy of an island lost in the Atlantic . Real and grandiose Fatou Diome! She says the things that hurt, but she says them well by handling the language of Molière like nobody. Read at least one book by this author and you'll necessarily talk about it!
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Fatou Diome et maintenant j'ai envie de lire tout ce que je n'ai pas encore lu d'elle. La beauté de son écriture, là subtilité avec laquelle elle traite de sujets complexes... J'ai adoré Celles qui attendent, j'ai pris le temps de le savourer. Je me suis attachée à Arame et c'était dur de la laisser en fermant le livre.
Story of two Senegal islander families, the pressures that drive their sons to leave for clandestine work in europe, and the ramifications this has on their mothers and spouses whose lives we follow in the story, together with reflections/polemics on relations between Europe and Africa.
A testimony to the suffering of the women left behind in Senegalese villages when men make the perilous choice to emigrate to Europe, and the stringent social codes to which they must adhere in their absence.
Très beau livre sur "celles qui attendent" l'homme part en France avec tous les risques et périls (écho à l'actualité des migrants) et les epouses, les mères qui attendent le retour de leurs hommes au pays.
Encore une fois une très bonne histoire qui se consacre au femmes qui reste 'au pays' lorsque les hommes tentent d'emigrer en Europe. L'enthousiasme initial est remplacé par l'inquiétude et le desarroi. Le destin des 4 femmes, Arame, Daba, Bougna et Coumba est entrelacé et les tension montent avec le temps attendant les émigré parti. Tout est raconté de leur point de vue, et l'on apprend des nouvelles que via messager. Ce livre illustre vraiment la situation inhumaine qui est causé, et parle de celle souvent oublié, ceux qui reste et compte sur le support attendu des émigrés. C'est superbement écrit, et Fatou Diome utilise des métaphores et allégories avec la mer qui sont magnifiquement faites.